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Révocation du maire UNDD de Koudougou : énième cabale contre Hermann Yaméogo ?

Publié le lundi 1er août 2005 à 08h58min

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La nouvelle annoncée par l’Observateur Paalga a résonné comme un coup de tonnerre : Marcellin Yaméogo, maire UNDD de Koudougou, est révoqué avec poursuites judiciaires concernant sa gestion relative aux opérations de lotissement de la ville qu’il dirige. Même si on en doutait, on est de plus en plus enclin à croire qu’effectivement, il y a un acharnement qui dit son nom contre le président de l’UNDD et qui amène beaucoup à dire que " trop c’est trop ".

Alors qu’on en était encore à gérer les accusations de réédition du 13 Décembre, renforcées par la cabale au sein du CODECO où on a trouvé des militants pour confirmer les accusations de Djibril Bassolet, voilà que sans crier gare, on frappe Marcellin Yaméogo. Ce n’est pas qu’il n’y ait jamais eu de mesures du genre contre des maires au Burkina Faso, sous la IVème République ; non, il y en a eu même à l’encontre de maires du parti au pouvoir. Mais il y a des différences entre tous ces cas et le cas Marcellin Yaméogo.

D’abord, généralement, avant qu’on en arrive à de telles extrémités, on assiste à une cascade de pétitions de conseillers, d’administrés... contre la gestion chaotique des maires en questions. On voit même des marches organisées par les citoyens pour demander des sanctions contre la mauvaise gestion des communes. De tout cela, il n’en a jamais été question à Koudougou ; au contraire, les administrés sont si satisfaits de la gestion de leur commune qu’ils ne manquent pas d’exprimer leur impatience que vienne l’heure du renouvellement de la municipalité pour qu’ils reconduisent leur confiance au Maire. Autre différence : la commune de Koudougou est la seule commune dans laquelle l’opposition a remporté sans coup férir les élections n’ayant pas eu besoin d’alliance pour prendre les commandes de la municipalité.

Aujourd’hui, après la décision du conseil des Ministres, il n’y a plus au Burkina Faso, de mairie détenue par un parti d’opposition. Mais ce qui frappe encore dans cette décision du conseil des Ministres, c’est la nature des incriminations : on a l’impression qu’il y a erreur sur la personne car, qu’il s’agisse de la question du lotissement ou des contrats passés avec les géomètres, on a affaire à des faits qui ont eu lieu au cours de la gestion passée alors que Marcellin Yaméogo n’était pas maire. Que l’on fasse fi de ces circonstances pour aller jusqu’à prendre une mesure de révocation, on comprend que nombre de Burkinabé se perdent en conjectures, encore et surtout que nous sommes à la veille d’élections présidentielle et locales et que la personne qui vient ainsi d’être frappée est un bras droit du président de l’UNDD que l’on sait n’être pas en odeur de sainteté avec le pouvoir.

Le jour de l’annonce de la décision, la ville a retenu son souffle parce qu’on sentait que les rues risquaient d’être prises d’assaut. De Ouagadougou où il se trouvait, Marcellin Yaméogo a convoqué une conférence de presse à 11 H30 à l’Eau vive et là, devant un parterre de journalistes, devant des partis politiques d’ALTERNANCE 2005, son Coordonnateur Issa Tiendrébéogo en tête, devant le candidat Secrétaire général du PAI, Philippe Ouédraogo et le président de l’UNDD Me Hermann Yaméogo, il a, entouré des conseillers Adama Ouédraogo et de Jeannette Yaméogo née Kaboré, adjointe au Maire, expliqué en quoi il ne se sentait pas concerné par cette décision.

" Je n’ai rien à me reprocher car je n’ai pas fait de lotissement. Ce lotissement a été fait par mon prédécesseur. Je n’ai fait que poursuivre cette opération qui a débuté en 1998 ". Quant à l’endettement de la commune, Marcellin Yaméogo tombe des nues. Si un tel endettement existait, " les entrepreneurs tomberaient à bras raccourcis pour nous ". Tout ce que Marcellin Yaméogo reconnaît, c’est uniquement la négligence, celle de n’avoir pas établi un contrat additif avec la société " L’œil du géomètre " pour l’extension du lotissement au Secteur 2 de Koudougou. Par contre, tout ce qui a été demandé dans le cadre de cette extension a été fait dans le cadre du conseil municipal avec pièces justificatives à la clé.

Pour les critiques relatives à la Cité du 4 Août, le maire a expliqué qu’il n’a rien à y voir parce que c’est la CEGECI qui l’a parcellisée et attribué au nez et à la barbe des autorités communales.

Pour Marcellin Yaméogo, il ne fait pas de doute qu’il s’agit là d’une énième cabale contre le parti et son leader. Il est ici le bouc émissaire, l’instrument qui en l’occasion, a été choisi pour faire mal. On veut lui faire payer d’avoir résisté, d’avoir toujours refusé de trahir le parti et Me Yaméogo. On veut, à la veille des élections, abattre Hermann et empêcher que l’UNDD n’enlève encore une fois haut la main la commune de Koudougou.

Mais il ne se laissera pas pour autant abattre. L’adversité, dit-il en substance, je la connais. Je n’étais pas fait pour mourir Maire à la tête de Koudougou. Si l’on veut m’emprisonner, on m’emprisonnera parce que telle est la volonté mais je ne dévierai pas pour autant de ma ligne.

A une question de savoir comment il fait pour supporter tout cela, pour encaisser tout ce qui lui tombe dessus et comment la ville de Koudougou réagit à tout ce qui arrive, Marcellin a dit qu’il va recourir à une image. Pour lui, on veut replonger Koudougou dans le long sommeil dans lequel elle était plongée depuis la chute de Maurice Yaméogo. C’est parce que les habitants de Koudougou ont fait des pieds et des mains qu’ils ont pu émerger de cet endormissement ; ils ont fait comme la tortue : la tortue, dit-il, qui a expliqué qu’il lui a fallu des trésors de courage, de volonté, pour pousser ses pattes en dehors de sa carapace car le bon Dieu avait carrément décidé de faire d’elle une pierre.

Après la conférence de presse, Marcellin Yaméogo a communiqué par le canal des radios FM de Koudougou avec ses militants, la population, pour leur demander de rester calmes. Cela n’a pas empêché qu’une marche s’improvise pour aller protester aux abords de la Mairie. Cela n’a pas empêché que la colère continue de monter et que l’on entende à travers la ville, remis au goût du jour, le fameux " trop c’est trop ".

Ceux qui se sont rendus à Koudougou pour tâter le pouls sont tous unanimes : la colère est grande.

On parle de ville morte, de marche devant réunir les délégués des départements. Pendant ce temps, les chefs de terre, unis derrière leur fils, soutiennent que la terre de Koudougou ne sera plus la terre de Koudougou si elle accepte une telle infamie.

Les jours qui viennent risquent d’être très mouvementés, animés par des contestations mais également par des débats politiques et juridiques car, alors que monte la fièvre, on se demande s’il n’y a pas des questionnements autour de ce pouvoir qui se dit démocratique, construit sur la séparation des pouvoirs et qui se permet de révoquer des élus.

Lamine Koné
San Finna

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