LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Les élucubrations de Toégui : "On serait plus heureux au Faso"

Publié le mercredi 10 août 2005 à 08h05min

PARTAGER :                          

Après quelques mois de silence-radio, notre ami Charles nous revient. Ça devait sans doute être plus fort que lui, vu le matériau particulièrement riche qu’offre le paysage politique burkinabè en cette période de pré campagne pour la présidentielle du 13 novembre 2005. Tout le monde y passe.

Ceux qui ont été achetés, mais ne veulent pas entendre dire qu’ils sont des vendus ; ceux qui ont empoché, mais prétendent n’avoir pas pris ; les ABC qui ne sont pas du CDP ; la nouvelle épouse de Blaise Compaoré...

"Si ça continue, un de ces quatre matins, je vais m’auto-expulser. Me délocaliser. Quitter ce Faso aux 8000 politiciens et aller voir ailleurs, dans un pays où les politiciens seraient interdits de séjour. Peut-être bien au Bungawa chez Kuku Wazabanga.

C’est que j’ai de plus en plus de mal à cohabiter avec les travailleurs de la politique ici au Faso et si vous m’écoutiez, on se mettrait d’accord pour les bouter hors de chez nous. En même temps que la polio. Qu’ils aillent faire de la politique sous d’autres cieux. Parce que ces politiciens du Faso, ils croient que nous les pauvres électeurs, nous buvons l’eau par les narines et sommes dépourvus du moindre esprit de discernement. Il suffit d’observer leur comportement et d’écouter leurs discours. Que de sornettes et de propos à dormir debout.

Tout dernièrement, ce sont Laurent BADO et Emile PARE qui sont montés au créneau avec des déclarations des plus équivoques. L’un nous dit : « Oui j’ai été acheté, mais gare à celui qui dira que je suis vendu ». L’autre réplique : « Moi, c’est vrai j’ai empoché, mais je n’ai pas pris... ». Comprenne qui peut. C’est aussi comme ceux de l’UNION POUR LA REPUBLIQUE (UPR), ce regroupement dont la spécificité est que tous les chefs sont des transfuges.

C’est-à-dire que chacun d’eux a émigré d’un premier parti. A la clôture de leur congrès le 4 juin au CBC, le Président, le très distingué député Toussaint Abel COULIBALY, qui tenta jadis un putsch inélégant sur l’APL de Joséphine TAMBOURA, a déclaré : « ... à l’UPR, un pied dedans, un pied dehors, c’est dehors ! ».

Faux, monsieur le Président ! Moi Toégui je peux vous le dire : un pied dedans, un pied dehors, ce n’est pas dehors. Car, un pied dedans, un pied dehors, c’est dedans ; sinon avec votre raisonnement, monsieur le député, à la cérémonie d’intronisation de Harouna DICKO comme 7e Président du Faso et successeur de Blaise COMPAORE, si à cette fête on vous offrait un canari de dolo à moitié plein, vous seriez bien capable de dire qu’il est a moitié vide.

Les ABC non CDP

Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Voyons. Vous savez que dans le système, il y a un anachronisme qui fait qu’il y a des ABC qui ne sont point CDP. Il en est ainsi de Soumane TOURE dont on ne peut pas dire qu’il soit ami-ami avec le parti de Roch KABORE, mais qui a pourtant des atomes crochus avec Blaise COMPAORE au point d’avoir acheté la bataille de la Conférence nationale souveraine en 1991. Alors, où situez-vous Soumane ?

Dehors ou dedans ? Et Cyrille GOUNGOUNGA ? Il a tout de l’ABC parfait. Cela ne l’a pas empêché de claquer la porte au CDP pour entrer en mission commandée au RDA (ne parlons pas de tauperie comme disent les El KABOR de OUAGA). Alors, où mettriez-vous Cyrille GOUNGOUNGA ? Dehors ou dedans ? Et monsieur Demba Paul FOFANA et son site WWW.GWASIGHI.BF. Pensez-vous qu’il soit dehors ?

D’une façon générale, à quelle place mettez-vous la CNPP-GWASIGHI (Bouillons la marmite) ? le GDR-GWASIGHI ? L’UDS-GWASIGHI ? le GDR-GWASIGHI ? Admettez donc, monsieur le Président, qu’un pied dehors ce n’est pas dehors. C’est dedans.

