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Partis politiques : Vous avez dit financements occultes ?

Publié le jeudi 4 août 2005 à 08h04min

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Indubitablement le 3 juillet restera journée pas comme les autres dans le canevas politique du Faso non pas qu’elle ait vu la prononciation du discours d’investiture du candidat Laurent BADO à l’élection présidentielle du 13 novembre mais surtout parce que l’intéressé a lancé pourrait-on dire un scoop : Le financement occulte de son parti et de ceux d’opposants qui ne sont pas « des moindres ».

Le débat fort passionné qui s’en est suivi à travers la presse, avec souvent des déclarations ahurissantes, nous a motivé à venir par le présent dossier que nous vous proposons, jeter un regard sur un sujet d’importance quoique généralement occulté peut-être par hypocrisie politique par les acteurs concernés.

Sujet tabou si l’on peut dire, pourquoi les langues se délient-elles après cette sortie au professeur BADO ? L’auteur des financements dont-il est question, Blaise COMPAORE, veut-il réellement corrompre ses opposants ou leur tend-il de bonne foi une main secourable pour les aider à mener à bien leurs ambitions dans la consolidation de la démocratie au Faso ? Quel rôle jouent les opposants dans cette situation kafkaïenne... ? Autant de questions que nous abordons. Bonne lecture

Blaise COMPAORE : Sauveur ou corrupteur ?

Les bisbilles au sein de l’Opposition burkinabè unie (OBU) autour d’une affaire de 30 millions, fruits d’un don de Blaise COMPAORE, ont suffi à une certaine classe politique pour tenter de créer une situation d’embrouillamini politicien au pays des Hommes intègres. Pour certains, le président du Faso serait en train de « saper l’éthique politique » par des financements occultes de ses opposants.

Au fur et à mesure que nous nous approchons du jour de vérité qu’est le 13 novembre 2005, l’actualité politique nationale s’enrichit autant en activités de mobilisation de troupes que des rumeurs et polémiques. L’effervescence politique qui avait baissé d’un cran après la cascade d’investitures ou d’annonces de candidatures à la présidentielle prochaine avait comme besoin d’un levain pour se relancer. N’est-ce pas en cela qu’il faut voir cette levée de boucliers de ceux qui prétendent n’être pas (encore ?) montés à la soupe ? Au moment où l’essentiel de la classe politique est en ordre de bataille pour sceller un nouveau contrat de confiance avec les populations, certains politiciens préfèrent remettre au goût du jour leur jeu favori : les enchères politiques. La moindre opportunité est à saisir pour tambouriner à fond la caisse afin de déstabiliser l’adversaire ou simplement s’offrir en spectacle pour se donner l’illusion d’être dans une partie dont le respect des règles n’est pas à son avantage. Toute cette peinture en noir de l’existence au Faso est symptomatique de l’état d’esprit d’une opposition en mal de repères et qui cherche à dissimuler par avance la saignée et justifier la spirale d’échecs ainsi que le plissement perceptible vers une marginalisation dans le débat politique, choses dans lesquelles elle est empêtrée.
C’est manifestement dans cet ordre des choses que l’on a suscité le débat sur les financements occultes des partis politiques mettant en avant l’affaire des 30 millions que l’OBU aurait reçus du président du Faso. La guerre de chiffonniers à laquelle se sont livrés les deux premiers responsables de l’OBU consécutivement au choix du candidat devant porter l’étendard de ce regroupement de partis d’Opposition à la présidentielle prochaine a amené l’un, le professeur Laurent BADO, à « cracher le morceau » sur ce qui a été leur financement en aparté pour les aider à mener à bien leurs ambitions politiques. L’information n’est pas tombée dans l’oreille de sourd et voilà les uns criant au scandale pendant que les autres osent parler de corruption et d’en appeler illico presto à l’arbitrage des institutions comme la Haute Autorité de lutte contre la corruption, le Comité national d’éthique et même de la Justice.
Pour ces derniers, le chef de l’Etat doit s’expliquer non seulement sur les tenants et aboutissants de cet acte mais aussi doit justifier jusqu’au centime près l’utilisation des fonds et des biens publics. Orage donc sur un président dont le péché originel est sa magnanimité et sa prodigalité dans ses aides.

