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Alternance 2005 : Déclarationde sur la situation nationale

Publié le lundi 8 août 2005 à 08h11min

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A quelques mois des élections présidentielles la situation politique nationale est dominée par deux évènements politiques qui défraient la chronique.

Il s’agit :

- des 30 millions de francs offerts par Blaise Compaoré, Président du Faso, à Bado Laurent, enseignant de droit à l’Université de Ouagadougou, Président du PAREN et Vice-président de l’0BU, regroupement de partis politiques se réclamant de l’opposition ;

- du soutien de l’ADF/RDA à la candidature de Blaise Compaoré candidat officiel du CDP, parti au pouvoir.

Ces deux évènements surviennent dans une situation sociale difficile pour les populations à cause de l’insécurité grandissante et de la famine qui sévit dans toutes les provinces du Burkina, mais sous le regard indifférent d’un gouvernement qui a démissionné depuis longtemps de ses responsabilités.

Le groupe ALTERNANCE 2005 est très préoccupé par cette situation nationale, mais n’est pas réellement surpris par ces évènements.

En effet. Blaise Compaoré et son CDP n’ont jamais cru à la démocratie. Blaise Compaoré trompe les gens sur son désir de renforcer le processus démocratique dans notre pays, mais en réalité il a toujours été un autocrate qui ignore ce que sont la démocratie et l’esprit républicain. Sous sa conduite, le régime de la IVème République se caractérise par un sabotage délibéré de la démocratie et le règne d’une mafia d’affaires faisant de la corruption et de l’impunité son système de gouvernement. Au Burkina, la séparation des pouvoirs est une véritable fiction, la Constitution est en permanence trafiquée pour pérenniser les intérêts de sa " nomenklatura " et assurer à Blaise Compaoré une présidence à vie. Fatigué, usé, le pouvoir est incapable d’apporter un quelconque bien-être à la population. Le sort des populations reste le dernier de ses soucis.

Depuis bientôt une décennie, l’opposition ne cesse de dénoncer la nature du régime de Blaise Compaoré depuis sa " conversion " à la démocratie. Blaise Compaoré et ses hommes de mains ont entrepris un travail souterrain, permanent et systématique de déstabilisation des partis politiques, des syndicats, de la presse indépendante et des associations de la société civile. Parallèlement le régime crée à grands frais des partis bidons, des syndicats bidons, des associations bidons, pour dévoyer la démocratie.

Sans cette compréhension on risque de passer son temps à faire des analyses en l’air qui aboutissent à absoudre le véritable responsable de la situation nationale présente : Blaise Compaoré.

L’AFFAIRE DES TRENTE ( 30 ) MILLIONS DE LAURENT BADO

D’après Laurent Bado qui le croit sincère et à la recherche d’une " opposition forte ", Blaise Compaoré le jugerait comme l’opposant le plus crédible, capable de bousculer le CDP. Lui-même Laurent Bado, se considère comme le plus honnête de tous les Burkinabé, et menace de poursuivre en justice celui qui en douterait.

Nous laissons Bado Laurent croire ce qu’il veut si cela lui plait et si cela l’arrange. Comme dit un proverbe de chez nous : " Celui qui parle aurait tort de croire que celui qui écoute n’est pas intelligent ". Le meilleur opposant ne se proclame ni ne se désigne : l’opinion le constate. " Le tigre a-t-il besoin de crier sa tigritude ? " Le plus important pour nous ce sont les faits et ils sont têtus. Les déclarations qui ne collent pas à la réalité ne peuvent rien y changer.

Ces trente millions de francs versés à Laurent Bado par Blaise Compaoré ne nous auraient pas intéressés si, de façon insidieuse, on ne tentait pas de jeter l’opprobre sur toute l’opposition. Un voleur pris la main dans le sac peut toujours dire qu’il n’est pas le seul voleur : vrai ou faux, il reste un voleur. A quelque chose malheur est bon, dit-on. Car c’est à la malheureuse implosion de l’OBU que nous devons ces révélations édifiantes sur les " stratégies " du docteur Blaise Compaoré pour fabriquer une " opposition forte " et désigner " l’opposant idéal ". Nous nous réjouissons de ces révélations qui permettent aux Burkinabé de mieux connaître certains hommes politiques.

