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Parti socialiste paysan : "Gbagbo est un grand patriote"

Publié le lundi 22 août 2005 à 08h37min

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Le Parti socialiste paysan (PSP) fait ici une radioscopie de la situation nationale. Il porte également un regard critique sur la crise ivoirienne. Pour lui, le président de la République de Côte d’Ivoire "est un grand patriote et un homme de conviction".

I / Ce qui préoccupe le Parti socialiste paysan (PSP), ce n’est pas :

1/ la reconnaissance officielle de l’ ADF - RDA comme le chef de file de la mouvance présidentielle. Ce statut qui est incompatible avec le titre de chef de file de l’opposition est une incongruité qu’on a entretenue trop longtemps. Mais le régime de Blaise Compaoré nous avait habitués à des incongruités tellement invraisemblables qu’on avait même fini par les banaliser, voire les trouver normales.

Ainsi, le nomadisme politique n’étonne plus. Des députés élus sur la liste d’un parti qui s’est saigné financièrement pour les faire élire (candidats sans le sou) peuvent, du jour au lendemain, pour un oui ou un non, aller grossir les rangs du parti au pouvoir ou de ses partis satellites. Des cadres d’un parti d’opposition, s’ils ne marchandent pas en coulisse leur soutien au pouvoir en place, sont prêts à tout moment, avec l’appui du même pouvoir, à sortir et à créer des partis dans le seul but de soutenir le parti au pouvoir.

Des cadres de parti sont capables de se passer des leurs pour rester au pouvoir. Des militants désabusés qui rejoignent le parti majoritaire est devenu un phénomène courant. Ce n’est un secret pour personne que M. Gilbert Ouédraogo n’a jamais été le chef de file de l’opposition, c’est-à-dire reconnu comme tel par l’opposition véritable. Nous parlons de l’opposition au système Blaise Compaoré, et non de l’opposition de Blaise Compaoré. Ces partis, suscités par lui, sont dociles et tantôt appelés opposition constructive ou modérée.

Comme si une opposition est sensée être complaisante avec le parti au pouvoir tout en jouant son rôle d’opposant véritable. Mais le comportement de l’ADF - RDA s’explique. Si le CDP est son adversaire, son ennemi véritable est l’UNDD que Djibril Bassolé, ministre de la sécurité voulait voir disparaître parce qu’ennemi public numéro un de Blaise Compaoré. En s’alliant au CDP pour la présidentielle, l’ADF - RDA fait d’une pierre deux coups.

En effet, ce parti évite de se voir relegué au 4e ou 5e rang après l’UNDD, le PDP - PS, le CDP, etc. et espère aussi empêcher son ennemi juré, le président de l’UNDD, M. Herman Yaméogo, d’accéder au fauteuil présidentiel. Dans ce marché de dupes, on ne peut pas exclure des dessous de tables très juteux car « un tient vaut mieux que deux tu l’auras » et autres promesses alléchantes (déclaration de Bado Laurent). Il ne reste plus qu’à espérer que les 25 partis mouvanciers aient le courage de fusionner pour créer un parti unique, plus crédible que le CDP et capable d’affronter à la régulière les partis de l’opposition véritable.

"Programme commun : s’enrichir rapidement"

2/La corruption des hommes politiques. Peuvent-ils seulement y échapper ? Vivent-ils en dehors de cette société burkinabè corrompue ? Tant les corrupteurs du système Compaoré se sont ingéniés à trouver une multitude de formes de corruption, des plus subtiles voire imperceptibles au plus scandaleuses. Pour cela, on a commencé par imposer une violence bestiale pour faire peur et tuer toute forme de résistance. On refuse tout dialogue tout en faisant l’apologie de ce moyen qu’est le dialogue que l’on assimile volontiers à une fin en soi. On fait comprendre que c’est la docilité qui paye , mais pas la lutte. On change les normes sociales. La compétence et l’expérience ne sont plus des avantages mais des handicaps.