Orage sur un homme d’Etat averti

Y-a-t-il loi ou disposition constitutionnelle qui interdise au chef de l’Etat de venir financièrement en aide à un parti quelconque ? Blaise COMPAORE ne peut-il pas avoir les moyens en dehors des caisses de l’Etat pour subvenir à ses besoins ou ambitions politiques ? Ce sont là des questions qui ne manquent pas d’intérêt car leurs réponses permettent de mieux apprécier le brouhaha qui fuse depuis cette affaire de financement de 30 millions. A suivre les « gesticulations »de certains politiciens, tout donne l’impression que le rang social du président du Faso ne lui permet pas de satisfaire aux besoins nécessitant une telle somme.

Certes, le président du Faso ne dispose pas de moyens financiers illimités mais, il faut avoir la décence de reconnaître qu’il est un homme qui a le cœur sur la main. Aux plans social que politique, les actions du chef de l’Etat ont toujours incarné la vertu.

Pendant que sous d’autres cieux le pouvoir fait des pieds et des mains pour réduire les opposants à la misère sociale, Blaise COMPAORE lui, fait tout le contraire. En effet, ailleurs si tout est généralement mis en œuvre par les tenants du pouvoir pour affaiblir l’opposition, ici, on cherche à venir en aide à celle-ci pour qu’elle soit plus forte et plus constructive.

Dans notre édition précédente, notre éditorialiste ne croyait pas bien dire en relevant que « la plupart des responsables actifs ou à la retraite de la classe politique ou de la société civile ont d’une manière ou d’une autre bénéficié d’aides, de soutiens ou de faveurs directement ou indirectement, officiellement ou officieusement de Blaise COMPAORE.

Et cela est tout à fait normal, parce que celui-ci est à un niveau où il peut le faire et dans certains cas, a le devoir de le faire pour le bénéfice en dernier ressort de toute la communauté ». De nos jours, il est un fait réel que l’opposition burkinabè est chancelante parce qu’elle n’a pas d’acteurs chocs. Toute chose que nombre de régimes à travers le monde auraient souhaité chez eux. Mais, ici au Faso le chef de l’Etat tient à l’émergence d’une opposition dynamique.

Une attitude qui montre qu’il veut créer des conditions pour l’alternance. Ses multiples soutiens aux acteurs de la classe politique ne visent donc pas des intérêts d’allégeance sinon il n’avait qu’à tout simplement mettre en branle une machine de phagocytose des autres formations politiques pour se fabriquer un parti unique qui lui permettrait de dormir tranquille.

Par Drissa TRAORE


Confiance trahie ?

L’affaire des 30 millions reçus par les dirigeants de l’OBU pose une fois de plus le problème du financement occulte des partis politiques. Un problème qui n’est pas seulement burkinabè puisque de par le monde, il divise l’opinion. Pour les uns, cela relève de la corruption et pour les autres, donateurs et receveurs sont dans leur droit. Une chose est sûre, dans le cas d’espèce, la bronca qui traverse présentement le landerneau politique du Faso permettrait aux acteurs de certainement accorder les violons si le débat était moins passionné et biaisé, scrutin présidentiel obligeant.

La question de la désignation du candidat de l’OBU à la présidentielle de novembre 2005 si elle n’avait créé problème entre les protagonistes que sont Laurent BADO et son « petit frère » Emile PARE, nul doute qu’il n’y aurait jamais eu cette histoire de financement occulte puisqu’à ouïe dire, la pratique semblait complaire plus d’un et n’est pas une invention du Faso. Seulement, il aura fallu que ce politicien atypique, BADO pour ne pas le nommer, vienne donner un coup de pied dans la fourmilière par gaucherie pour que le monde politique du Faso soit comme pris d’une fièvre non encore identifiée. Sacré professeur !