Nous demandons à Laurent Bado d’aller jusqu’au bout de ses révélations en rendant publique la liste des opposants qui auraient bénéficié de " largesses " de Blaise Compaoré. Cela rendrait un immense service au peuple burkinabé dans sa quête de démocratie et de transparence dans la gestion des biens publics et surtout aiderait à la lutte contre la corruption.

Personne ne peut croire qu’en politique (et c’est vrai aussi ailleurs), un " généreux donateur " peut faire de telles largesses sans contrepartie ! Blaise Compaoré ne peut donner à l’O.B.U sans attendre une contrepartie renforçant sa position politique. Au Brésil, la découverte de députés arrosés pour renforcer la position du parti du Président Ignacio LULA Da Silva fait des vagues actuellement et occasionne des démissions de responsables de l’Etat : cela est normal dans une vraie démocratie.

C’est pourquoi nous interpellons la Haute Autorité de lutte contre la Corruption au sujet de cette affaire. Elle doit s’en saisir et exiger la liste des bénéficiaires de ces largesses tant de Laurent Bado que de Blaise Compaoré.

Elle doit nous dire publiquement si oui ou non il y’a eu corruption, ainsi que l’origine de l’argent. Quant à Blaise Compaoré il doit aider la Haute autorité à travailler en lui livrant spontanément la liste, les montants ; les dates et la provenance de l’argent. Nul n’est au-dessus de la loi ! Blaise Compaoré, garant de la Constitution en tant que Président du Faso, doit être le premier à se soumettre à la loi.
ALTERNANCE 2005 attend.
Le peuple burkinabé attend.

SUR LE SOUTIEN DE l’ADF/RDA A LA CANDIDATURE DE BLAISE COMPAORE, CANDIDAT DU CDP.

Sauf erreur, c’est la première fois dans l’histoire de la DEMOCRATIE qu’une telle attitude est enregistrée. Au Burkina comme ailleurs, c’est du jamais vu ; c’est une chose inouïe et ahurissante, même dans un continent habitué aux bizarreries politiques comme l’Afrique. On aurait compris que Gilbert Ouédraogo, Président de l’ADF/RDA, et tous ceux qui désirent ardemment soutenir le candidat du CDP, démissionnent de leurs partis. On aurait compris qu’une partie de l’ADF/RDA fasse scission pour rejoindre Blaise Compaoré. Mais se proclamer " premier parti de l’opposition ", réclamer à corps et à cri le titre de " chef de file (même contesté) de l’opposition ", n’autorisent pas l’ADF/RDA à poser un tel acte !

Ce ne sont pas les explications des artisans de cette forfaiture du genre : " le président du parti est trop jeune, il a l’avenir devant lui pour être candidat ", ou " c’est pour éviter la cassure du parti ", ou " c’est pour sauvegarder la paix sociale " ou " c’est avec l’accord de l’ensemble du parti ", etc., qui y changeront grand chose. Plus ils multiplient les " explications ", plus ils renforcent l’opinion sur l’existence d’un marché inavouable avec Blaise Compaoré, rencontré en audience suivie de force photos de famille.

On comprend donc mieux aujourd’hui le pourquoi et la précipitation de la destitution de Hermann Yaméogo de la présidence de l’ADF/RDA en Juin 2003. Par leur démission collective, par cet acte politiquement condamnable et moralement inacceptable, les dirigeants de l’ADF/RDA, au service de Blaise Compaoré, portent un coup dur au processus démocratique, et créent une confusion dangereuse dans les rangs de l’opposition

Les dirigeants de l’ADF/RDA par cet acte ont fait un choix entre l’opposition et la mouvance présidentielle. Il serait salutaire qu’ils soient conséquents avec eux—mêmes en adhérant officiellement à la mouvance présidentielle : leur parti pourra alors peut-être même prétendre au titre de chef de file de la mouvance présidentielle !

SUR LE PROBLEME DE L’INSECURITE AU BURKINA

Depuis que Djibril Bassolet a été porté à la tête du département de la Sécurité, il s’est surtout distingué par sa rage à attaquer l’opposition et toute organisation ou personne réservée à l’égard de la politique du régime de Blaise Compaoré. Mais il s’est aussi caractérisé par son incapacité à assurer un minimum de sécurité aux Burkinabé.