L’honnêteté et le travail bien fait ne sont pas récompensés. On encourage plutôt le larbinisme . On préfère les généraux dociles au généraux intelligents. On nomme qui l’on veut au poste de responsabilités sans enquête de moralité. Le plus souvent, des gens recommandés par des chefs coutumiers , des responsables religieux, des marabouts, des opérateurs économiques, des bailleurs de fonds, des représentants diplomatiques, des amis ou des parents au détriment des cadres et militants du parti majoritaire. Le programme commun de tous ces arrivistes, c’est comment s’enrichir le plus rapidement possible et immensément.

De même, on fait des avancements administratifs à la tête du client . Ne vont en mission et ne participent aux séminaires, ateliers et conférences à perdiems que ceux qui ont pris la bonne carte politique et non ceux qui peuvent enrichir les débats. On fait réussir aux examens, concours directs et professionnels qui on veut. On pousse l’audace et la provocation jusqu’à déclarer admis des handicapés moteurs à des concours où le sport est obligatoire et à note éliminatoire. A tous les niveaux, on décide de travailler avec qui on veut, préférant ainsi régner que gouverner.

Les marchés de l’Etat sont attribués aux seuls entrepreneurs (parfois occasionnels) militants du parti majoritaire. Le monopole de l’Etat est transformé en monopole privé au profit des amis, des parents ou camarades politiques. Tous les financements sont accordés aux mouvements citoyens, cabinets et bureaux d’études proches du pouvoir. Les commerçants militants du CDP sont les seuls bénéficiaires des appels d’offres. Dans les services, certains croulent sous le poids du travail pendant que d’autres se tournent les pouces parce qu’on les empêche de travailler.

Comme on le voit, on cultive la docilité à travers des avantages multiformes, accordés. Dans ce système pervers, personne n’est épargné. On pêche par action (docilité) ou par omission (silence ou indifférence). Cela n’excuse pas bien sûr les hommes politiques de l’opposition véritable qui doivent montrer que l’on peut gérer autrement les affaires publiques et qu’un autre monde est possible. Un monde où nous serons véritablement tous égaux en droits et en devoirs, où la compétence, l’expérience, le patriotisme, la justice sociale, la démocratie véritable, la bonne gouvernance, la valeur de la vie humaine, ... ne sont pas de vains mots.

"Danser le mapouka pour des billets sales"

Bien sûr les acteurs de la IVe République s’acharnent à cultiver l’image « Tous pourris, pourquoi changer » pour faire croire que nous sommes tous pareils, pouvoir comme opposition. Pour dire que si Jean-Jacques ou Herman, Phillipe, Benewendé ou Ali prend le pouvoir, ce sera pareil sinon pire. Pour cela, tous les moyens sont bons pour persécuter et dénigrer les opposants véritables. En plus des moyens médiatiques, les griots et autres coursiers du pouvoir se sont jetés dans la décrédibilisation des opposants.

Les uns déclarent « je suis à 100% pour l’alternance au Burkina Faso, mais qui d’autre peut diriger ce pays ? » et d’autres soutiennent « c’est clair et c’est triste, la classe politique est corrompue à mort, sauf moi. Je vous invite à attendre le 3 juillet parce qu’il y a des dessous de tables que je vais révéler . Le comportement de chacun sera dit. » Et depuis, le PSP attend désespérément la liste des opposants qui crient fort le jour, et une fois la nuit venue, vont danser le mapouka pour des billets sales. Le PSP dit que s’ils n’ont pas le courage et la patience de lutter pour un Burkina nouveau, qu’ils mangent mais aient au moins la décence de se taire.

On ne parle pas la bouche pleine. Et de grâce, il ne faut pas justifier l’injustifiable en faisant croire que la politique, c’est : les mensonges, la tricherie, la ruse, les fraudes, les crimes économiques et de sang, les fausses promesses, les trahisons, etc. en un mot, il n’y a pas de vérité en politique. Cela est faux et grave. Leurs hauteurs doivent être traités de délinquants et châtiés comme tels.

