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Je réclame mon droit de vote

Publié le mardi 16 août 2005 à 09h35min

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Le 13 novembre prochain aura lieu les élections présidentielles au Burkina Faso. Les électeurs burkinabè auront le devoir de choisir parmi la pléthore des candidatures pour succéder au président Compaoré. Il s’agit d’un devoir et surtout d’un droit, que tout burkinabè remplissant les critères requis et soucieux de sa citoyenneté réclamerait au prix d’une vie s’il le faut.

En effet la citoyenneté telle qu’elle est admise par les sciences juridiques et sociales s’exprime à travers des actes pour lesquels les nationaux d’un pays (expatriés ou pas) sont appelés à apporter leur participation si minime soit -elle. Parmi ces actes s’affiche en vedette le vote. Le vote fait partie de la vie d’un citoyen et vouloir lui en priver peut relever d’un délit grave, puisque son droit a une valeur constitutionnelle. A cet effet l’article 12 de la Constitution actuelle est très illustratif.

C’est pourquoi je réclame mon droit de vote. Et j’irai même plus loin en réclamant le droit de vote pour mes compatriotes qui sont dans la même situation que moi.

Pourquoi ne sommes nous pas pris en compte pour les grandes décisions concernant notre Nation ? Ne serions nous pas de ce fait lésés dans notre patriotisme ? Serions-nous délaissés parce que notre nombre est insignifiant ? Ou ce serait juste parce que, comme l’avance certains on ne maîtrise pas convenablement le nombre des expatriés ? Cela est de bonne guère quand on y voit un risque à l’irrégularité des élections.

Toutefois, il serait peu commode d’avancer le difficile contrôle des citoyens burkinabè à l’étranger, tant beaucoup d’entre eux bénéficient de la couverture de l’Etat burkinabè donc maîtrisables du point de vue de leur nombre. C’est le cas de tous les étudiants boursiers dans des pays comme la France, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal... et surtout le Maroc, où la frange partie constitue d’une manière ou d’une autre une jeunesse élite car issue des meilleurs bacheliers. Sevrer ces jeunes ainsi d’un gros morceau de leur citoyenneté ne serait-il pas un attentat à part entière de responsabilité dans la chose nationale ? Ou peut-être qu’ils doivent se contenter de continuer à réaliser d’excellents résultats académiques, et après un cursus bien fourni ne pas être motivés par un éventuel retour dans un pays dont ils ont continuellement ignoré la construction politique ? Et après, ils reviendront au bercail pour être cette fois-ci éligibles, ayant raté le statut d’électeur durant toute leur jeunesse.

Au fil des années, le cursus jadis de quatre ans en général des étudiants boursiers au Maroc, se voit aller au-delà grâce aux efforts des dirigeants à promouvoir l’accès au troisième cycle. Ce qui fait que plus de la moitié des étudiants ont la chance (devrais-je dire la malchance) de rater au moins une échéance électorale en tant qu’électeur. J’y vois un assez fort danger quant on sait que ces jeunes sont atteints de ce que j’appelle « le syndrome de l’absence de patriotisme ». Or, ces derniers, si je pus me le permettre gagneraient plus et le pays avec, si un vif sentiment les rattachait à leur pays. Et ce sentiment ne peut venir que s’ils sont, à chaque fois que l’occasion se présente, pris en compte. Je note en passage, le 5 Août, jour de notre fête de l’Indépendance (même si on peut ne pas en être fier), ce jour qui était sensé être grand nationalement, est passé à l’insu de plus de 80% des vaillants étudiants burkinabè au Maroc. Or en plus de l’administration diplomatique, nous disposons ici d’une grande association regroupant près de 400 étudiants et stagiaires. Que dire du bureau central de l’association qui n’a pas ce jour national, dans la colonne de ces activités ? Ce n’est pas pour jeter des fleurs aux autres jeunes de nationalités diverses, en les citant comme exemple, eux qui ont si bien célébré leurs fêtes nationales. Mais juste pour dire qu’il est vraiment temps d’en prendre conscience frères et sœurs, et aussi chers dirigeants vous qui êtes responsables de l’étoffe dont est et sera faite cette jeunesse estudiantine à l’étranger.

