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Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

Publié le mardi 30 août 2005 à 07h53min

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Le 15 août dernier, M. Salif Diallo, ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) était l’invité de la rédaction des Editions Sidwaya.

Considéré comme le monsieur "missions secrètes et délicates", M. Diallo s’est, près de 3 heures, prêté aux jeux des questions-réponses.

Unique ministre du gouvernement à être reçu comme invité, c’est avec à la fois l’intellectuel, (docteur en Droit), le grand commis de l’Etat, (ministre), le politique (membre du CDP), le citoyen que la rédaction a passé la mi-journée de la fête de l’Assomption.

Cinq jours seulement, après le « Oui, j’accepte », de Blaise Compaoré pour la course à la présidentielle du 13 novembre c’est bien naturellement que l’entretien débute par cette question majeure de la vie de la Nation. Surtout que l’invité, en plus est le directeur national de la campagne présidentielle de Blaise Compaoré. Tout compte fait, bien d’autres questions ont meublé le temps des débats. Sans détours M. Diallo a donné sa part de vérité aux questions des journalistes même à celles qui auraient pu passer pour tabou. C’est un homme de conviction, qui tantôt élève le ton, tantôt le baisse, qui sait faire rire également, qui nous donne sa lecture des événements nationaux et internationaux.

Sidwaya (S.) : Le 10 août dernier, Blaise Compaoré a officiellement déclaré sa candidature à l’élection présidentielle du 13 novembre prochain. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

Salif Diallo (S.D.) : Je crois que cette question ne m’est pas destinée. Elle est plutôt adressée au candidat Compaoré. En politique, chacun a son calendrier. L’essentiel est que ce calendrier ne soit pas contraire aux lois et règlements. Il a annoncé sa candidature dans les délais. C’est cela l’essentiel. Et nous prenons tous acte de cette candidature. Comme il est notre candidat, sa déclaration du 10 août constitue pour nous un point de départ pour organiser les différentes activités autour de sa candidature.

S. : Vous avez été le premier à affirmer que le président Blaise Compaoré sera candidat à l’élection présidentielle de 2005. Cela est aujourd’hui une réalité. Etiez-vous sûr de votre pronostic ? Blaise Compaoré n’a-t-il pas hésité entre temps avec les diverses attaques contre sa candidature ?

S.D. : Effectivement en 2004, dans une interview accordée à l’Observateur Paalga, j’avais déclaré que le président Compaoré sera notre candidat. Cela pas parce qu’il me l’a confié contrairement à ce que les gens pensent. Je suis parti d’une simple analyse de la situation politique aussi bien de notre pays qu’au sein de notre parti, le CDP. Je me suis dit qu’au regard de la Constitution, de la loi, le président Compaoré peut se présenter. C’est là une lecture juridique.

Au regard aussi des tâches qu’il a à accomplir, j’ai personnellement pensé qu’il n’était pas à bout de ses tâches. Pour ce faire, il n’avait aucune porte de sortie et aucune échappatoire pour ne pas être candidat. Sinon cela allait s’apparenter à une sorte de trahison de son parti. En politique souvent, chaque individu est dans un collectif et il pense dans celui-ci en termes d’ambitions collectives et de programme à exécuter. Je n’ai pas consulté le président Compaoré à l’époque. Je suis parti d’une simple observation de la scène politique tant à l’intérieur de mon parti que des forces en présence.

S. : Et si le président Compaoré avait refusé de se porter candidat le 10 août 2005 ?

S.D. : Il aurait été jugé par nous, les militants de son parti.

S. : Lors d’un entretien télévisé, le député Achille Tapsoba avait déclaré que si le président déclinait l’offre, il y avait la possibilité de le changer. Avez-vous pensé à cette alternance ?

S.D. : Je n’ai vraiment pas étudié ce cas d’école. Car objectivement, je ne le cache pas, le fédérateur de notre parti demeure pour l’instant le président Compaoré.

S. : Vous avez tantôt soutenu que la candidature de Blaise Compaoré était fondée. Les textes juridiques permettent-ils réellement cette candidature ?

S.D. : Absolument ! Je suis plus apte à le dire parce que j’étais délégué de mon parti à la commission des réformes politiques. En tant que membre de cette commission qui a regroupé les partis de la majorité, ceux de l’opposition et de la société civile en 1999, nous avons bataillé pendant un mois autour d’une même table pour faire des propositions. Concernant l’article 37, la position consensuelle qui en est ressortie est que le mandat est ramené à cinq (5) ans renouvelable une fois. Et nous avons la ligne suivante : « cette révision n’empiétait pas sur le mandat en cours actuellement ». Nous l’avons écrit noir sur blanc à l’unanimité, à l’époque. Et nous avons souligné qu’il s’agira en 2005 d’entamer sur la base de la nouvelle constitution révisée, donc sur un autre consensus politique.
Nous avons travaillé au sein de la Commission des réformes politiques. C’est elle qui se présente dans l’état actuel des choses comme le constituant dérivé pour la révision constitutionnelle. On dit bien révision constitutionnelle. Ce n’est pas la même constitution que celle en vigueur avant la révision. Maintenant, du point de vue juridique, l’Assemblée nationale ayant adopté dans sa majorité qualifiée requise ces dispositions constitutionnelles pouvaient opter pour deux alternatives. La première était d’inclure avec cette révision une clause d’effet immédiat à savoir que cette révision écourtait immédiatement le mandat de sept (7) ans en cours.

Cela aurait donné lieu séance tenante à de nouvelles élections. L’Assemblée nationale n’a pas pris cette disposition. Elle n’a pas introduit la clause d’effet immédiat. Il restait donc l’autre alternative en droit, le principe de la non rétroactivité qui dit que la révision constitutionnelle dispose pour l’avenir.

Et ça tous les juristes et les constitutionnalistes peuvent le confirmer. Même parmi ceux qui, aujourd’hui, récusent cette révision, il y en avait qui étaient au parlement et au gouvernement au moment où celle-ci s’opérait. Je prends le cas de l’ADF/RDA, aujourd’hui certains sont devenus UNDD. Je pense qu’aujourd’hui, aucun juriste sérieux ne peut soutenir que le président Compaoré ne peut pas se présenter aux élections du 13 novembre. Interrogez tous les constitutionnalistes et ils vous le diront. Abstraction faite bien sûr des positions politiques et politiciennes. C’est clair, le président Compaoré a le droit avec lui. Maintenant sur un autre plan, je crois qu’il appartient au peuple de faire son choix le 13 novembre 2005. Que les uns et les autres fourbissent leurs armes pour que le peuple puisse trancher !

S. : Et sur le plan politique, le président Compaoré peut-il se présenter ?

S.D. : Pourquoi pas ? S’il a le droit avec lui comme tout citoyen, il peut se présenter. Sur le plan politique, c’est son parti et ceux qui le soutiennent qui l’investissent. Le congrès du CDP l’a investi. Vingt-sept (27) autres partis le soutiennent. Or, en tant que citoyen, même individuellement il peut être candidat comme M. Dicko l’est à titre individuel.

S. : Le président n’est-il pas usé par le pouvoir ?

S.D. : L’usure du pouvoir dépend des contextes et des tâches à accomplir. On est au pouvoir parce qu’on a un programme, on a un objectif, parce qu’on a entraîné des hommes et des femmes dans un projet de société à mettre en œuvre, à réaliser. C’est en cela qu’on parle de politique. La politique n’est pas à confondre avec le « Naam », omnipotent, omniprésent. Ici, nous sommes en démocratie dans un régime dit présidentiel et il y a des mécanismes. Tant que ces mécanismes jouent, je crois que le président Compaoré est relativement jeune. Il a le soutien de la majorité de son parti et de son peuple. Il peut se porter candidat.

S. : Que répondez-vous donc à ceux qui affirment que ce n’est pas en dix (10) ans que le président Compaoré réaliserait ce qu’il n’a pas pu réaliser en dix-huit (18) ans ?

S.D. : Nous avons un bilan. Ce qui a été fait aujourd’hui ne l’était pas en 1991. Je regrette. En 1991, nous étions à 15 000 forages pour prendre un secteur que je connais. Aujourd’hui, nous sommes à 42 000. Malgré les défis qui restent à relever dans ce pays, il faut être honnête et reconnaître qu’il y a eu du boulot qui a été accompli. Je refuse d’être pessimiste. Je ne pense pas que ceux d’en face puissent en faire autant dans notre contexte. Le Burkina Faso n’étant pas le nombril de la terre, un pays pauvre ne peut se bâtir dans l’autarcie et l’incantation. Au plan politique, l’un des acquis du président Compaoré, c’est d’avoir su donner et contribuer à la création des espaces de liberté dans ce pays pour qu’aujourd’hui, nous ayons quinze (15) candidats à la présidence. Sous d’autres cieux, pour se déclarer candidats il faut mesurer 1,80 m, peser 50 kg, ne pas être de telle ethnie, etc. Et je crois qu’aujourd’hui, il faut rendre à César ce qui est à César. Le président Compaoré a ouvert en tout cas une ère de liberté démocratique. L’Etat de droit se consolide malgré ses insuffisances. Tout n’est pas parfait mais aujourd’hui même nos opposants doivent saluer cet acquis qu’est la liberté politique retrouvée. Je suis sûr que si certains parmi eux accédaient au pouvoir, il n’y aura plus d’Etat de droit dans ce pays parce qu’ils ont toujours professé, défendu et œuvré pour un état totalitaire...suivez mon regard.

S. : En tant que directeur de campagne, comment gérer tous ces courants politiques et associations qui soutiennent la candidature du président Compaoré ? Quelle stratégie allez-vous mettre pour une synergie dans l’action ?

