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Présidentielle 2005 : L’alternance n’est pas pour demain !

Publié le vendredi 5 août 2005 à 08h10min

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H. Yaméogo

L’une des critiques récurrentes formulées contre l’opposition burkinabè, c’est sa frilosité à aller à la rencontre des électeurs. On la voit très peu sur le terrain des régions et des provinces et trop souvent derrière les déclarations de presse plus ou moins anonymes.

Non on ne demande pas à nos chers opposants d’organiser à tout bout de champ des meetings et autres rassemblements populaires, voire populistes. Ce serait verser dans une campagne électorale permanente. Ce qui est contraire à la loi notamment au code électoral. Ce qu’on leur demande par contre c’est d’être plus en contact avec les citoyens et particulièrement leurs militants par des initiatives qui participent à leur formation politique et à leur sensibilisation sur la vie nationale.

A ce propos des séminaires-ateliers, des veillées-débats, des rencontres culturelles et/ou sportives sont possibles. On n’a pas besoin de grands moyens pour cela. Les députés, les maires et les structures provinciales, voire départementales du parti majoritaire le prouvent amplement. Ils ne se privent pas de dassandagha, de festivals de danses, de musique traditionnelle, de contes et que sais-je encore. Ces petites attentions à l’endroit de leurs électeurs, sympathisants et militants participent grandement à l’occupation du terrain politique.

C’est cela que l’on demande aussi aux députés, aux leaders des partis d’opposition. Ils n’ont pas besoin de recopier textus ce que fait l’adversaire mais il y a mieux à faire que d’occuper les colonnes des tabloïdes avec les mêmes rangaines depuis 1991. C’est justement parce que ce discours politique de l’opposition n’évolue pas dans son contenu et sa forme d’expression qu’elle doit inventer de nouvelles méthodes de propagande et d’action politique.

Séminaires, ateliers, rencontres statutaires et informelles sont plutôt rares pour les cadres des partis d’opposition. De même, sans que cela ne soit la panacée, "la coupe Philippe Ouédraogo", "le festival warba Hermann Yaméogo", le concours en "chanson traditionnelle d’Ali Lankoandé"... n’existent pas. Les seuls congrès de parti irrégulièrement tenus et autres réunions de bureaux politiques ne suffiront jamais à garder à un parti une bonne dynamique de terrain, surtout à l’approche de grandes échéances.

L’éternelle question de manque de moyens n’explique pas tout dans cette léthargie. Du reste, les députés CDP qui organisent des coupes, des festivals de danses ou de chansons traditionnelles, etc, n’ont pas un traitement salarial et indemnitaire différent de leurs collègues de l’opposition. S’ils sont soutenus par leur parti, c’est plus par l’implication des structures de base comme relais de mobilisation que par des espèces sonnantes et trébuchantes. Les structures de base, on suppose que les partis d’opposition en ont aussi. Leur peu de dynamisme actuel, on dira même leur léthargie présente, est à l’image du manque d’initiatives de leur sommet.

Toutefois les partis d’opposition ne sont pas logés à la même enseigne dans l’immobilisme. Les meetings régionaux de l’ADF/RDA tenus à Gaoua, Ouahigouya, Manga et Dédougou ont donné la preuve que dans les provinces il restera toujours du travail de mobilisation à faire. L’UNIR/MS de Bénéwendé Sankara, la CPS de Nongma Ernest Ouédraogo ou le PAI de Soumane Touré s’y sont essayés une ou deux fois. Mais les ténors de l’opposition ou prétendument tels, Hermann Yaméogo, Ali Lankoandé, Philippe Ouédraogo, c’est à peine s’ils montrent le bout de leur nez en province. Pour des présidentiables et à 3 mois du scrutin, cette absence sur le terrain est symptomatique de leur petite envergure.

On rappellera à bon escient la morale de la Fontaine à propos du lièvre et de la tortue : "Rien ne sert de courir, il faut partir à point". Or voilà nos chers opposants scotchés dans la capitale et dans leurs discours stéréotypés. Le pouvoir est rendu responsable de tout, même de la mauvaise pluviométrie (n’est-ce pas Emile Paré ?) et eux ne sont responsables de rien même pas de la démobilisation, des défections et des crises répétitives au sein de leur parti. A l’allure où vont les choses, l’Alternance n’est pas pour demain au Burkina. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Bien au contraire !

Djibril TOURE
L’Hebdo

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