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Décès de John Garang : Le dinosaure de la lutte au Sud-Soudan n’est plus

Publié le mardi 2 août 2005 à 07h47min

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John Garang, le charismatique chef de l’ex-rebellion du Sud-Soudan, premier vice-président du Soudan n’est plus depuis samedi 30 juillet 2005. Une mort brutale pour le leader du SPLM/SPLA qui commençait à goutter aux saveurs de la paix entre son mouvement et le pouvoir de Khartoum.

La bataille à la misère que John Garang, premier vice-président du Soudan voulait mener au Sud-Soudan n’aura pas lieu. La chaîne de montagnes des Anatony au Sud du Soudan a été fatale à l’hélicoptère qui transportait "le lutteur" et 13 autres personnes. Après 22 ans de lutte contre le pouvoir de Khartoum, John Garang avait dû abandonner ses galons de colonel pour partager le pouvoir avec le général-président, Omar Al Béchir. Compromis d’un accord de paix signé en janvier dernier. Le grand chef qu’il a été au SPLM militera à convertir la rébellion en parti politique. Le SPLM devient SPLM/SPLA, le Mouvement populaire et l’armée populaire de libération du Soudan.

Si les circonstances exactes de la mort de ce "dinosaure de la lutte au Sud-Soudan" n’ont pas été clairement expliquées, les premières informations font état d’un problème de visibilité des pics de montagne des Anatony. L’hélico ougandais, qui avait à son bord six collaborateurs de Garang ainsi que sept membres de l’équipage, aurait percuté la chaîne de montagnes avant de s’écraser.

Le guerrier disparaît ainsi, laissant place aux supputations sur les conditions véritables de cet accident vu la carrure des victimes surtout, la principale, John Garang. La disparition plonge le Soudan dans la consternation et les 72 heures de deuil décrétées par le président Al Béchir reflète l’accueil populaire qu’il avait eu à son retour à Khartoum le 8 juillet 2005 à la veille de sa prestation de serment après 22 ans de lutte clandestine.

Qui est l’homme ?

John Garang par son charisme arrache des points lors des différentes négociations sur le processus de paix. Les 28% des fauteuils du parlement et du gouvernement contre 52% du Congrès national d’Al Béchir, 14% à l’opposition du Nord et 6% à celle du Sud, témoignent de la hargne de cet ancien étudiant en économie.

Né en 1945 dans la cité soudanaise du Sud nilotique du nom de Bor, John Garang est d’origine Dinka. Après des études secondaires en Tanzanie, il s’inscrit en économie à Grinell collège dans l’Iowa aux States.

Cependant, les écoles civiles et militaires américaines sont pour lui, des entités complémentaires. N’empêche qu’ent-temps, il apprend le métier des armes dans le tas aux côtés des révoltés d’Anyanya en 1970. Deux ans après, cette rébellion signe les accords d’Addis-Abeba. Garang ne s’arrêtera pas en mi-chemin.

Il intègre l’armée régulière avec rang de colonel et poursuivra une formation militaire à Fort Benning dans l’infanterie américaine. Mais la loi islamique ne fait pas son affaire et en 1983, Garang déserte l’armée de la ville de Bor où le général Jaafar Nimeyri avait envoyé l’armée réprimer les "anti-loi islamique". Garang ne quittera le navire de l’armée seul en tant que colonel.

En effet, le 105e bataillon qu’il commandait depuis 1970, sera le noyau dur de son Armée populaire de libération du Soudan (APLS). Cependant, la lutte de clans et de leadership dans cette rébellion fait rage entre deux ethnies : les Dinkas et les Nouers.

John Garang fait face à la concurrence de Riek Machar, tête de proue des Nouers qui, en 1981, fait scission. John Garang s’en est allé mais le processus de paix enclenché doit se poursuivre même si l’on sait qu’au Sud, la succession de son matador risque d’être "corsée" et fratricide.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

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