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Présidentielle 2005 : Philippe Ouédraogo investi

Publié le mardi 16 août 2005 à 09h29min

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Le Parti africain de l’indépendance (PAI), la Convergence pour la démocratie sociale (CDS) et le Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS) ont procédé, lundi 15 août dernier, à l’investiture officielle de Philippe Ouédraogo, leur candidat commun à la présidentielle de 2005.

La cérémonie qui a donné lieu à cette investiture a été mise à profit par les responsables de cette coalition, pour lancer officiellement les activités de précampagne de Philippe Ouédraogo. Une cérémonie qui, pendant près de 4 heures, a retenu l’attention d’un public visiblement convaincu, au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC).

"Avec Philippe Ouédraogo, un autre Burkina est possible !" C’est en scandant ce slogan que les militants du PAI, de la CDS et du PDS ont animé la cérémonie qui a marqué le lancement officiel des activités de précampagne de leur candidat, à la présidentielle de novembre prochain. Philippe Ouédraogo, ingénieur des mines de son état, ancien ministre, ancien président du Conseil économique et social et actuellement député à l’Assemblée nationale est, de l’avis de ses militants, l’homme qu’il faut pour redresser un Burkina qui en a assez des crises socio-économiques à répétition. La salle de conférences du CBC était devenue exiguë pour un public très nombreux, composé de militants jeunes, femmes, étudiants et anciens des trois partis.

Une dizaine de discours, aussi acclamés les uns que les autres, ont ponctué la cérémonie. Les représentants de la jeunesse, des étudiants, des femmes, et des anciens se sont succédé sur le podium et ont tous décrié la situation socio-économique et politique caractérisée par la pauvreté, la famine, la corruption, les détournements de deniers publics, la flambée des prix, etc., dont souffrent les Burkinabè.

Ils ont par conséquent dénoncé le "silence méprisant" des autorités burkinabè qui, selon eux, ne font rien pour endiguer la souffrance du peuple burkinabè. C’est pourquoi, ils disent avoir vu à travers Philippe Ouédraogo, la personne susceptible d’apporter des changements qualitatifs pour le bonheur des Burkinabè.

Blaise Compaoré disqualifié

Les présidents de la CDS et du PDS, ces deux formations politiques qui ont décidé de se joindre au PAI pour défendre la candidature de Philippe Ouédraogo, ont, eux aussi, justifié leur choix de soutenir le candidat Philippe Ouédraogo, par un contexte socio-politique, tant national, africain qu’international qui, pour eux, nécessite bien des changements. Ils se sont dit confiants de ce que le candidat Philippe Ouédraogo pourra mettre fin à la misère des Burkinabè qui n’aura que trop duré.

Ensuite, vient le moment le plus attendu de la cérémonie, celui où Phil’O (c’est comme ça que ses militants ont décidé de l’appeler) a pris la parole. Dans un long discours, dont chacune des phrases a été ponctuée d’acclamations sans relâche par un public visiblement enthousiaste, Philippe Ouédraogo s’est d’abord appesanti sur les particularités de l’actualité internationale, marquée par l’hégémonie des Etats-Unis et des autres puissances économiques sur les pays en développement.

Sur le plan national, le présidentiable a insisté sur l’absence de démocratie au Burkina qui, selon lui, est d’autant plus criarde que ce pays ne peut être dirigé par une personne qui, "par le hasard de l’histoire, est présentement à la tête de l’Etat". Philippe Ouédraogo qui dénonce la légitimité de la candidature de Blaise Compaoré à sa propre succession, estime que l’actuel président ne pourra faire en cinq ans ce qu’il n’a pu faire après deux septennats à l’issue desquels il a donné la pleine mesure de ses limites intrinsèques.

Et Philippe Ouédraogo de s’indigner du constat qu’un parti qui s’est battu "bec et ongles pour s’imposer en tant que chef de file de l’opposition" se rende au chef du parti majoritaire sans aucune justification rationnelle". "Qu’est-ce qui pousse, s’interroge Phil’O, tous ces personnages, parmi lesquels beaucoup sont des purs inconnus (...), à se rassembler autour de Blaise Compaoré comme des poussins d’hivernage sentant venir les premiers frimants de décembre ?"