3) L’éligibilité de Blaise Compaoré. Le PSP se fiche de savoir si c’est Blaise, Pierre ou Paul. Il constate simplement que la Constitution, notre loi fondamentale votée le 2 juin 1990, dit en son article 37 que tout Burkinabè reconnu éligible, a droit à deux mandats électifs quel qu’en soit la durée, 7 ou 5 ans. Blaise Compaoré a juré devant le peuple et le monde entier de respecter et faire respecter la Constitution. Le PSP attend qu’il se respecte en respectant sa parole et qu’il respecte le peuple burkinabè. Même son bras droit, Salif Diallo, a été incapable de le défendre.

En effet, sur RFI, le 23 juin dernier, en réponse à la question sur l’éligibilité de Blaise Compaoré, voilà ce qu’il a déclaré, et nous citons, « et de façon consensuelle concernant la révision de la Constitution, la commission a, de manière unanime, arrêté que cette révision n’était pas rétroactive et que le président Compaoré pouvait se présenter dans le cadre des nouvelles dispositions constitutionnelles. » Cela ressemble fort à un marchandage de couloir.

Et heureusement ou malheureusement (c’est selon), que le résultat de ce marchandage n’apparaît dans la Constitution sous quelque forme que ce soit. Qu’on lise la Constitution à l’endroit ou à l’envers, si Blaise compaoré se présente, ce sera pour un troisième mandat. Et cela est contraire à la Constitution. Et faire une interprétation abusive et complaisante de cet article est simplement malhonnête et indécent. Ici au Burkina Faso comme ailleurs, un plus un égalent deux et non zéro comme le voudrait Salif Diallo, expert en mathématique politique.

II / Ce qui préoccupe le PSP c’est :

1 / La famine qui tue à petit feu les gens dans une indifférence quasi générale. Des gens souffrent et des adultes pleurent . Des chefs de famille crient au secours et d’autres mendient pour nourrir leurs enfants, s’ils ne se donnent pas la mort. Quelle honte y a -t-il à reconnaître que ça ne va pas ? Le peuple crève de faim. A t-on le droit de se taire ou d’être indifférent ? N’est-ce pas criminel de ne rien faire ?

2) Les écarts de langages des officielles :

- Le ministre de la Sécurité déclare que s’il pouvait, il allait dissoudre l’UNDD. Un parti légalement reconnu, et qui fait son travail de parti d’opposition, suscite la haine d’un officier supérieur de l’Armée et ministre de la République de surcroît. La haine que voue Djibrill Bassolé à ce parti est proportionnelle à la peur que crée ce parti dans les rangs du CDP. Et tout parti à même de battre le CDP dans des élections transparentes suscitera la même haine. Aujourd’hui, c’est l’UNDD, mais demain ?

Cette insécurité galopante, qui empêche les citoyens de vaquer à leurs occupations, chasse les touristes, met le Burkina Faso sur la liste des pays dangereux et très nuisibles à l’économie du pays à terme, ne préoccupe pas Djibrill Bassolé. Il veut seulement croquer de l’opposant. Ainsi, les milliards de francs débloqués pour lutter contre l’insécurité servent plutôt à déstabiliser les partis d’opposition et à fabriquer à coût de millions des opposants lèche-bottes. Quelle campagne électorale véritable peut-on mener dans ce contexte d’insécurité totale ? A se demander si cette insécurité n’est pas voulue et entretenue pour empêcher les opposants véritables de battre campagne. Mais il faut le savoir, cette insécurité peut se retourner contre leurs auteurs, les commanditaires et leurs proches.

Ainsi, au lieu de traquer les braqueurs de route qui pillent et tuent de paisibles citoyens, Bassolé a choisi la facilité en exerçant la répression sur les opposants politiques. Tout comme cet autre ministre qui, au lieu de consacrer ses énergies à lutter contre l’analphabétisme galopant et la baisse vertigineuse du niveau de l’éducation, passe son temps à parler des photos de Blaise Compaoré qu’il faudrait afficher dans les salles de classes. Prôner le culte de la personnalité en démocratie, il faut le faire ! En effet, même Staline ou Kim Il Sung ne sont pas allés jusque-là. Dans les ministères, les institutions et certaines directions, ça s’est vu, mais pas dans les salles de classes qu’on oublie d’ailleurs de construire malgré les milliards de francs obtenus.

