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<I>Droit dans les yeux</I> : des choses bizarres

Publié le mardi 9 août 2005 à 07h16min

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Dans cet écrit, le Père F. Balemans, égrène des faits "bizarres" qui sont, selon lui, des obstacles au développement.

1. Il y a des gens qui se sont plaint parce qu’ils n’avaient pas obtenu la parcelle qu’ils demandaient, alors qu’ils ne remplissaient pas les conditions ("Le Pays" du 12/5/05). C’est bizarre qu’ils se plaignent.

2. Un salarié se plaint qu’il n’ait pas davantage d’augmentation de salaire. Il ne gagne que 80 000 (quatre-vingts mille) francs par mois et il ne peut pas
vivre avec ce salaire. Que doivent faire les 98% de ménages qui n’ont pas ce revenu ? Le monsieur veut plus d’augmentation de salaire, mais cela doit être payé par tout le monde et aussi par les 98% de ménages qui n’ont pas son revenu. C’est bizarre que ce monsieur ne comprenne rien de la situation de son pays.

3. L’Amérique menace les pays qui veulent se procurer des bombes atomiques. C’est bizarre parce qu’en même temps, elle renouvelle et élargit son arsenal nucléaire ; l’Amérique est le seul pays qui ait employé la bombe atomique et l’Amérique est le seul pays qui ait menacé d’employer la bombe atomique après l’attaque du 11 septembre 2002.

4. Les 23 et 24 mars 2005, à Waco au Texas, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont conclu l’ALEMA pour un libre échange plus poussé au détriment des pauvres, surtout au Mexique, mais ils ont aussi discuté sur comment faire face au libre échange avec la Chine et les Indes. Deux poids deux mesures. Bizarre, n’est-ce pas ?

5. La pauvreté tue toutes les semaines autant de personnes que le Tsunami. Pourquoi tant de différence d’attitude ? Bizarre !

6. A Koudougou, on a érigé une statue pour Maurice Yaméogo qui a tellement mal gouverné que le peuple l’a destitué.
Il avait accumulé pas mal de richesses et a construit son propre palais. Le moins qu’on puisse dire, c’est que tout cet argent n’a pas été employé pour le bien du pays, mais rien n’a été confisqué. Bizarre ! Je constate que deux de ses fils ont fondé chacun un parti politique, et qu’au moins, l’un d’eux voyage beaucoup. Même si un député touche plus d’un million par mois, il faut avoir encore d’autres revenus pour voyager ainsi. Bizarre !

7. Durant des mois, on a vu à Ouagadougou, Kadhafi et Compaoré sur de grandes affiches : qu’ils soient amis, c’est normal : qui se ressemble, s’assemble. Quand même, il est un peu fort que Kadhafi se fasse exposer jusqu’à ce point. Bizarre ! L’argent ne pue pas.

8. Il y a encore des candidats à la présidence qui semblent penser qu’ils ont une ombre de chance de gagner contre Monsieur Blaise Compaoré. Bizarre !

"Un rapport de plus dans le tiroir d’un ministre"

9. Le Guide libyen a été fait Docteur Honoris Causa à l’université de Ouagadougou. Bizarre : tout semble négociable et à vendre.

10. Il y a encore des gens qui demandent au président Blaise Compaoré de se présenter pour la présidentielle. Bizarre, car il a lui-même déjà dit dans une interview que si Dieu lui accorde la vie, il pouvait être président jusqu’à son soixante-cinquième anniversaire : donc encore dix ans.

11. Un "groupe d’opérateurs économiques pour la candidature de Blaise Compaoré" déclarait que le peuple burkinabè n’a qu’à suivre l’exemple des Américains qui ont choisi Bush pour un nouveau mandat. (pas de commentaire) .

12. L’État a érigé huit instances pour lutter contre la corruption, mais aucune d’entre elles n’est efficace : la corruption grimpe et les citoyens ne savent rien de la lutte gouvernementale. C’est bizarre.

13. La HACLC (Haute autorité de lutte contre la corruption) a un budget de plusieurs milliards, mais son rapport est secret. J’ai essayé de l’avoir : la HACLC m’a envoyé au bureau du Premier ministre ; le responsable a dit que ce rapport est secret. Le peuple doit pourtant cracher des milliards. Un rapport de plus dans le tiroir d’un ministre. C’est bizarre.

14. Tout en proclamant le Burkina Faso un Etat démocratique et un État de droit, la Constitution du Burkina Faso donne au président un pouvoir pratiquement absolu.
Le président du Faso est le chef de l’État. Il est chef des armées, promulgue les lois, nomme le Premier ministre et, en pratique, tous les autres ministres. Il met fin à la fonction du Premier ministre et son gouvernement. Il préside le Conseil des ministres, il fait les nominations aux emplois de la haute administration civile et militaire. Il peut recourir au référendum législatif. Il peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale. Il est président du Conseil supérieur de la magistrature. De plus, la position du président est aujourd’hui confortée par une majorité qui lui est favorable à l’Assemblée nationale selon le PNUD ; "des députés qui nous sont acquis", dirait le ministre Badini. D’ailleurs, l’Assemblée nationale n’a d’autres pouvoirs que de poser des questions ou de critiquer. Elle n’a aucun pouvoir d’empêcher la mise en oeuvre d’une décision du gouvernement, du président Compaoré. L’Assemblée nationale peut refuser de voter une loi, mais le président gouverne alors par décrets et peut renvoyer des députés à la maison. Pourquoi prendre ce risque qui ne sert à rien et qui fait perdre plus d’un million de francs par mois ?
Aucune censure n’est accordée à l’Assemblée nationale par la Constitution.
Nous avons vraiment une Constitution écrite pour un dictateur. C’est bizarre.
Aidons notre pays bien-aimé : consommons et achetons les produits burkinabè.

Bonne nouvelle : les membres du G8 se sont engagés à annuler la dette multilatérale du Burkina Faso, soit 900 milliards de francs CFA ; le Burkina Faso aura donc 55 milliards de moins à payer pour le service de la dette l’année prochaine. Sont annulés 87% de la dette extérieure ou 80% de la dette totale.

F. Balemans
B.P. 332
Koudougou

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