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Qui veut gérer l’USSUBF ?

Publié le jeudi 25 août 2005 à 07h28min

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La Charte internationale de l’éducation physique et du sport distingue les activités physiques obligatoires et les activités qui, pratiquées spontanément, relèvent du libre choix. Dans notre pays, l’enseignement des activités physiques est obligatoire dans les établissements scolaires, tandis que la pratique sportive s’inscrit harmonieusement dans les regroupements associatifs.

Les structures d’organisation du sport au Burkina Faso, selon la loi n° 03/96/ADP du 11 avril 1996, demeurent les associations sportives (ou clubs), les districts, les ligues et les fédérations. Leur organisation et leur fonctionnement sont définis par des textes réglementaires.

Au regard de ces textes, toutes les structures sportives évoluent sous la tutelle du ministre chargé des Sports et des Loisirs. Comme son nom l’indique, l’Union des sports scolaires et universitaires (USSUBF) est une association nationale de sport qui regroupe toutes les associations sportives des établissements d’enseignement. Par ailleurs, la loi ci-dessus citée précise bien que les associations sportives sont les cellules de base du développement du sport.

Dans ces conditions, d’où vient donc la querelle à laquelle nous assistons au sujet de la tutelle ou de la gestion de l’USSUBF ? Certes, depuis un certain temps, on constate la faible participation aux finales nationales de l’USSUBF.

Cette année par exemple, les engagements à ces finales organisées à Banfora du 25 au 29 mai 2005 sont venus des régions suivantes : Cascades, Centre-Est, Est, Hauts-Bassins et Sud-Ouest. Soit cinq régions sur treize.

Mais cette faible participation explique-t-elle réellement la querelle autour de la gestion de l’USSUBF ? Sincèrement, nous pensons que la raison pourrait se trouver ailleurs. Quelle structure sportive n’a pas connu une crise comme celle de l’USSUBF ? Si les crises devaient conduire à un changement de tutelle, il y a longtemps que certaines structures sportives auraient fini de faire la ronde.

En vérité, le sport est devenu, il y a belle lurette, comme les terres cultivables, sources de revenus, où des gens se battent pour un lopin de terre. C’est ainsi que l’on bataille fort pour conserver un poste de responsabilité dans une structure sportive. C’est encore ainsi que l’on combine des efforts pour pouvoir organiser ou être dans l’organisation de telle ou telle manifestation sportive.

De généreuses personnes soutiennent qu’elles sont venues au sport volontairement. Cela est un fait, mais il reste que même quand on est venu au sport par amour, on y trouve de nombreux avantages : des voyages dans tous les continents, des biens matériels, des honneurs et souvent de l’argent. Tout cela donne des idées et suscite les initiatives les plus insoupçonnées quand bien même elles ne rendraient pas toujours service au sport.

La stratégie pour la conservation des postes de responsabilité au sein des structures sportives et l’organisation des manifestations sportives reste la même chose partout : la bagarre, la délation, le dénigrement, la division, etc. C’est une stratégie qui fonctionne de manière cyclique.

En effet, pendant que les uns travaillent en vue des meilleurs résultats, les autres s’emploient aux résultats contraires afin d’y trouver un motif d’accusation. Après tout, une équipe qui ne gagne pas est remplacée et le cycle recommence.

Si parfois les débats concernant le sport ne volent pas en dessous, il se pourrait qu’ils planent au-dessus des réalités du terrain. Autrement dit, les structures sportives de notre pays portent en elles-mêmes les germes de la malformation handicapante. Prenons par exemple des structures sportives comme l’Organisation du sport à l’école primaire (OSEP) et l’USSUBF de notre région, que nous connaissons assez bien.

Aux heures perdues, un bon nombre d’enseignants de l’OSEP assure des cours à domicile. Cela leur rapporte un revenu supplémentaire mais logiquement, leur laisse peu de temps pour encadrer réellement des équipes sportives. A l’USSUBF, la situation n’est guère meilleure.

Le temps libre des enseignants et même les heures réservées aux associations sportives sont utilisés pour des cours de vacation qui leur rapportent aussi un revenu supplémentaire, mais qui, en retour, leur laissent peu de temps pour se consacrer à l’encadrement des équipes sportives. Toutefois, nous devons reconnaître que ce n’est point la faute d’un acteur quelconque du sport.