"Un programme en 16 axes"

Du social au sécuritaire, en passant par l’économique, le politique et le sportif, le candidat Philippe Ouédraogo a dépeint ce qu’il a appelé les "échecs de la politique de l’occupant actuel du fauteuil présidentiel". Pour lui, le Burkina a besoin d’une autre politique, une politique vierge des "arrangements financiers souterrains entre des dirigeants qui se réclament de l’opposition, et Blaise Compaoré, avec à la clef un deal financier portant sur plusieurs dizaines de millions de francs".

En réponse à ces "échecs", Philippe Ouédraogo propose, à travers le concept "un autre Burkina est possible", un programme en seize axes, qui a été adopté par les partis qui le soutiennent. Ce programme, pour lui, tient compte de la plate-forme minimale que "Alternance 2005" entend mettre en oeuvre en cas de succès.

Philippe Ouédraogo qui, à travers ses propos, paraît foncièrement convaincu de sa victoire au soir du 13 novembre, a terminé son allocution solennel par un appel lancé à chaque Burkinabè, afin qu’il se conçoive comme "le maillon d’une chaîne fraternelle en mouvement, pour le mieux-être de la génération présente".


LES A-COTES DE LA CEREMONIE

Les étudiants plaident pour plus de FONER

La cérémonie d’investiture de Philippe Ouédraogo a été marquée par une forte participation d’étudiants de l’université de Ouagadougou. Ceux-ci, avec le dynamisme qu’on leur connaît, ne se sont pas fait prier pour crier à tue-tête les éloges du candidat Philippe Ouédraogo et pour acclamer les différents discours surtout quand ils évoquent les changements qualitatifs prévus dans le programme de gouvernement du candidat.

C’est ainsi qu’à la longue liste des axes qui feraient l’objet de changements, en cas de victoire de Philippe Ouédroago, un étudiant, du fond de la salle évoque le FONER, pour dire que le candidat, une fois élu, devrait penser à l’augmentation du montant des aides financières aux étudiants allouées par le FONER.

Un ballon plastique éclate et crée la panique

En plus du portrait du candidat Philippe et des bandéroles à slogans, les murs de la salle de conférences du CBC étaient ornés de ballons plastiques multicolores qui étaient supposés agrémenter leur esthétique. Mais contre toute attente, un ballon éclate au moment où le silence règne dans la salle, l’attention étant tournée vers un orateur. Le bruit occasionné par cet éclatement a suscité un sursaut général dans la salle, puis, tous les regards se sont tournés vers l’entrée principale de la salle, d’où était venu le bruit.

On avait peut-être pensé à un attentat. Et comme pour dire qu’il n’y a rien de grave, les militants qui se tenaient debout ont entamé un coup d’applaudissement qui sera ensuite suivi par les autres militants. Et le représentant des anciens qui prononçait son discours, de profiter du micro pour demander s’il s’agissait des "lampions du CDP qui s’éteignaient".

Une vieille dame se fâche

Peu avant la fin de la cérémonie, voyant un monsieur distribuer les différents discours aux journalistes installés aux premiers rangs, une septuagénaire, quitte sa place du fond de la salle, descend les gradins et tend sa main, elle aussi, pour prendre un discours. Le distributeur refuse de lui en donner, arguant que les discours sont juste destinés aux journalistes. Il n’en fallu pas plus. La bonne dame monta sur ses grands chevaux, arracha de force le discours et se mit à proférer des menaces et même des injures à l’endroit de celui qui, selon elle, l’aurait traitée d’analphabète en lui refusant ce papier. Cela a perturbé quelque peu la cérémonie.

La plaignante a même affirmé que même Philippe ne pouvait pas l’empêcher de prendre le papier. Dans un français approximatif elle a dit au distributeur de discours qu’il était trop petit pour cela. Ses murmures dans la salle ont duré jusqu’à la fin de la cérémonie, les tentatives de la calmer étant restées vaines.

Par Paul-Miki ROAMBA
Le Pays

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