S.D. : Nous n’avons pas encore mis notre machine en marche. Mais je puis vous dire qu’il y a une coordination de tous les partis, mouvements et associations qui soutiennent le candidat Compaoré. Cette coordination veut que chacun sur le front qui est le sien puisse donner le meilleur de lui-même. Chacun a un rôle à jouer. Bientôt nous allons dérouler cette mécanique pour gagner les élections en toute transparence.

S. : Le nombre élevé de candidats à l’élection du 13 novembre ne vous inquiète-t-il pas ?
S.D. : C’est vrai. Ce nombre élevé de candidats doit inquiéter l’opposition elle-même. Et c’est une très bonne chose pour nous. Parce que d’abord, l’opposition montre par la pluralité des candidatures que contrairement à ce qu’elle avance nous sommes dans un système démocratique. Et c’est pourquoi nous sommes tous intéressés à jouer le jeu. Donc, c’est déjà une victoire pour nous que d’amener les Burkinabè désireux de diriger ce pays-là à avoir la possibilité de se présenter aux élections. C’est une très bonne chose.

C’est un signal qui témoigne du renforcement de notre démocratie. Ensuite, en termes de résultats électoraux, ce nombre élevé ne nous inquiète pas. Bien au contraire. Car aujourd’hui cette pléthore de candidats conduit à une confusion et à une perception floue de ce que l’opposition dans son ensemble veut pour ce pays. Les messages sont divers, contradictoires et versatiles. Nous assistons à ce spectacle en nous disant : voici une opposition qui nous prépare les draps blancs pour notre victoire. Elle prépare notre victoire objectivement.

Et cela, je n’y peux rien. Je salue ce nombre important de candidats. Je demande seulement qu’au soir du 13 novembre, l’opposition ait le courage et l’honnêteté intellectuelle de reconnaître notre victoire. Nous sommes prêts à faire la même chose si elle était victorieuse. Et surtout reconnaître que le pays avance dans le bon sens en termes de démocratie.

S. : Y a-t-il des candidats qui vous empêchent de dormir parmi ceux qui se sont déclarés ?

S.D. : Nous respectons tous ces candidats. Il n’y a pas de petits ni de grands adversaires. Nous sommes tous candidats et avons en face de nous, des hommes politiques que nous respectons humblement. Il faut donc considérer tous les candidats avec la modestie et la vigilance qu’il convient d’adopter. Nous sommes en campagne électorale. Et celui qui dit qu’il est candidat à la présidence peut se donner les moyens intellectuels et matériels pour conquérir le pouvoir d’Etat. Et nous sommes conscients de cela. Comme disent les Mossé, « quand on veut attraper le lièvre, on ne le poursuit pas avec le sourire ».

S. : Comment avez-vous accueilli la décision de l’ADF/RDA de soutenir le candidat Blaise Compaoré ?

S.D. : Je vais être très franc avec vous. Je trouve que l’ADF/RDA est un parti de l’opposition. J’en sais quelque chose parce qu’on s’est toujours confronté dans la même région. Mais pour ce coup- ci, l’ADF/RDA a fait un choix tactique, intelligent et courageux compte tenu du contexte actuel de notre pays et de son histoire. En politique, les alliances tactiques ne sont pas de l’ordre subjectif ni idéologiques, mais répondent à des préoccupations du cours et du moyen terme et doivent provenir des intérêts du moment des contractants. Puisque c’est une alliance tactique, c’est dire qu’elle est limitée dans la durée et avec un objectif précis. L’ADF/RDA face à la disposition des forces politiques dans le pays aujourd’hui n’avait pas intérêt en tant qu’instrument de conquête du pouvoir plus tard à aller à ces élections avec un candidat. Parce que tout simplement pour le moment, les militants de l’ADF/RDA estiment que leurs bases, leur programme et leurs objectifs stratégiques n’étaient pas à même de les amener à présenter un candidat. Donc, leur décision n’est pas de l’ordre subjectif. Telle est la première considération. Deuxièmement, je trouve qu’ils sont courageux parce qu’ils savaient exactement que cela allait soulever des clameurs mais en politique, on ne prend pas des décisions sur la base de ce que va dire X ou Y. On prend froidement les décisions en fonction des intérêts immédiats et lointains de son parti. C’est là qu’on reconnaît l’homme politique qui, contre toute attente peut prendre une décision qui sera saluée par l’histoire plus tard. Alors que dans l’immédiat, c’est l’incompréhension. C’est en cela que je trouve que c’est un acte courageux. J’aurais été à la place de Me Noël Gilbert Ouédraogo et dans le même contexte historique, j’aurais opéré le même choix tactique. Je dis bien tactique et non stratégique. Ce faisant, je trouve que cette décision de l’ADF/RDA est à saluer pas parce qu’elle soutient notre candidat ni en termes de gain électoral mais dans une considération politique et de vision pour le futur. Je crois qu’à travers cette décision, l’ADF/RDA a pu sauvegarder son unité intérieure. Je ne suis pas sûr qu’en présentant un candidat, ce parti allait préserver son unité. Ce sont des questions qu’il faut se poser. Quelles sont les motivations et les raisons internes qui ont amené l’ADF/RDA à prendre une telle décision ? Cela est du ressort des journalistes. Au lieu de considérer de façon simpliste le fait que l’ADF/RDA soutienne la candidature du président Compaoré, il est devenu « un parti ABC ou qu’il a dû toucher le jack pot ». Ce sont des analyses simplistes et superficielles qui ne sont pas de mise en politique. Donc, je salue ce soutien de l’ADF/RDA. Maintenant, il appartient au CDP dans le cadre de cette alliance tactique, de voir venir et de ne pas perdre la direction de la manœuvre. Nous sommes bien en politique.

S. : Est-ce à dire que c’est un mariage de la carotte et du lapin ?

S.D. : Non, ce n’est pas un mariage. Nous sommes en alliance. Et elle est tactique.

S. : N’y a-t-il pas eu de marchandage autour de cette alliance ?

S.D. : Il ne s’agit pas de marchandage ici. Nous ne sommes pas dans une épicerie mais en politique. Je constate qu’il y a beaucoup de légèreté dans les analyses politiques et les condamnations péremptoires des hommes politiques dans ce pays. Parce qu’il y a trop de facilités. Les gens ne vont pas chercher loin en politique et se cantonnent à dire : « s’il a fait ça c’est qu’il a reçu telle somme ». Non ! Nous sommes en politique. Et les actions d’aujourd’hui peuvent compter pour le futur. Dans cette alliance, l’ADF/RDA a été visionnaire. Parce que l’histoire et le contexte commandaient de prendre une telle décision. Et nous au CDP aussi, au vu de cette alliance tactique nous devrions non seulement mener notre campagne en tenant compte de cette décision mais également prévoir l’avenir autrement. Le cas de Philippe Ouédraogo, Hermann Yaméogo et Me Bénéwendé Sankara qui se retrouvent ensemble dans une coalition dite « Alternance 2005 », est également une alliance tactique, ils ne sont pas ensemble au plan idéologique. Philippe Ouédraogo fondamentalement, se veut d’extrême gauche. Hermann Yaméogo se dit libéral. Me Bénéwendé Sankara, du point de vue idéologique, lui aussi se réclame d’une « certaine révolution ». Mais c’est une alliance tactique qu’ils ont nouée. Leur alliance est du reste à mi-chemin car ils auraient pu à trois (3) désigner un seul candidat. Nous au moins, nous sommes 28 partis et nous n’avons qu’un seul candidat. Donc notre alliance parait plus solide et plus dynamique que ceux qui sont en alliance à trois (3) têtes. Il faut aussi tenir compte de cela. Je félicite les congressistes de l’ADF/RDA parce qu’ils ont vu juste pour l’avenir de leur parti. En science politique, je trouve que la manœuvre est intelligence. Et c’est cette marque qui me plaît.

S. : Avez-vous participé à cette alliance tactique-là ? Il semble que vous avez travaillé à rallier l’ADF/RDA à la candidature de Blaise Compaoré. Certaines langues affirment que vous étiez constamment au domicile de Gérard Kango Ouédraogo ?

S.D. : Avant, pendant et après cette décision, je fréquentais le domicile de Gérard Kango Ouédraogo. Parce que nous avons des liens familiaux, ce n’est peut-être pas le lieu ici de le décrire. Même quand l’ADF/RDA était au plus fort dans son opposition à notre système, je fréquentais le domicile de Gérard Kango Ouédraogo et bien d’autres dans l’opposition.

La position politique d’un parent ou d’un ami ne m’empêche pas de le fréquenter, (la démarcation physique n’est plus de mise). Il a ses idées, j’ai les miennes. Cela ne m’empêche pas d’échanger sur d’autres problèmes avec la personne. Donc si je vais voir Gérard Kango Ouédraogo en famille, c’est peut-être pour autre chose que la politique. Il se pourrait que ce ne soit pas lui-même que je suis allé voir. Je n’ai pas participé à une quelconque manœuvre pour rallier l’ADF/RDA à la candidature de Blaise Compaoré. Ni quelqu’un d’autre de notre côté ne l’a fait. C’est l’ADF/RDA qui a organisé son congrès et analysé la situation. Et une fois de plus je voudrais la féliciter pour l’intelligence de la manœuvre.

S. : Le CDP ne court-il pas un danger en acceptant cette alliance avec l’ADF/RDA ?

S.D. : L’ADF/RDA ne vient pas pour soutenir le CDP. Elle soutient le candidat Blaise Compaoré. Et ses militants l’ont affirmé à leur congrès. Ils ont déclaré : « Nous soutenons le candidat Blaise Compaoré mais aux élections législatives et municipales, on sera face à face ». Ce message nous est parvenu 5 sur 5. Et nous le prenons comme tel. Nous ne sommes pas sourds. C’est une alliance tactique à durée déterminée. Nous applaudissons pour l’instant cette alliance tactique. Si nous devons faire des coalitions et des alliances pour les législatives et les municipales, on verra. Mais pour le moment, il a été annoncé qu’on ira séparément à ces échéances. En cette période-là, chacun se présentera en ordre de bataille avec sa plate-forme et ses mécanismes de lutte.

