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Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

Publié le mardi 16 août 2005 à 09h22min

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Dans sa parution N°536l du mercredi 3 août 2005, Sidwaya publie un article du sieur Yaro Kouamé Marcel intitulé : "Dégradation précoce des routes au Burkina : A l’origine, corruption et affairisme". Cet article décousu et incohérent n’aurait suscité aucune réaction de notre part, s’il n’était émaillé d’insuffisances techniques graves quant à la construction des routes et de données techniques erronées sur la route Boromo-Bobo-Dioulasso.

C’est pourquoi, il nous a paru nécessaire de réagir à cet article, non pas dans le but de polémiquer, mais dans celui de saisir l’occasion offerte par sa publication pour apporter quelques précisions techniques, utiles à la compréhension des lecteurs sur les travaux routiers. Cela d’autant plus que M. Yaro, qui se présente comme un spécialiste des travaux publics, membre d’un bureau d’études, expert des travaux routiers étale de graves lacunes techniques, fait des confusions et amalgames de nature à induire en erreur les honnêtes citoyens.

Aussi, nous voudrions par avance nous excuser auprès des lecteurs pour les termes techniques que nous sommes obligés d’utiliser. Cela pour préciser et clarifier les choses d’une part et donner les informations justes d’autre part.

Au strict point de vue technique donc, l’élément le plus frappant de l’article, celui qui retient l’attention de tout ingénieur des travaux publics est que M. Yaro affirme sans sourciller que la route Boromo-Bobo-Dioulasso devait recevoir "un revêtement de 8 cm d’épaisseur au lieu de 2,5 cm". Qu’en est-il exactement ?

Au Burkina Faso, trois types de revêtement bitumineux ont été mis en œuvre à l’heure actuelle :

l. l’enduit superficiel sur la majorité de nos routes ;

2. l’enrobé ou béton bitumineux sur certaines voiries urbaines et sur 1a route Koupéla-Bittou-Frontière du Togo ;

3. le sand asphalt sur la route Fada-Pama-Frontière du Bénin.

Le revêtement est une couche plus ou moins résistante réalisée à 1a surface de la chaussée et en contact direct avec les roues des véhicules. Il est destiné à supporter le trafic et à protéger la route des intempéries.

Pour simplifier, disons que l’enduit superficiel est obtenu en étalant successivement et alternativement sur 1a route, une couche de bitume puis de gravillons, la dernière couche étant toujours une couche de gravillons ; le rôle du bitume est d’imperméabiliser la chaussée (partie réservée à la circulation) et de lier et serrer les gravillons entre eux ; les gravillons permettent quant à eux à la route de supporter les charges roulantes.

On réalise généralement dans la construction des routes, soit un bicouche (deux couches de bitume, deux couches de gravillons : bitume-gravillon-bitume-gravillon), soit un tricouche (trois couches de chaque). Sur certaines parties de la route tels que les accotements et certaines aires aménagées, c’est un monocouche (bitume-gravillon) qui est mis en œuvre.

L’avantage de l’enduit superficiel est qu’il s’agit d’un revêtement économique (moindre coût kilométrique). Mais l’enduit superficiel ne convient pas aux trafics très importants, surtout lorsque la couche de base (couche sur laquelle repose le revêtement) est en latérite naturelle, comme c’est le cas dans le bitumage des routes au Burkina Faso.

L’épaisseur de l’enduit superficiel tricouche se situe autour de 2 à 2,5 cm. Il n’existe donc pas comme chacun a dû le comprendre d’enduit superficiel de 8 cm.

Toujours pour simplifier, disons que le béton bitumineux est constitué par un mélange de bitume et de concassé fabriqué en centrale ou en usine, transporté sur le lieu de mise en œuvre, répandu et compacté pour obtenir la compacité et l’épaisseur souhaitées. Cette épaisseur varie de 4 à 10 cm. L’enrobé peut être mis en place sur des épaisseurs beaucoup plus importantes (qui peuvent atteindre 20 cm ou plus) par couches successives. Ce type de revêtement est naturellement plus cher que le revêtement en enduit superficiel.

Le sand asphalt est une variante d’enrobé où le concassé est remplacé par le sable. Il a été utilisé sur la route Fada-Pama-Frontière du Bénin, région où le sable de rivière, disponible en très grande quantité, lui conférait un coût intéressant.

Dans le cas de la route Boromo-Bobo-Dioulasso, c’est l’enduit superficiel qui a été mis en œuvre ; ce qui signifie, contrairement aux affirmations de M. Yaro, que son épaisseur ne pouvait en aucun cas atteindre 8 cm.

Par ailleurs, M. Yaro dit qu’un "diagnostic est indispensable avant tout début de nouveaux travaux". Pour sa gouverne, qu’il sache que plusieurs expertises ont été réalisées sur la route Boromo-Bobo-Dioulasso et des prélèvements conservatoires ont été faits sous contrôle d’huissiers. Aussi, en "spécialiste avisé", il devrait savoir que les travaux routiers ne peuvent être définis techniquement, évalués financièrement et faire l’objet d’appels d’offres que si toutes les études techniques nécessaires ont été réalisées.

