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Obsèques de Bougouraoua Ouédraogo : Adieu homme à l’âme généreuse !

Publié le lundi 1er août 2005 à 08h42min

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Décédé le mardi 26 juillet 2005 à Ouagadougou à l’âge de 87 ans, "le vieux Bougouraoua", comme on l’appelait affectueusement, a été enterré à son domicile à Ouahigouya au secteur n° 7, le jeudi 28 juillet. C’est une foule immense de personnalités politiques de premier rang, d’acteurs du monde du développement, de nombreux parents et connaissances qui a rendu un dernier hommage à cet homme aux mérites incontestées.

"Bougouraoua est mort pauvre parce qu’il a partagé tout ce qu’il avait". C’est en ces termes que l’ancien ministre des Finances, Georges Sanogo, dans "Mes deux vérités" (prononcées peu avant l’inhumation), a souligné les qualités d’honnêteté et d’altruisme de Hamadé Bougouraoua Ouédraogo. "Je le compare un peu, poursuit M. Sanogo, au prophète Mohamed, homme le plus puissant du monde de son époque, mais mort dans la pauvreté". Il était 19 heures lorsque le cortège mortuaire est arrivé à Ouahigouya après plus de quatre heures de route, le mercredi 27 juillet.

Le corps, dans un cercueil en bois rouge drapé de tapis arabe est exposé dans un grand salon. S’en suit un interminable défilé d’hommes et de femmes pour un ultime hommage à "celui qui a aimé son pays jusqu’au chauvinisme". De nombreux fidèles musulmans occupent la grande terrasse pour la veillée de prières. L’enterrement, annoncé pour le lendemain à 9 heures, se déroulera finalement aux environs de 11 heures. La grande foule de la veille ne cesse de grossir. La cour est pleine à craquer. Les forces de l’ordre sont débordées.

Les membres du gouvernement (Salif Diallo, Boureima Badini, Lassané Sawadogo, Adama Fofana et Odile Bonkoungou) et d’autres personnalités politiques et administratives ont parfois du mal à se frayer un passage. C’est avec peine que le cercueil quitte la cour pour la prière au milieu de la grande voie. Dans son prêche, le cheikh de Tansalgo appelle au pardon, à l’humilité et à la paix dans les cœurs. Il invite les vivants à un devoir de mémoire pour "celui que tout le monde pleure". "Plus que des actes d’apparat passagers, sermonne-t-il, il faut perpétuer la mémoire du défunt en donnant son nom à une école ou à un dispensaire".

La longue série des oraisons funèbres rappelle les innombrables, mérites de l’ancien pensionnaire de l’école primaire supérieure Terrasson de Fougère à Bamako. Dans leurs mots d’adieu, les enfants demandent pardon au père pour tout ce qu’ils ont fait de déplaisant à son égard. Dans leurs messages de condoléances, l’ambassadeur de France (qui a envoyé un représentant) et le Pr Joseph Ki-Zerbo (représenté par son épouse) soulignent les qualités de droiture morale et de serviteur vaillant de cet ancien Grand conseiller de l’AOF au titre du Soudan.

L’association burkinabè des anciens parlementaires glorifie la longue et braillante carrière politique de celui qui fut membre de la première Assemblée territoriale de Haute-Volta. Le "petit frère", Gérard Kango Ouédraogo, parle de l’esprit de réconciliation de celui dont il fut un adversaire politique surtout pour le contrôle (politique) du Yatenga : "Avant de se rendre en pèlerinage à la Mecque en 1991, le grand frère Bougouraoua est venu me voir pour qu’ensemble nous œuvrions à effacer les rancœurs et les divisions entre les fils du Yatenga", explique Gérard Kango Ouédraogo.

Et, le 30 mars 1991, s’est tenu effectivement, à la Place de la nation, un meeting de réconciliation entre les deux "frères". Pourtant, l’homme "que tout le monde pleure", celui qui a occupé de hautes fonctions politiques et administratives, celui qui a offert le gîte et le couvert à l’époque à de nombreux enfants du Yatenga de passage à Ouagadougou pour leurs études, est pourtant mort sans avoir bénéficié de sa retraite burkinabè .

Alain St Robespierre
Observateur Paalga

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