S. : Ne redoutez-vous pas la réédition des alliances de 1978 qui se sont révélées par la suite dangereuses ?

S.D. : Les conditions historiques de 1978 ne sont pas du tout les mêmes en ce moment. Ni les hommes politiques ni le contexte. Rien aujourd’hui ne ressemble au contexte de 1978.

S. : Que savez-vous de l’affaire des 30 millions de F CFA à l’OBU qui oppose Emile Paré et Laurent Bado ?

S.D. : Il faut être sérieux. J’ai lu cette histoire dans les colonnes des différents journaux. Mais j’avoue que le professeur Laurent Bado, quoi qu’on dise est un homme honnête. Franchement ! Et selon ma lecture, il est victime des intrigues et des complots de ses compagnons de l’OBU. Et le Dr Emile Paré l’a avoué dans une interview, où il a affirmé : « Moi Paré, je joue aux échecs. Je m’appelle le chat noir. On ne voit pas mes traces le jour venu. Le jour, on ne me voit pas »... Il a dit qu’il a intrigué contre le grand frère Bado. Il l’a répété plusieurs fois. Mais qu’est-ce que vous voulez ? Je trouve que Bado a été sincère lors de son passage à la Télévision (NDLR : Actu Hebdo du 14/08/05). C’est un homme dont je ne partage pas toutes les idées mais, lui au moins il avance des idées.

Par exemple, il parlait de créer 8 000 barrages dans les 8 000 villages du Burkina Faso. Cela m’a fait rire parce qu’il n’y a pas 8 000 sites de barrages au Burkina. Tous les villages du pays n’abritent pas des sites dont les conditions géophysiques sont propices à la construction de barrages. Et puis pour réaliser un tel projet, il faut arrêter de payer les fonctionnaires, de construire des écoles et d’investir dans la santé. C’est énorme comme coût alors que le plafond d’endettement du pays, contrairement à ce qu’il pense, est limité. Bref. C’est pour dire que sur cette affaire de 30 millions de F CFA, je trouve qu’elle s’est faite sur la base d’un débat franc. « Moi j’ai des problèmes, je veux bien participer à la lutte des idées dans le pays. Si vous me soutenez, je ferai de l’opposition républicaine constructive sans brader mon autonomie ou mon indépendance ». Cela se fait. Parce qu’au-delà des oppositions entre partis, il y a le pays, la République et son avenir. Et je préfère honnêtement un opposant qui me dit en face « qu’il est contre mes idées et mes pratiques. Voici mon programme sur lequel je compte pour vous remplacer dans un tel délai mais je n’ai pas les moyens. Et c’est dans le cadre de la loi et de la République que je le fais ». Plutôt que des « amis » entre griffes qui poignardent dans le dos et non en face. Le professeur Laurent Bado a certes sa façon d’être, de dire et de faire mais on ne peut pas du tout l’accuser d’être un personnage corrompu. Et au lieu que les médias passent leur temps à revenir sur cette histoire de 30 millions de F CFA qui est événementiel, il faut procéder à une analyse des programmes que les candidats commencent à dérouler.

S. : Quel est ce bilan du septennat passé qui vous permet de dire que vous pouvez avoir un autre contrat avec le peuple ?

S.D. : Très belle question. Je ne suis pas le candidat Blaise Compaoré. Mais toutes proportions gardées, ayant participé à l’œuvre dans le cadre du septennat, je peux dire que notre bilan, au regard des moyens et du contexte burkinabè, est positif. Cependant, il reste beaucoup de défis à relever. Quand on dit qu’un bilan est positif, cela ne signifie pas que tout baigne. Il y a effectivement des aspects très positifs, mais également négatifs. Pendant ce septennat, nous avons réalisé un taux moyen de croissance annuelle de 5,4%. Sur 10 campagnes agricoles, nous avons obtenu des excédents sur 8 campagnes. L’éducation qui reste une de nos faiblesses structurelles a connu une progression bien qu’il subsiste là des problèmes réels. En termes de couverture en eau potable, nous sommes à un taux de 93% du territoire national. Ce qui nous classe au premier rang des pays du CILSS. Parlant de désenclavement, nous avons eu des résultats concrets que chacun peut vérifier en circulant à travers les provinces. Il serait fastidieux d’énumérer les acquis tant du point de vue économique que social. Pour ce qui concerne le volet politique, j’estime que malgré les soubresauts au départ de ce septennat, il y a eu à mon avis une démarche de réconciliation nationale même si elle n’est pas encore totalement parfaite. Nous avons restauré la paix sociale et renforcé la démocratie. D’où les quinze (15) candidats qui se présentent aujourd’hui à l’élection présidentielle. Au plan institutionnel, les institutions ont parfaitement fonctionné. Comme exemple, l’Assemblée nationale a aujourd’hui une coloration plurielle, voire arc-en-ciel où l’opposition légale burkinabè a la parole. Et surtout nous avons l’action des médias qui s’est renforcée. L’accès des hommes politiques, notamment ceux de l’opposition aux médias, est aujourd’hui une réalité. On ne le sent pas parce qu’on trouve cela naturel. Mais dans d’autres contextes, il ne viendra pas à l’esprit de Sidwaya qui est un quotidien d’Etat d’inviter l’opposition dans ses colonnes. Pourtant, plusieurs fois, ce journal a accordé la parole à des leaders de l’opposition. Ce sont des acquis même si ce ne sont pas les solutions à tous les problèmes. L’élection à venir est une gageure. La remporter est la consécration d’une lutte politique. « Il y a une troisième phase, la plus difficile. C’est celle qui consiste après les élections à unir le peuple autour du programme du candidat vainqueur et à formuler des projets autour des préoccupations des travailleurs. Dans ce pays, il n’y a pas que les politiques regroupés autour des candidats, il y a d’autres forces sociales qui sont entre autres, les syndicats, les associations de développement, les structures paysannes, les communautés religieuses, etc. Et surtout le peuple qui sans distinction de parti politique, attend du vainqueur de ces élections des réponses ou des esquisses de réponses à leurs préoccupation essentielles qui sont entre autres, l’alimentation, la cherté de la vie, l’éducation, le logement, etc. Aujourd’hui le baril de pétrole est passé à 65 dollars. Cela va induire un renchérissement du coût de la vie dans notre pays. Les classes populaires risquent de trinquer, si un certain nombre de mesures correctives ne sont pas envisagées. C’est pourquoi je pense qu’au sortir de ses élections et quelque soit le vainqueur, le dialogue social doit être noué avec tous les acteurs socioprofessionnels pour qu’ensemble nous puissions donner de nouvelles impulsions à notre société. C’est effectivement renforcer la production économique pour induire des correctifs sociaux. Je veux bien qu’actuellement nous soyions félicités par les bailleurs de fonds parce que nous avons rétabli les équilibres macro-économiques. Mais comme quelqu’un le dit : « On ne mange pas les équilibres macro-économiques ». Donc il faut rétablir les équilibres sociaux. Dès la fin des élections, il faut ouvrir le débat aussi bien avec les partenaires au développement qu’avec les groupes sociaux. Et œuvrer à éradiquer un certain nombre de maux tels que l’insécurité, la corruption. Il faut le faire. Et créer l’assurance auprès du peuple que nous ne luttons pas pour renforcer le « Naam » (pouvoir) d’un individu mais pour répondre concrètement sur le terrain aux préoccupations des populations. C’est là le vrai problème. Nous allons battre campagne autour de notre bilan dont nous sommes fiers malgré ses insuffisances. Il y a des domaines où les problèmes ne sont pas réglés. Il est vrai que le Burkina Faso n’est pas un pays riche. Mais on aurait tout de même mieux fait dans tel ou tel secteur. Pour ce faire, nous nous abstenons de sombrer dans la démagogie facile en soutenant que notre bilan est totalement positif ou tout est parfait. Je dis non, nous devons reconnaître en toute modestie que ce bilan comporte des insuffisances et que tout est loin d’être parfait et que nous devrons nous engager à les corriger ».

S. : Le banditisme actuel peut-il être perçu comme l’une des insuffisances de votre bilan ?

S.D. : Le banditisme comme la corruption et les mauvaises mœurs se situent dans un contexte sous-régional et même mondial. Evidemment s’il y a des responsabilités dans ce domaine et c’est le gouvernement qui les endossent. Le Burkina Faso est aujourd’hui le pays le plus stable de la sous-région.

Cette stabilité permet des libertés et engrange une croissance économique même si celle-ci ne résout pas tous les problèmes.

Donc le pôle d’attraction pour les délinquants est passé de la Côte d’Ivoire, du Ghana au Burkina Faso.

Cependant, il appartient à l’Etat de prendre les mesures qui s’imposent pour combattre le banditisme.

Autant les gangsters ont changé de méthodes pour mieux sévir et agresser les honnêtes citoyens, autant le gouvernement doit renforcer ses moyens de lutte et traquer les bandits jusqu’à les éradiquer.

Ce sont des maux liés au système libéral dans lequel nous sommes. Je considère avec vous que le regain d’insécurité est une insuffisance à nous, au gouvernement.

S. : Comment expliquez-vous que malgré la croissance économique, la pauvreté ne cesse d’augmenter ?

S.D. : Avez-vous une étude qui montre cette augmentation du taux de la pauvreté ?

S. : Si le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).

S.D. : Qu’est-ce que ce cadre dit parce que j’ai des données tout à fait contraire ?