C’est bien évidemment ce qui a été fait pour les travaux qui sont en instance de démarrage sur la route Boromo-Bobo-Dioulasso. Ces travaux seront des travaux de renforcement (pour rendre la chaussée plus résistante) et non des travaux de resurfaçage, destinés eux à restaurer l’enduit superficiel comme dans le cas du marché conclu avec l’entreprise Razel. En effet, les travaux qui seront réalisés sur la chaussée entre Boromo et Bobo-Dioulasso sont les suivants :

- le recyclage in situ et l’amélioration à 4 % de ciment de la couche de base et du revêtement existants sur une épaisseur moyenne de 20 cm (le recyclage consiste à décaper les couches concernées sur une certaine épaisseur, en vue de leur appliquer un traitement permettant d’améliorer leurs caractéristiques techniques puis de les utiliser comme une couche constitutive de la nouvelle chaussée) ;

- la mise en œuvre d’une grave bitume 0/14 d’épaisseur 8 cm (la grave bitume est un mélange de concassé et de bitume, mais avec un dosage en bitume plus faible que dans le cas de l’enrobé. Ce dosage est de l’ordre de 3 % pour la grave bitume contre 5 à 6 % pour l’enrobé) ;

- la mise en œuvre d’un revêtement en béton bitumineux de 4 cm d’épaisseur sur 7 m de largeur.

Manifestement M. Yaro confond l’épaisseur de 8 cm de la grave bitume à réaliser prochainement avec celle d’un enduit superficiel, de l’ordre comme déjà dit de 2,5 cm.

Il faut préciser, à titre d’information, que les travaux concerneront aussi le tronçon allant du carrefour de la route de Poura à Boromo. Sur ce tronçon, outre le recyclage in situ et l’amélioration au ciment, il est prévu selon les sections, la mise en œuvre d’une ou deux couches de béton bitumineux de 4 à 6 cm d’épaisseur (il n’est pas prévu de grave bitume sur ce tronçon).

Enfin, M. Yaro affirme avoir prédit les dégradations de la saison des pluies de l’année 2003. Il est fort regrettable qu’il n’ait pas jugé utile à l’époque d’en informer la Direction générale des routes ou de saisir toute autorité compétente ou même l’opinion publique à travers la presse, puisqu’elle semble être son mode d’expression favori. Cela aurait sans doute permis de prendre certaines dispositions en temps opportun. En outre, cela aurait assurément convaincu tout le monde des compétences techniques et du sens patriotique de M. Yaro.

S’agissant des suites réservées aux vices et défauts constatés après l’exécution des travaux par l’entreprise Razel, que M. Yaro se rassure. Les services compétents en matière de contentieux de l’Etat ont été saisis de l’affaire. Tout est mis en œuvre pour que les intérêts de l’Etat soient sauvegardés et ils le seront.

Pour terminer, nous saisissons cette occasion pour remercier tous les ingénieurs routiers et d’autres experts burkinabè et non burkinabè qui nous ont rencontré pour nous faire part de leurs avis sur les dégradations de la route. Que M. Yaro sache qu’ils ont toujours été reçus à bras ouverts parce qu’en matière technique, rien ne vaut le partage d’idées. C’est en effet, à partir des leçons tirées des expériences douloureuses que la science et la technique avancent.

Et les leçons, nous en avons déjà tiré et continuerons certainement à le faire : des mesures ont été prises en matière d’amélioration de la qualité des études techniques, de formation du personnel et de renforcement des capacités des ressources humaines, etc. Nous voudrions rappeler à M. Yaro que nous sommes tout à fait disposé à des échanges avec lui.

A ce propos, il convient de lui remémorer notre invitation à lui adressée dans le Sidwaya N°4883 du mardi 18 novembre 2003 à venir discuter avec nous, invitation restée jusqu’au jour d’aujourd’hui lettre morte. Une fois encore nous disons toute notre disponibilité pour échanger avec tout citoyen qui pense avoir des contributions à faire ou des compétences à faire valoir dans le but d’aider à l’amélioration de la construction de nos routes.

La Direction de la Communication et de la Presse Ministérielle

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2005 à 11:46, par Bagalé En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

    Ne vous foutez pas des gens au prétexte d’un droit de reponse, tas de voleurs ! N’eut été vos magouilles en attribuant le marché à l’entreprise Razel dont vous saviez qu’elle avait été chassé du Togo à côté pour incompétence dans l’exécution des travaux de bitumage de la route Lomé-frontière du Bénin.