L’expérience marocaine m’a permis de constater qu’à chaque été, des marocains résidant à l’extérieur affluent dans leur pays d’origine, et sur leur visage on peut lire une fierté d’appartenir à leur royaume qui ne ménage aucun effort pour les intégrer même si tout n’est pas du cadeau : il y a toujours un prix à tout.

Mais nous, ici, sommes un peu pris par une peur de rentrer chez nous une fois finies nos études, car nous ne sommes animés que par une certitude, celle que le pays ne nous appartient pas, tant on a été durant nos longues études à l’étranger dépossédé de notre fragile sens du patriotisme défendu jadis par un homme qu’on ne saurait oublier, même si le 4 Août est rayé de la liste des fêtes nationales.

Quoi qu’il en soit je réclame mon droit de vote en vertu de l’article 12 de la constitution nationale dont la suprématie ne saurait être contestée que par une mesure de même valeur c’est-à-dire constitutionnelle.

Pour faire une réserve, je reconnais la difficulté de prendre en compte toute la population burkinabè de l’extérieur, mais au moins ceux qui sont en mesure d’exprimer leur citoyenneté, qu’on leur donne leur droit de voter. On pourrait ainsi sonder l’opinion des Burkinabè de l’extérieur, qui ont quand même une autre vision de leur pays, serait-ce peut-être la bonne !
Ainsi la démocratie qui entame ces pas prometteurs au BURKINA FASO pourrait bien marcher vers la diaspora, qui d’une manière ou une autre a les mêmes droits à la citoyenneté.

Et pour finir, je m’adresserai à mes compatriotes expatriés de tous bords qu’ils ont le droit de réclamer leur droit de vote, si ce n’est un devoir de voter pour la construction civique et politique d’une Nation qui est très malade de son nationalisme. Ensemble réclamons notre droit à participer à la chose nationale c’est-à-dire la Patrie.

Nicolas ZEMANE, étudiant en Droit public au Maroc
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7 rue Al bousiri Agdal, Rabat
Royaume du Maroc
Tel : (00212) 64743227

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2005 à 18:55, par Patience, Burkinabè à Liège En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

    Cher intelligent qui fait parti de ceux qui ont reussi au bac avec mention "DIVIN", Burkinabè issu de la crème que le pays puisse produire, j’ai comme l’impression que vous êtes deconnecté des réalités de notre pays. D’abord, j’aimerais dire que ce ne sont pas ceux qui réussissent au bac avec de bons scores qui sont les plus intelligents. Il y en a qui obtiennent les epreuves, par magie (petrole) avant les autres. En plus, on peut se classer 1er au bac et rester au pays, tout depend du reseau relationnel dont ont dispose. Alors, vous avez bien le droit au vote et c’est votre devoir de le faire savoir à qui de droit, mais en toute humilité, loin du debat intellectuel que vous menez. A vous lire, il me semblerait que la meilleur facon d’etablir les listes electorales serait d’organiser un concours au droit de vote. Ce qui ne participe pas de la democratie. Il n’y a pas de demi citoyen.

    Le 2e element est que l’etablissement de ces fameuses listes pose probleme au pays. Certains parlent d’electeurs fictifs, de bourage des urnes, même avant les elections. Localement donc, des problemes majeurs se posent. Que dire donc si c’est un ambassadeur ou un consul, de surcroit nommé par le president, qui doit effectuer le recenssement des populations sous son administration sans la participation de membres de l’opposition politique et de la société civile ? Même la bonne foie, s’il en existait, demeurera suspecte. L’organisation pratique des elections necessite de gros moyens.

