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Présidentielle au Burkina : 2005, la bonne année ?

Publié le mardi 16 août 2005 à 10h05min

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13 novembre 2005. C’est la date de l’élection présidentielle Burkinabè. Après les rendez-vous en demi teinte de 1991 et 1998, marqués notamment par la non participation de la grande majorité des partis d’opposition, cette année semble être la bonne.

A défaut sans doute d’avoir un nombre de candidats égal au nombre de partis politiques légalement constitués et autorisés (il en existe officiellement un peu plus de 112), les principales formations ont toutes annoncé leur présence dans le starting block.

BLAISE COMPAORE : « santo subito ? »

La tâche pour Blaise COMPAORE (le Président sortant) s’annonce ardue ; ne serait-ce que dans la forme, et en dépit des incertitudes que comporte toujours un scrutin à deux tours. Lui -même l’a reconnu lors de sa mise en course à Ziniaré ; admettant en effet, qu’une élection n’était jamais gagnée d’avance. Sinon alors pourquoi l’organiser ?
Dix-huit ans. C’est le temps passé par Blaise COMPAORE à la tête du Burkina : « Usure » crient ses adversaires, « expérience » répondent ses partisans, regroupés autour d’une vingtaine de partis politiques et de structures diverses. Ces dernières entendent créer le « santo subito » au soir du 13 novembre 2005.

HERMANN YAMEOGO : le phénix

Fils du premier Président de la Haute Volta aujourd’hui Burkina Faso, Hermann YAMEOGO croit dur comme fer que « le moment est venu ». Son parcours politique est jalonné d’incessants « remakes ». Fruits de ses stratégies « compromettantes » disent ses adversaires. Incomprises voire hostiles, répond l’intéressé.

CFD, ADF, ADF-RDA, UNDD, avec Hermann (au Burkina, on aime bien appeler les gens surtout les personnalités par leur prénom) le phénix renaît toujours de ses cendres.
A force d’être combattu et constamment mis-horsjeu, Hermann YAMEOGO finit par voler la vedette même à ses adversaires. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs n’est-elle pas devenue la pierre d’angle ? .

LAURENT BADO, le sankariste par défaut

S’il est un homme politique qui incarne dans le fond et dans la forme les idées de Thomas SANKARA, c’est sans conteste Laurent BADO. Orateur hors pair, partisan d’une vision de développement propre à l’Afrique, il rappelle étrangement les gestes d’un capitaine dont il dit avoir été l’adversaire, mais qui éprouvait paradoxalement de l’admiration pour ses idées poursuit-il.

Son entrée à l’hémicycle a suscité bien des espoirs. Des espoirs hélas combattus par la majorité au pouvoir. Les scandales à répétition sur les largesses financières dont il aurait été l’objet de la part des dirigeants actuels ont mis au jour, une « juvénilité politique » habilement exploitée par ses ennemis.

Ram OUEDRAOGO, bis repetita pour l’écolo

De Ram OUEDRAOGO, Blaise COMPAORE disait en 1998 : « il ne sait que planter ». Réponse alors de celui qui se définit comme « le père de l’écologie politique au Burkina » : « c’est à force de forger que l’on devient forgeron ». En d’autres termes, personne n’est né pour être président du Faso.

Arrivé second à l’issue l’élection présidentielle de 1998 avec un peu plus de 5% des voix, Ram OUEDRAOGO estime avoir capitalisé le maximum d’expérience pour exercer à présent la charge suprême de premier citoyen du Burkina. Promoteur de spectacle aujourd’hui député à l’Assemblée nationale, c’est sous la bannière du Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB) qu’il va à la conquête des suffrages des électeurs, après avoir été poussé vers la sortie par ses anciens camarades des « Verts du Burkina ».

Les frères sankaristes : Avancer en rangs desserrés

Bénéwendé SANKARA, Norbert TIENDREBEOGO, Ernest NONGMA, pour ne citer que ces noms, les héritiers de Thomas SANKARA (le légendaire et charismatique capitaine qui a dirigé le Burkina Faso de 1983 à 19987) sont d’accord sur tout sauf sur l’essentiel : le sens de leur propre combat ; à preuve ils vont en rangs desserrés à cette élection, qui pourtant leur aurait sans doute donner l’occasion de taire à jamais leur divergences.

C’est à croire comme le disait un analyste, que l’héritage de Thomas SANKARA n’est pas aussi facile à porter qu’il semblait l’être au départ.

Philippe OUEDRAOGO : L’intello

Si l’élection présidentielle Burkinabé se jouait au pedigree, Philippe OUEDRAOGO aurait sans aucun été parmi les meilleurs.Un des rares Africains sortis de Polytechnique, le leader du Parti Africain de l’Indépendance(PAI)a il est vrai, les ressources intellectuelles pour réussir. Malheureusement une élection présidentielle se joue et se gagne sur d’autres terrains.

D’ailleurs, si l’on ne s’en tenait qu’à des considérations théoriques, le Président Américain ne devrait-il pas s’appeler Al GORE ? Aussi, l’ex Président du Conseil économique et social, devra-il retrousser les manches comme tous les autres candidats.

Ali LANKOANDE, le papy

Briguer la magistrature suprême à soixante -dix ans passés. C’est le pari que veut gagner le physicien et doyen des candidats à l’élection présidentielle de cette année. Son idée : tous les apports sont nécessaires pour grignoter quelques voix au candidat du parti au pouvoir. Compagnon de longue date du Pr. Ki ZERBO, c’est ce dernier qu’il vient de remplacer à la tête du Parti pour la démocratie et le progrès, parti socialiste (PDP/PS). Un parti qui il y a peu, était considérée comme la tête de proue de l’opposition Burkinabè

Emile PARE : le chat au dossard 13

« Allez dire à Blaise COMPAORE que le dossard 13 va rentrer le13 novembre ». Ainsi s’exprimait Emile PARE, à l’endroit des journalistes venus l’écouter. Médecin et homme politique longtemps apprécié pour ses prises de position, le « chat noir du Nayala » comme il aime à se faire appeler, a été au centre de la tourmente politique qui a agité l’ensemble de la classe politique suite à leur rencontre (lui et le Président du PAREN) avec le Président du Faso. Ils y auraient reçu une trentaine de millions FCFA.

Secoué mais nullement ébranlé, l’ « ancien champion de lutte traditionnel », dit réserver ses prises pour le moment venu. « Je n’ai qu’un seul adversaire : Blaise COMPAORE » répète-t-il à l’envie.

Juvénal Somé
Lefaso.net

P.-S.

Lire aussi : Présidentielle 2005

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