S. : Selon le CSLP, le taux de pauvreté est passé de 45% à 46% ?

S.D. : Vos chiffres ne sont pas exact, car la dernière revue du CSLP, tenue le 22 avril 2005 au ministère des Affaires étrangères avec les partenaires au développement a fait ressortir les chiffres suivants. La pauvreté d’une manière générale a reculé d’un demi point (0,5) au Burkina Faso. (Tableau général. Du point de vue sectoriel (géographique si vous le voulez) la pauvreté urbaine a reculé de 3,5 points. Une autre étude, celle de la KFW précise que de 1998 à 2003, la pauvreté rurale a reculé de 9,5 points ; contrairement à ce que vous avancez, la pauvreté, en terme de chiffres macro-économique, a reculé dans notre pays. Cependant, au-delà de ces chiffres qui traduisent une certaine progression de notre pays, il faut reconnaître que la pauvreté est encore largement vécue par notre peuple. Donc cette pauvreté existe bel et bien au Burkina Faso. Je me méfie toujours de ces indicateurs qu’ils soient favorables ou non. Je me table sur le vécu quotidien des populations. Personnellement j’ai toujours récusé le classement de notre pays par le PNUD que j’ai toujours considérer comme erroné. J’ai séjourné dans les pays qui sont 20 ou 50 fois mieux classés que le nôtre. Mais quand on se rend dans ces pays, la vie est 10 fois ou 20 fois, 50 fois plus difficile pour les populations qu’au Burkina Faso. Il n’y a pas d’écoles dans ces pays, pas de routes. Aucun service social. Et même dans l’alimentation, ils sont toujours à l’état de cueillette. Je viens de visiter tout dernièrement un Etat dont je tais volontiers le nom. J’étais choqué car ce pays produit du pétrole. Mais quand j’y suis arrivé, il n’y a même pas d’adduction d’eau potable dans leur capitale, pas de téléphone et les populations rurales ignorent l’agriculture. Elles sont toujours au stade de la cueillette comme dans la préhistoire pourtant il y a le pétrole à flot et ils sont mieux classés que le Burkina. Il appartient aux journalistes qui voyagent surtout d’avoir le courage de se démarquer de ces classifications institutionnelles injustes, artificielles, erronées.

S. : Peut-on réellement faire du social dans un environnement ultra libéral ?

S.D. : Je pense que pour faire du social, il faut d’abord produire, et chercher à répartir de façon juste le fruit de la production.

S. : Qui va jouer ce rôle-là d’autant plus que la production est aux mains des privés ?

S.D. : Je suis d’accord que nous sommes dans un contexte libéral même néolibéral. A titre personnel, je refuse les règles du néolibéralisme. Je suis dans ce contexte contre les mécanismes de la mondialisation néolibérale. Car en fait, il s’agit d’une ultra domination, exploitation des pays pauvres. La mondialisation dans cette dynamique, s’analyse comme l’ultra impérialisme. Actuellement, notre option devrait être de développer les forces capitalistes, c’est-à-dire les forces du marché, en y apportant des correctifs avec une vision propre à nous. Nos programmes avec les institutions financières internationales devraient être discutés et conduits par nous-mêmes.

Nous devons refuser les diktats anti travailleurs et anti sociaux, pour qu’une poignée de mercenaires économiques ne continue pas de s’enrichir sur le dos de notre peuple.

S. : Quel jugement faites-vous de la dernière sortie de Me Hermann Yaméogo sur les ondes de RFI à propos de la candidature de Blaise Compaoré liée à l’article 37 et d’une éventuelle crise les jours à venir ?

S.D. : Je n’ai pas suivi très honnêtement ce jour-là Me Hermann Yaméogo. Mais pour ce qui concerne l’article 37, j’ai déjà donné mon point de vue. Maintenant, sur les crises au Burkina Faso, heureusement que Me Hermann Yaméogo n’est pas le peuple burkinabè. Ce n’est pas un individu qui peut décréter qu’il y aura crise pour que cette crise ait lieu.

S. : Pourtant il promet la désobéissance civile ?

S.D. : S’il peut désobéir lui tout seul qu’il le fasse. Je ne confonds pas les désirs de Hermann Yaméogo avec les désirs du peuple burkinabè, s’il est individuellement décider à protester, c’est son droit... Il peut commencer à faire la grève de la faim pour protester. En démocratie, chacun peut agir selon le droit, et selon le règlement, par contre, s’il y a des individus qui se mettent en dehors du règlement, de la loi, ils trouveront d’autres personnes pour les ramener dans le cadre de la loi et du règlement.

S. : Certains partis politiques s’inquiètent quant à l’organisation de l’élection de novembre 2005 par la CENI et même récusent le rôle du Conseil constitutionnel. En votre qualité de directeur national de la campagne de Blaise Compaoré, qu’en pensez-vous ?

S.D. : Pour ce qui est du Conseil constitutionnel, on ne peut pas jouer au football en appliquant les règles de basket ball. Le Conseil constitutionnel a été mis en place dans le cadre des réformes politiques voulues par tout le monde. Et sa composition, je le pense, procède par des mécanismes prévus par la Constitution et la loi. Les membres du Conseil constitutionnel n’ont pas été nommés par le CDP. Personnellement, je ne connais pas sa composition. Mais là où je trouve que c’est inconséquent de la part de nos politiques qui disent : « Nous n’allons pas ester devant le Conseil constitutionnel pour interpréter l’article 37. Mais nous irons aux élections et s’il y a des fraudes, nous allons ester en justice ».

C’est auprès de qui ? Ce n’est pas le même Conseil constitutionnel ? Il ne faut pas vouloir une chose et son contraire. Quand on est parti pour être footballeur, on a l’arbitre, on a le règlement et on joue. Mais se présenter comme tel et vouloir qu’on abandonne les règles de ce sport pour un autre, ça ne marche.

Pour ce qui est de la CENI, là je partage l’inquiétude de l’opposition. Car jusqu’à l’heure où je vous parle, je ne sais pas quand commencera la distribution des cartes électorales. Et j’interpelle très respectueusement la CENI. Ces élections peuvent connaître des difficultés si la CENI ne prend pas sur elle et dans la transparence tous les mesures nécessaires pour le bon déroulement des élections. Il faut que la distribution des cartes électorales puissent commencer d’ici septembre dans les méthodes transparentes et accessibles à tous.

Si on attend la dernière minute pour courir çà et là, cela ne favorisera pas le renforcement de la démocratie.

En tout cas, c’est une question qui nous préoccupe et qui nous interpelle. Et en tant que directeur de campagne, j’estime que la CENI devrait convoquer les représentants des candidats pour leur signifier à quelle étape elle est, situer les mécanismes de distributions des cartes et les méthodes de supervisions et de contrôles de l’opération. Elle mettra ainsi tout le monde sur la même ligne de départ. Cela contribuera à consolider la démocratie. Il ne faut pas attendre de façon bureaucratique à la dernière heure et dire ceci ou cela. Je crois que du côté du gouvernement, les moyens financiers ont été mis à la disposition de la CENI.

Il revient à cette structure d’œuvrer d’arrache-pied pour qu’il n’y ait pas de surprises. C’est très difficile de distribuer environ quatre (4) millions de cartes dans des villages où l’analphabétisme règne. Il faut que des mesures soient prises et que les partis politiques et les représentants des candidats soient informés à temps.

S. : Un coup d’Etat militaire vient de renverser le président Ould Taya de Mauritanie. Quelle lecture faites-vous de cet événement ?

S.D. : Comme notre constitution le proscrit, je suis contre les coups d’Etat. Cependant, je ne veut pas dénoncer du bout des lèvres comme d’autres qui soutenaient que « la Mauritanie se construisait sous Ould Taya que le Burkina se déconstruisait ». J’ai toujours milité avec des camarades mauritaniens pour la juste cause, notamment les negro africains dont tous les droits étaient niés. Contrairement aux autres Etats africains, le mal mauritanien procède aussi du racisme et de l’esclavagisme, que subissaient les Négros africains dans ce pays. Pour moi, ce coup d’Etat n’a rien réglé au fond. Il faudra des réformes profondes pour le retour de la démocratique, de la liberté et de l’égalité dans ce pays.

S. : Comment appréciez-vous la situation en Côte d’Ivoire ? Y a-t-il une amélioration du sort de nos compatriotes dans ce pays frère ?

S.D. : Pour ne rien vous cacher, la situation en Côte d’Ivoire est inquiétante. Avec les accords de Pretoria on avait cru qu’on s’acheminait vers une situation de paix à travers des élections libres, transparentes et équitables. Pourtant, les acteurs politiques ivoiriens nous démontrent le contraire. Ils ne sont pas parvenus à un consensus pour organiser les élections. Or, c’est le déficit démocratique qui est à la base des problèmes de ce pays. Certains opposants de Ouagadougou argumentent que le Burkina a agressé la Côte d’Ivoire tout en oubliant parfaitement et de façon insultante que des milliers de Burkinabè vivent dans ce pays, dans des conditions pénibles. Contrairement à ces opposants, je dis qu’une solution à la crise appartient au peuple ivoirien et nous devrions prier pour la paix en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne nos compatriotes, personnellement, je l’ai réaffirmé devant le président Laurent Gbagbo, qu’ils avaient des droits dans les pays voisins. Des droits garantis par la CEDEAO, l’UEMOA, l’UA mais aussi par l’histoire politique de nos deux pays. On ne peut pas aujourd’hui martyriser nos compatriotes de façon arbitraire en Côte d’Ivoire, ce n’est pas juste. Ces frères qui vivent en Côte d’Ivoire ont participé à la construction de ce pays avec les Ivoiriens. Ils ont acquis leurs biens à la sueur de leur front et sur la base du droit coutumier ou du droit moderne ivoirien. Je ne peux pas accepter que des nationaux burkinabè, pour des raisons purement politiciennes, soutiennent un tant soit peu, ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Personnellement je m’opposerai à toute politique en Côte d’Ivoire qui brimerait nos compatriotes parce qu’ils sont dans leur droit. Quant à l’évolution politique de ce pays, le Burkina n’a pas à s’immiscer dans la position des acteurs politiques ivoiriens.