    Je ne partage pas tout à fait aussi votre avis selon lequel les Burkinabé manquent de patriotisme. Je pense plutot que nous sommes un peuple martyrisé, un peuple qui manque de repères. L’histoire politique est jalonnée de remous, chacun a sa date, son idole, sa vision pour le pays. Et sincerement, je ne pense pas que nous soyons reellent independants, ni politiquement, ni economiquement. La date du 5 Août est donc une poudre au yeux, à mon sens, et il n’y a rien à être fier. L’independance veritable n’est pas une simple vue de l’esprit. Laissons donc les autres celebrer leur ’independance’, et celebrons la notre au moment opportun, quand nous ne serons plus sous tutelle politique et economique.

    En definitive, mon Cher intelligent, vous semblez preferer le vote au doctorat, quand bien même les conditions pour l’alternance politique ne seront pas réunies, parce que les opposants aussi n’ont pas de propositions alternatives, mise à part le refrain desormais désuet "blaise ne doit plus être candidat". Et si vous êtes aussi decidé à jouir de votre droit, pourquoi ne pas simplement partir au pays vous faire recensser et aussi partir voter le 13 Novembre ? C’est un sacrifice financier, pas d’une vie, qui semble être à votre portée.

    • Le 17 août 2005 à 12:31 En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

      M. Nicolas ZEMANE a tout à fait le droit de réclamer qu’on l’autorise à accomplir son devoir de citoyen burkinabé. Après tout, les Maliens de l’étranger participent aux rendez-vous électoraux de leur pays d’origine ! Pourquoi cette obstination à refuser le droit de vote aux Burkinabé qui résident pour des raisons diverses à l’étranger ? Cher Patience, il est inutile de vous en prendre de cette façon à une personne qui ne fait que réclamer son droit à participer à la vie nationale. Pourquoi cette apostrophe de "cher intelligent" ? L’intelligence serait-elle un vice ? Apprenez à donner votre point de vue sans verser dans le dénigrement peu constructif. Votre argumentaire ne résiste pas une seconde à l’analyse !

      Denis Dambré, France.

      • Le 17 août 2005 à 18:28, par Patience, Burkinabè à Liège En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

        Monsieur Denis, je ne nie pas le fait que Monsieur Zemane a le droit de reclamer son droit de vote. Cependant, je sens la démagogie quand il affirme qu’il l’exige, même au prix d’une vie. De laquelle ? Du Maroc où il se trouve, c’est vraiment bien facile de prendre l’avion pour aller voter, pour quelqu’un qui est volontaire au sacrifice. Toutefois, je ne refuse pas et je n’ai aucun pouvoir de refuser que quelqu’un exprime son droit de citoyen. Je ne denigre pas M. ZEMANE (Est-ce un sobriquet ou un vrai nom de famille, toujours est-il que celui qui a vecu au pays sait ce que Ze-man veut dire dans le langage commun), mais je l’appuie dans son raisonnement puisqu’il ne semble pas se contenter de reclamer le droit de vote pour tout Burkinabè vivant à l’etranger, mais essentiellement pour les etudiants - notament ceux vivant au Maroc, les meilleurs bacheliers du pays dont lui même fait partie selon son argumentaire- et futurs dirigeants du pays. Pour le reste, j’aimerais que vous releviez les insuffisances de mon argumentaire afin de m’eclairer davantage, au lieu de vous satisfaire d’un simple "ne resiste pas une seconde à l’analyse". Je ne suis que lettrée et j’aurait aimé recevoir votre argumentaire en même temps que votre lecon de moral.

        • Le 21 août 2005 à 18:39 En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

          Si vous lisiez régulièrement les informations du site, vous auriez pu constater que j’ai publié un article sur le même sujet il y a quelques mois. C’est cela mon argumentaire. Tapez "Dambré Denis" dans Google et vous le retrouverez. Pour le reste, il est inutile de polémiquer... Je vous informe par ailleurs que le nom ZEMANE est bel et bien un nom de famille burkinabé. Le pays bissa (du côté de Tenkodogo et de Garango) en compte beaucoup.