Voulant certainement couper l’herbe sous les pieds de son compagnon qui l’a politiquement grugé car on se rappelle que Emile PARE n’est pas innocent dans son choix comme candidat de l’OBU, il y a œuvré auprès des autres chefs de parti du regroupement au détriment du doyen d’âge, l’homme BADO a cru bon balancer à l’opinion publique le deal qu’ils ont fait en commun, ce qui pourrait peut-être lui valoir reconnaissance de celle-ci comme du temps où on restait accroché à ses lèvres quand il « tchiakait » dans les amphithéâtres. M

ais cette opinion n’a-t-elle pas déjà fait le « démariage » entre l’intellectuel droit et honnête et le politicien quoiqu’atypique dans cette faune politique du Faso ? Même les « veaux de Réo » ont évolué !
Une fois de plus le professeur Laurent BADO a démontré son amateurisme politique quand bien même sa bonne foi ne s’aurait être remise en cause.

Toutefois ses révélations croustillantes ont eu l’avantage de « déculotter » certains hommes de ce milieu politique non moins atypique du Faso. En effet, sous l’effet de cette bombe lâchée par le géniteur du tercésisme, chacun se débat pour justifier l’injustifiable comme s’il n’avait jamais reçu une aide occulte, en tout cas une aide qu’il a cachée aux militants de son parti parce qu’ils ne comprendraient pas son acte au vu de la tête du donnateur, une tête dont la réplique postiche est certainement utilisée par lui comme cible pour ses exercices de tir à l’arc.

Tout compte fait, la tonitruante sortie du professeur BADO est édifiante et posera maintenant la question du rapport de confiance entre ceux qui financent les partis politiques et les responsables politiques eux-mêmes. Laurent BADO a trahi cette confiance ; ce qui est une première dans l’univers politique national et peut-être même international. Sous d’autres cieux pourtant fortement démocratiques, il faudrait des années d’instructions minutieuses de la justice pour arriver à accréditer ce genre de fait ; ce qui du reste aboutit rarement à des résultats escomptés.

Laurent BADO, qui dit détenir une liste d’opposants qui ont été financés, devait dès lors se poser cette question : pourquoi jusque-là ces derniers n’ont pas parlé ou fait des révélations surtout qu’ils ne sont pas « des moindres » ?

Tout bien considéré, le débat qui a cours n’est que simple surenchère politique. Des financements dits occultes, on en a entendu plus d’une fois parler au Faso. Des 15 millions de Mariam SANKARA qui ont mis à couteaux tirés les Sankaristes amenant la famille à croître par mitose, des financements de BEDIE puis GBAGBO venus des bords de la lagune Ebrié pour ne pas rappeler ceux du regretté HOUPHOUET et autres, qu’en a-t-on dit ? Pas grand chose sinon rien. Et pour cause, ils ne sont pas de Blaise COMPAORE.

Par Frédéric ILBOUDO


Le faux débat

Personne n’a été tendre à l’égard du professeur BADO pour avoir accepté de l’argent de Blaise COMPAORE pour mener à bien ses ambitions politiques. C’est de la corruption ! Le grand mot est lâché. Et pourtant tous savent que de tous temps et sous toutes les latitudes, les partis vivent en grande partie grâce aux financements dits occultes et souvent sortis de caisses dites noires. Alors, cette chanson sur des corrupteurs et des corrompus politiques au Faso ne sonne-t-elle pas faux ?

Dans la logique des puristes, aucun homme politique ne peut être un ange vertueux du fait même qu’il baigne dans un univers traversé par les plus grands vices de ce monde. C’est donc dire que dès lors que l’ « ingénu » professeur de droit constitutionnel, Laurent BADO est descendu de sa chaire pour « vivre avec les masses » et solliciter leur suffrage pour mettre en pratique son tercérisme, il ne pouvait demeurer psychologiquement le même, ce qu’il se voulait ou ce que la mémoire collective faisait de lui.

Politicien atypique, il peut l’être mais politicien tout de même. Or, la politique (pas celle virtuelle des rêveurs) a ses exigences forgées à l’épreuve du vécu de plusieurs générations d’hommes politiques et des réalités ambiantes. Au centre de tout cela, trône royalement l’argent : le nerf de la guerre comme on l’appelle.

Pour mener convenablement sa politique, il faut des moyens. Ce n’est pas pour rien que le législateur impose à l’Etat de libérer des fonds pour le financement des partis politiques mais tout le monde sait que cela est insignifiant au vu de l’immensité des besoins des uns et des autres. N’est-ce pas pourquoi chacun prend des initiatives, qui ne peuvent malheureusement que souvent rester secrètes, pour se constituer une belle cagnotte ?