"On n’a pas besoin de tout ce cirque de marches de soutien"

- Le ministre de la Justice dit, et nous citons, « à compétence égale, nous choisissons de travailler avec des juges qui nous sont acquis ». Et son collègue de l’Enseignement ne dit pas autre chose, sinon qu’il confirme l’idée du premier, qui semble être celle du gouvernement, et nous citons, « nous travaillons avec nos hommes de confiance ». En clair, des agents dociles et prêts à tout pour nous plaire. Ainsi, tous les professeurs, assimilables aux opposants (militants ou sympathisants des syndicats ou partis d’opposition) ont été purement et simplement écartés de la surveillance des examens, du secrétariat et de la correction. On peut alors tout étouffer et déclarer les résultats que l’on veut. En termes clairs, qui n’est pas CDP, n’est rien du tout. Voilà un échantillon de la République voulue par Blaise Compaoré, un bantoustan.

3) Des élections propres, c’est-à-dire libres, transparentes et équitables . Est-ce seulement possible ? La manière et les conditions du déroulement de la révision des listes électorales, la façon dont se confectionnent les listes électorales dans une opacité opaque et l’implication active du ministère de l’Administration territoriale dans le processus électoral , nous fait douter de la sincérité (propreté) des scrutins à venir. C’est comme si le Brésil qui doit affronter le Burkina Faso dans un match de football , exigeait que l’arbitre soit Brésilien. Si on est grand, on fait proprement les choses.On n’a pas besoin de tout ce cirque de marches de soutien et de déclarations spectaculaires.

Ainsi , le CDP méga-parti présent dans tous les petits hameaux du Burkina Faso , a besoin de tout ce remue-ménage dans les autres partis, de coquilles vides comme l’ADF-RDA et l’OBU pour paraître crédible. N’est-ce pas plutôt pour mieux déguiser la fraude électorale en préparation pour une victoire électorale éclatante mais impossible au premier tour.

4) La situation en Côte d’Ivoire

Même si l’on n’aime pas Laurent Gbagbo, on doit reconnaître que c’est un grand homme d’Etat et un homme politique qui a foi en la démocratie . Il a été patient, courageux et téméraire. Tout comme François Mitterand face à Charles de Gaulle, lui, il a fait face à un baobab politique , héros de la lutte d’indépendance, Félix Houphouet Boigny. Pendant 40 ans, il a construit et implanté patiemment son instrument de conquête du pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI), son parti d’obédience socialiste, tout en refusant toute compromission. Nous disons bien 40 longues années d’opposition, c’est-à-dire de brimades, d’humiliations, de répressions et de harcèlements permanents ici au Burkina Faso, celui qui crée un parti politique se voit déjà député, ministre et même président de la République, dès le lendemain. La courte échelle pour y parvenir, c’est de soutenir l’adversaire de la majorité que l’on est censé combattre.

Laurent Gbagbo est un grand patriote et un homme de conviction . Son parti, le FPI, a un programme politique dont l’application contrarie fondamentalement les intérêts de la droite française qui refuse en fait de décoloniser. Pour Chirac, nos présidents sont des rois nègres, faits rois et installés pour obéir. Tous ceux qui refusent ce statut honorifique de roi nègre doivent disparaître comme Sylvanus Olympio , Thomas Sankara, Patrice Emeric Lumumba, etc. On se souvient encore des difficultés créées par la francafrique, dans lesquelles se débattait Alpha Omar Konaré, alors président du Mali.

Pourtant, le Mali a commencé à décoller économiquement et se présente de plus en plus comme un pays démocratique. Si Gbagbo est en vie aujourd’hui, il le doit aux jeunes patriotes, c’est-à-dire la jeunesse FPI qui s’est interposée entre lui et l’Armée française lors des derniers événements à Abidjan. On lui réservait vraisemblablement la même fin que Salvador Alliende (Chili) massacré dans son palais, mais aujourd’hui ressuscité et vengé par son parti qui est revenu démocratiquement au pouvoir.