L’insécurité au Burkina va s’aggravant. Aujourd’hui, toutes les routes et même les pistes sont devenues dangereuses pour les voyageurs, de jour comme de nuit. Avec les récents braquages survenus sur la route Ouaga-Pô, on se croirait au Far West des temps anciens. Visiblement, Djibril Bassolet est un ministre incompétent qui, au lieu de s’occuper de la sécurité des Burkinabé, préfère jouer au propagandiste zélé du pouvoir. Sinon comment expliquer son acharnement contre le Collectif, et aujourd’hui contre ALTERNANCE 2005 et ses dirigeants ? Comment comprendre ses accusations graves, répétées à l’encontre des dirigeants de ces organisations, pourtant chaque fois démenties par les faits ? Ainsi les dirigeants du Collectif ont été accusés de complot contre la sûreté de l’Etat ! Le procès de Décembre 1999 a montré qu’il n’en était rien ! Depuis Septembre 2004, Djibril Bassolet porte gratuitement des accusations graves et fantaisistes contre Hermann Yameogo ! Il ne prend jamais la peine d’apporter la moindre preuve crédible de ses accusations. Lorsque la fausseté de ses accusations est démontrée, il ne s’en émeut guère, mais recommence. Pendant ce temps, Djibril Bassolet ne voit rien quand des délinquants habillés en tee-shirt au logo du CDP agressent des marcheurs pacifiques du CODECO munis d’une autorisation. Bassolet fait le sourd quand on lui communique des informations faisant état de milices recrutées par des pontes du CDP. Bassolet ne voit rien et n’entend rien même quand on lui donne des pistes ! Bassolet confond allègrement la sécurité des gens du pouvoir avec le ministère de la Sécurité.

Nous ne croyons pas à l’incompétence des forces de sécurité et de défense mais à l’incapacité de Bassolet qui, au lieu d’équiper correctement les agents pour leur permettre d’être efficaces, préfère chasser (avant d’être contraint de les reprendre un mois plus tard, toute honte bue) plus de 500 policiers parce qu’ils réclament de meilleures conditions de travail. Bassolet peut- il nous dire l’usage qu’il a fait des différents budgets importants et des nombreux dons en matériel de plusieurs pays et destinés à renforcer la lutte contre le banditisme ? Blaise Compaoré sait que son ministre " ne peut pas le travail ", mais il le garde : c’est donc qu’il lui rend un service plus important que la sécurité des Burkinabé. L’acharnement de Djibril contre les opposants ne doit pas y être étranger. Blaise Compaoré est de ce fait le responsable de l’insécurité des Burkinabé.

LA FAMINE AU BURKINA : UNE CONSPIRATION DU SILENCE DU POUVOIR

Avant et après ALTERNANCE 2005, des voix se sont élevées pour dénoncer le silence du pouvoir devant la détresse des populations rurales et urbaines devant la famine actuelle qui s’installe progressivement dans toutes les provinces du Burkina. Jusqu’à ce jour, le Gouvernement ne s’en émeut pas et n’entreprend aucune action vigoureuse pour la juguler.

Une fois de plus, ALTERNANCE 2005 appelle l’opinion nationale et surtout internationale à agir dès maintenant et à ne pas attendre que la situation atteigne un seuil critique avec des conséquences irréversibles, comme dans certain pays où l’aide arrive trop tard pour ceux qui sont déjà morts de faim.

Peuple du Burkina Faso,
Tu dois choisir de rompre avec ce pouvoir repu, usé qui ne fait rien pour toi ! Prolonger la vie de ce régime par passivité ou indifférence, c’est condamner notre peuple à continuer de croupir dans la misère, le découragement, le chômage et le désespoir !

Nous pouvons ensemble donner un nouvel espoir au Burkina. Si nous le voulons le 13 novembre peut être le début de cette marche vers un Burkina libre, démocratique et prospère !

AVEC ALTERNANCE 2005, DISONS TOUS ENSEMBLE :

NON A CE REGIME !
NON A LA CANDIDATURE ILLEGALE, ILLEGITIME ET INDECENTE DE BLAISE COMPAORE !
NON POUR UN 3è MANDAT POUR BLAISE COMPAORE !
OUI AU RESPECT DE LA CONSTITUTION !

Ouagadougou le 03 Août 2005,
Pour le Groupe ALTERNANCE 2005
LE COMITE DE SUIVI

Le Secrétaire général du GDP, Issa TIENDREBEOGO
Le Secrétaire général du PAI, Philippe OUEDRAOGO
Le Président de l’UNDD, Hermann YAMEOGO
Le Président de l’UNIR/MS, S. Bénéwendé SANKARA "

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