Les financements occultes : une pratique traditionnelle

C’est dire que le financement dont a bénéficié l’OBU qui fait des gorges chaudes n’est pas en déphasage avec des pratiques qui ont cours. Ernest Nongma OUEDRAOGO de la CPS (Convention panafricaine Sankariste), candidat à la présidence est d’ailleurs réaliste, qui ne condamne pas le fait mais s’inquiète, dans une bonne humeur feinte, que son parti n’ait pas reçu de proposition dans ce sens. Acceptons pour le donateur le président du Faso, qu’il ait la liberté de tendre la main à qui il veut et selon ses motivations.

A ceux qui crient au scandale et réclament justice, il est bon de demander de faire un bref retour en arrière dans notre histoire récente pour revivre le film du procès TPR de feu le général LAMIZANA, ancien président de la République dont personne ne peut douter de la probité. L’homme, acculé par un tribunal à justifier l’utilisation des Fonds secrets de la présidence (caisse noire), est resté de marbre pour ne certainement pas être amené à « verser la figure de certains par terre » comme on dit.

Mais n’a-t-on pas vu le « petit peuple » se bousculer à la Maison du peuple pour dire avoir bénéficié de ces fonds ? Ce qui est sûr, c’est que les plus grands bénéficiaires sont restés tapis dans l’ombre car il y allait de leur carrière professionnelle et avenir politique. Evitons donc les grands mots et accordons à César ce qui lui appartient.

A trop épiloguer sur le geste du président du Faso, c’est comme vouloir voir des anges dans les rues de Ouagadougou et refuser de croire en l’existence du Bon Dieu. Tout le monde parle de l’indigence des partis qui les empêche de jouer pleinement leur rôle dans l’ancrage de la démocratie dans le pays et surtout pour l’opposition d’être une force réelle ; alors doit-on exiger d’un parti, même s’il est d’opposition, qu’il refuse une aide financière parce qu’elle vient de Blaise COMPAORE, l’occupant du fauteuil convoité ?

En tout cas, hormis le professeur BADO, politicien atypique, qui a cru bon de cracher le morceau, on retiendra que beaucoup de ses compagnons de l’opposition et « pas des moindres » ont bénéficié de la même sollicitude mais n’ont pipé mot. Souhaitons qu’ils oeuvrent réellement à renforcer les assises de leurs partis pour une consolidation de notre démocratie. C’est bien là l’objectif visé in fine.o

Par Fatogoma DOUSSE


Le fruit défendu !

Si pour beaucoup, l’intello BADO, le seul honnête homme politique incorruptible qu’il se veut, a fait une grosse bourde par sa sortie aux révélations croustillantes sur un financement occulte de l’OBU, le regroupement politique qu’il partageait avec son « petit frère » Emile PARE, celle-ci a en tout cas relancé le débat sur un sujet devenu banal autant pour l’observateur politique avisé que pour le commun des Burkinabè. Les Opposants au pays des Hommes intègres sont pour la plupart des « tubes digestifs » selon le bon mot d’un des leurs.

Il serait d’abord intellectuellement honnête de reconnaître que si l’injure de ce « Gaulois » qui prétendait que l’Afrique n’était pas encore mûre pour la démocratie n’avait pas égratigné notre ego, on lui aurait donné raison au vu de la marche chaotique de nos états dans le domaine.

Une situation qui, même si elle est soutendue par le fait que le continent manque des moyens de sa politique, est aussi la résultante du refus des acteurs politiques de jouer franc jeu. De façon simpliste, en démocratie pluraliste comme c’est le cas au Burkina Faso, l’animation de la vie politique est faite en grande partie par des partis qui se créent pour conquérir le pouvoir d’état. Sur ce plan, le pays devrait être loué pour la facilité à la limite déconcertante qui permet la naissance des partis (plus d’une centaine de nos jours !).

Malheureusement, plutôt que de donner à la démocratie une vitalité, on a l’impression que ce foisonnement de partis est un frein à sa consolidation. Si les grandes démocraties, reconnues telles, comptent le nombre de leurs partis sur le bout des doigts d’une seule main, pourquoi nos hommes politiques, qui prétendent s’inscrire dans leur logique, imposent-ils à notre peuple cet émiettement des synergies ?

