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Organisation du pélerinage à la Mecque : un fidèle exige un audit

Publié le mercredi 24 août 2005 à 07h06min

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C’est bien d’avoir confié l’organisation du Hadj aux associations islamiques. Mais il faut d’abord clarifier certains points. C’est le point de vue de El Hadj Daouda Soura, résidant à Bobo Dioulasso. Il faut au préalable un audit, dit-il en substance dans cet écrit.

Avant tout propos, je demande protection auprès d’Allah contre Satan le maudit et ses suppôts
Gloire à l’Eternel Tout-Puissant qui a tout créé et à qui tout retournera.

Louange au Tout Miséricordieux qui a envoyé le Prophète Mohamed (SAW) pour sauver l’Humanité en perdition. Que sa paix et ses bénédictions soient sur l’Imam des Envoyés, sur sa noble famille, sur ses vertueux compagnons ainsi que sur tous ceux qui auront oeuvré dans la juste voie jusqu’au jour des comptes.

Ainsi donc, suite à la sage décision prise en Conseil des ministres du 3 août de "Restituer" enfin le hadj à leurs ayants droit naturels que sont les associations islamiques, il y a eu explications et commentaires de M. le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) par la suite :

D’abord au cours du traditionnel point de presse diffusé à la télévision le vendredi 5 août 2005 ainsi que lors de l’émission spéciale sur le MATD le Dimanche 7 août aux environs de 22 heures. Malheureusement au cours de ces interventions, j’ai relevé pour ma part des contrevérités ainsi que des non-dits que j’aimerais partager avec M. le ministre et l’opinion publique. Loin de moi, la prétention de me faire remarquer ou encore moins de vouloir "provoquer" M. le ministre qui a droit à toute notre considération et notre respect.

Mais ici nous sommes sur un terrain religieux et Dieu le Tout-Puissant nous a instruits dans son grand livre le Saint Coran , cette conduite :
"Soyez véridique, car Dieu aime les véridiques", et plus loin il est dit : "quand vous vous prononcez, soyez juste, même s’il s’agit d’un proche..."
Sur la base donc de ces versets, je me fais le devoir de restituer certaines vérités et exprimer à l’occasion ma propre opinion sur ce sujet important qu’est l’organisation du hadj.

* Question posée à M. le MATD :"Y aura-t-il un audit sur la gestion passée ?"
* Réponse du MATD : " Non, car à chaque hadj y a eu un bilan qui a été fait".

J’interviens ici pour infirmer cette affirmation du MATD car, à ma connaissance et sauf erreur de ma part, les hadj 2004 et 2005 n’ont pas eu de bilan financier comptable. Pire au hadj 2005 (c’est-à-dire le tout dernier), il n’y a même pas eu de budget prévisionnel adopté en Assemblée générale / de la CNOPM qui est censée être l’instance suprême. En réalité, nous avons navigué à vue.

Seul le MATD et quelques initiés étaient au parfum des choses. La raison qui a été avancée pourra justifier cet état de fait est qu’il n’y avait plus de temps pour respecter cette procédure, parce qu’on était à moins d’un mois du départ des pèlerins pour la Mecque. Une seule assemblée a été tenue, en fait pour mettre les décideurs(que sont les commissaires de l’AG de la CNOPM) devant le fait accompli, car tout avait été ficelé (contrat de bail signé, transporteur désigné...).

A cet hadj également le mandat du Secrétaire permanent venu à expiration devait être renouvelé. Il fallait désigner une autre personne venant d’une autre association (convention conclue entre les associations islamiques). Certainement que M. le MATD ne l’entendait pas ainsi. C’est pourquoi le Secrétaire permanent fut reconduit avec son équipe. Il faut noter qu’après le retour des pèlerins du hadj 2004 (mi-mars) Il n’y a pas eu d’assemblée pour faire le bilan.
Et pourtant, entre la date d’arrivée des pèlerins et la convocation de l’AG
pour le lancement du hadj 2005 il y a eu au" moins huit mois d’écart.

Et je persiste à dire qu’il n ’y a pas eu de bilan financier ni moral écrit. Ensuite pour le hadj 2005, il n’y a pas eu non plus de bilan financier.
Et pourtant, les finances étaient gérées par l’Etat et seul le MATD, président du Hadj, était seul autorisé à signer les chèques. Nous y reviendrons.
Par ailleurs, à entendre le MATD, l’Etat a rédigé un cahier des charges qu’il compte imposer aux associations islamiques désireuses d’organiser le hadj à quelle fin, peut-on se demander ?

Pourquoi vouloir imposer un cahier des charges qu’on a du reste rédigé seul (à notre connaissance) alors que justement, on fait croire à l’opinion qu’on veut se retirer d’une chose qui ne vous regarde plus ? Pourquoi n’avoir pas demandé l’avis des associations islamiques (ne serait-ce que celles qui étaient membres de la CNOPM) avant de publier lesdites conditions ?

De 1995 à 2005, cela fait dix ans que l’Etat a conduit le hadj. Quel bilan en a-t-il fait ? Nous pensons à juste titre qu’au cours de ces dix ans, la mission de l’Etat devait consister à assister les associations islamiques pour les préparer à travailler seul, sans interférence de l’Etat compte tenu de son caractère laïc. Mais avec ce cahier des charges imposé, cette laïcité est-elle respectée ?

