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Entorses à la langue de Molière : L’administration dans la mêlée

Publié le mercredi 3 août 2005 à 09h03min

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Le département de Lettres modernes de l’Université de Ouagadougou a abrité, ce lundi 25 juillet 2005, une séance de soutenance d’un mémoire de DEA, intitulé : "La faute dans l’écrit administratif : le cas de la lettre au Burkina Faso". La recherche menée sous la direction du professeur Louis Millogo par M. Etienne Konkobo, chef de cabinet du ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS), met à nu le mauvais maniement du français dans les écrits administratifs.

Les maladresses dans l’usage du français ne sont pas seulement l’apanage des personnes à faible niveau d’instruction. Les hautes autorités de l’Etat et les grands diplômés ne sont pas au-dessus de la mêlée. C’est, en substance, ce que révèle l’étude de M. Konkobo dans l’analyse d’un échantillon de 30 lettres administratives. Pour l’auteur, cette réalité s’explique par la négligence ou même par l’ignorance des normes de rédaction administrative chez les locuteurs. Nombreux seraient en effet les rédacteurs peu avertis des exigences de l’écriture administrative et de la langue de Molière.

Face à cette situation, et en personne avertie, M. Konkobo a formulé une kyrielle de recommandations à l’adresse des décideurs. Ce sont, entre autres, "un peu plus de rigueur de la part des rédacteurs et un peu plus d’exigence de qualité de la part des signataires des documents administratifs, l’introduction de la formation administrative dans les universités et dans les grandes écoles, le relèvement du niveau d’entrée dans les différents cycles de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) par l’érection de celle-ci en une institution de rang universitaire.

Cela permettra, du reste, d’accréditer au plan universitaire, les diplômes délivrés par cette grande école". Il a également préconisé "la nomination auprès des hautes autorités administratives de rédacteurs-correcteurs avertis des difficultés du français et maîtrisant parfaitement la langue. Ces rédacteurs-correcteurs seront bien entraînés à la rédaction administrative.

Le jury composé du professeur Louis Millogo comme président, des maîtres-assistants Yves Dakuo et Youssouf Ouédraogo comme membres, a, dans l’ensemble, apprécié très positivement le travail. Il s’est réjoui de l’originalité du sujet et a félicité le candidat pour son choix jugé osé et pour son courage à se lancer dans la recherche, bien qu’étant déjà un cadre de l’administration.

Les recommandations faites par le postulant ont été également approuvées. Pour soutenir cette position, le président du jury s’est référé à une anecdote sur le général de Gaulle qui, ayant constaté les fautes récurrentes dans les écrits proposés à sa signature, fit remarquer que l’Etat ne doit pas se tromper. Pour le général-président, l’autorité de l’Etat dépend surtout de la qualité de ses écrits. Pour ce faire, l’Etat se doit d’utiliser la meilleure langue pour ne pas se ridiculiser.

Le travail a été sanctionné par la mention "Très bien". Le jury a souhaité que le nouveau diplômé poursuive ses recherches pour élucider d’autres pans de la question.

Abdoulaye DAO
Sidwaya

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