C’est là une grande interrogation dont la recherche de réponses exclut d’office toute considération idéologique car les canards de la même couvée qui refusent de s’ébattre dans le même étang, il y en a beaucoup sur l’échiquier politique national. Rien qu’à prendre le nombre de partis Sankaristes, on est édifié. Et pourtant, cette famille politique aux contours bien identifiés ne devait souffrir d’un tel mal.

La raison majeure du foisonnement de partis demeure incontestablement l’ambition pour chaque homme politique se sentant l’étoffe d’un leader d’avoir sa « chose » à lui, c’est-à-dire un parti qui soit sa « fabrication » pour des enchères politiques à son avantage. Voilà pourquoi on ne doit pas s’étonner que le « marché politique » au Faso soit dynamique ! Les partis se créent puis les pères fondateurs se brouillent avec en toile de fond la question de la mauvaise gestion surtout financière ; le différend est porté sur la place publique et le parti implose.

Les alliances quand elles sont faites le sont sur la base des intérêts du moment des premiers responsables des partis. Les réalités sont là, cyniques et ceux des acteurs qui veulent y faire voir une situation artificiellement créée par le pouvoir en place pour ses intérêts ne sont pas honnêtes avec eux-mêmes. La vérité, ils l’acceptent avec amertume en cercle d’amis.

Mais c’est de bonne guerre que de mettre à profit l’interrogation policière « A qui profite le crime » pour dérouter les braves gens. Pour emprunter à Tibo NANA du RDP (Rassemblement pour la démocratie populaire) parti d’opposition, le parti pour certains hommes politiques semble devenu une parcelle de « plantation de café » dont on doit tirer le maximum de dividendes pour beurrer les épinards.

Des opposants « tubes digestifs »

Issa TIENDREBEOGO du GDP (Groupe des démocrates patriotes), qui un temps a « fricoté » avec Blaise COMPAORE puis s’est senti une âme d’opposant, ne qualifie-t-il pas si bien certains hommes du landerneau politique du Faso de politiciens « tubes digestifs » en ce qu’ils sont enclins à courir à la soupe ? Cette boutade qui est caricaturale des comportements d’une classe politique qui semble faire de la lutte contre sa propre « pauvreté » la motivation première de son engagement, montre si besoin en est que quelle que soit la bonne foi du premier responsable du régime en place et son désir ardent d’installer une vraie démocratie, le « terreau » politique ne lui facilite pas la tâche.

Lorsque l’on va en politique non pas pour défendre des idées et un programme comme on l’a confessé mais pour espérer garnir son portefeuille, on fausse le jeu à l’entame et se fout des militants du parti si ce n’est du peuple tout entier.

La faute est surtout très grave pour ceux qui se disent porte-voix du peuple et se présentent en force alternative à un pouvoir qui ne fait pas son affaire ! En effet, le peuple aujourd’hui se demande qui, dans cette opposition qui bataille pour une alternance, n’a pas finalement « brouté » quel que soit le « pâturage » (à l’intérieur ou à l’extérieur du pays), des « feuilles » fraîches qui feraient tressaillir le grippe-sou Harpagon par cette symphonie d’espèces sonnantes et trébuchantes qu’elles distillent.

Le professeur BADO en tout cas l’a dit : ils n’étaient pas seuls à recevoir de l’aide pour leur ambition à l’OBU. Le hic c’est que peut-être, la légendaire « franchise » de l’homme du tercerisme l’a trahi pour cette fois et mis sur les lèvres ce qui devait être secret d’alcôve, ouvrant du même coup la brèche permettant aux badauds d’avoir une vue dans la cour du banquet.

Les convives qui ont rasé les murs pour s’y retrouver sont maintenant à découvert et c’est le peuple qui a honte que ses hommes politiques aient honte de ce qu’ils ont consciemment fait. La bienséance aurait toutefois voulu que l’après-banquet fût moins bruyant et que les convives n’oublient pas jusqu’à ce qui leur a permis de prétendre à la manne c’est-à-dire leurs partis et les militants.