Parce qu’à notre connaissance, il n’en existe pas de la sorte pour les autres confrères qui organisent leur pèlerinage en France, Côte d’Ivoire ou en Italie. Les associations membres de la CNOPM à l’AG du hadj 2003 ont demandé qu’il soit organisé les "états généraux" du hadj pour faire un diagnostic complet de la participation de l’Etat à l’organisation du Hadj et en tirer toutes les conséquences qui en découleraient. Cette demande, acceptée dans les principes, n’a jamais été réalisée. Pourquoi ?
Par ailleurs, les associations islamiques de Bobo, membres de la CNOPM, ont demandé la relecture des textes de la CNOPM depuis 2003 et à chaque fois que de besoin.

Mais en vain. Pourquoi attendre 2005 pour donner huit jours aux associations islamiques pour faire des propositions de relecture de textes assorties là aussi de conditions ?
Pour notre part, nous voyons là un piège tendu par le MATD pour mieux préparer le retour de l’Etat aux affaires après l’échec programmé des associations islamiques. Mais puisse Allah nous venir en aide ! C’est pourquoi, je demande un rejet pur et simple des conditions draconiennes du cahier des charges.

Car, à quatre mois du hadj 2005, il serait fastidieux d’imposer des procédures contraignantes aux associations islamiques pour l’obtention d’une quelconque autorisation. Dix ans durant, des associations ont travaillé ensemble au sein de la CNOPM. Pourquoi vouloir refaire un cahier des charges ? La structure telle qu’elle existe peut fonctionner sans la participation de l’Etat. Seuls deux postes vont véritablement changer : la présidence et les finances, et dans une moindre mesure, les passeports et la santé où on doit forcément demander l’assistance de l’Etat.

Pour revenir sur la question de la restitution, je dirai que s’il y avait une volonté sincère du MATD de le faire, cela était possible dès le retour des pèlerins du Hadj 2005 ; retour qui a eu lieu en début Février 2005. Mais rien ne fut fait. Du reste, il n’y a eu qu’une assemblée générale de la CNOPM convoquée de façon hâtive et informelle. En effet, les représentants de Bobo ont été prévenus par téléphone le dimanche 15 mai pour une réunion qui devait se tenir le lundi 16 à 16 h dans les locaux de la salle de conférences du MATD à Ouaga. Quel résultat visait-on par là ?

Toujours est-il qu’au cours de cette AG, tout a été dit oralement. Il n’a pas même été question de bilan financier. Et si les intentions étaient sincères, on aurait pu au moins aborder soit la question de la relecture des textes régissant la CNOPM, soit la question de la restitution du hadj aux associations islamiques.

Mais on n’a pas soufflé mot. Et voilà qu’une correspondance du MATD nous est remise le 25 mai par le haut-commissaire du Houet demandant aux associations islamiques de Bobo de proposer sous huitaine une relecture des textes. La lettre était datée du 20 mai ?

pour un travail du genre(la proposition de relecture) il faut :
- que les associations se retrouvent chacun avec sa base pour faire ses propres propositions ;
- ensuite que toutes les associations se retrouvent en plénière pour s’accorder à trouver un consensus à présenter au ministre.
Tout un chacun sait ici que cela demande beaucoup plus de temps que les huit jours imposés. Car il faut bien prendre du temps pour : -réfléchir
- discuter
- proposer
- amender
- rédiger
- expédier le document final avec tout ce qu’il y a comme délai pour la saisie, les signatures etc....

C’est un travail d’hercule qu’on nous demandait, pour ne pas dire l’impossible. C’est pourquoi, à Bobo Dioulasso, nous avions trouvé qu’il était plus sage de demander à ce qu’on nous restitue le hadj pour qu’on aille à notre rythme.

Nous voilà au terme de la réaction qu’ont suscitée en moi les deux interventions du MATD. Pour conclure, je pense que les associations ne sauraient accepter les conditions du cahier des charges telles que présentées par le MATD au risque de courir à un échec programmé.

Le MATD qui a toujours géré le Hadj doit nous présenter les bilans des derniers hadj ainsi qu’une proposition de gestion du Hadj sans l’Etat après dix ans à la tête de la CNOPM. Sinon on serait en droit de réclamer un audit.
Mais ceux qui ont le pouvoir peuvent tout refuser et même nous créer des problèmes que nous sommes tenus de dire la vérité car Dieu pour lequel nous effectuons le hadj l’a exigé du prophète (Saw) et de tous ceux qui auront choisi l’Islam. Car au jour dernier, voilà comment seront les choses selon cette sourate du Coran que je vous laisse en réflexion :

Au non de dieu, clément et miséricordieux !

1 - Quand la terre sera secouée par son tremblement
2 - Quand la terre fera sortir ses fardeaux
3 - Et que l’Homme dit alors "qu’est-ce qu’elle a ?
4 - Ce jour-là elle fournira ses informations
5 - Par l’inspiration même de ton Seigneur
6 - Ce jour-là les gens sortiront de tous les côtés pour qu’on leur montre leurs actes
7 - Celui qui fait le bien, le poids d’un grain de poussière, le verra
8 - Et celui qui fait du mal, le poids d’un grain de poussière, le verra.

A bon entendeur salut !

Qu’Allah nous guide tous sur le droit chemin.

El hadj Soura Daouda.
A Bobo Dioulasso

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 août 2005 à 19:19 En réponse à : > Organisation du pélerinage à la Mecque : un fidèle exige un audit

    Si ce que tu dis est vrai, je pense qu’il doit avoir un audit. Pourquoi l’Etat qui se dit laïc s’intéresse de près à l’organisation du Hadj. J’ai toujours dit au Burkina Faso, la laïcité est entrain de disparaître à cause du comportement de nos autorités. Je n’en dirai pas plus

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