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Laurent Bado- Emile Paré : les millions de la colère

Publié le lundi 22 août 2005 à 08h57min

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Ils continuent d’alimenter les débats au sein de nombreuses structures et l’on se demande quand prendra fin ce jeu de ping-pong à propos des millions qu’aurait donnés le président du Faso à l’OBU. D’un côté, le professeur Bado, dont le ton n’est plus inconnu des Burkinabè ; de l’autre, le docteur Paré, qui continue de donner tort à son aîné et allié d’hier. Tout laisse cependant croire que Bado a trouvé normal le geste du président, ce qui ne semble pas être l’avis du docteur. Une partie de « je t’aime, moi non plus ».

Bado : Très souvent, je me demande pourquoi les gens sont trop pressés...

Paré : Ecoute, le progrès n’attend pas ! Tous les grands experts du développement s’accordent pour le dire...

Bado : Oh ! les premiers experts, ce sont les populations, qui savent où se situe l’intérêt communautaire et non cette notion abstraite hypocritement baptisée intérêt général dont certains politiciens se sont arrogés les prérogatives en croyant savoir ce qui est convenable pour les autres !

Paré : Tu en es aussi ! Que fais-tu de ton... « Tercérisme » où tu développes des idées à la limite de l’impossible ?

Bado : D’abord, moi, j’ai toujours dit, et je le répète, je ne suis pas un politicien mais un homme politique. Ensuite, ce que je prône tire sa source de l’ancestrale solidarité africaine. Nos ancêtres se comportaient cent fois mieux que certains de nos intellectuels, même armés d’ordinateurs !

Paré : N’empêche, nous ne pouvons pas faire machine arrière ; la scène est en marche...

Bado : Je vois bien que c’est le médecin occidental qui parle ! Mais n’oublie pas que ta scène a deux visages : le progrès et la destruction. Offre un bistouri à un chirurgien et à un criminel et tu verras qu’ils s’en serviront différemment !

Paré : Ne crois-tu pas que tu exagères un peu ?

Bado : C’est toi qui le dis ! Tous ces mensonges et hypocrisies que nous observons tous les jours, c’est de l’exagération, çà ?

Paré : Mais... ça n’a rien à voir !

Bado : Dis-tu ! Le débat doit être global.

Paré : Tu causes bien, mais après ce qui s’est passé à l’OBU, tu ne pourras plus jamais me convaincre...

Bado : C’est pourquoi, au lieu d’obus, ce sont des missiles de croisière à tête nucléaire que tu as tirés contre moi !

Paré : N’avais-je aucune raison de le faire ?

Bado : Drôle de réflexion ! Le tout est de savoir si oui ou non tu as dit vrai !

Paré : C’est la même chose, non ?

Bado : Pas du tout ! On se comprend difficilement...

Paré : Pas étonnant ! Tu étouffes les autres par l’épaisseur de tes mots...

Bado : Je rectifie : j’utilise ce qu’il faut et comme il faut, c’est tout ! C’est vrai qu’aujourd’hui l’excellence est mal perçue !

Paré : Tu crois ? Tout cela fait qu’on doute à présent de toi...

Bado : Normal ! Les anciens disaient que dans les temps de folie générale, les hommes raisonnables sont impopulaires...

Paré : En clair, tu voudrais dire que toi seul as la tête bien plantée sur les épaules ?

Bado : Le constat est-il si difficile à faire ?

Paré : En attendant, cette histoire de millions ne te grandit pas !

Bado : Je m’en suis expliqué largement et même plusieurs fois. Je constate qu’on a ajouté 16 millions à ce qui a été dit et écrit, mais je sais comment traiter cette dernière allégation. Chaque chose en son temps.

Paré : Tu as l’air de provoquer le suspense.

Bado : Pourtant, non ! Dans tous les cas, si Blaise n’avait pas fait ce qu’il a fait, il y en aurait eu pour préserver l’équilibre sociopolitique...

Paré : Je constate que la familiarité s’accentue !

Bado : Est-ce ma faute s’il a cette chance d’être aussi affectueusement nommé ?

Paré : Affectueusement ?

Bado : Question d’usage ! Lorsqu’on désigne quelqu’un de la sorte, c’est qu’il jouit d’un certain privilège !

Paré : Ce n’est pourtant pas évident !

Bado : Entre nous, combien de structures lui apportent leurs soutiens ? Quelles qu’en soient les raisons, on peut, par simple calcul mathématique, affirmer qu’il a plus de supporters que tous nos partis réunis !

Paré : Voilà pourquoi, béatement, tu les traites de patriotes !

Bado : Ah, ah, ah ! Va demander à celui-là même qui t’a
politiquement pouponné ce qu’il pense de ce que j’ai dit !

Paré : Mais... de quoi veux-tu parler ?

Bado : Cet ancien exilé ! Demande lui s’il n’est pas satisfait d’avoir regagné son pays et recouvrer ses biens !

Paré : Les injustices sont faites pour être réparées un jour ou l’autre !

Bado : Bien sûr ! En attendant, et ici, c’est quelqu’un qui s’évertue à réparer !

Paré : Jamais je n’aurais pensé cela de ta part...

Bado : Il y a une grande différence entre quelqu’un qui rêve et un autre qui est réveillé !

Paré : Que veux-tu dire ?

Bado : Il faut être réaliste ! Mais toi, tu as encore beaucoup à apprendre...

Paré : Aux âmes bien nées...

Bado : Tes premiers pas en politique ont été téléguidés tandis que moi, j’ai réfléchi par moi-même. Cet esprit pionnier qui crée et invente, tu ne l’as pas encore...

Paré : Oh ! Encore ! Je me demande pourquoi donc te présenter à l’élection !

Bado : Ne sommes-nous pas en démocratie ? Et si je l’emportais ?

Paré : Ah, ah, ah ! Eh bien...On grillerait un dindon à Zoula !

Propos recueillis sans obus par JJ

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