A vrai dire, nos hommes politiques ont des appétits qui ne sont pas de nature à favoriser la consolidation de la démocratie. Si la quête d’argent frais était pour renforcer les assises de leurs partis, on ne leur en tiendrait pas rigueur mais quand le flouze va « chuwè » comme disait ce président de TPR (du temps de la RDP) dans la poche du veston pour leurs propres besoins, alors là il y a détournement sinon escroquerie.

C’est donc dire que, des mangeurs des 15 millions de Mariam SANKARA en passant par les « palpeurs » des « cacao-CFA » de GBAGBO et autres dealers encore mal démasqués, et tout récemment les « dribleurs » des 30 millions de Blaise COMPAORE, à tous ces mangeurs sur notre dos, le peuple doit exiger réparation !

Par Fatogoma DOUSSE


Ainsi va la politique au Faso

Le Burkina Faso est un pays pauvre, qui à un moment de son existence a connu de nombreux soubresauts politiques. Après à peine 6 années de tentatives d’expérimentation de régime démocratique au sortir des indépendances dites formelles accordées aux pays africains, il est tombé dans une spirale de régimes exceptionnels (1966 à 1991) avec un intermède qui a vu la 3e République avec des élections démocratiques (1978-1980). Depuis 1991, le pays s’est résolument retourné vers la démocratie avec l’adoption de la Constitution du 2 juin. Une ère de démocratie multipartite est réouverte avec tout ce que cela comporte comme exigences : création de partis politiques, organisation d’élections, installation d’institution républicaines, etc. Cependant, le foisonnement des partis politiques et la récente pléthore de candidats à l’élection présidentielle à venir sont matière à interrogation.

Une observation de la vie politique burkinabè laisse entrevoir une pléthore de partis politiques dont quelques uns n’existent que de nom ou encore des partis qui hibernent et se réveillent banalement à l’approche des grandes joutes électorales. Aussi, sommes-nous en droit de nous demander quelles sont les motivations réelles qui poussent certaines personnes à sauter pieds joints dans l’univers politique. Sont-elles à la recherche du pouvoir ?

Sont-elles venues à la politique juste pour tenir le haut du pavé afin d’élever leur cote marchande dans ce monde de compétition ? Comment expliquer alors le nomadisme politique qui, paraît-il, est le jeu favori de certains hommes politiques burkinabè ? Autant de questions qui trottent dans nos têtes, d’autant que certains de nos politiciens qui, avant leur entrée dans l’arène politique tiraient le diable par la queue, curieusement du jour au lendemain, parce qu’ils ont changé de bord politique ou parce que confortablement assis à la tête d’un nouveau parti, se pavanent dans les rues de Ouagadougou avec des véhicules de luxe dont les prix sont hors de portée.

Ailleurs ces changements brusques de niveau de vie attireraient beaucoup de soupçons et même feraient l’objet d’enquêtes. Il est vrai que très souvent en politique on assiste à des regroupements de partis qui constituent une sorte de coalition contre un adversaire commun ou qui constituent une mouvance. Tactique politicienne me rétorquera-t-on, cependant que penser de ces partis politiques avouons-le qui n’existent que de nom car ils n’ont ni programme politique, ni activités sur le terrain encore moins disposer d’un siège.

Aussi reste-t-il à savoir s’ils peuvent mobiliser des militants. Ils ne tiennent leur survie que grâce à leur appartenance à l’un ou à l’autre des regroupements de partis formés au pays. Reconnaissons-le, les leaders de ces genres de partis ont fait irruption sur l’échiquier politique pour se sucrer, se faire une place au soleil. Ils guettent, tapis dans l’ombre, le bon moment pour planter le couteau dans le dos de leurs amis d’hier et courir à la soupe de ceux d’en face. Ainsi au Burkina Faso, on rencontre de plus en plus des hommes politiques avides d’argent qui ne cherchent qu’à améliorer leur statut social. Aujourd’hui plus que jamais se pose avec acuité la question du financement occulte des partis politiques au pays des Hommes intègres.

On a toujours à l’esprit le feuilleton BADO-PARE qui continue encore de faire les choux gras des journaux. Mais on reste convaincu que tout n’a pas encore été dit. Le peuple burkinabè pour notre part a le droit de savoir comment sont financés les partis politiques encore plus exactement, quelles sont leurs sources de revenu, qu’elles sont leurs orientations, qu’elles sont les stratégies de conquêtes du pouvoir, etc. Autant d’informations qui sont nécessaires pour les militants pour comprendre les enjeux politiques.

