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Présidentielle ivoirienne : O.K., tranchons alors !

Publié le lundi 29 août 2005 à 07h45min

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A la suite des Accords de Linas Marcoussis et d’Accra, ceux de Pretoria signés sous l’instigation du président sud-africain, Thabo M’Beki, censés conduire les protagonistes de la scène politique ivoirienne vers une sortie de crise sont un échec cuisant.

La tension qui est montée sur les bords de la lagune Ebrié, depuis le début de la semaine écoulée, témoigne de la précarité du silence des armes. A moins que, comme le souhaite si bruyamment le président ivoirien, la communauté internationale tranche et dans les meilleurs délais, car le temps presse. Si le Rassemblement des démocrates (RDR) d’Alassane Dramane Ouattara doute, les Forces nouvelles, elles, en tout cas sont formelles, annonçant qu’elles prendraient leurs responsabilités le 30 octobre 2005 à minuit.

Conclusion, en effet, de leur retraite à Bouaké, le foyer de la rébellion armée, la semaine dernière : "Si Laurent Gbagbo a tergiversé depuis janvier 2003, parce qu’il espérait d’une partie de la communauté internationale son maintien, en toute illégalité et en toute illégitimité à la tête de l’Etat, il se trompe". Ces propos, qui ont valeur d’ultimatum, auraient dû interpeller la CEDEAO, l’Union africaine, l’ONU et les grandes puissances, mais en vain leur réaction se fait attendre. On est tenté de comprendre ce mutisme par cette réflexion : "Nous sommes tous fatigués, mettez les feux aux poudres et qu’on en finisse une fois pour toutes".

Mais en arriverons-nous là, quand nos mémoires sont encore chargées des horreurs survenues dans les pays des Grands Lacs, en Afrique centrale, et plus près de nous au Liberia et en Sierra-Léone ? Le PDCI/RDA, l’ancien parti unique, achève de nous convaincre que malgré l’entêtement du couple présidentiel Gbagbo, aucune consultation électorale n’est réalisable en deux mois en Côte d’Ivoire, sauf peut-être dans les pays occidentaux ou dans ceux à forte tradition démocratique.

Le constat fait par le parti de Henri Konan Bédié au cours de la réunion de son Bureau politique national le 25 août 2005 est des plus amers :
- Blocage du Parlement par les députés du FPI, le parti présidentiel, hostile au vote des amendements des lois de Marcoussis exigés par Pretoria ;
utilisation de l’article 48 par le président de la République à la date butoir du 15 juillet pour suppléer la défaillance des députés FPI, en prenant, en dehors du conseil des ministres, des décisions ne reflétant aucunement les quelques projets de lois déposés par lui-même sur le bureau de l’Assemblée nationale.

Le PDCI-RDA ainsi s’associe-t-il à l’opposition, qui, dans des correspondances adressées à Thabo M’Beki les 25 juillet et 12 août, dénonce :
- la nationalité pour la non-prise en compte, dans la décision, des enfants nés de 1962 à 1973 de parents étrangers ;
- l’identification pour la non-affirmation, dans la décision, du certificat de nationalité comme seule pièce exigible pour authentifier la nationalité ;
- la Commission électorale indépendante (CEI) pour le transfert à l’Institut national de la Statistique (INS), simple structure technique d’appui, des compétences de la CEI, pourtant seule structure constitutionnelle chargée de l’organisation des votes en Côte d’Ivoire, violant l’accord de Pretoria I et la déclaration de Pretoria II, qui la désignent responsable des élections ;
- la lenteur de la médiation dans les arbitrages et l’ambiguïté dans la traduction en actes concrets de ses observations ;
- le non-démantèlement des milices le 20 août 2005. Pire, à quelque deux mois de la présidentielle, les listes électorales, qui devraient être affichées au plus tard le 1er août 2005 (article 11 du code électoral), ne le sont pas ; la reprise de l’opération d’identification consensuelle, qui peut durer au moins trois mois, n’a pas encore commencé ; la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI) n’est pas mise en place ; la révision des listes électorales n’a pas débuté ; le Programme DDR (Désarmement démobilisation, réinsertion) est hypothéqué ; le redéploiement de l’Administration et la réunification du pays se sont avérés impossibles à ce jour. Qu’en dire donc ?

Mission impossible pour les Forces onusiennes et la Licorne, qui misaient sur la réelle volonté des Ivoiriens, d’enterrer définitivement la hache de guerre. Et cette paix tant recherchée, ils ne la connaîtront sans doute pas tant qu’elle ne leur sera pas imposée d’une manière ou d’une autre.

Le vin est tiré, il faut le boire. Le réveil soudain de Simone Ehivet Gbagbo est porteur de tous les dangers : "Après le 30 octobre, Alassane Dramane Ouattara n’est éligible à aucune autre élection en Côte d’Ivoire". A bon entendeur... ! Maintenant que le clan présidentiel réussit le tour de force de créer des ennemis même au sein de ses anges gardiens, qu’en attendre ? Gageons que la providence saura nous épargner les affres d’une guerre civile, car sait-on jamais !

Observateur Paalga

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