S. : Que pensez-vous du président ivoirien Laurent Gbagbo qui fut l’un de vos fidèles amis ?

S.D. : Fidèle non ! A titre personnel, je ne peux pas apprécier un président, un chef d’Etat. Cependant, je trouve que le militant Laurent Gbagbo n’est pas le président Laurent Gbagbo.

S. : Un procès de Taylor dans son pays ne va-t-il pas inquiéter le Burkina ?

S.D. : Pourquoi un procès de Taylor va nous inquiéter ? Ça nous est complètement égal comme dirait « Raogo ». Taylor est un Libérien. Suite à une série de conflits dans son pays, il a signé un accord pour quitter le pouvoir où il a été ramené au Nigeria sur la base d’une convention.

Qu’il soit jugé au Liberia, au Nigeria ou ailleurs, cela, nous est complètement égal. Par contre, je tiens à préciser, contrairement aux allégations mensongères et calomnieuses de certains milieux politiques burkinabè que le Burkina n’était pas au Liberia pour le dollar ou le diamant. Le Burkina à l’instar d’autres pays, était au Liberia pour défendre un idéal, la cause anti-impérialiste.

M. Taylor était parti pour combattre la dictature sanguinaire de Samuel Doe.

A l’époque nous n’étions pas seuls, même les USA l’ont soutenu à ses débuts contre Samuel Doe. M. Taylor, une fois au pouvoir n’a pas respecté son pacte, ni avec son peuple, ni avec ses amis de l’extérieur. Aussitôt, nous avons arrêté de le soutenir. Charles Taylor doit répondre devant l’histoire de son peuple.

S. : A propos du Togo, comment voyez-vous l’avenir de ce pays après l’élection controversée de Faure Gnassingbé Eyadéma ?

S.D. : La situation au Togo commande que tous les partis politiques transcendent les clivages ethniques pour ne voir que l’intérêt des masses laborieuses.

Au Burkina Faso, l’un des acquis est que l’éthnicisme n’a pas droit de cité à l’intérieur de nos formations politiques. Ceux qui tenteront de l’utiliser seront toujours vomis.

S. : Le Burkina est confronté actuellement à une crise alimentaire malgré les excédents céréaliers de ces dernières années. Quelle explication ?

S.D. : L’explication est naturelle, nous avons eu un déficit pluviométrique et une invasion de criquets. Malheureusement cette invasion acridienne était prévue par les différents sites d’observation et la FAO. Ils ont attiré l’attention des gouvernements africains afin qu’ils mettent un mécanisme de prévention. Cela, n’a pas été fait. Les gouvernements africains ont, ainsi failli collectivement. L’organisme ouest-africain (OCLALAV) chargé de lutter contre les criquets était mort de sa belle mort. Le siège est à Dakar, il ne reste que les fauteuils de bureau. Les gens ont saccagé l’organisme dans ses biens et dans sa chair. Au Burkina, par solidarité nous sommes intervenus au Mali, avions combattu les criquets même à partir d’un pays voisin afin de minimiser leurs impacts. Aussi, nous avons au Sahel mis un dispositif dans lequel, plus de 8 000 producteurs s’étaient engagés dans la lutte anti-acridienne. Ainsi, nous avons pu contenir les criquets dans le Sahel uniquement. Dans cette région, nous avons perdu 90% de nos récoltes, soit 66 000 tonnes. Le gouvernement du Burkina a distribué 500 tonnes gratuitement dans les 24 000 familles victimes d’attaque acridienne. Par la suite, nous avons déroulé un plan de distribution de céréales à prix modéré. Toutes ces actions nous ont permis de tenir. La responsable du PAM pour le Burkina a reconnu que le Burkina a bien géré la crise alimentaire. Le Burkina Faso a bien géré, mais d’un point de vue structurel, il nous faut changer nos méthodes de travail. Passer d’une agriculture pluviale à une agriculture irriguée. Et c’est ce à quoi je m’attelle au niveau du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Sans cette inversion dans la méthode de travail, nous seront perpétuellement en proie à des crises alimentaires.

C’est pourquoi j’ai personnellement foi en l’irrigation, notamment celle accessible aux petits producteurs.

S. : Est-ce que nos statistiques agricoles sont fiables ? On a l’impression que nos Etats sont toujours surpris par les crises alimentaires ?

S.D. : Non. Aucun Etat n’est surpris. Les statistiques agricoles sont aussi fiables. L’enquête agricole nationale est contrôlée par celle du CILSS et la FAO et validée par l’enquête Fews net, une ONG américaine. Le principe appliqué est le carré de rendement. Le problème de l’agriculture au Burkina ne se situe pas au niveau des statistiques agricoles. Un ensemble de facteurs négatifs minent notre agriculture. Le premier facteur est la non maîtrise des aléas climatiques. Quand vous avez une agriculture à 90% pluviale votre sort est lié aux conditions climatiques. Deuxièmement, il y a la capacité et la formation de nos producteurs, 82% de ceux-ci, sont toujours à l’étape de la daba et des petits lopins de terre. Avec uniquement la daba on ne peut pas s’affranchir de la famine. Troisièmement, les agriculteurs même en année de surproduction n’arrivent pas à commercialiser pour acquérir de nouveaux facteurs de production. Donc, l’absence de marché pour l’écoulement des produits agricoles est un autre facteur limitant dans le milieu rural. Quatrièmement, absence de mécanismes réels, nos producteurs pour la plupart ne peuvent pas acquérir les moyens modernes de production que sont le tracteur, le bulldozer, etc. De ce fait, notre politique agricole doit être axée fondamentalement sur l’irrigation. La petite irrigation avant tout car la grande irrigation pose un certain nombre de problèmes. J’ai entendu quelqu’un soutenir que la petite « irrigation n’est pas prometteuse qu’il fallait aller vers la grande irrigation ». Dans le cadre de la grande irrigation, le coût de l’hectare aménagé avoisine les 10 millions de F CFA ; par contre au niveau de la petite irrigation, l’ha se réalise entre 500 000 et 700 000 F CFA. Nos paysans pauvres ne peuvent pas amortir ni rentabiliser l’ha dans le cadre des grands aménagements. C’est pourquoi, nous mettons l’accent sur la petite irrigation, tout en continuant les grands aménagements pour d’autres types de producteurs.

Nous devrons œuvrer à changer la mentalité de nos producteurs. Pour la petite histoire, j’étais dans la région de Toma, où j’ai trouvé un paysan qui arrosait ses tomates et à côté son maïs subissait le stress hydrique important.

Pourquoi, n’arroses-tu pas le maïs ? lui ai-je demandé. Il répond, M. le ministre on n’arrose pas le maïs. Ainsi, il faut éduquer les gens à se convertir dans l’irrigation. Je crois fermement à cette politique de la petite irrigation. La phase pilote nous a permis de faire déjà 11 000 hectares environ et d’obtenir entre 66 et 70 mille tonnes de céréales.

Aujourd’hui dans la région de Banfora, grâce à la petite irrigation, des paysans ont changé qualitativement leur vie. Au Bazèga, un groupement a obtenu l’année dernière 7 millions de F CFA sur une exploitation de 10 hectares de maïs en vendant l’épis de maïs à 25 F CFA pendant la période sèche. Il faudrait allier la petite irrigation à une sélection des semences.

Là aussi, il faut éduquer nos paysans, à la limite leur imposer l’utilisation des semences précoces et de certaines variétés pour augmenter leurs rendements et aller vers l’autosuffisance alimentaire. Bientôt, une table ronde va se tenir sur la petite irrigation avec nos partenaires qui approuvent notre vision.

Pour l’instant, la petite irrigation est dans sa phase pilote. Nous sommes à l’étape de sensibilisation et nous le faisons avec les moyens de bord. Une fois que nous aurons des financements et des cadres suffisamment engagés, nous pensons que notre pays pourrait se nourrir suffisamment et exporter des céréales. Telle est ma conviction. Parce que nous avons recensé 78 000 hectares de bas-fonds dans le Sud-Ouest et 596 000 hectares à l’Ouest. De ces bas-fonds aménagés nous pouvons quadrupler nos productions céréalières.

S. : Vous êtes enthousiaste et volontariste mais les paysans connaissent actuellement des problèmes de commercialisation de leurs produits.

S.D. : C’est vrai. Je l’ai vécu personnellement. L’année dernière, nonobstant mon état de santé, je devais dans le courant avril-mai effectuer une tournée des champs dans l’Ouest où les paysans m’attendaient. Mais faute de commercialisation, cette tournée n’a pas eu lieu. Aujourd’hui je connais des villages à l’Ouest qui sont passés de 50 ha l’an. Les paysans en saison sèche ont réalisé 1 425 tonnes de maïs, soit 3 fois leur besoin de consommation.

S. : Est-ce que le blé du Sourou en essai ne connaîtrait pas aussi des problèmes d’écoulement ?

S.D. : Non. Nous avons discuté avec les meuniers de ce pays qui sont prêts à l’acheter. Ils exigent seulement que ce blé soit compétitif. L’année dernière, ensemble nous avons trouvé un prix plancher de 100 000 F CFA la tonne du blé. Or, le blé importé en plus de sa qualité douteuse, parce que provenant de vieux stocks, tourne autour de 240 000 F CFA la tonne à Ouagadougou. Le blé du Sourou est donc compétitif.

Maintenant, il faut courageusement donner les moyens matériels aux producteurs du Sourou pour que notre production nationale soit volumineuse à même de satisfaire le marché national. D’ailleurs le blé a sa petite histoire.

Sous le CNR cette idée généreuse avait été soutenue. Elle n’a pas abouti parce que certaines officines exportatrices au Burkina Faso avaient comploté contre le blé burkinabè qui leur faisait perdre un marché important. Nous importons pour 15 milliards de produits à base du blé. Cette année, le gouvernement a donné un milliard de F CFA pour agrandir les champs du blé. Avec 3 500 hectares nous aurons la quantité nécessaire à notre consommation intérieure.

