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Proclamation de l’Indépendance : Les témoignages de deux septuagénaires

Publié le jeudi 4 août 2005 à 08h03min

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Le 5 août 1960, la Haute-Volta devenue depuis la Révolution du 4 août 1983, Burkina Faso accédait officiellement à l’indépendance. Quarante cinq (45) ans après, que retenir de cette date mémorable ? Sidwaya a recueilli les témoignages de deux septuagénaires, Joël Tapsoba et Emile Ouédraogo.

Emile Ouédraogo

Je travaillais avec un Blanc du nom de Polito au moment de la proclamation de l’Indépendance de notre pays le 5 août 1960.

M. Polito m’a impliqué dans la commission accueil et hébergement dont il avait la charge. Chaque jour, nous faisons le tour des sites d’hébergement pour pourvoir aux besoins de nos hôtes. La cérémonie officielle de la proclamation de l’Indépendance a eu lieu à l’actuelle Place de la Nation. Il y a eu des défilés, des réjouissances populaires mais comme nous étions en saison pluvieuse, les autorités ont préféré attendre le 11 décembre pour organiser la grande fête nationale. Nous avons accueilli la proclamation avec joie parce que nous avons beaucoup souffert sous la période coloniale. Je pense aux travaux forcés. Même nos frères noirs nous faisaient souffrir. J’ai personnellement travaillé huit (8) jours durant sur la roue de Kombissiri en construction à l’époque. Il y a eu toutes sortes de corvées comme les travaux champêtres, la construction du chemin de fer, les transports des troncs d’arbre etc. La période coloniale a été très difficile. La France menait une politique qui ne nous permettait pas de nous développer aussi facilement.

Aujourd’hui, s’il est vrai que nous sommes officiellement indépendants, il faut dire que la France continue d’avoir une main mise sur nous. Les Anglais étaient plus honnêtes et ils ont beaucoup aidé les populations de leurs colonies.

Je m’appelle Tapsoba Joël attaché des Affaires économiques à la retraite. Je suis né en 1933.

Avant de parler de l’avènement de l’indépendance, le 5 août 1960, je voudrais souligner quelque chose qui me tient à cœur. Il s’agit du mal que le colon français nous a fait. La colonisation française a été négative. Il y a eu beaucoup de laisser-aller et c’était stratégique. Je dis cela parce que le Blanc veut que nous ayons toujours la main tendue vers lui afin qu’il puisse exercer son pouvoir sur nous. Le colon français n’a rien appris aux Voltaïques. A l’opposé, les Ghanéens nos voisins, qui ont été colonisés par les Anglais, sont très entreprenants. Voilà pourquoi nous avons bien accueilli l’indépendance qui était perçue comme la libération du peuple voltaïque. Le même jour de l’indépendance, c’est-à-dire le 5 août 1960, c’était la fête.

Mais la date coïncidant avec l’hivernage, il n’y a pas eu de grandes réjouissances. Les paysans étaient en pleine campagne agricole et il était difficile de les rassembler. On a alors commémoré le 5 août, mais c’est le 11 décembre que la vraie fête a eu lieu. Le 5 août, le général de Gaulle a envoyé un message qui a été lu par le gouverneur de la Haute-Volta à l’époque, M. Yvon Bourges. Il y a eu également le message à la nation du Président Maurice Yaméogo, des défilés, des décorations, des réceptions etc. La veille de la fête, le 4-août, il y a eu la retraite au flambeau. Beaucoup d’invités venus de l’étranger ont assisté à la fête, mais il faut reconnaître que la nation entière n’était pas impliquée. C’est seulement la ville de Ouagadougou qui a connu réellement le 5 août 1960. Cependant, le 11 décembre 1960, il y avait des réjouissances partout dans le pays.

Même la plus petite préfecture était associée. 45 ans après, je retiens que le 5 août 1960 était très important pour nous parce qu’on se disait, enfin ! Le Blanc va partir.

Pauline P. YAMEOGO
Enok KINDO
Sidwaya

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