          Denis Dambré

          • Le 22 août 2005 à 09:28, par Patience En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

            M. Dambré, je viens de relire votre point de vue quand au droit au vote des Burkinabè de l’etranger en suivant vos instructions, parce que je pense l’avoir deja lu. Croyez moi, je suis une fidele lectrice de lefaso.net. Mais si je n’ai pas reagi à votre article, c’est parce que je pense que je partage les points saillants de votre pensée :
            - Vous reclamez le droit de vote pour tout burkinabé vivant à l’etranger
            - Vous ne reclamez pas votre droit au prix d’une vie
            - Vous avez adressé votre courrier à qui de droit
            Votre analyse n’epouse donc pas, trait pour trait, l’argumentaire de M Zemané.
            Comme vous, je fais partie de ceux qui, de l’exterieur font vivre des familles au pays, paient des scolarités... et je n’en serai que ravie s’il m’etait donné de participer au choix des dirigeants du pays.
            Mais bref, j’ai eu un echange de e-mail privé avec M Zemané et je pense que nous nous comprennons mieux.

    • Le 17 août 2005 à 18:55, par Kalmi ; en France En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

      Patience, vous me décevez, votre raisonnement est celui d’un enfant de la classe de CP1. Ou tout simplement vous jouez à la malhonnêteté intellectuelle. Vous résidez en Belgique n’est-ce pas ? Lors des élections, les belges à l’étranger participent aux élections nationales oui ou non ?

      Après avoir passé quelques instants en Belgique, disons Europe, vous devrez comprendre cette réaction de Nicolas et qui de plus ne fait que revendiquer son droit de vote.

      Certes, le Burkina Faso est l’un des pays dont une grande partie de la population réside à l’extérieur, ce qui rend sans doute difficile l’établissement des listes électorales cohérentes. Mais cela n’empêche de faire un petit effort pour que ceux-ci participent aux élections.

      A vous lire, on remarque que vous êtes animés d’une mauvaise foie. Vous faites parti des fanatiques de Blaise qui nous chantent nuit et jour "On n’a pas de pétrole mais on a Blaise".

      Patience, soyez raisonnable, honnête et respectueux envers les autres et envers vous même.

      • Le 17 août 2005 à 20:21, par Patience, Burkinabè à Liège En réponse à : > Je réclame mon droit de vote

        Encore un autre savant, un erudi pour relever mon niveau de CP1, pourquoi pas de la maternelle, d’un foetus, d’un oiseau ou d’un debile mental ? Mais j’ai comme l’impression que votre intelligence vous ammene à lire ma reaction de travers. Dans mes deux précedantes reactions, j’ai bien dit que M Zemane a le droit de revendiquer son droit à la citoyenneté par le vote. Mais je ne pense pas qu’on ai besoin de sacrifier une vie pour satisfaire cette exigeance légitime. Cependant, il faut reclamer le droit de vote pour tous, loin de tout debat intellectualiste. N’oubliez pas que notre population est à plus de 80% analphabete, cette population que les illuminés veullent gouverner, c’est elle qui realisera l’alternance ou l’alternance ne sera pas.

        Je pense aussi avoir noté dans mon premier message que le pouvoir en place est illegitime et peu democratique, mais que l’opposition est aussi responsable du retard que notre pays accuse en terme d’avancée vers la democatie. Plus d’une soixantaine de partis poliques, plus de dix candidats de l’opposition pour les presidentielles, et vous qui savez etablir le QI des gens, vous penser sincerement que c’est de cette facon qu’on realise l’alternance ? Vous devex rigoler. Je ne suis un suppot de personne. Si nous etions au pays, je vous montrerais mes bulletins de salaire avec les coupures abusives dues subsequantes à la lutte du collectif avec l’affaire Norbert Zongo. Vous n’avez donc pas de lecon de patriotisme à me donner. Soyons realistes et que notre sensibilité politique ne brouille pas notre jugement

        Et ca ne fait pas serieux quand vous comparez la democratie Belge (vieille de combien d’années ?) à celle chancelante du Burkina. Aussi, nous sommes le 3e pays le pauvre du monde selon le dernier classement du PNUD, cherchez le classement de la Belgique. Et pour quelqu’un d’intelligent et qui suit l’actualité politique du continent africain comme vous, vous me faites rire quand vous comparez la democratie Burkinabe à celle malienne, beninoise, mozambicaine, namibienne...Certains ont pu assurer une transition douce avec leur passé violent, nous pas. Cherchez donc vos exemples ailleurs.