Pour réussir ces actions, il faut une dynamique collective. Malheureusement, souvent quand on engage ce genre d’action, on est confronté à des entraves non seulement budgétaires mais surtout à la résistance bureaucratique de certains cadres qui ne connaissent que le confort douillet des bureaux. C’est le sentiment que j’ai eu avec le programme gomme arabique. Des techniciens ont tenté de me décourager.

D’autres ont même cru que c’est le programme de Salif Diallo. Aujourd’hui, après cette phase d’essai, le Burkina Faso bénéficie d’un projet de plusieurs millions de $US avec la FAO pour poursuivre le programme arabique. En outre, l’année dernière, les paysans ont vendus pour plus de 500 millions de F CFA dans un pays voisin. Cela est certes modeste, mais ce n’est qu’un début.

S. : Quels enseignements peut-on retenir des journées nationales du paysan que d’aucuns taxeraient de folklorique ?

S.D. : Ces gens ne sont jamais allés en province. Les gens qui tiennent de tels propos sont ces bureaucrates, assis dans des bureaux climatisés à Ouagadougou avec des cravates nouées à tort et à travers et qui ne connaissent du Burkina que les bars et leur bureau.

Les journées nationales du paysan constituent un des meilleurs espaces démocratiques, et d’interpellation dans notre pays. En 2004, les paysans ont été les premiers à interpeller le président du Faso sur le problème de l’insécurité et demandé la prise de mesures efficaces contre ce phénomène grandissant. Donc, c’est un cadre irremplaçable où la parole est donnée aux sans-voix. A mon avis, il faut donc renforcer ces JNP.

S. : Si vous partez du ministère de l’Agriculture, est-ce que la petite irrigation ne va pas disparaître comme l’agrobusiness : Comment expliquez-vous cela, est-ce un manque de politique agricole ?

S.D. : Non, la politique agricole est écrite. Elle existe dans les documents. La petite irrigation ne serait pas abandonnée parce que les populations se sont appropriées la méthode. C’est une mauvaise vision que d’accrocher les programmes à des individus ; l’Etat est une continuité.

S. : Quelle est la part des OGM dans la politique agricole du Burkina ?

S.D. : Il y a deux ans nous avons tenu une conférence internationale sur la biotechnologie à Ouagadougou. Première en Afrique, elle fait suite à la conférence de Sacramento où les USA ont proposé d’organiser des conférences d’information et de sensibilisation en Afrique. Aucun Etat africain ne voulait abriter ces conférences à cause de l’opposition européenne. Le Burkina Faso s’est proposé à abriter cette conférence, parce que c’est l’avenir, et on n’arrête pas le progrès.

La biotechnologie serait également un moyen d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ensuite, elle participera à la compétitivité de l’économie rurale. Je ne suis pas un scientifique pour mener le débat sur les risques liés aux OGM. Cependant, le Burkina est signataire du protocole de Cathargena. Ce protocole introduit le principe de précaution. Ainsi, les instruments juridiques issue de cet traité et adopté par notre pays permettent l’introduction des OGM avec des mesures de sécurité qui siéent.

Aujourd’hui un hectare de coton OGM donne environ 3 à 3,5 tonnes. Celui d’un coton classique donne environ 800 kg ou dans le meilleur des cas, 1,2 tonne. L’année dernière je me suis rendu à la bourse du coton de Bohème (Allemagne), le constat était amer.

Cette bourse importait 70% du coton d’Afrique de l’Ouest. Mais avec l’introduction du coton OGM en Chine, Indochine, Brésil, elle n’importe que 20% du coton de chez nous. Avec le coton OGM, l’acheteur précise l’itinéraire, la qualité du coton avant qu’il ne soit cultivé. La Chine est en train d’expérimenter du coton coloré. Le coton sortira en jaune, bleu, etc. Ainsi, l’étape de la teinture sera abandonnée. Il faut aller vers les OGM avec des précautions. Ils sont du même ordre que le téléphone cellulaire, dont les rumeurs avaient indiquer qu’il donnait le cancer. Mais aujourd’hui, tout le monde l’utilise.

En ce qui concerne les OGM, nous en sommes tous des consommateurs non avertis à travers les produits importés.

S. : Suite à des retards dans l’exécution des travaux de construction de barrages, des contrats ont été résiliés. Quelles mesures devrait-on désormais prendre pour ne pas aboutir à de telles situations ?

S.D. : Au niveau de notre ministère nous avons commis une erreur d’analyse. Dans le passé nous réalisions un à trois barrages par an. Pour le présent programme biennal nous sommes allés au rythme de trente barrages par an. C’était volontariste, malheureusement sur la place du marché, il n’y a pas trente entreprises à même de réaliser ces travaux. Au vu des défaillances de certaines entreprises, nous avons pris la décision de résilier leur contrat.

S. : Est-ce que le coton est l’avenir de l’Afrique ?

S.D. : Le Burkina est un pays producteur du coton. Nous défendons la valorisation du coton pour les deux millions de paysans producteurs. Aussi, la l’Etat engrange aussi de l’argent dans la production du coton. Donc, je ne peux pas dire de supprimer le coton. Cependant, il faut travailler à la diversification agricole. Travailler de façon progressive à trouver d’autres spéculations. Il nous faut développer d’autres productions pouvant procurer les mêmes revenus aux producteurs. Sinon, à cette allure de la compétition du marché mondial et du contexte environnemental de notre pays, nous ne tiendrons pas le coup. Aussi, cette année, à l’Est du Burkina, on produit le coton au détriment des céréales. Résultat, ils ont l’argent du coton mais les prix des céréales sont en hausse. Il faut introduire d’autres cultures telles que le soja, augmenter la part du sésame et aller vers le renforcement des productions fruitières, etc.

S. : Le barrage de Zoula serait une œuvre réalisée pour récompenser le député Laurent Bado. Est-ce exact ?

S.D. : Pourquoi on en veut tant à Laurent Bado. Avant Zoula, j’ai réalisé des barrages dans le fief de certains politiques : le barrage de Samba dans le Passoré, le barrage de Soum en construction dans le Boulkiemdé et à Dori le barrage de Yakouta, etc. Honnêtement, je ne savais pas que Zoula était le village de monsieur Bado. Par contre, j’étais agréablement surpris de le voir le jour du lancement. « Petit frère c’est mon village et je vais te suivre, si le barrage est mal fait je vous dénonce ». Je profite de vos colonnes pour remercier M. Laurent Bado sur un point précis.

Pour la réalisation d’un autre barrage dans le Sanguié, le barrage de Séboum, 10 millions de m3 et 20 fois plus grand que celui de Zoula. Nous étions confrontés à une forme de résistance des populations habitant en amont du barrage et qui un jour en visite technique sur le site en vue de prendre langue avec les paysans afin qu’ils déménagent, M. Bado en tapettes, est venu convaincre les paysans de quitter les lieux afin de permettre sa réalisation. Aujourd’hui, ce barrage a environ dix millions de m3 et offre la possibilité de plus de 100 hectares en aval. Par exemple, dans la boucle du Mouhoun, Mme Coulibaly, député du PDP/PS a un joli périmètre dans lequel travaillent une centaine de jeunes, le député Sébastien du PDP/PS a aussi un beau périmètre où trois cents (300) personnes travaillent. Je suis allé les féliciter et les soutenir car ce sont des initiatives qui transcendent des clivages politiques et vont dans le sens du développement. Demain, si un député ou un chef de parti de l’opposition m’interpelle pour réaliser un barrage sur un site favorable dans son village, je n’hésiterai pas.

S. : Quelle est l’importance pour le Burkina et le citoyen lambda d’un projet comme celui de la plage de Bagré ?

S.D. : Le citoyen lambda ne va pas à la plage. Le jour où on a lancé le projet c’était concomitamment avec un grand projet de pisciculture. La production piscicole donnera par semestre 120 tonnes de poissons. A partir de l’année prochaine, ce projet de pisciculture sera installé dans quinze (15) autres provinces ; le complexe qui sera réalisé à Bagré va créer 200 emplois directs et plus de 1 000 emplois indirects.

Nous allons aussi créer un golf et drainer le tourisme à cet endroit. Cela participera au développement de l’économie nationale. La plage de Bagré est donc un site touristique et sera placée sous la direction du ministère de la Culture. En hiver, les golfeurs d’Europe pourront venir jouer au Burkina. J’ai même suggéré qu’on trouve des machines pour faire des vagues artificielles.

S. : Des responsables de l’administration ont été sanctionnés pour détournement de vivres. Quelles solutions envisagez-vous pour que de tels actes ne se reproduisent plus ?

S.D. : Les mécanismes existent pour prévenir des détournements. Le cas du Sahel, ils ont soustrait des vivres du mécanisme. Les vivres sont envoyés dans les provinces sous la responsabilité du haut-commissaire, président du COPROSUR. Dans cette structure, il y a des représentants des communautés de base. Et, ensemble, ils constatent le volume de vivres acheminés et organisent la distribution.

Pour le cas de Gorom-Gorom, M. le haut-commissaire a soustrait des vivres du COPROSUR, sans informer les producteurs. Dans un premier temps, ils ont été relevés de leur fonction. A la fin de l’enquête administrative, les faits étaient patents, j’ai déposé une plainte auprès du procureur de Dori et ils ont été mis aux arrêts sur-le-champ. J’estime qu’au-delà de l’illégalité de l’acte il y a même un problème moral.

Des mesures de contrôle vont se poursuivre et les COPROSUR devraient faire leur travail.

S. : Certains acteurs vous considèrent comme « le Machiavel » de la politique nationale. Quel commentaire avez-vous à faire ?