Et ironie du sort, sa fille est ministre de la Défense mais refuse de se livrer à des règlements de compte. La guerre imposée à Gbagbo a pour but d’empêcher l’application de son programme de gouvernement qui avait pourtant commencé à porter ses fruits dans le domaine de la santé et ailleurs. Cela nous inspire deux observations :
a) Toujours sur RFI, à la question du journaliste, et nous citons, « cette insécurité prouve que les armes circulent, voire prolifèrent. L’opposition dit que vous vous êtes ingérés dans les affaires intérieures de plusieurs pays voisins (la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Guinée Conakry) et aujourd’hui, c’est cela que vous payez par la montée de l’insécurité sur le territoire ».

Salif Diallo répond, et nous citons, « ce sont des assertions, des allégations sans fondements. Ils ne peuvent pas apporter la preuve de ce qu’ils avancent. Nous n’avons jamais apporté notre soutien à une quelconque rébellion. » Soutien que reconnaît Blaise Compaoré lui même, lors de son entretien radio-télévisé à l’occasion du 44e anniversaire de l’accession de "votre pays à l’indépendance » en réponse au journaliste qui lui demandait, et nous citons, « est-ce qu’il faut comprendre que vous regrettez aujourd’hui ce soutien (aux rebelles libériens) ? », en disant, et nous citons le président Compaoré, « Il y a des situations qui arrivent dans le monde, et nous optons par conviction d’aller dans tel ou tel sens. Dans le cas d’espèce, il y avait un combat contre la dictature noire, celle de Samuel Doe ; pour nous, le camp juste était celui de la lutte contre la dictature, c’est tout.

Non, nous ne regrettons pas. Parce que pour nous, il y a eu un combat pour une juste cause ; c’est l’essentiel ». Donc la dictature a des couleurs ! Et la nôtre, de quelle couleur est-elle ? Va savoir ! Et drôle de Don Quichotte qui soutient la dictature qui est à sa porte (cas du Togo) et combat celle qui est au-delà des mers.

"La France n’a pas démenti, le Burkina non plus"

b) Toujours sur RFI, Salif Diallo persiste et signe, et nous citons, « nous avons à tous les pouvoirs successifs en Côte d’Ivoire, signalé la présence d’éléments militaires sur notre sol national. Nous leur avons toujours demandé de créer les conditions propices au retour de ces messieurs dans leur pays. Nous l’avons demandé au président Guei, au président Gbagbo. Donc nous n’avons apporté aucun soutien à qui que ce soit. » Ibrahim Coulibaly dit « IB » qu’on a arrêté en France avec un passeport de service burkinabè déclare que c’est sur le sol burkinabè que eux, les rebelles, ont été entraînés, équipés en armes sous la supervision de l’ambassadeur de France de l’époque au Burkina et que c’est du Burkina Faso qu’ils ont attaqué la Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002.

Tout le monde a lu cette interview de IB dans l’hebdomadaire international indépendant « Jeune Afrique l’Intelligent ». La France n’a pas démenti et le Burkina Faso non plus. Ce que le PSP voudrait savoir, c’est si Salif Diallo disait toute la vérité à Laurent Gbagbo, en l’occurrence que les fameux éléments militaires qui étaient sur notre sol se préparaient pour aller renverser son régime. Et le PSP de se demander si le bon voisinage ne commandait pas que Blaise Compaoré empêche que notre territoire serve de base pour la déstabilisation d’un pays voisin. Le PSP se demande aussi quelle sera la réaction de Blaise Compaoré si les éléments militaires qui avaient fui le Burkina Faso lors du coup d’Etat du 4 août 1983 pour la Côte d’Ivoire, avaient été accueillis, formés, armés et retournés contre le Burkina Faso ?