Bienvenue à Harouna DICKO dans le club des Présidentiables. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce Harouna DICKO, il a du caractère. Sitôt entré dans l’arène politique, qu’il ne vise rien d’autre que le Saint des Saints : le nouveau palais présidentiel de Ouaga 2000. Pas de round d’observation. Les étapes de délégué de village, de conseiller municipal, de maire rural ou de député, ce n’est pas pour les politiciens bien nés.

Mahama SAWADOGO et ses amis n’ont qu’à bien se tenir pour ne pas être surpris le lendemain du 13 novembre, car ils pourraient voir leur candidat coiffé au poteau par celui qu’ils considèrent comme le tocard des tocards. Harouna DICKO part en effet avec plusieurs cartes dans sa manche. Il a l’attrait du neuf avec lui et n’étant pas connu, il n’a pas d’ennemi juré.

Et puis, les amis de Mahama SAWADOGO ont-ils pensé à ce scénario ? D’un commun accord et dans un esprit de solidarité, tous les chômeurs du Faso décidant de donner leur voix au candidat DICKO ? Qui, mieux qu’un chômeur, connaît la galère des chômeurs ?

Je vais laisser la place à Bado

Il y a candidat et candidat ! Nous verrons bien. Mais pour l’instant, nous ne connaissons pas le candidat des amis de Mahama. Nous savons seulement qu’il y a un candidat investi, désigné, pressenti, mais point de candidat déclaré !

Tiens ! Tiens ! Et si au dernier moment Blaise COMPAORE surprenait son monde en déclinant l’offre du CDP, obligeant ce parti à se trouver dans l’urgence un autre Enfant Terrible, tout en sachant que n’est pas Enfant Terrible qui veut ?

Un beau matin, Blaise ferait venir à Ziniaré tous les chefs-marcheurs et leur tiendrait ce langage : « Voilà, les gars, contrairement à ce que j’avais dit, maintenant je suis fatigué... Je suis même au bout du rouleau. Et puis à la vérité, le Burkina Faso se trouve à la croisée des chemins...

Je ne sais plus d’où je viens et où je vais. Il faut que vous le sachiez aussi, mon Programme de Large Rassemblement, je l’avais piqué dans le Tercérisme de Laurent BADO. D’ailleurs, j’ai l’intention de laisser la place à Laurent BADO. C’est le meilleur d’entre nous ».

Avez-vous lu les derniers propos de Laurent BADO avec Joël TOURE dans « l’Indépendant » ? Ecoutez-moi. Quand j’écris, ce n’est pas pour vous angoisser, mais dans la République, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui n’a plus toute sa tête.

Et si jamais au lendemain du 13 novembre le ciel nous tombait dessus, ce serait la faute aux ABC, tous poils confondus, qui ont pris l’initiative unilatérale de mettre fin brusquement aux marches de soutien alors qu’ils n’avaient pas encore obtenu l’accord formel de leur héros.

Sevrant du même coup les téléspectateurs de cette séquence succulente de 20 H 15. Que les JT de Benjamine DOAMBA sont insipides quand il n’y a pas au menu des marches de soutien à la candidature, des finales de coupe de foot-ball à Boins-yaaré, des distributions de céréales.

Si Blaise COMPAORE garde toujours le silence sur ses intentions, sans doute estime-t-il que les ABC n’ont pas suffisamment marché. Les ABC, ils auraient dû marcher, marcher et encore marcher. Jusqu’à ce que Blaise COMPAORE donne son accord dans la forme qui lui plairait. Avec solennité face à Pascal Yembouani THIOMBIANO et Ousséni ILBOUDO ou au détour d’un entretien matinal avec Christophe BOIS BOUVIER.

Alors c’est entendu les ABC, tanti et tantinettes, ce que vous avez fait jusque-là, « c’est bien mais c’est pas arrivé ». Il faut donc vous remettre à l’ouvrage. Allez ! Au macadam ! Et veillez à ce que les ouvriers de la 25e heure se secouent davantage.

On ne les a pas suffisamment vus sur le bitume. Le Président Mamadou SIMPORE par exemple, celui qui a donné la CNPP/PSD au CDP, que fait-il pour manifester son allégeance à son ancien nouveau parti ? Pas vu à la TNB offrant une coupe de foot-ball. Pas vu distribuant du sorgho dans le Sanmatenga. Pas vu dans les écoles remettant des fournitures. Idem pour Anatole KIENDREBEOGO. TOE Yado. Pierre TAPSOBA ( ex-Tshisekedi ?).