C’est l’environnement économique et social qui impose sa loi. Objectivement, on ne peut plus solliciter les services d’un encadreur sportif sans une prise en charge. Voilà un paramètre nouveau qui est devenu un problème réel pour l’encadrement des activités de l’USSUBF et qui n’avait pas été pris en compte dans la conception de l’organisation de l’USSUBF.

Dans ce méli-mélo, des responsables de structure sportive méprisent les services techniques du sport. En octobre 2004, les mandats des bureaux exécutifs des fédérations arrivaient à leur terme. Alors, par une correspondance n° 004-0085/MSL/CAB/SG/DGS/DRNS du 9 mars 2004, le ministre chargé des Sports et des Loisirs les invita au renouvellement.

L’information fut portée à la connaissance des structures sportives de notre région. Cependant, à notre grande surprise, la correspondance émanant du secrétaire général d’une ligue de football et qui nous a été adressée exigeait au contraire l’application du RAABO n° VIII-0005/FP/SPORT/CAB portant modification de l’article 5 du RAABO n° ANV-0013/S/CAB du 20 mai 1989 portant régime général du sport au Burkina Faso, un texte abrogé il y a lus d’une décennie et qui subdivisait le territoire national en onze (11) ligues.

Ce que nous venons de relever ne constitue pas un cas isolé. En effet, chaque jour que Dieu fait apporte son lot de pratiques sportives incompatibles avec la philosophie de la Charte internationale de l’éducation physique et du sport. Pourtant, la pratique sportive désordonnée, qui ne peut pas s’inscrire dans une politique de sport cohérente, ne nous conduira nulle part sinon dans un cul-de-sac fait de broussailles infranchissables.

Nous devrons savoir que notre politique du sport comporte trois domaines d’intervention : le sport de compétition, les sports scolaires et universitaires et le sport de masse. Les acteurs de chacun de ces domaines sont connus. Il s’agit, au niveau du sport de compétition, des fédérations sportives.

Elles sont chargées, sous la Direction du sport de compétition (DSC), de la gestion des clubs sportifs, de l’organisation des championnats nationaux et de la préparation des équipes nationales aux compétitions internationales.

Au niveau des sports scolaires et universitaires, les bureaux de l’USSUBF, institués dans le milieu scolaire, veillent à l’encadrement des équipes sportives, à l’organisation des activités sportives et à la participation des établissements d’enseignement aux finales nationales de l’USSUBF sous le contrôle de la Direction des sports scolaires et universitaires (DSSU).

Au niveau du sport de masse, la Direction des loisirs (DL) encourage et suscite la pratique sportive de masse. Elle a pour relais les Directions régionales des Sports et des Loisirs (DRSL).

Les objectifs de chacun des domaines ci-dessus cité sont différents. Ainsi, remarque-t-on que le sport de compétition vise les résultats (victoires et médailles) sur le plan national, mais aussi sur le plan international.

Malheureusement, ils sont souvent décevants. Les sports scolaires et universitaires œuvrent pour la révélation des talents. Il en existe, mais il se pose le problème du suivi. Enfin, le sport de masse s’intéresse à la santé et aux loisirs de la population en l’invitant à la pratique du sport de maintien.

Mais nous sommes au regret de constater la confusion qui règne dans l’organisation des activités du sport de masse avec celles du sport de compétition. Cela déroute la population qui pense que le sport est réservé à ceux qui ont du talent.

Comme on le constate aisément, il y a un travail de sensibilisation qui reste à faire en direction de la population et surtout à l’endroit des acteurs du sport ; car si de bonnes relations empreintes de respect mutuel entre partenaires du sport pouvaient être développées, si chaque acteur du sport pouvait seulement se rendre plus efficace plutôt dans son champ d’action, si les consultations entre tous les responsables du sport pouvaient être permanentes, peut-être que notre sport se porterait-il mieux ?

Y. Emmanuel Sawadogo

Conseiller de jeunesse

03 BP 7035 Ouagadougou 03

Observateur Paalga

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