    • Le 16 août 2005 à 11:58, par dandy En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

      tu étais ou toi à l’époque ?
      le probleme n’est pas d’avoir attribuer le marché a qui que ce soit, sinon beaucoup d’entreprise au burkina ne mérite meme pas de marche de tp.
      mais le vrai probleme reste le suivi des travaux.
      si nous avions été rigoureux et impitoyable à l’époque, on aurai vite su ce qu’il faut faire .
      mais hélas !!!!!!!!!!!

      tu verras meme avec le ciment sur la route ce sera pareil ;

      • Le 17 août 2005 à 12:05, par Bagalé En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

        Où que j’étais ? Pour ta lanterne bougre, sache qu’à l’époque des faits, Kantigui dans le sidwaya national avait publié un de mes écrits dénonçant la situation.
        Quant à l’autre saurien qui pense que c’est parce que cette voie mène dans les villages des auteurs des différents écrits qu’il sache que pour aller de Ouaga à Bobo on ne commence pas par Boromo. Sur le tronçon Ouaga-Boromo exécuté par OK, est-ce qu’on enregistre autant de réactions ?

        • Le 17 août 2005 à 13:03 En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

          bonjour

          Excusez moi, de porter un rectificatif
          la route Ouaga-boromo, n’a pas été entierement fait par OK ; OK n’a eu que le partie ouga-sakoinsé, et sakoinsé-boromo par la société mise en cause sur la route Boromo-bobo.
          c’est bien de critiquer les entreprises, mais la faute revient à l’administration qui ne prend pas ses responsabilités au moments des faits. c’est cela qu’il faut qu’on dénonce. les entreprises sont des commerçants et elles ne sont guidées que par le profit. c’est à nous de nous protéger . si nous avions pris nos précautions dès le départ ça ne serait peut etre pas arrivé.

          il est vrai que la route Boromo-bobo, n’est pas la seule qui connaisse des dégradations. on en parle pas ou peu, pourquoi ? ,
          que la population soit informé et que les coupables soit remis dans le droit chemin.

      • Le 17 août 2005 à 12:19, par sid keta En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

        Le ministère a fait une sortie inoportune à travers ce droit de réponse qui l’enfonce davantage.Quand on a mangé de façon flagrante ,il faut éviter de se justifier car ces soit disant justifs énervent les honnêtes citoyens.Tant de connaissances techniques acquises sur le dos de l’état sûrement et vous vous laissez ni.............eh !!!!?C’est pitoyablemant ridicule.A propos ;et la partie BOROMO SAKOINCE ?Ce n’est pas le même entrepreneur ?J’étais à la place du ministre,j’aurais simplement rendu ma demission pour préserver ma dignité et mon honneur.Ou bien il y a autres repas devant encore ?

        • Le 17 août 2005 à 13:13 En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

          c’est tres bien vu sid keta

          si toutes ces connaissances techniques énumérees par le ministere avaient été suivi on n’en serait pas là. c’est ce qu’il faut qu’on sache : est ce que les travaux ont été suivi et par le ministere ou l’administration et par la "mission de controle" en son temps.

          je souhaiterai que le ministere donne une reponse à cela. et la solution au probleme est trouvée
          bonne journée

          • Le 17 août 2005 à 18:50 En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

            Eh ben ! apparemment notre technicien de ministère dormait quand razel executait les travaux ; et c’est maintenant qu’il vient de se reveiller pour nous faire des cours à la bidon de genie des routes qui sent la corruption de la magouille d’un systeme pourri.
            Merci

  • Le 16 août 2005 à 11:51 En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

    je voudrais seulement dire ceci a tous ces techniciens burkinabé, qui parlent au nom de l’interet national.
    en ce qui concerne la route Boromo-Bobo, que la société Razel ne l’a pas construite nuitament , c’est en plein jour au vu et au su de tous, pourquoi n’avoir pas réagit à cette époque là ? et en plus il n’ya pas que cette route qui connait des dégradations ? pourquoi vous ne parler pas des autres. tout simplement parceque celle de bobo est la plus fréquentée ou bien parcequ’elle mene dans vos villages ?

    "si vous en tant qu’individu vous donnez votre maison à construire à un maçon, et que vous ne pouvez pas lui dire qu’il fait des erreurs à tel ou tel endroit, c’est votre probleme, le maçon empoche son argent et la maison s’écroule sur votre famille.

    si vous ne pouvez pas parler au moment des faits taisez vous !

  • Le 17 août 2005 à 10:07 En réponse à : > Tronçon Boromo-Bobo : Droit de réponse du ministère des Infrastructures

    Tes remarques techniques, tu aurais dû les faire au moment de la construction de la voie pas maintenant. Tu peux les garder pour toi et tes chefs qui en réalité devraient démissionner à la suite de ces mauvais travaux qui ont été réalisés par la société Razel. Cette réaction, je dirai que c’est une fuite de responsabilité de la part des techniciens du ministère qui se voient visés par de nombreuses critiques qui ont suivi l’indignation des Burkinabés face à l’état de la route Bobo-Ouaga.

    Incapable de prendre votre responsabilité, vous vous prenez aux braves burkinabés qui veulent apporter leur point de vue que je dirai louable pour que des dérives constatées ne se repètent plus. Vous ferriez mieux de vous taire prochainement. Y’en a marre.

    Ou bien dites-nous la vérité, combien Razel vous a donné pour obtenir votre silence ?

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