Ils sont beaucoup, comme dirait missié Goama, dont la visibilité laisse à désirer. Au charbon, messieurs. Faut mouiller le maillot. Avoir les deux pieds dedans. Sinon, aux législatives à venir, on pourrait en tenir compte. Voyez donc le Député Mahama SAWADOGO qui est d’un dévouement à toute épreuve. Ayant réponse à tout, quand il n’est pas au four, c’est qu’il est au moulin ! Et il vaut mieux s’attaquer au Député Mahama qu’au CDP.

Ha ! Ha ! Hi ! Hi ! La vice-présidence de l’Assemblée nationale valait-elle bien cette OPA ? Et si c’était à refaire ?

L’ADF-RDA, nouvelle épouse de Blaise Compaoré

Pour l’heure, tout le pays attend la déclaration de candidature de Blaise COMPAORE. Elle tarde à venir. Il y a tout de même un indice qui porte à l’optimisme (ou au pessimisme). Lorsqu’à l’issue de son historique Congrès, l’ADF-RDA a choisi de rendre visite à tous les candidats déclarés de la présidentielle, la délégation a bien été reçue par l’Enfant Terrible de Ziniaré.

On peut donc en déduire que si Blaise COMPAORE avait l’intention de laisser Laurent BADO pendre la crémaillère au nouveau palais de Ouaga 2000, il n’aurait pas sacrifié à un tel protocole. Qui n’a vu cette couverture flamboyante de SIDWAYA : le staff de l’ADF-RDA entourant Blaise COMPAORE ? Gilbert OUEDRAOGO à droite du Président, Cyrille GOUNGOUNGA immédiatement à sa gauche.

Blaise avait l’air réjoui, mais Cyrille GOUNGOUNGA avait l’air encore plus réjoui. Le député TAMBOURA en retrait, comme si de rien n’était. Cérémonial d’introduction : « Voici l’équipe au complet monsieur le Président. Comme promis, je vous les apporte pieds et points liés.

Il y a bien eu quelques velléités de résistance, mais un petit tour chez Madame K. à Pissy et tout est vite rentré dans l’ordre. On s’était d’abord déportés au Jardin du Maire, près de la Place des Nations unies, mais j’y ai aperçu à temps Laurent BADO et Emile PARE qui s’entre-hurlaient. Chez Madame K. la brochette est succulente, la bière toujours conditionnée. Et, ce qui ne gâte rien, en ce lieu il est toujours 17 h 59 ».

Cyrille GOUNGOUNGA est un homme intelligent. C’est même un homme très intelligent qui a son nom en lettres d’or au tableau d’honneur du Iycée ZINDA. Cependant, il a ce défaut qu’ont tous les hommes intelligents : il ignore que ceux qui ne sont pas intelligents ont un minimum d’intelligence. Ici au Faso, nous sommes habitués à voir un politicien quitter son parti pour un autre. Mais on n’a jamais parlé de tauperie.

L’ADF-RDA nouvelle épouse de Blaise COMPAORE. A qui profite l’idylle ? Les gens de Ouaga ont vite fait de jeter la pierre à Gilbert OUEDRAOGO, allant même jusqu’à affirmer qu’il a compromis son avenir politique. Et si contrairement à ces analyses, après avoir fait main basse sur l’ADF, Gilbert venait de réaliser son deuxième coup fumant ?

Ayant examiné froidement la situation, Gilbert est sans doute arrivé à la conclusion qu’il était insensé de cogner sa tête contre celle d’un Enfant Terrible dont la particularité est de n’avoir cure des autres enfants terribles. Et qui a la phobie des chefs de terre et... des danseurs émérites de balafon.

N’est-ce pas la meilleure stratégie quand le Duché lui-même est en train d’échapper à la dynastie avec l’irruption, dans le fief, d’un "tueur" (n’oubliez pas les guillemets je vous en supplie) du nom de Salif DIALLO qui, dans le feu de l’action, donne à la fois coups de poing et coups de pied, coups de coude et coups de tête ? SHOOT TO KILL. Il n’y a pas de fils de Duc qui tienne.

Sa dernière victime selon radio-Pissy FM serait le "Soleil de Zula". A sa façon, Salif DIALLO est presqu’un autre Enfant Terrible. Mais quand la bataille intra-CDP a éclaté dans le Zondoma et que j’ai lu dans la presse qu’elle mettait aux prises Salif DIALLO et le beau-père, je me suis écrié : « Ciel ! On a jeté un sort à Salif DIALLO. Il est devenu fou ».

