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RDA - ODP/MT à Bobo-Dioulasso : la part de vérité d’Aminata Traoré

Publié le jeudi 11 août 2005 à 08h08min

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Nous avons reçu un écrit de Mme Traoré Ami sous forme de témoignage sur un pan de l’histoire du RDA et de l’ODP/MT à Bobo-Dioulasso. Ecrit dans lequel elle affirme détenir une certaine vérité. Publier ou ne pas publier ? Dans ce dilemme Shakespearien face au témoignage de Mme Amina Traoré, la rédaction de Sidwaya a tranché. Il faut publier. Nous vous donnons, à lire ce témoignage mi-pathétique, mi-historique en espérant que chacun pourra tirer le maximum d’enseignements.

Je m’appelle Mme Traoré née Ami Traoré, ressortissante de Banfora. Je suis la fille de Traoré Issa et mon grand-père se nomme Traoré Kariba. Il était chef du service d’agriculture à Saria dans la province du Boulkiemdé. En ce moment, c’était l’AOF (Afrique occidentale française). Il avait une grande renommée et les ressortissants du village et même ceux d’ailleurs venaient demander conseil auprès de lui.

Il fut affecté à ses débuts à Ségou (Mali) pour apprendre la maîtrise de la charrue aux agriculteurs maliens. C’est là qu’il épousa ma grand-mère. Il a été réaffecté à Saria en 1905. C’est là que mon père naquit en 1909. Il était fils unique de ses parents. Mon père choisit d’être monogame avec l’ambition de mieux éduquer ses enfants et ses petits-enfants.

Après de longues études, il fut docteur vétérinaire. De retour de ses études, il constata qu’un des fondateurs du RDA a détourné sa fiancée. Cela l’a beaucoup marqué. Il décide alors de se joindre à Nazi Bony pour créer le PRA (Parti progressiste africain). Je n’ai pas adhéré au parti de mon père. Par contre en 1969, grâce à Amadou Diakité, un beau frère, j’ai adhéré au RDA. En 1970, j’ai été représentante de la jeunesse RDA à Bobo-Dioulasso et j’ai battu campagne pour Lamizana à l’époque.

Il y avait le jumelage du PRA et du RDA. Mon père m’a dit qu’il ne sera jamais membre du RDA. J’ai alors voulu comprendre sa position. Un jour, il me fit asseoir dans son salon très tard dans la nuit et durant de longues heures, pour m’expliquer ce qui lui arriva avec les fondateurs du RDA à Banfora. C’était cette affaire de fiancée qui le rongeait toujours.

A l’issue de son récit, il me demanda de le venger si j’étais réellement de son sang. Qu’importe le moment, pourvu que j’arrive à le faire même s’il n’est plus de ce monde. Mais il a souhaité que je reste au sein du RDA pour le faire. Je pris bonne note et j’attendais une opportunité.

En 1991, lorsque j’ai été approchée par certains responsables de l’ODP/MT de Bobo, j’ai aussitôt pensé à la vengeance de mon père. Mon idée était toute simple : scinder le RDA au profit de l’ODP/MT. De concert avec ceux qui m’ont contactée, nous avons pu convaincre mon beau-frère Amadou Diakité (paix à son âme), un dirigeant du RDA à épouser cette idée. La réunion s’est tenue à son domicile. Il a affirmé à cette occasion qu’ils auront toujours besoin de moi pour convaincre les autres vieux responsables du RDA. Imbue de cette confiance et surtout de la volonté de venger mon père, je me suis mise au travail pour battre campagne. Ma politique a bien réussi même dans les campagnes à cause de la grande renommée de mon père. Au cours de nos tournées plusieurs cadeaux ont été remis à Amadou Diakité et à ses compagnons. Je n’ai jamais demandé quelque chose en contre- partie de mon engagement et les responsables de l’ODP/MT également ne m’ont jamais posé la question à savoir pourquoi. Mon attitude se justifiait par le fait que je voulais venger mon père. Je crois avoir réussi.

Après 14 ans de silence, j’ai cru bon de vous dire la vérité. Je ne suis pas malheureuse, j’ai obtenu un héritage de mon père qui m’a permis de faire ma campagne sans jamais solliciter un quelconque fonds.

Je ne puis terminer mon propos sans parler de la situation politique actuelle en tant que politicienne. Je crois sincèrement qu’il faut féliciter le président Blaise Compaoré car, grâce à lui la paix règne aujourd’hui sur le Burkina Faso. Il s’investit énormément pour les causes nobles et pour le bonheur de son peuple. Mais les gens ne savent pas toujours le lui rendre. Il est souvent payé en monnaie de singe et c’est dommage.

Il a su honorer les chefs coutumiers aussi bien que les anciens présidents. L’hommage rendu au président Lamizana à son décès, m’a beaucoup édifié.

Je lui souhaite de bons conseillers. Moi aussi je m’investirai à le soutenir dans sa politique. Et s’il plaît à Dieu il obtiendra les élections de novembre 2005.

Aminata TRAORE
70 - 23 - 22 - 32
76 - 64 - 83 - 31

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