Ailleurs les militants sont au parfum de tout le fonctionnement de leur parti ce qui renforce assurément la confiance entre la base et le sommet. Dans un pays pauvre comme le Burkina Faso, le peuple devrait arriver à s’identifier aux animateurs de la scène politique. C’est pourquoi ceux-ci dans leur comportement doivent poser des actes dignes de confiance et rechercher le bien-être du peuple et non vouloir satisfaire leurs quelconques intérêts égoïstes.

On a l’impression de par l’attitude de certains hommes politiques qu’au pays des Hommes intègres la relation est vite faite entre politique et argent et même les intellectuels les plus avertis de notre paysage politique n’y échappent pas. Et comme le disait Sartre : « L’homme n’est rien d’autre que l’ensemble des actes qu’il pose ». Alors messieurs, le peuple vous regarde.o

Claude ROMBA (stagiaire)

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2005 à 12:38, par Wendpolma S. A. En réponse à : > Partis politiques : Vous avez dit financements occultes ?

    Quelle belle tentative de défense d’actes irrespectueux de la démocratie et même du peuple d’hommes politiques guidés par des intérêts personnels, notamment dans les trois premiers écrits.
    Dans le tout premier, la question "Y-a-t-il loi ou disposition constitutionnelle qui interdise au chef de l’Etat de venir financièrement en aide à un parti quelconque ?" n’est pas complète en ce sens que l’auteur a oublié d’ajouter le terme "occulte" en parlant de l’aide. En effet, dans le cas présent, il ne s’agit pas de simple aide à un parti, mais d’une "aide" qui s’est concrétisée en dessous de table. N’eut été la guerre de chiffonniers que se sont menés ces deux politiques, nul n’aurait entendu parler de ces 30 ou 45 millions, en tout cas ce ne serait pas eux qui l’auraient annoncé au peuple.Laurent Bado n’a aucun mérite en le disant, cela ne fait pas de lui un homme politique plus honnête que ses compères de l’"opposition", ils sont de la même race mais agissent de façon différente. Il s’est empressé d’avouer le premier de peur d’être dévancé par son "petit frère" Paré.
    Parlant de l’origine des fonds, il serait trop facile de défendre le chef de l’Etat avec des arguments du style "Blaise COMPAORE ne peut-il pas avoir les moyens en dehors des caisses de l’Etat pour subvenir à ses besoins ou ambitions politiques ?". Tout ce qu’on lui demande, c’est de nous dire d’où viennent ces millions distribués à l’"opposition idéale" qu’est l’OBU. S’il s’avère qu’ils proviennent de ses fonds propres, pas de problème, sinon il devra justifier l’utilisation de tels fonds. Aussi, peut-on justifier les actes d’une personne à travers les dires d’une autre qui a bénéficié de ses largesses ? En ce cas, je pense que la question de l’objectivité de l’analyse se posera.
    Pour ce qui est des deux articles suivants, pourquoi vouloir que l’on soit tendre à l’égard d’un homme qui s’est proclamé champion de la probité au Faso ? Il a déçu la plupart de ceux qui ont cru en lui. Les burkinabè ne sont pas naïfs et sont au fait des difficultés que traversent les hommes politiques, mais quand on avoue qu’une fois sur la scène politique, on évitera les maux qui gangrènent le milieu, il ne faut pas s’étonner lorsqu’on vous rappelle à l’ordre pour non respect de la parole donnée et sur laquelle vous vous êtes fais votre réputation. On tue la démocratie de cette façon. Ce n’est pas en s’enrichissant sur le dos du peuple qu’on la fera évoluer. Je crois que lorsqu’on n’a pas les moyens de sa politique, il faut appliquer la politique de ses moyens, et ne pas créer de parti politique sans être sûr de pouvoir le financer honnettement. Que tous les hommes politiques arrêtent de gruger le peuple, s’il veullent rééllement (???) faire avancer la chose démocratique au pays des hommes intègres. Sinon, ne nous étonnons pas si demain, le peuple réfuse de continuer sur cette voie et décide de réchercher son avenir dans le passé.

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