        Le dernier que j’aimerais relever est que c’est facile de taxer n’importe qui de pro X ou Y. Mais j’aimerais souligner que la democratie et l’alternance ne se construisent pas uniquement pendant les elections. C’est une quete perpetuelle et malheureusement, l’opposition attend qu’on lui serve le pouvoir sur un plateau doré. C’est de la politique fiction.

  • Le 19 août 2005 à 13:54 En réponse à : A Patience de Lièges

    Je suis Zémané Nicolas auteur de l’article qui n’a pas recolté votre assentiment. Je me dois de vous avertir que je n’ai en aucun cas eu besoin de frustrer qui que ce soit encore moins une personne aussi pertinente que vous, si vous comprenez assez mon message.
    Toutefois suite à vos réactions enchaînées j’ai quelques points à souligner.
    Primo, la manière dont vous avez dénigré mon nom de famille ne m’a pas du tout plu, et je vous somme de ne plus jamais avoir de propos sur un nom de famille quel qu’il soit sans en connaitre ni la prononciation exacte ni sa signification. Et dire que ce nom a une signification en mooré n’est pas du tout à votre honneur. En tout sans trop de rancune je voudrais juste rectifier cette bavure venant de vous, chère Patience.
    Ensuite, l’excellence des étudiants du Maroc dont je parle dans mon article n’enlève en rien le fait qu’il y a des étudiants tout aussi intélignets au Burkina et ailleurs dont la Belgique. Mais cela reste une réalité que la bourse marocaine est basée sur un système de mérite prouvé. Il est certain qu’il y a des déraillements à ce système, mais croyez moi chère jeune fille, il n’en reste pas moins un système de meilleurs au Bac.
    Aussi, je me suis senti un peu malcompris par vous quand vous me demander de me payer un billet d’avion et de ce pas le 13 novembre je pourrai voter. Croyez moi ou non je ne suis pas de ceux qui peuvent se permettre des billets d’avion quand on veut, et pour votre gouverne je vis avec ma bourse que mon pays m’a offerte. Sinon, l’idée est bonne et sachez que si je disposais d’une telle somme je saurai quoi faire avec. Mon article en effet s’adresse aux dirigeants pour sauver des gens comme vous et moi qui sommes dépourvus de civisme, permettez moi.
    Enfin, jje vous suis toute ouie si vous voulez bien qu’on en discute entre nous, chère Patience.
    Je vous laisse mon mail : nickzem@yahoo.fr

    • Le 19 août 2005 à 20:38, par Patience, Burkinabè à Liège En réponse à : > A M. Nicolas Zemané

      Je dois d’abord m’excuser pour le tort que je vous ai fait en interpretant mal votre nom de famille. Tous mes sinceres regrets. J’affirmais cependant que je n’etais que lettrée, et je traine de ce fait beaucoup de lacunes. En outre, j’aimerais souligner que même l’ethnologue ou l’historien burkinabè le plus averti ne peut se venter, sans risques de se tromper, de connaitre de facon certaine les origines, l’histoire et la signification de tous les noms de famille des ethnies du pays. Je ne pense pas qu’il existe un repertoire exaustif dans ce domaine. Mon ignorance est donc peut-etre justifiable et j’ose croire que vous accepterez l’expression de mes profonds regrets. Toutefois, vos avocats ont aussi à repondre, ne serait-ce qu’en partie, de ce debordement.