Sur ce, le PSP pense qu’il faut cesser d’envenimer la situation. Les Burkinabè savent que si les rebelles n’étaient pas ravitaillés à partir de la frontière burkinabè, la guerre serait finie depuis longtemps. Et on ne parlerait plus de rebelles. Il est évident aussi que Gbagbo et son FPI sont installés en Côte d’Ivoire pour longtemps. Donc il faudra tôt ou tard composer avec lui, comme Jacques Chirac le fait actuellement avec Bush. Chirac s’était pris à rêver que la France pouvait influencer le choix des électeurs américains qui, pour la plupart, ne sont pas intéressés de savoir situer la France sur une carte. Il est en train de payer son choix. Payons aussi notre prix de la réconciliation avec la Côte d’Ivoire. Et le plus tôt sera le mieux.

"Nous devons dominer notre peur"

4) Ce silence assourdissant assimilable à une indifférence. Le prix du pain augmente et sa qualité diminue, on ne dit rien. Le prix de l’essence augmente tous les jours que Dieu fait, on ne dit rien. Des gens crèvent de faim et de maladies guérissables, pendant que d’autres comptent leurs milliards ou laissent des millions à la maison à la portée des enfants, on ne dit rien. Les marchés sont inondés de produits alimentaires de toutes sortes, dangereux, on ne dit rien.

Des citoyens honnêtes (Halidou Ouédraogo, Newton Ahmed Barry, Hermann Yaméogo, Issa Tiendrébéogo, Philippe Ouédraogo, Fidèle Hien) sont menacés de mort, on ne dit rien. Les plus hautes autorités qui devraient renforcer la lutte contre la corruption, cette gangrène économique, dépensent des sommes folles à acheter les opposants, on ne dit rien. Les salaires sont devenus dérisoires, depuis la dévaluation en 1994, au regard de la cherté de la vie, on ne dit rien.

On sanctionne des citoyens honnêtes et félicite des crapules, des délinquants, on ne dit rien. Qu’est-ce qui se passe ? Que font tous ces syndicats, mouvements citoyens, ligues des consommateurs, intellectuels ? Tout se passe comme si tout le monde était devenu amnésique tout à coup ; comme si tout le monde était tétanisé par on ne sait quoi. La peur sans doute. La peur de dire la vérité et de s’opposer, à cause de leurs conséquences inévitables et toujours douloureuses.

C’est vrai, nous avons tous peur. Les uns ont peur de perdre leurs privilèges : avancements administratifs, promotions, nominations éventuelles, maigres salaires, emplois de plus en plus précaires, missions et autres perdiems ; et les autres ont surtout peur de la répression implacable et immanquable du pouvoir sous toutes ses formes : bloquages administratifs, isolement social, déni de justice, déni de tout droit ou avantage, provocations, intimidations, affectations arbitraires, menaces de mort, humiliation, apatride, etc.

Ainsi, c’est le silence assimilable à l’indifférence, mais imposé par la peur qui est devenue notre seul refuge. Mais nous devons tous nous ressaisir et dominer notre peur. Cette peur qui nous rapetisse et nous avilit. Et le PSP nous dit, « n’ayez plus peur, chers compatriotes », car l’espoir pour un autre Burkina, un Burkina nouveau, fait d’hommes et de femmes debout, est à notre portée.

Paysans et démocrates, nous sommes la majorité. C’est nous qui décidons de l’avenir de ce pays. Alors le 13 novembre prochain, dans un élan patriotique et républicain, allons voter pour le changement. Ainsi, si nous manquons de courage pour combattre l’adversaire, sachons au moins le contourner. C’est l’occasion de montrer notre refus de la misère. Et bon courage !

Liberté - Egalité - Justice

Pour le BPN, le président,

Dr Jean Jacques ZEBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 août 2005 à 12:35 En réponse à : > Parti socialiste paysan : "Gbagbo est un grand patriote"

    Ainsi comme disait l’autre les socialistes sont devenus un club de fétichistes nous assimilons tout ce qui tient un discours ressemblant au nôtre .... mais l’homme ! connaissez vous l’homme celui dont vous parlez du programme . laissez à l’histoire le soin d’en faire un héros ou un bourreau ...je penche de ce côté là preuves à l’appui ...

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