S.D. : Dans le milieu politique on s’apprécie comme on veut. Moi, je milite très loyalement dans mon parti. Je défends son programme, je n’ai jamais été Machiavel vis-à-vis de quelqu’un. Maintenant, quand un adversaire dans ses pérégrinations croise le fer, il se retrouve dans une situation défavorable. Généralement, je ne suis pas le premier à l’attaque. Je respecte la chose politique. Je ne fais jamais d’opposition stricto-personnelle. La politique est aussi une science et un art. Quand on est en politique, on défend un idéal, un projet de société. Il y a des gens qui perdent de vue cet aspect et entrent en politique pour des sinécures.

S. : L’action des ABC a provoqué des grincements de dents dans certains milieux du parti au pouvoir. Que s’est-il exactement passé ?

S.D. : Oui, il y a des agitations. Cependant les ABC constituent à mon avis, un autre cadre de regroupement utile de notre système. La force d’un parti politique réside dans sa capacité à influencer d’autres associations, d’autres structures de masse. Je considère que les ABC constituent une forme de soutien de masse au parti au pouvoir. Nous ne pouvons pas refuser à ces camarades-là de s’exprimer. De plus, les ABC ne constituent pas un parti politique encore moins concurrent au CDP. Le vrai problème se trouve au niveau des gens qui mènent des luttes de positionnement. Certaines personnes pensent en effet qu’ils sont « utilisés » pour ravir leur place. J’ai été l’un des fondateurs des ABC, avec d’autres camarades.

Et je suis formel là-dessus, leur objectif, c’est de soutenir simplement la candidature de Blaise Compaoré. S’ils peuvent drainer l’électorat vers notre candidat, moi je ne vois aucun problème ; bien au contraire, cela est à applaudir. Maintenant, n’étant pas dans les structures formelles du parti, je ne pense pas qu’ils puissent entraver la bonne marche de notre parti.

S. : Nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons Blaise Compaoré ? Qu’en pensez-vous ?

S.D. : C’est un slogan des AJCB. Moi je trouve que Blaise Compaoré est un modeste burkinabè et son œuvre se situe dans une dynamique collective. Je le répète souvent : « ce ne sont pas les héros qui font l’histoire, mais c’est l’histoire qui fait les héros ». Cela veut dire que je ne crois pas à l’individualisme triomphant. Le président Blaise Compaoré a la charge de travailler avec le peuple et s’il a des acquis, ceux-ci appartiennent au peuple lui-même.

S. : Vous avez été plus ou moins indexé dans la crise qui a secoué le CDP au niveau du Zondoma. Qu’en est-il en réalité ?

S.D. : A proprement parlé, il n’y a pas de crise au Zondoma. Il s’agit d’une incompréhension entre militants. Ça peut arriver dans un parti. Sinon je n’ai aucun problème ni avec Alassane Sawadogo, ni avec le député Tahéré. Tous sont mes frères et on discute. De ma position, je joue à aplanir les divergences entre militants de cette province. Je pense qu’ils se retrouveront ensemble tôt ou tard. On a voulu créer une tempête qui ne peut exister que dans un verre d’eau.

S. : Docteur Salif Diallo, vous avez soutenu brillamment une thèse d’Etat sur : « la transformation de l’ Etat en Afrique », pourquoi ce thème ?

S.D. : Effectivement, à la fin de mon DEA, j’ai échangé avec mon professeur et il m’a dit qu’il serait intéressant pour moi, sur la base d’exemples concrets, de réfléchir sur l’Etat en Afrique. Pendant quatre ans, nous avons travaillé ensemble. Je lui envoyais les résultats de mes recherches, ou je me déplaçais pour en discuter. J’avoue que j’ai eu quelques difficultés, compte tenu de mon calendrier.

Mais c’était très passionnant pour moi, car au fur et à mesure que j’avançais dans mes recherches, je découvrais beaucoup de paramètres de l’Etat africain que j’ignorais personnellement. Pour vous résumer les idées que j’ai développées, je dirai que le mal africain, c’est l’Etat.

Pourquoi l’Etat ? Parce que d’abord dans son fondement et dans sa création, l’Etat africain est né avec les germes mêmes de sa crise. Découpé de façon injuste et arbitraire, c’est un Etat qui n’est pas une nation. Mais je passe sur cette période coloniale pour revenir à nos responsabilités contemporaines.

En Afrique, on est passé du parti unique au multipartisme. Cependant, que ce soit dans l’un ou l’autre des cas, le régime politique africain est un régime présidentialiste, c’est-à-dire qu’on a tendance à confier à un seul homme, le destin de l’Etat : « c’est le guide suprême, c’est le timonier ». Effectivement, par ces considérations, il fait de l’Etat un patrimoine personnel où il développe le clanisme avec son entourage. Et malgré les principes proclamés, il n’existe pas de mécanisme de contre pouvoir, « aucun pouvoir ne limite le pouvoir » comme le suggérait Montesquieu.

Ne pouvant pas continuer sur cette lancée, les années 1980 ont fait émerger des embryons de sociétés civiles et c’est là une lueur d’espoir. Du point de vue économique aussi, nous avons des Etats tributaires du néolibéralisme qui, en réalité, accentue la paupérisation des sociétés étatiques africaines. Souvent, les crises institutionnelles ont pour fondement la pauvreté institutionnalisée. Dans l’ensemble, j’ai essayé de retracer les difficultés d’existence de l’Etat africain dans une étude comparative.

S. : Mais M. le ministre, est-ce que vous ne confondez pas l’Etat avec les élites ? Ce n’est pas le procès des élites ?

S.D. : Non, non, non, ce n’est pas le procès uniquement des élites. C’est l’Etat africain, parce que l’Etat africain va au-delà de ces élites pour se représenter dans un environnement juridique proclamé et non appliqué : c’est là toute la problématique.

S. : Et la pratique des élites ?

S.D. : Il ne faut pas tout cantonner au niveau des élites. Le cadre sociologique, la faiblesse des structures, l’ignorance, l’inexistence des Nations sont autant des facteurs de faiblesse de l’Etat africain.

S. : Envisagez-vous enseigner un jour ?

S.D. : J’ai pris contact avec quelques structures pour voir s’il y a la possibilité de donner des cours.

S. : Dans quelle structure ?

S.D. : Vous voulez aller prendre ma place ?

S. : Aujourd’hui vice-président du CDP, vous avez connu une ascension fulgurante et RFI vous appelle souvent le « môgô puissant » du CDP. Quelles sont les grandes étapes de votre parcours politique ?

S.D. : Ascension fulgurante, c’est trop dire ; je suis un militant, je lutte pour un idéal. Je suis dans le milieu politique depuis l’âge de 18 ans. J’ai toujours défendu des idées, que ce soit dans le cadre des syndicats ou des partis politiques. Je n’ai pas toujours été au pouvoir, j’ai souvent eu à subir ses contre-coups.

S. : Comment expliquez-vous votre longévité au sommet de l’Etat ? C’est la foi en l’idéal, c’est l’intelligence de l’homme, c’est le flair politique ?

S.D. : Je crois que cette appréciation peut être laissée à ceux qui décident. Mais ma conviction est qu’on doit être honnête dans tout ce qu’on fait ; de même, il faut avoir le courage de dire ce qu’on pense devant n’importe quelle personne, y compris devant son supérieur hiérarchique.

S. : Monsieur le ministre, sans vous pousser vers la sortie, est-ce que vous ne pensez pas qu’il est temps pour vous de commencer à rédiger vos mémoires ?

S.D. : Je pense qu’il est assez prématuré pour moi de penser à écrire mes mémoires.

S. : Sur le site internet, les informations concernant votre biographie tiennent carrément à votre vie estudiantine. En êtes-vous informé ?

S.D. : Vous savez, on est tous passé par le lycée.

Après je suis allé faire du journalisme et on m’a renvoyé, mais pas pour insuffisance scolaire. Je ne voulais pas faire de la politique, ni être juriste ; mon ambition première était d’être journaliste.

C’est un métier que j’adore, mais on m’en a éloigné. C’est même pour cela que j’ai beaucoup de sympathie pour les journalistes.

S. : Quel jugement portez-vous sur la classe politique burkinabè ?

S.D. : Nous faisons tous partie de cette classe politique et nous faisons la politique de nos moyens.

Cependant, j’avoue que la classe politique doit s’élever au-dessus des contradictions interindividuelles, des oppositions crypto personnelles pour ne prendre en compte que l’intérêt national.

Nous avons un petit pays pauvre, nous devrons véritablement compter avec les populations pauvres et travailler à les éduquer, à animer la vie politique de façon sereine et saine. Et cela est valable aussi bien pour l’opposition que pour nous, parti de la majorité.

S. : Docteur, les gens disent que les hommes politiques burkinabè courent plutôt vers la soupe, aux dépens des idées ?

S.D. : Cela n’est pas vrai ; ailleurs, c’est pire qu’ici. Je crois que contrairement à certains pays, des débats d’idées commencent à poindre au Burkina. Ailleurs, c’est catastrophique, on le fait au grand jour. Je ne citerai pas de pays, mais prenez l’environnement immédiat, vous verrez que les hommes politiques burkinabè, de tous bords sont respectables.

S. : On vous dit très proche du chef de l’Etat, et cette positon fait qu’on vous confie des missions souvent dites secrètes. Qu’en dites-vous et quels enseignements en tirez-vous ?

S.D. : Missions secrètes ? Comment ça ? Non, je n’ai jamais effectué de missions secrètes. J’effectue des missions officielles, je signe un ordre de mission, je passe à l’aéroport de Ouagadougou et quand je reviens, je fais un rapport de mission qui s’insère dans le système étatique. Il arrive même que la presse me suive dans mes déplacements et vous me parlez de missions secrètes ?