      Venant au contenu de votre lettre, je ne veux point discuter les conditions d’octroi de bourses au Maroc. J’en ai aucun interet et j’ignore jusqu’à la plus elementaire des modalités. Etallez votre connaissance sur les conditions d’obtention d’une bourse d’etude dans le royaume cherifien que je n’en serai que reconnaissante, parcque que j’en profiterai pour m’informer. Libre aussi à quiconque de se dire excellent. Ce ne serait qu’une opinion.Mais ce qui me surprend dans votre analyse, c’est quand vous faites une sorte d’amalgamme entre l’intelligence et le droit de vote. Là je ne vous suis pas du tout. Dans le monde en developpement, les pseudo-intellectuels sont les vrais ennemis des peuples, les vrais fossoyeurs des nations. Ils sont generalement imbus de leur personne et de leur personnalité, ils ont une connaissance trop theorique et livresque de l’organisation et de la vie en societé, et leur combat se resume le plus souvant en leur propre moi. Le bas peuple devient la courte echelle qu’ils doivent gravir pour satisfaire leur ego. Jetez un petit coup au dela de notre frontiere ouest, et voyez ce que fait le regime des "professeurs d’université", les refondateurs de la Cote d’Ivoire. Ils ont certe un peu raison parque que leur pays a ete attaqué, mais ils donnent dans la demesure. L’université devient une jungle, le debat intellectuel devient un combat de gladiateurs où tous les coups sont permis, et le peuple pris en otage pour satisfaire des desseins bassement personnels. La fin justifie les moyens. Camus s’interrogait : "qu’est-ce qui justifie la fin ?".

      Comprenez donc que j’ai une aversion maladive de ceux qui se disent intellectuels. A mon sens, l’intelligence ne se proclame pas, elle se manifeste par des actions concretes et constructives. Par contre, ceux qui se disent souvent intelligents prennent les autres pour des tarés, et bonjour les derives. Je suis d’accord que tout le monde, qu’on soit à l’interieur ou à l’exterieur de pays, doit pouvoir s’exprimer par les urnes et elire le president de son choix. Mais ne pensez vous pas que c’est un peu trop fort quand vous reclamez votre droit - legitime - au prix d’une vie ? C’est à ce niveau que je vous suggere d’aller voter au pays, etant donné que la possibilité de le faire dans votre lieu de residence n’est pas encore effective, surtout pas pour les elections du 13 novembre prochain. La vie est sacrée, et même la votre ne vous appartient pas et vous ne pouvez ni ne devez la vendre. Par contre, votre argent durement acquis est à vous et vous etes en droit de l’utiliser comme bon vous semble, au prix de vous serrer la ceinture pour couvrir les mois, mais avec le sentiment du devoir et du droit accompli. Je n’insinue pas que vous avez de l’argent à dilapider, à faire le mecenat.

      En definitive, je pense avoir bien compris que votre analyse s’adresse aux decideurs, aux gouvernants. Mais dès l’entame (au premier paragraphe), vous semblez leur donner l’occasion de ne pas vous prendre au serieux. Depuis le Maroc òu vous residez, quelle vie pouvez vous menacer, à moins que ce ne soit la votre ? Et même bien conscients que vous avez l’innocence et peut-être la docilité d’un agneau, tout sentiments qui ne cadrent pas avec les pensées des seigneurs du moment sont des pretextes pour evoquer la raison d’etat (surtout avec l’insecurité gallopante au pays) et à court-circuiter la democratie. Prenons donc garde à ce que nos bonnes intentions ne nous desservent pas.

      En ce qui concerne la celebration de l’independance, je pense vous avoir compris aussi. Seulement, j’estime qu’il est plus economique de ne pas la celebrer avec faste parcqu’en realité, independants, nous ne le sommes pas. Politiquement, nos dirigeants nous sont imposés. Le colon est toujours là. Tans pis pour le bas peuple s’il meurt de faim ou de maladies curables. Tant que les maitres du dehors seront satisfaits, les maitres de dedans seront toujours là. Economiquement, nous sommes sous perfusion comme l’a chanté l’autre rastaman. De vraies celebrations seront encore des occasions toutes trouvées pour operer des detournements de deniers publiques (qui pourraient etre investis dans le social). Nous pourrons celebrer notre independance quand les conditions de justice, de respect des droits de l’homme, de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion du gateau publique seront bien reunies.
      Je promets vous envoyer un courrier electronique.

      Tres Fraternelement.

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