Certains aiment le gombo comme les écureuils le karité

Revenons à Gilbert OUEDRAOGO. Même si l’héritier du Duc de Yatenga est un poussin d’hivernage en politique, il n’est pas né de la dernière pluie. Mis sur orbite il y a peu de temps il sait qu’il n’a pas encore la main pour affronter la jungle politique. Il sait qu’à ce stade de sa nouvelle carrière il n’est encore que le fils de son père et que ce dont il a besoin maintenant c’est de se forger un prénom tout en tirant profit du prestige et des réseaux de son géniteur.

Et pour cela, il lui faudrait encore plusieurs années de fonctions ministérielles qui ne peuvent être obtenues qu’en composant avec le pouvoir de Blaise COMPAORE. Gilbert OUEDRAOGO est dans la situation d’Hermann YAMEOGO au début de l’ouverture démocratique. De fils du Président Maurice YAMEOGO, il a fallu lutter pour devenir Hermann tout simplement.

Pour y parvenir, que de gouvernements consensuels, de gouvernements protocolaires, de ministères d’Etat et d’épousailles pour aboutir finalement à ce divorce fracassant d’avec Blaise COMPAORE. A présent, le nom Hermann YAMEOGO est presqu’aussi célèbre que celui de Blaise COMPAORE. La mayonnaise a donc pris. Peut-être même un peu trop.

On a parfois envie de regretter ce qui est advenu à l’ADF-RDA. N’eût été le choc des ambitions et l’éternel problème des « numéros », le duo Hermann-Gilbert aurait pu faire mal dans la jungle politique. Tous deux sont des maîtres de la parole. Tout-petits, tous deux ont toujours eu la politique à la maison. Comme dirait je ne sais plus quel fabricant de bâtonnets, 1 ADN + 1ADN = 2 ADN.

Avec l’ADF-RDA qui vient augmenter le nombre de ses épouses, c’est Blaise COMPAORE qui va avoir un dilemme au moment de former son gouvernement d’après 13 Novembre. Il y aura certes beaucoup d’appelés, mais combien seront-ils élus ?

D’ores et déjà, I’ADF-RDA est assuré d’un minimum de cinq maroquins : Cyrille, Tamboura, Saboteur, Gilbert lui-même et Sayouba TRAORE (1 bâtonnet + 1 bâtonnet = 2 bâtonnets). L’UPR, le parti des transfuges, pourrait décrocher deux portefeuilles ; la même chose pour les Ecolos qui commencent à être aussi nombreux que les Sankaristes.

Le problème avec nos Ecolos c’est qu’ils ne crachent pas sur le porc au four, le mouton au four et toutes les viandes de brousse, ce qui est contraire à la doctrine écologiste. Et ce n’est pas fini. Il faudra aussi quelques ministères aux ouvriers de la 25e heure : la CNPP/PSD/GWASIGHI et les autres GWASIGHI (bouillons la marmite).

Comme on le voit, c’est le CDP, I’épouse légitime, qui risque de payer le prix des nouvelles amours de Blaise COMPAORE. Et ce serait bien fait pour ce parti dont les barons soignent leur allure, de crainte que l’on ne dise qu’ils ont la stature de chef de terre... ou de danseur émérite de goumbé. C’est vrai, entre le pays de Nicolas SARKOZY et celui de Toégui, il y a un océan. Et tout le monde n’a pas l’âme d’un Idrissa SECK.

Au diable, la politique et les politiciens. En cette saison, mes écureuils du Parc Bangr-Weogho sont à la fête. Les karités sont gros et bien charnus. Les écureuils aiment le karité comme d’autres hommes aiment le gombo frais. J’adore mes écureuils et c’est pourquoi je fais la mise en garde qui suit.

Gare au maire intelligent qui aura l’idée de lotir le Parc Bangr-Weogbo pour en faire un projet ZACA. Malheur à lui. J’irais me plaindre à mon grand-frère Basile GUISSOU, qui prendrait son long fusil pour venir lui tirer dessus, PAW ! Et le tuer. Et si Basile traîne les pieds ou s’il me dit « Toégui, je ne peux pas tirer sur un ancien camarade », alors je me transformerai en Enfant Terrible pour sauver mes écureuils. Je peux le faire. Ce n’est pas si difficile d’être un Enfant Terrible. On ne naît pas Enfant Terrible. On le devient.

Charles GUIBO
Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance