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Lettre ouverte au Premier ministre

Publié le mardi 23 août 2005 à 08h01min

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Objet : Contributions aux Forums

Excellence Monsieur le Premier ministre

J’ai le grand honneur de vous adresser cette lettre pour les raisons citées en objet. Les motifs de cette démarche sont multiples :

1- Il n’est pas du tout facile de la part d’un simple citoyen de mon rang, d’être reçu en audiences par un Premier ministre. Je l’ai essayé en septembre 1998 avec votre prédécesseur, Son Excellence Kadré Ouédraogo. (Motifs évoqués : "Projet de créations d’emplois multisectoriels dans un pays Ouest-africain"). J’ai eu la chance d’être reçu par son Secrétaire général à l’époque, Son Excellence Jean-Baptiste Compaoré actuellement ministre des Finances, et du Budget. Après un bref exposé sur mes approches au cours de nos entretiens, Son Excellence Compaoré me félicita et m’encouragea de mon initiative.

Surtout dira-t-il, de la part d’un jeune qui travaille déjà (à l’époque j’étais chef de Centre régional d’exploitation SONAGESS Ouahigouya). Il me promit alors de me relancer après les élections présidentielles de 1998.

Le calendrier du chef du gouvernement étant très chargé dira-t-il. Mais je comprends parfaitement que les grands dossiers de construction du Faso à la primature n’ont pas facilité cette relance jusqu’à nos jours. Et lorsque vous aviez initié le forum de la jeunesse, j’ai soufflé un ouf en me disant : "Voici l’approche contraire à le mienne : Le Premier ministre vient vers les jeunes." J’espérais réellement y participer, mais hélas mes démarches furent vaines.

Excellence Monsieur le Premier ministre, sur cette ligne je réitère ma demande d’audiences auprès de vous sans aucune forme protocolaire. Car votre approche des voyages de contacts et de prospections économiques et commerciales à l’extérieur avec des opérateurs économiques burkinabè a une forte similitude avec mon projet d’hier. Quelle coïncidence ? Nous en discuterions à l’occasion.

2- Au Forum 2005 Gouvernement-secteur privé à Bobo-Dioulasso, j’étais présent à l’ouverture espérant exposer certaines analyses, mais le choix des participants aux débats était très sélectif et douloureux. Cependant j’ai attentivement suivi la retransmission des débats. Trois observations méritent réflexions et analyses :

a- D’abord votre intervention ou vous faites allusion à la SAVANA.

b - Ensuite celle de M. Yugo (vice-président de la Maison de l’entreprise) sur le choix sélectif à faire en matière d’industries.

c- Enfin le thème clé des débats : La fraude, unanimement décriée par tous.

a- Monsieur le Premier ministre, il y a de cela 5 ans (en juillet 2000) j’ai adressé une lettre au ministre du Commerce, relative à la SAVANA (Réf : Le journal "Le Pays" n°2186 du mardi 25 juillet 2000). Aujourd’hui, tout un premier ministre y fait allusion. Dans le droit de réponse (Réf : Le Journal "Observateur Paalga" du 25 septembre 2000) l’amalgame se fait entre causes et effets de la liquidation de cette unité, parmi lesquels la difficulté de fournitures de la tomate à l’usine. Qu’en dites-vous.

Excellence, la jeunesse du Burkina (toutes tendances confondues) à travers ma modeste voix vous rassure et vous donne sa parole d’honneur que : <<Si le gouvernement lui donne la chance de constituer un fonds de garantie avec les appuis de la LONAB ou/et de la CNSS pour mobiliser les moyens nécessaires afin de récupérer tout ou partie (surtout volet transformation des fruits et légumes) de la SAVANA, elle mettra sa main au feu pour garantir une activité productive rentable pendant au moins 99 ans. Essayons l’expérience ensemble, s’il vous plaît Excellence. Vous ne serez pas déçu. Le programme de relance économique de la ville de Bobo ou de l’Ouest (je ne sais plus) devrait normalement ressusciter la SAVANA. Rien de cela, d’ailleurs quel bilan a-t-on de ce programme Excellence ?

b- L’analyse de Monsieur Yugo est assez pertinente. Elle met en relief la question d’avantages comparatifs en matière de production et/ou de commercialisation pour nos industries. Question très importante dans le contexte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’est à ce titre qu’en août 2001, j’ai proposé au ministre de l’Emploi du Travail et de la Sécurité sociale (appellation à l’époque et toujours étant à la SONAGESS/Dori) un projet de reconversion des déflatés de l’unité industrielle "Faso Fani" de Koudougou. (Ref : le journal "Le Pays" n°2450 du 22 août 2001). Il s’agissait de créer une unité de traitements et conditionnements en conserves de la volaille burkinabè, en y intégrant le "volet biologique". Le Burkina y gagnerait mieux. Cette solution à l’époque était un choix sélectif sur mesure du grand Faso. Personne n’en a donné suit, on pensait peut-être que je rêvais. Et bien, aujourd’hui plus que jamais ma proposition de 2001 reste d’actualité.

Excellence, la jeunesse du Burkina (toutes tendances confondues) à travers ma modeste voix vous rassure et vous donne sa parole d’honneur que : "Si le gouvernement lui donne la chance à mener une étude de faisabilité afin de créer une telle unité, elle lui garantira une activité productive rentable sur 99 ans au moins".

c- La fraude : Excellence, j’ai toujours évoqué cette question avec une sincère ouverture d’esprit de collaboration lors des échanges et discutions avec mes ex-supérieurs de la SN-SOSUCO lorsque j’y étais encore.

