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Mauritanie : Syndrome Patassé pour Ould Taya

Publié le jeudi 4 août 2005 à 08h15min

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Cette fois, les putschistes semblent tenir le bon bout en Mauritanie où depuis hier un coup d’Etat a cours. En effet, c’est tôt le matin, vers 5h, que des militaires mauritaniens, pour la plupart des membres de la garde présidentielle, ont pris le contrôle du siège de l’état-major, de la radio et de la télévision nationales et ont bloqué l’accès à la présidence et aux différents ministères.

Les putschistes ont également positionné des véhicules équipés d’armes lourdes et de batteries anti-aériennes à plusieurs points stratégiques de la capitale. Il faut dire que tout se tramait au moment où le président Maaouyia Ould Taya, arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup de force, était à Ryad pour les obsèques du roi Fahd d’Arabie Saoudite.

Dans un communiqué rendu public par l’agence mauritanienne d’information, les insurgés ont annoncé la mise en place d’un « Conseil militaire pour la justice et la démocratie » pour remplacer le « régime totalitaire dont notre peuple a tant souffert ces dernières années ».

Ils y affirment que leur acte est soutenu unanimement par « les forces armées et de sécurité » de la Mauritanie. Enfin, ils ont précisé qu’ils exerceront le pouvoir pendant une période de deux ans afin de préparer dans la transparence la mise en place d’institutions démocratiques.

En fin de matinée, l’avion qui ramenait le président Taya de Ryad a atterri à Niamey. Là, en attendant de voir plus clair dans la situation, le président a été installé dans une villa proche de la présidence et il a eu un entretien avec le président nigérien Mamadou Tandja.

Depuis, le téléphone est particulièrement sollicité dans les palais présidentiels de la sous-région, où on cherchait déjà une terre d’asile pour l’infortuné Ould Taya, victime du syndrome Patassé.Au moment où nous tracions ces lignes, on n’avait pas encore le nom du nouvel homme fort de Nouakchott.

Ould Taya a donc finalement été emporté par un coup d’Etat, lui qui, depuis quelques années, s’était spécialisé à en déjouer plusieurs et c’est sans état d’âme qu’il envoyait croupir de nombreux militaires dans ses geôles. Si ce coup a réussi, c’est qu’il a été mené par ses propres hommes, ceux-là même qui devaient veiller sur lui. Ça ressemble un peu au coup d’Etat qui a emporté Barré Maïnassara du Niger ou même Thomas Sankara du Burkina.

Dans une déclaration, le président Konaré de l’Union africaine, en bon gardien du temple de l’orthodoxie démocratique (on l’a vu récemment dans le cas togolais), a naturellement condamné ce coup de force.

Il ne pouvait en être autrement quand on sait que son institution a adopté en 99 une résolution dite d’Alger, renouvelée l’année d’après à Lomé, qui proscrit les coup d’Etat sur le continent, le suffrage populaire étant retenu comme le seul moyen de parvenir au pouvoir. Une résolution mort-née puisqu’on ne l’a jamais opposée avec succès à un putschiste.

Les cas du Niger, de la Guinée-Bissau et de la Centrafrique sont là pour le démontrer. Et cela parce que l’organisation africaine s’arc-boute sur des principes en fermant les yeux sur les réalités du terrain.

Tant que nos Etats ne seront pas démocratiques, tant que le sport favori des gouvernants restera le trucage des élections, tant que les présidents se plairont à tripatouiller les Constitutions pour s’éterniser au pouvoir, aucune résolution ne pourra éradiquer les coups de force sur notre continent.

On imagine qu’à Ouagadougou on ne doit pas être particulièrement mécontent de ce qui se passe à Nouakchott. En effet, on se souvient que Nouakchott avait à plusieurs reprises, notamment lors du putsch manqué du 8 juin 2003, accusé Ouagadougou de menées déstabilisatrices.

Le cas mauritanien avait même déteint sur la politique intérieure de notre pays, les autorités burkinabè ayant alors accusé Me Hermann Yaméogo de s’être rendu en Mauritanie pour colporter des ragots sur le régime de Blaise Compaoré. Le président de l’UNDD s’en était bien sûr défendu, disant au passage que puisqu’on prétendait qu’il était alors voir Ould Taya, c’est bien maintenant qu’il allait demander en bonne et due forme une audience au maître de Nouakchott.

L’abacès mauritanien avait même abouti à la constitution d’un axe Conakry-Abidjan-Nouakchott contre Ouagadougou. Verra-t-on encore la main de l’enfant terrible de Ziniaré dans ce qui est en train de se tramer ? Les jours à venir nous situeront peut-être davantage. Quoiqu’il en soit, on peut aisément comprendre qu’Abidjan condamne avec la dernière énergie ce coup de force qui prive Gbagbo d’un allié.

