LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Soutien de l’ADF/RDA à Blaise Compaoré : "M. Gérard, comment avez-vous réfléchi ?"

Publié le mardi 9 août 2005 à 07h16min

PARTAGER :                          

La décision de l’ADF/RDA de soutenir la candidature de Blaise Compaoré à l’élection présidentielle du 13 novembre continue de susciter des commentaires. Un habitant de Gourcy, Souleymane Ouédraogo, livre sa part de vérité.

Suite à la décision de l’ADF/RDA, lors de son dernier congrès, de soutenir la candidature de Blaise Compaoré et son CDP, beaucoup de voix se sont élevées à travers la presse avec des analyses pertinentes pour vous attribuer l’idée de cette décision.

Nous nous sommes tus un bout de temps dans le but de vous laisser réagir pour confirmer ou surtout infirmer ces propos. Chose qui ne semble pas vouloir venir. C’est alors que nous nous sommes décidés à nous adresser à vous.
Tout d’abord, nous osons comprendre que votre illustre fils est un homme politique, plein d’ambitions pour le présent mais surtout pour l’avenir. Si tel est le cas, nous avons bien peur que cette décision puisse lui servir. Sachez que le Burkina Faso n’est plus un peuple de moutons politiques qu’on tire par la corde et prêts à aller n’importe où. Il est désormais plein de femmes et d’hommes qui réfléchissent. La décision de ces nombreux penseurs de militer au sein du parti du grand éléphant est bien réfléchie et mûrie.

Et cela, eu égard à un certain nombre de caractéristiques propres au parti, dont son appartenance à l’opposition et au travail sans cesse impeccable qu’il accomplit au sein de cette opposition. Une telle décision est donc de nature à trahir et sacrifier les militants. Sachez de surcroît que dans certaines contrées du Burkina Faso, certaines personnes avaient perdu leurs femmes et leurs terrains, pour ne citer que cela ; tout simplement de par leur adhésion à la politique de votre parti.

Si aujourd’hui, leur tête se trouve subitement pourrie, à telle enseigne qu’elle ne puisse plus les conduire, elles en ont pris bonne note. Sachez donc que désormais vous avez contre vous un dégoût du poids de tous ces cœurs meurtris, qui voient en vous la source de leurs malheurs. En dehors de ce crime que vous venez de commettre, si nous pouvons nous exprimer ainsi, vous avez, à côté, signé la mort politique de votre fils.

"Entière déception"

A supposer, ce jour, que le président Compaoré, que vous croyez immuable, quitte le pouvoir. Pensez-vous que le peuple burkinabè pourra une fois de plus faire confiance à votre fils ? Au sein de la mouvance, il serait un poussin dans une étable où se trouvent déjà les sabots de Salif, Roch, Simon et nous en passons, donc très petit, qui au risque de périr, se verra obligé de se reconvertir en un simple observateur dans un combat de grands, de bien plus grands que lui. Si d’aventure, il envisageait de revenir à l’opposition, on le traiterait de Judas. Il serait non seulement le plus petit mais aussi un petit très haïssable, rejeté de tous...

C’est alors qu’interviendra sa disparition car il n’aura peut-être pas la présence d’esprit de comprendre ce qui lui arrive. Et pourtant, vous auriez pu laisser s’exprimer un grand homme. Comprenez qu’aux âmes bien nées la grandeur n’attend point le nombre d’années. Votre fils est merveilleusement grand. Acceptez cette donne et laissez l’enfant grandir encore car il a en lui toute la carrure d’une jeunesse réussie. Et vous n’êtes pas sans savoir que la jeunesse triomphera toujours. Mais si pour Gilbert c’est peut-être consommé, n’osez plus un tel acte car il est immanquablement destructeur. Et pour vous-même, rappelez-vous cet adage mossi qui dit que l’unique erreur du chien ne le compromet pas.

Nous avons également lu des motions de soutien qui vous ont été adressées (vous, à travers votre fils) suite à cette décision. Sachez que ces gens, si ce n’est un pur montage orchestré par vous-même, sont en train de vous aider à vous égarer, alors qu’à notre humble avis, la belle vie que vous aviez menée, vous le gentleman de Londres, doit être couronnée par une belle retraite ; une retraite qui laissera le peuple sur le sentiment qu’il a perdu une bibliothèque remplie non pas de ‘’nous deux’’ mais celle qui aura regorgé des idées d’un grand politicien qui aura révolutionné le Burkina Faso. Après tout, nous vous comprenons, nonobstant notre entière déception, car vous restez avant tout un humble être aux vertus et faiblesses du commun des mortels.

Souleymane OUEDRAOGO, citoyen à Gourcy

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?