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Crise alimentaire : La famine sévit à Dissin

Publié le mardi 2 août 2005 à 07h10min

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La population du Sud-ouest ne sait plus à quel saint se vouer. C’est du moins ce que rapporte, dans cet écrit, un ressortissant de cette région, Rodrigue Kpoda. Il faut, dit-il, que l’Etat et les ONG agissent avant qu’il ne soit trop tard.

" Cette année, la famine jadis ignorée au Sud- ouest, s’est installée mettant ainsi la région dans une quasi-inactivité. On aura bien de la peine à croire qu’une zone connue pour être bien arrosée puisse en arriver là.
Et pourtant, c’est aussi simple de compréhension. Cette zone fournit l’essentiel des céréales aux autres régions du pays ; de plus à l’instar d’autres régions, elle n’a pas engrangé suffisamment de céréales l’année dernière.

A Dissin, dans le Ioba, les gens ont la faim en partage. La faim se lit sur les visages, dans les maisons, dans la rue, sur les places publiques ; ainsi lorsque vous arrivez à Dissin, vous êtes d’office dans une auberge espagnole ; en termes clairs, vous n’avez que ce que vous y apportez ; l’hospitalité fait cruellement défaut pour une ville jadis renommée pour son hospitalité.

Cela se justifie par la misère qui traque la ville et on ne doit pas en vouloir à ces pauvres paysans.
Dans les familles où je suis passé j’ai entendu répéter invariablement cette phrase : "Ici, nous mourrons de faim", c’est écoeurant de voir des gens mourir de cette cause qu’est la faim.

J’ai été très ému de voir à Dissin, une femme ramasser de la farine aspergée de gasoil des moulins pour en faire un repas ; je ne pouvais l’imaginer ! Quelle différence y a t-il entre cette femme et un Nigérien ?

A Satiri, non loin de Bobo, un ami, ressortissant de ladite localité, m’a fait savoir que contrairement à ce que les femmes avaient coutume de faire, elles ne peuvent plus abandonner leurs graines au moulin pour revenir chercher la farine plus tard, car le vol par nécessité s’y pratique.
A Bobo, à Banfora, à Gaoua, à Orodara et j’en passe, la misère frappe hommes, femmes, enfants et les animaux.

C’est vraiment très malheureux de voir des gens qui, non seulement ont des greniers vides, mais aussi manquent de moyens financiers pour se procurer de quoi se nourrir.
Que peut un homme s’il n’a pas à manger ? Rien !
Alors, j’en appelle à l’Etat, aux ONG, à la communauté internationale, à tous ceux qui peuvent prêter main forte au Sud-ouest afin de tirer cette région de la famine."

Rodrigue K.S KPODA
Ressortissant du Sud-ouest, résidant à Ouagadougou
Tél : 76 60 09 60
E-mail : rodikpoda@yahoo.fr

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