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Côte d’Ivoire : entre espoir et inquiétude

Publié le lundi 1er août 2005 à 07h31min

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La Côte d’Ivoire va-t-elle replonger dans une situation de guerre ? C’est la question que bon nombre d’observateurs de la scène politique ivoirienne se pose en ce moment suite aux attaques qu’a connues Abidjan dans la nuit du samedi à dimanche 24 juillet dernier. Des attaques perpétrées par des individus qui sont restés non identifiés. plusieurs morts dont quatre gendarmes c’est le bilan de l’attaque.

Le second round de Pretoria avait quelque peu remis le processus de paix sur les rails avec son amendement par le président Laurent Gbagbo. La non application des accords et les lois issues des différentes négociations ont constitué pendant longtemps le blocage du processus de paix dans ce pays.

En effet, après la rencontre de Pretoria II tenue les 28 et 29 juin derniers Laurent Gbagbo a procédé à la promulgation des lois prévues par les accords.

Ainsi en usant de l’article 48 de la constitution ivoirienne qui lui donne des pouvoirs spéciaux en période de crise grave le président Laurent Gbagbo a amendé six (6) lois. Ces lois amendées portent sur : la commission électorale indépendante, la commission nationale des droits de l’homme, la nationalité, la naturalisation, l’identification des personnes et le séjour des étrangers en Côte d’ivoire ainsi que le financement sur fonds publics des partis politiques.

Même si ces amendements n’ont pas été faits par l’Assemblée nationale, les observateurs de la grave crise que traverse le pays depuis le 19 septembre 2002 auraient vu en cela une petite lueur d’espoir et l’aboutissement du processus de paix enclenché par le médiateur de l’Union africaine Thabo M’Béki. En ce sens que son aboutissement ouvrait la voie du désarmement des combattants mais aussi celle de l’élection présidentielle du 30 octobre prochain.

Par ailleurs le Désarmement mobilisation et réinsertion (DDR) était prévu pour commencer en fin septembre.

Un pas en avant et deux pas en arrière

Malheureusement dans la crise ivoirienne dès qu’on fait un pas vers la paix on en exécute deux autres dans le sens contraire. Le massacre de populations à Duékoué (plus d’une centaine de tués) et l’attaque dans la nuit du samedi au dimanche 24 juillet plusieurs morts) sont des illustrations. En effet, cette attaque perpétrée par des individus non identifiés, et militairement au point, dans trois zones d’Abidjan a fait plusieurs morts dont 4 gendarmes. Voilà ainsi un pas vers la paix et deux pas dans le sens contraire.

C’est sûr que cette situation vient de porter un coup au processus de paix timidement en marche. Elle vient de semer encore le doute sur la bonne foi du pouvoir ivoirien à composer avec l’autre côté c’est-à-dire l’opposition et l’ex-rébellion. D’ailleurs, le pouvoir sans aucune preuve accuse l’ex-rébellion d’être l’instigateur de cette attaque.

Toute chose que les Forces nouvelles ont démenti. A qui profite de tels actes ? En tout cas sans même savoir qui est l’auteur, le porte-parole de l’armée ivoirienne affirme que l’attaque des trois zones constitue une violation du cessez-le-feu.

Ce qui fait croire à bon nombre d’observateurs que cette situation est mise sur pied, par le pouvoir ivoirien pour intimider les autres forces politiques pour l’élection présidentielle. L’enquête de la mission onusienne situera sans doute les responsabilités de ces attaques mais on peut déjà conclure qu’elles risquent de constituer un sérieux frein pour le processus de paix. Avec l’amendement des six (6) lois, le président Laurent Gbagbo met ainsi la balle dans le camp des Forces nouvelles et ne court plus de sanction parce qu’ayant joué son rôle.

Or dans de telles conditions les Forces nouvelles n’acceptent pas désarmer, et deviendront en ce moment ceux qui auront bloqué le processus et couront des sanctions. Ces attaquants qui se sont déroulées en l’absence de l’homme fort d’Abidjan ont permis au sinistre Charles Blé Goudé et ses patriotes de s’attaquer à des responsables de partis politiques de l’opposition, notamment le PDCI-RDA et le RDR. Comme s’il en avait le droit, Blé Goudé aurait même interdit toute manifestation publique à Abidjan.

On aurait cru en tout cas que c’était le bout du tunnel mais ces évènements risquent d’ouvrir un troisième round de négociation pour le médiateur de l’Union africaine Thabo M’Béki. Qui sont les auteurs de ces attaques ? Les hommes du colonel Philippe Mangou attribuent les nationalités burkinabé et malienne aux attaquants d’une nuit qu’ils auraient fait prisonniers On en saura plus dans les prochains jours.

Roger W. Nana
L’Hebdo

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