Ce pronunciamento, comme suggéré plus haut, n’est pas sans rappeler celui perpétré à Bangui contre le président Félix Ange Patassé. En effet, c’est alors qu’il participait à un sommet de la CEN-SAD à Niamey le 15 mars 2003 que les putschistes sont entrés en jeu. L’avion présidentiel n’avait pu alors atterrir à Bangui et c’est finalement à Lomé, chez ses beaux, que l’homme à la fameuse barbiche poivre et sel est allé se réfugier.

On sait que depuis quelque temps, la Mauritanie s’est retirée de la CEDEAO, mais ironie du sort, c’est dans le pays du président en exercice de cette institution qu’il a dû poser son baluchon en attendant de voir venir.

C’est à croire qu’il ne fait plus bon pour nos présidents de voyager tant qu’ils ne sont pas sûrs de leurs arrières, mais en est-on jamais sûr à 100% ? Un syndrome Patassé qui va clouer dans leurs pays tous les petits tyrans qui prospèrent dans certains de nos pays.

Mais comme nous n’avons cessé de le répéter, le meilleur antidote aux rébellions, mutineries, coups d’Etat et autres révolutions de palais, c’est la démocratie, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance et la justice sociale.

Autrement, on peut prendre toutes les résolutions possibles et imaginables ou s’assurer des meilleurs chiens de garde, on ne sera jamais à l’abri d’une mauvaise surprise.

San Evariste Barro
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2005 à 11:49, par Che Guevara En réponse à : > Mauritanie : Syndrome Patassé pour Ould Taya

    Tous les dictateurs méritent cette situation.Ould Taya est parti comme il est venu.Mais dommage que ce soit une révolution de palais car ce sont des hommes à lui qui veulent contenter le peuple.Cela revient ici à changer Blaise par Gilbert Diendéré.Les peuples africains par leur immaturité donnent svt le pouvoir aux militaires qui n’y partiront plus jamais.Ici rappelez vous que les militaires sont au pouvoir depuis 1966 et depuis refusent de partir.A qui le prochaine tour ?Dans la sous région seul un militaire a autant duré que Ould Taya.c’est BLAISE COMPAORE.Mais cette fois ci le peuple s’assurera que ce soit une réelle révolution avec un parti digne de ce nom qui saura repondre aux aspirations du peuple.Soyez tous mobilisés pour la victoire finale.Laissez les partis politiques avec leurs histoires.Aller dans les syndicats dignes et honnêtes,conscientiser les gens.
    NB:Des gens comme l’Observateur sont les gens du pouvoir et son directeur est un conseiller.L’histoire de l’incendie sous la "Révolution de Sankara"est un mensonge et un montage faits avec Blaise.N’avez vous pas vu les invités au mariage de Zoungrana(Simon et Roch).N’avez vous pas vu leur mépris pour Norbert Zongo et son assassinat ?Le peuple véritable rendra un jour son verdict.Tot ou tard

    • Le 4 août 2005 à 13:02, par harouna En réponse à : > Mauritanie : Syndrome Patassé pour Ould Taya

      Les nouvelles d’hier, c’était pas surprenant parce que maouya ould taya c’était un des dictateurs les plus horribles du vingtième siècle mais ce n’est pas encore la fin du régime ; il faut attendre le résultat des nouveaux remplaçants parce que pendant les exécutions de militaires noirs en 1987, c’était les mêmes personnes qui étaient les bras droits du colonel oud taya jusqu’en 1990. Tous les crimes contre l’humanité que le peuple noir et peul a subi en mauritanie, c’était le même groupe dictatorial qui verse tant de sang des noirs mauritaniens. Pour nous, les noirs mauritaniens éparpillés dans le monde, il n’y a aucun changement, ni aucune joie mais j’espère que cette fois, il y aura la vraie démocratie et la réconciliation des peuples et la fin de tout régime d’apartheid

  • Le 22 octobre 2021 à 15:16, par George Aron En réponse à : Mauritanie : Syndrome Patassé pour Ould Taya

    Le President Ould Taya est le meilleur President de toute l’histoire de La Mauritanie. C’est lui qui a installer la democratie, le multi-partisme, la liberte de la presse, et c’est aussi M. Ould Taya qui a developper la Mauritanie economiquement et socialement.
    Les putschistes qui sont venus apres lui sont la pour piller et voler la Mauritanie.
    VIVE LE PRESIDENT OULD TAYA.

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