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Crise ivoirienne : La médiation sud-africaine entachée

Publié le mardi 9 août 2005 à 07h26min

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Thabo Mbeki, le président sud-africain et médiateur en chef de la crise ivoirienne vient de prendre une position qui influencera à coup sûr la suite du processus de sortie de crise.

En jugeant bonnes les lois prises par Laurent Gbagbo, il prend ouvertement le parti du camp gouvernemental et se met à dos l’opposition politique et armée. Car ces lois, prises dans des conditions suspectes et sur lesquelles un voile a plané pendant longtemps, ne font pas du tout l’unanimité. Elles sont rejetées à la fois par les partis membres du G7 et par les Forces nouvelles.

Les divergences achoppent notamment sur la décision du pouvoir de confier la gestion du recensement électoral à l’INS (Institut national des statistiques) en lieu et place de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Les différents acteurs de l’échiquier politique ivoirien se connaissent. C’est pourquoi les tiraillements autour de l’instance chargée du recensement sont compréhensibles.

Une élection se gagne ou se perd, sous nos tropiques, dès les listes électorales. Gbagbo donne l’impression, par son refus de tout compromis sur cette question, de vouloir contrôler et pourquoi pas avoir la haute main sur ce segment essentiel des élections. Il évoque, pour sa défense, le fait que les recensements en vue des élections ont toujours été réalisés par l’INS.

Certes. Mais les contextes ont changé. L’ère houphouetiste du parti unique et de la paix sociale n’a rien à voir avec celle chaotique de Gbagbo. La demande démocratique et la soif de paix sont plus qu’un impératif aujourd’hui, de sorte que le comportement de la classe politique et le fonctionnement des institutions doivent s’y adapter.

Les commissions électorales indépendantes sont, un peu partout en Afrique de l’ouest, des instances qui font l’unanimité et auxquelles la plupart des acteurs politiques et de la société civile s’identifient. Alors, pourquoi s’arc-bouter sur un passé révolu, surtout pour un chef d’Etat progressiste, si ce n’est en raison de desseins inavoués ?

Difficile, en effet, de croire en la bonne foi de Gbagbo. Quand un chef d’Etat viole les directives de l’ONU (cas de l’embargo militaire), organise de faux complots et renie en permanence sa parole, on ne peut que se méfier de lui, tel d’une vipère. Et c’est la posture de l’opposition ivoirienne. Mais le plus inquiétant, ce ne sont plus tant les manoeuvres dilatoires de Gbagbo que l’attitude visiblement partisane du médiateur Mbeki.

Comment accorder le bénéfice du doute au président sud-africain quand, au moment où il se fait bien doux avec Gbagbo, on apprend que l’Afrique du Sud a vendu des armes à Abidjan ? Voici la tache supplémentaire (en plus d’autres motifs de suspicion) qui vient jeter le discrédit sur l’action diplomatique de Mbeki.

L’opposition et les Forces nouvelles, en faisant chorus contre les bénédictions accordées aux textes promulgués par le président ivoirien, remettent ainsi en cause, ouvertement, le médiateur qu’elles avaient respecté jusqu’à présent. Mbeki peut, très difficilement expliquer comment, en sa qualité de médiateur, son pays est en même le violeur de l’embargo, au profit d’une des parties prenantes à la crise.

Même s’il s’avérait que ces armes proviennent de marchands privés, la responsabilité de l’Etat sud-africain ne peut être occultée dans le trafic constaté. Et cette obscure affaire est de nature à renforcer l’opposition ivoirienne dans sa conviction que Mbeki s’emberlificote avec Gbagbo, Qui sait si, effectivement, les deux hommes, ayant trouvé des atomes crochus, ne s’avisent de faire un deal sur le dos des ivoiriens ?

Mais un tel scénario, qui n’aurait pas l’assentiment des autres protagonistes, est certainement voué à l’échec. Pire, il est porteur de risques car ne pouvant que déboucher sur un nouveau film d’horreur. C’est pourquoi il urge d’accompagner Mbeki en l’aidant à éviter certains pièges. Une élection mal organisée ne peut que porter les germes d’une nouvelle explosion socio-politique.

Pour rétablir la confiance sur les bords de la lagune Ebrié, la communauté internationale doit entrer de plain-pied dans le processus. Et c’est maintenant qu’elle doit envisager un scénario, pour le cas où l’élection présidentielle ne se tiendrait pas à la date du 30 octobre. Pourquoi pas mettre le pays sous tutelle onusienne, le temps d’organiser une élection crédible ? En tout cas, le temps presse et il y a de quoi s’étonner de ce silence persistant de l’ONU.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2005 à 16:04 En réponse à : > Crise ivoirienne : La médiation sud-africaine entachée

    Votre position contre GBAGBO ne surprend personne puisque nous savons tous clairement aujourd’hui que le BURKINA a joué et continue de jouer un grand role dans la crise ivoirienne (en apportant gite et couvert et appuis logistique et .... aux rebelles, la bande à Soro) mais sachez une chose, vous vous etes foutu le doigt dans l’oeil
    parceque le Burkina et son putchiste de Président assassin et meurtier de son prédecesseur va dans quelques temps payer pour tout cela, je vous le dis de source concordante, preparez vous, car le nettoyage de la zone rebelle s’étendra au nettoyage de tous ses soutients
    à bon attendeur salut
    Mike
    Abidjan

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