S. : L’opinion pense que vous préparez certaines grandes décisions en aval...

S.D. : Vous savez, l’opinion a ses jugements, sa façon de percevoir les problèmes. Dès que vous posez un acte, elle en donne son appréciation.

C’est vrai qu’il m’est arrivé d’aller en mission sur instruction du président, mais ce ne sont pas des missions secrètes. Je crois que tout le monde fait de la diplomatie y compris vous les journalistes. Quand vous allez dans les colloques et que vous défendez un certain nombre de principes, sans le savoir peut-être, vous défendez une certaine vision du Burkina.

S. : On dit aussi que vous êtes celui qui a établi le pont avec la Chine-Taïwan ; alors que le ministre des Affaires étrangères de l’époque partait pour Pékin ?

S.D. : Moi ? Ce n’est pas le contraire qui est vrai par hasard ? Moi je sais que j’étais à Pékin en tout cas.

S. : Maintenant qu’on a le docteur Salif Diallo, est-ce qu’on peut espérer voir le docteur El Hadj Salif Diallo ?

S.D. : El Hadj ? C’est-à-dire ? Ah ! Vous voulez que je me rende à La Mecque ?

Ecoutez, je vais vous conter l’histoire d’un militant du CDP pour lequel je me suis battu pour obtenir un billet pour le pèlerinage à La Mecque.

Je me suis rendu gaillardement chez lui pour lui annoncer la bonne nouvelle et lui dire d’aller représenter toute la communauté musulmane de son village. Il m’a regardé en me demandant : « Salif, pourquoi tu es contre moi ? Si je vais à La Mecque maintenant alors que je ne suis pas sage, qu’est-ce que tu veux que je fasse de mon pèlerinage ? ». Ceci dit, si Dieu me prête longue vie, je ferai le pèlerinage.

S. : Quel regard portez-vous sur la presse burkinabè ?

S.D. : Vous ? (Rires). Honnêtement, je pense que vous faites ce que vous pouvez dans l’Etat de droit actuel. Contrairement à certaines appréciations, je trouve que les conditions de vie et de travail des journalistes sont très difficiles.

Et ça, ce n’est pas pour vous faire plaisir ; parce que pour avoir de grands journalistes, une presse assez forte, il faut mettre les gens dans de bonnes conditions de travail.

Cependant, on parle également de manque de professionnalisme et de déontologie.

Je pense qu’il faut amener les hommes de média à se former régulièrement parce qu’aujourd’hui, n’importe qui devient journaliste.

On ne peut pas prendre par exemple un juriste comme moi et l’amener en chirurgie à l’hôpital Yalgado pour opérer un malade, sans aucune formation dans le domaine de la santé.

Les journalistes doivent aussi éviter d’écrire des articles qui attaquent les hommes politiques, car la plupart du temps, lorsqu’on analyse bien ces écrits, on sent qu’il y a eu un dîner dans une gargote entre tel politique et tel journaliste. Par ailleurs, la presse doit apprendre à dépasser l’événementiel pour des analyses beaucoup plus profondes, même si cela se vend difficilement.

S. : En tant que directeur de la campagne du CDP, qu’attendez-vous des médias pour la couverture de l’élection présidentielle ?

S.D. : Que vous nous soutenez, ou bien (rires). Je pense que vous devrez être objectifs dans le traitement de l’information, surtout les médias d’Etat. On ne vous demande pas de nous encenser, parce que ce n’est pas ça qui va nous faire gagner. Il faut également traiter l’information de façon équitable, car la plupart du temps, les journalistes accordent plus de place à l’opposition. Comme si dire du bien du système en place, c’est montrer qu’on n’est pas journaliste ou qu’on n’a pas son indépendance.

S. : Vous passez pour être un gros travailleur. Avez-vous des temps de loisirs ?

S.D. : Gros travailleur, c’est trop dire. Je crois que tout le monde est gros travailleur. En tout cas, je lis beaucoup ; c’est une de mes passions. En dehors de cela, j’aime bien la belote, même si je n’y joue plus. Plus jeune, j’ai tenté le basket ball, mais tout cela est passé aux oubliettes.

S. : Quel est le genre de livre que vous lisez le plus ?

S.D. : Indépendamment des ouvrages qui portent sur le droit, je lis beaucoup les livres d’analyse politique.

Sans rien vous cacher, je lis tout ce qui est ouvrages politiques, notamment ceux qui concernent l’Afrique.

S. : Avez-vous des auteurs de référence ?

S.D. : Non, mais je choisis quand même ; les néofacistes et autres, je ne les lis pas (rires) ; ça c’est par principe. Par contre, je lis beaucoup les thèses des tiers-mondistes. Actuellement, je lis « Du bon usage de la démocratie en Afrique » de Sémou Pathé Gueye, éditions NEAS.

S. : Vous avez eu des problèmes de santé. Comment vous vous portez actuellement ?

S.D. : C’est vrai, l’année dernière, j’ai été victime d’une attaque isthémique. C’était la conjugaison de l’effet du mauvais cholestérol et du stress. Je me porte bien actuellement, sauf que je boîte légèrement. Ça c’est une séquelle que je suis en train de travailler à éradiquer.

Pour l’instant, je ne suis pas mort au grand dam de certains politiciens haineux. Pour l’instant je suis vivant.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 août 2005 à 10:13 En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

    J’espère que vous allez accorder le même temps de paroles dans vos colonnes à chaque Directeur de campagne. C’est ça aussi la démocratie. Cela participe au renforcement de l’Etat de droit.

    • Le 30 août 2005 à 12:37, par Zongo En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

      Faudrait déjà que tout le monde ait un directeur de campagne !!!!!!!!

      Qui est le directeur de campagne de Hermann Yaméogo, ou de Harouna Dicko par exemple ?

      • Le 30 août 2005 à 13:03 En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

        Les voleurs de la republique se mettent en campagne.

        • Le 30 août 2005 à 14:58 En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

          Bonjour les dégats avec tous ces dirigeants politique qui se moquent de notre guelle, pour ne citer qu’un seul exemple ; ils sont incapable de nous faire une route nationale corecte c’est-à-dire la route Bobo-Ouaga je vois parfois des ouvriers qui rafistolent la route avec les moyens dérisoire des simples maçons que ces patrons (des entreprises sans aucune notion de responsabilité) utilisent comme a l’époque des travaux forcés : VIVE LE BURKINA LE JOUR QU’ON AURA QUELQU’UN CAPABLE D’INSTORER UN VRAI DEVELOPEMENT D’UN CERTAINS NOMBRE DE PROBLEME TEL QUE : LA SANTE ET L’EDUCATION :

          • Le 29 octobre 2005 à 05:54, par Albertine En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

            Un vrai dévellopement ?La santé ?L’éducation ?Vous connaissez le Burkina ou vous êtes juste critique pour l’être.De la sous-région, le Burkina reçoit des étudiants à ne plus savoir qu’en faire tellement son système universitaire est reconnu et crédible.On est fatigués des écoles qui ouvrent dans les provinces tellement il y en a, qui accueillent garcons et filles et encouragent ces dernières et leur parents pour qu’elles soient scolarisées.Le bilan du président n’est pas parfait, mais quel bilan l’est dans le monde entier, même chez ceux qui ont, contrairement à nous énormément de ressources.Gouverner, c’est faire des choix, déterminer des priorités,administrer des ressources limitées afin d’atteindre des objectifs et de réaliser des projets de dévellopement.Partant sur cette base et sur la jeunesse de notre indépendance,il est impossible de faire en 18 ans tout ce qui devait être fait pour le Burkina.Des problèmes ont été réglés, et d’autres sont encore à régler.Le jour ou le Burkina ou tout autre pays n’aura plus de problèmes à régler, n’existe pas.De plus, j’encourage tous les burkinabés, à user de leur patriotisme pour accompagner l’équipe dirigeante(que nous avons choisie par le vote à plusieurs reprises) dans son action déjà avancée de devellopement, et de dévellopement durable.Ce burkina est le notre,celui de nos enfants, laissons leur pour héritage, des actes,des fruits de nos réels engagements,et non des mots si vides qu’ils en deviennent volatiles.

      • Le 30 août 2005 à 17:53, par Pacco En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

        Effectivement, faudrait que les uns et les autres donnent la composition de leurs équipes de campagne. Le peuple composera avec ceux qui ont quelque-chose à proposer pas avec de parfaits aventuriers qui vendent du rêve ! Bravo Salif Diallo. C’est l’avant gout de la campagne à venir !

        Vous les messieurs de Sidwaya, faudrait pas fermer la porte aux autres après l’avoir ouverte à Salif Diallo. Nous souhaitons être éclairés par tout le monde.

    • Le 30 août 2005 à 16:31 En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

      Je suggère à Sidwaya, de commencer de suite le passage des Directeurs de compagne pour les élections à venir, faute de quoi il pourrait être pris de court avec le temps.De même que Salif DIALLO a eu tant de temps et de pages de journaux, comment les autres n’en aurait pas autant ? Démocratie quand tu nous tiens.

      Je parie d’avance (mauvaise langue) que Sidwaya va "verser sa figure" par terre.

      Je profite féliciter la presse écrite particulièrement pour la richesse de leurs écrits (la majorité en tout cas), contrairement à nos amis ivoiriens, qui nous proposent des thèmes/sujets plats, nuls, racistes et toujours injurieux sur abidjan.net.

      Courage, et à quel Directeur de campagne le tour ???

  • Le 30 août 2005 à 22:44, par LOBSERVATEUR En réponse à : > Salif Diallo : "L’opposition prépare notre victoire"

    Discours franc ou seulement du bleuf ?

    Mes encouragements à M. DIALLO si tel est vraiment sa pensée. J’espère qu’en tant qu’acteur il influera positivement sur la gestion de l’Etat !

    Aussi, si M. DIALLO sait que nos bureaucrates ne bossent pas, qu’il introduise une motion au conseil de ministres pour prendre des mesures idoines.

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