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France # Côte d’Ivoire : Le ballon rond pour détendre l’atmosphère

Publié le vendredi 19 août 2005 à 13h15min

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Il y avait un peu partout, sur le continent, une vingtaine de matches amicaux le mercredi 17 août dernier. En effet, beaucoup de pays ont mis à profit la date FIFA pour préparer les éliminatoires de la coupe du monde, dont la phase finale aura lieu en Allemagne.

Comme on le sait, en Afrique, cette compétition a été jumelée avec la CAN 2006. Le Burkina, lui, est actuellement dans l’hexagone et il a joué contre l’équipe réserve du PSG, renforcée, dit-on, par huit professionnels au Camp des Loges. Cette rencontre s’est soldée par la victoire des Parisiens (3-2).

Aucun organe de presse de la place n’ayant été sollicité pour couvrir ce match, il est donc difficile de porter un jugement sur la prestation des Etalons. Mais, en fait, là n’est pas le problème. Quand on regarde les matches que les autres pays africains ont disputés, on se dit que les Etalons pouvaient trouver un autre adversaire pour mieux jauger leur forme.

On nous dira que la réserve du PSG a aussi du métier, mais force est de reconnaître que la plupart des éléments ne jouent pas régulièrement en ligue 1. C’est en CFA (division inférieure) qu’ils évoluent souvent, en attendant qu’il y ait des blessés dans l’équipe A pour prétendre à une place de titulaire.

Un match-test contre une équipe réserve, c’est comme si on avait affaire à une équipe corporative. En tout cas, ce ne sont pas les équipes africaines qui manquaent. Il fallait seulement y songer à temps... Les explications du genre "cela dépend de la disponibilité de telle ou telle équipe africaine", ne sont plus de mise. Continuera-t-on de ressasser la même rengaine ?

De tous ses matches amicaux, le plus attendu était celui qui a opposé la France à la Côte d’Ivoire au stade de la Mosson, à Montpellier. Dans un stade où l’ambiance ne passait pas inaperçue, les Bleus ont dominé les Eléphants (3-0) avec la manière, fêtant de la plus belle façon le retour de leurs anciennes gloires, à savoir Zidane, Makelelé et Thuram. Dans cette rencontre, les hommes de Domeneck ont fait preuve de talent, de pugnacité et d’esprit collectif.

Le fait marquant, c’est le grand retour de Zizou, auteur de son 27e but en sélection nationale. Le sociétaire du Real Madrid, dans une forme éblouissante, a encore confirmé qu’il est bon pour le service. Il a joué les 90 minutes et sa présence sur la pelouse a été un stimulant pour ses camarades, qui ont aussi fait de bonnes choses. La presse française dans son ensemble a célébré Zidane qui, selon elle, a redonné des couleurs aux Bleus. Ceux-ci n’avaient plus marqué trois buts depuis plus d’un an (France # Suisse 3-1, lors de l’Euro 2004).

Cette victoire est en quelque sorte réconfortante pour la France qui est en difficulté dans son groupe de qualification. Avec l’arrivée de son maître à jouer, c’est donc un nouveau départ pour les anciens champions du monde qui affronteront les Iles Féroé, à Lens, le 3 septembre prochain, avant d’aller, quatre jours plus tard, défier chez eux les Irlandais.

La Côte d’Ivoire, qui disputait le premier match de son histoire face à une formation européenne, malgré sa défaite, possède désormais le niveau international ; mais tout ne fut pas parfait pour elle devant la France. On n’oubliera pas que les Ivoiriens furent trop naïfs sur les deux corners de Wiltord qui amenèrent les deux premiers buts français, surtout sur le second où le gardien de but, Jean Jacques Tizié, et sa défense sont passés au travers.

Deux erreurs qu’ils ont payées cash. Toutefois, ils n’ont pas démérité puisqu’ils avaient en face d’eux une équipe qui a fait prévaloir son expérience. Après le match, Zidane a reconnu que la Côte d’Ivoire a une belle équipe qui leur a posé pas mal de problèmes et qui méritait de marquer un ou deux buts.

Les Eléphants (19 points, 8 matches) sont actuellement en tête du groupe 3 à deux journées de la fin (Zone Afrique) devant les Lions Indomptables (17 points, 8 matches) et l’Egypte (13 points, 8 matches). Dans l’optique de ce match attendu par tout un pays, faut-il croire que la leçon d’efficacité infligée par les Bleus sera retenue ? Du côté de la lagune Ebrié, c’est certain que l’heure de vérité, c’est dans trois semaines, contre le Cameroun.

Au-delà de cette rencontre, qui avait un caractère amical, les deux équipes nationales voulaient aussi, à leur façon, lancer un appel à Chirac et à Gbagbo, que le ballon rond peut détendre l’atmosphère entre leurs deux pays. Et là, on peut affirmer que c’est une bonne chose quand on sait que les relations entre Paris et Abidjan, depuis les événements du 19 septembre 2002, ne sont plus comme avant, pour ne pas dire qu’elles sont exécrables.

Au moment où le médiateur de la crise en Côte d’Ivoire, le président sud-africain Thabo MBeki a fait connaître sa position sur les lois adoptées le 15 juillet dernier par Gbagbo, il est donc l’heure pour que Paris s’implique résolument dans la résolution de cette affaire. Son nouvel ambassadeur, André Janier, qui a présenté ses lettres de créance il y a quelques jours au président Gbagbo, semble déjà donner le ton. Le diplomate français, en effet, entend placer sa mission sous le signe de l’espoir.

En outre, il entend se tenir à l’écoute de tous les Ivoiriens et d’abord, naturellement, du premier d’entre eux. Selon lui, la France a beaucoup fait, depuis près de trois ans, pour aider la Côte d’Ivoire à sortir de la crise. C’est évidemment le sens de son engagement dans le pays d’Houphouët Boigny, où très vite la France a inscrit son effort dans le cadre des Nations unies. Comme on le voit, il a ouvert son cœur, mais pour aller vers cette paix, dont la Côte d’Ivoire a tant besoin, les rebelles doivent désarmer coûte que coûte, à moins qu’ils trouvent leur compte dans la rébellion surtout que le CFA circule abondamment dans la zone qu’ils contrôlent.

Justin Daboné

L’Observateur

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