LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Côte d’Ivoire : plus de questions que de réponses !

Publié le samedi 27 août 2005 à 10h36min

PARTAGER :                          

Faut-il désespérer de la Côte d’Ivoire et par analogie de cette Afrique des crises à rebondissements interminables ? Quand on pense que le pire a été évité et appartient désormais à l’histoire, voici que s’amoncellent des nuages d’incertitudes. Pronostics interdits, même ceux des éternels optimistes pour qui au plus noir de la nuit s’annonce l’aurore.

Pour le cas ivoirien le pavé dans la mare s’appelle rupture de bancs pour ne pas dire désertion d’officiers supérieurs et pas n’importe quels officiers. Un lieutenant-colonel ancien porte-parole de l’armée et un général de brigade, ancien chef d’Etat-major de l’armée. Qui dit mieux ! Passés armes et bagages dans le camp des adversaires et ennemis du régime FPI de Laurent Gbagbo et au moment où la médiation sud-africaine a du plomb dans l’aile, ceux qu’il faut désormais appeler les officiers dissidents en ajoutent à l’imbroglio politico-militaire qui tenaille la Côte d’Ivoire depuis cinq ans.

Evidemment, ce sont les Forces nouvelles de Guillaume Soro qui se frottent les mains. Les fausses assurances de sérénité proclamées à Abidjan jurent avec la panique consécutive à un feu d’artifice tiré à l’occasion d’un anniversaire d’une société de transfert d’argent. La réalité est que les Ivoiriens vivent dans une expectative angoissante. Et il y a de quoi !

Le désarmement et le regroupement des milices, étape charnière de la consolidation du cessez-le-feu et du retour de la paix n’ont pas encore commencé. Le délai de fin juillet convenu avec le médiateur sud-africain est largement dépassé. De même pour l’échéance majeure de l’élection présidentielle, on ne voit rien venir de rassurant sur la tenue d’un scrutin crédible ouvert et transparent. Le minimum, notamment la sécurité des responsables politiques en l’occurrence ceux de l’opposition n’est pas garantie.

Ce n’est pas pour rien que M. Henri Konan Bédié, le candidat déclaré et investi du PDCI-RDA, a reporté sine die son retour au pays qui était prévu ce 24 août. Quid de Alassane Dramane Ouattara et du séjour des dirigeants des Forces nouvelles à Abidjan ? Dans le même ordre d’idée, dans le climat de suspicion généralisée actuelle, les responsables du FPI peuvent-ils s’aventurer dans une quelconque localité du Nord ivoirien pour battre campagne ? On aimerait voir cela !

Autant dire que les conditions sont loin d’être réunies pour un quelconque scrutin. Quand s’y ajoutent la mauvaise foi des autorités d’Abidjan, les pirouettes récurrentes de M. Laurent Gbagbo et la date rapprochée du 30 octobre, la boucle est bouclée pour un non lieu de l’élection présidentielle. On devine la suite. Vide constitutionnel, défiance - déjà annoncée par Guillaume Soro - vis-à-vis du pouvoir, qui serait alors illégitime de Laurent Gbagbo, absence d’interlocuteur pour la poursuite du dialogue...

Pourtant on pensait que le pire pour la Côte d’Ivoire était derrière. Il pourrait se profiler à l’horizon si les nouveaux dissidents mettent leurs menaces à exécution et descendent dans l’arène, seuls ou en jonction avec les Forces nouvelles. Il faut redouter ce scénario catastrophique qui risque de provoquer un Rwanda bis tant il est évident que les maîtres d’Abidjan sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir.

La communauté internationale malgré sa bonne volonté - création de la MUNICI, facilitation du dialogue inter-ivoirien, implication de toute la sous-région dans la recherche de solution - est comme impuissante devant la persistance et la complication de la crise. Que faire alors ? Laissez le temps au temps avec les risques importants de dérapages actuellement perceptibles ? Abandonner - par le retrait des troupes interposés - les Ivoiriens à leurs querelles identitaires ? S’inspirer des exemples libériens, haïtiens ou comoriens ? On le voit bien, la situation ivoirienne est un puzzle des plus compliqué qui pose plus de questions qu’il ne suggère de réponses. C’est pourquoi logiquement après Marcoussis-Kléber, Accra I, II, III, Pretoria I et II ont fait long feu.

Qui a dit que l’alternance n’est pas la panacée des problèmes de gouvernance en Afrique ?

Djibril Touré
L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique