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Carnet de route : Bouaké, la belle rebelle

Publié le mardi 2 août 2005 à 07h56min

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Notre collaborateur, Mohamed Ag Ibrahim, a séjourné récemment au Nord de la Côte d’Ivoire. Il évoque ici, l’ambiance qui règne dans la zone rebelle, précisément à Bouaké, le "quartier général" des Forces nouvelles.

La Côte d’Ivoire, leader mondial de la production de cacao, était un des pays les plus stables du continent. Le pays connaît une scission en deux depuis le 19 septembre 2002. Les Forces nouvelles contrôlent la zone Nord du pays.

Bouaké, cette coquette métropole du Nord du pays, située à 367 km d’Abidjan, est le bastion du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI). Au lendemain des attaques des villes d’Anyama et d’Agboville, la localité n’a pas connu une effervescence particulière.

Le temps était beau et le ciel nuageux. La population n’était pas terrée chez elle. Les rues grouillaient de monde et le marché animé toute la journée. On ne lisait pas de l’anxiété sur les visages des citoyens. Marchands ambulants et taxis sillonnaient les rues. On ne sentait pas un déploiement impressionnant des troupes. Seules quelques 4X4 rutilantes avec, à bord, des combattants armés du MPCI empruntaient à vive allure certaines artères de la ville.

Certains volontaires qui grossissent les rangs des Forces nouvelles, subissent par section des manoeuvres militaires sous l’oeil des passants. Les populations ne payent pas les biens publics comme l’électricité et l’eau, mais le rationnellement de l’eau se fait sentir. Le téléphone fonctionne, mais le dynamisme économique de cette cité souffre de la fermeture des institutions bancaires.
Les scolaires qui ont connu une année blanche 2003-2004, poursuivent les cours dans les lycées.

Le ministère de l’Education nationale promet d’organiser les examens de deux années cumulées en août 2005. Les services sociaux comme la santé fonctionnent mais la nuit tombée, il est difficile de se trouver une pharmacie de garde. Malgré la situation de guerre, les nuits à Bouaké sont endiablées. Les maquis ne désemplissent pas et le "couper-décaler" avec ses messages hostiles aux "assaillants" est consommé sans modération.

"Vieux père, lâche les jetons du thé !"

Cependant, la circulation nocturne en voiture n’est pas aisée. Tous les carrefours de la ville sont bouclés par les barrages des Forces nouvelles qui contrôlent les pièces de véhicule et des passagers et procèdent à des fouilles. Ces forces de sécurité sont en majorité composées de combattants portant un pantalon treillis et un tee-shirt à l’effigie d’une idole, chef de guerre.

Bouaké est aussi la plaque tournante des échanges avec le Burkina Faso et le Mali qui exploitent le corridor Nord. La présence des véhicules venant de ces pays est remarquable mais ces derniers effectuent un parcours de combattant pour aller à Bouaké. De la frontière à cette ville, de multiples barrages jalonnent le chemin.

De très jeunes soldats des Forces nouvelles, visiblement surexcités, contrôlent et fouillent les voyageurs. Malgré vos pièces en règle, ils vous diront : "vieux père, lâche les jetons du thé".

On constate beaucoup d’excitation dans les rangs de ces soldats qui posent souvent des actes qui discréditent la rébellion. L’intensité du trafic vers Bouaké par voie terrestre a baissé et des pays comme le Burkina Faso et le Mali ressentent sévèrement le contre-coup de la crise ivoirienne. Peut-être que la paix en Côte d’Ivoire s’imposera par le commerce avec la sous-région car la guerre a révélé aussi que nos destins sont unis.

En attendant, Bouaké garde son charme, ville symbole de l’intégration où se côtoient de nombreuses nationalités et dont le conflit n’a pas altéré la légendaire hospitalité.

Par Mohamed Ag Ibrahim (collaborateur)


"Le wack, notre compagnon"

Les soldats des Forces nouvelles vouent un culte démesuré aux pouvoirs mystiques. Il est très rare de voir un combattant qui n’exhibe pas un signe extérieur de son gris-gris protecteur. Certains sont bardés de talismans, de cauris, de queues, de cornes, de bracelets avec, aux doigts, de nombreuses bagues. Chacun y va de son "petit quelque chose" qu’il porte fièrement et qui lui procure un sentiment d’invulnérabilité.
Magie et fétichisme, quand tu nous tiens !

Un litre d’essence à 410 F CFA

Si les prix des hydrocarbures ont flambé au Burkina Faso, en zone rebelle plus précisément à Ouangolodougou, le litre d’essence coûte 410 F CFA et le litre de gas-oil 425 F CFA. L’approvisionnement de la zone nord en carburant se fait à partir du port de Lomé en transitant par le Burkina Faso.

Commandant Watao !

L’organisation militaire des Forces nouvelles se renforce. Les soldats peuvent désormais porter des galons. L’état-major du MPCI, dirigé par le Général Bakayoko, réorganise les troupes en donnant des galons aux plus méritants. C’est ainsi que le sergent-chef Issaka Ouattara alias Watao de l’armée régulière devenu figure de proue de la rébellion, a été promu Commandant.

Propagande sur la RTI

Les habitants de Bouaké suivent les émissions de la Radio Télévision nationale (RTI). Mais ce média est devenu un outil de propagande de la politique du régime d’Abidjan. Les programmes sont pratiquement pris en otage par Charles Blé Goudé, chantre de l’ivoirité et leader de l’Alliance des jeunes patriotes. La propagande y règne en maître.

Par M.A.I

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2005 à 12:07, par Traore En réponse à : > Carnet de route : Bouaké, la belle rebelle

    Tu dis pas la vérité toi.A Bouaké c’est la misère.Les gens sont dans l’extrême pauvreté.Vivement nous devons travailler au retour de lapix au lieu de faire des reportages partisans et bidons.Sur la voie les soldats vous demandent même souvent 25F.Quelle misère ???.Soyez plus honnêtes Messieurs.A bon entendeur salut

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