+ J’ai adressé une lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président du Faso à ce sujet.

+ A vous même, j’ai adressé une correspondance privée par le bon soin du personnel de la primature venu visiter la SN-SOSUCO en 2003. J’ai joins à cette correspondance une copie de textes de ECOCERT international (en vigueur depuis novembre 2002) réglementant les nouvelles exigences pour les certificats d’accompagnement des produits entrant dans les pays de l’Union européenne.

+ A la délégation mandatée par votre gouvernement à la SN-SOSICO en début 2004, délégation conduite par Mme Tamboura Amilie pour échanger sur la situation de l’entreprise, j’ai brièvement intervenu et directement sur l’unique problématique de la fraude, tout en y proposant des solutions dont l’une est appliquée commercialement aujourd’hui. Excellence, un économiste américain disait ceci au gouvernement fédéral de son pays : "les hauts taux tuent les totaux". En clair, il voulait dire que : plus les taux d’imposition fiscale sont élevés, moins les recettes fiscales sont bonnes. Certes le Burkina Faso est un pays pauvre, continental, à capacités d’exportation très limitées. Mais la réflexion sur la fraude au Faso doit tenir compte aussi de cet aspect.

L’élargissement de l’assiette fiscale et/ou le relèvement d’un taux d’imposition n’en serait-il pas d’autres causes ?

La forme, le fond et les procédures de privatisations de nos sociétés et entreprises d’Etat (SEE) par exemple ne peuvent ils pas fournir certaines explications ?

Les comportements d’incivisme de certains commerçants indélicats ne peuvent expliquer à ceux-seuls la situation actuelle.

Excellence, la jeunesse du Burkina espère jouer son rôle contre ce fléau à vos cotés, si et seulement si, ses observations, ses analyses et ses critiques apolitiques positives seront prises en compte. Hier, j’ai lancé un cri du cœur pour la SAVANA. Je n’ai pas été écouté. Aujourd’hui (5 ans après) le premier des ministres en personne y fait allusion, face aux géants opérateurs économiques du Faso. Alors j’ai eu raison au moins d’en parler. Hier, j’ai proposé un choix sélectif en terme d’industries. Reconvertir les déflatés de Faso Fani pour une autre unité à exploitation plus adaptée à notre environnement économique. Je n’ai pas été suivi. Aujourd’hui (4 ans après), l’approche revient plus vive selon le Premier ministre et certains opérateurs économiques avisés. Alors j’ai eu raison d’en proposer une au moins. Je vous signale qu’un de mes projets proposés au concours de la Banque mondiale "Développement Market place" en 2001 avait été présélectionné.

Excellence, face aux multiples marques de boites de conserves alimentaires importées d’ailleurs comme : Les cœurs d’artichauts ou les fonds d’artichauts d’Espagne, le épinards blanches ou hachées, les poids chiches ou les lentilles préparées au ketchup américain, les haricots blancs cuisinés à la tomate ou les haricots verts fins ou très fins ou extra fins, etc.

Excellence, face aux asperges blanches ou pelées aux cornichons de Belgique, aux cerises flamandes et aux ananas tranchés au sirop de Marseilles aux compotes de pomme Bordeaulais à la Ratatouille niçoise et aux haricots verts du DUC de Paris etc. Nous devrons impérativement produire (pour être bien présent au concert de la mondialisation), des compotes de mangues et des jus d’orange au miel ou au sucre du Kénédougou et de la Comoé, des haricots verts et des tomates mignonnes du Yatenga, des haricots rouges du Sahel, des poids sucrés aux vanilles des Cascades, du beurre doux-légers, du Gourma, de la crème fraîche nature sucrée ou pas de Dori, des cuisses de bœufs du prince de Koudougou ou de la pintade à l’ail du roi de Ziniaré, de la farine de manioc ou d’igname de Gaoua etc.

Nous devrons y arriver sinon, notre place disais-je serait à l’arrière-plan au concert de la mondialisation. Par conséquent, notre lutte contre la pauvreté restera vaine, l’objectif du millénaire raté. Même le nouveau contrat social (la vision dynamique) pour un développement solidaire (ne l’oublions plus jamais) du président du Faso passe par là. C’est la seule voie, pas d’autres.

Excellence, la jeunesse du Burkina croit aux projets : "Gomme arabique", "blé du Faso" (à essayer à Mangodara/Cascades) etc. Alors croyez également à leurs projets. Excellence, la question de sécurité alimentaire est plus que d’actualité. Si je ne me trompe, votre thèse d’Etat portait sur ledit sujet. Cette vision futuriste vous donne aujourd’hui raison et permet à la jeunesse du Burkina d’espérer que sa vision à elle aussi, sera bien soutenue par votre gouvernement ou un autre futur gouvernement. Au sujet de sécurité alimentaire la jeunesse a sa double approche : humaine et animale. Elle vous l’exposera au temps opportun.

Excellence, beaucoup d’autres projets ou idées de projets existent, comme par exemple : l’extension ou la diversification de la production laitière de Fada.

Excellence, la jeunesse burkinabè (toutes tendances confondues) à travers ma modeste personne, vous réaffirme son plein engagement économique (je dis bien économique) à vos cotés pour faire progresser notre économie afin de développer notre cher Faso.

Puisse le Seigneur tout puissant "Allah" (miséricordieux) vous aider, ainsi que votre gouvernement dans vos missions. Amen !

Mamadou BOUNDI,
Consultant
02 BP / 1747 Bobo 02
Tél : 78 84 14 77
E.mail=mboundios@yahoo.fr

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