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Après sa révocation : le maire de Koudougou contre-attaque

Publié le vendredi 29 juillet 2005 à 09h27min

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Les jours de Marcelin sont-ils comptés ? interrogions-nous dans notre édition du mardi 26 juillet 2005. Le lendemain, le conseil des ministres mettait fin au suspense en révoquant le maire de Koudougou pour fautes graves, avec poursuites judiciaires. Hier en fin de matinée, celui-ci a contre-attaqué en rejetant en bloc tous les griefs formulés contre lui.

Annoncé pour 11 h, c’est aux environs de 11 h 30 que Marcelin Yaméogo, flanqué de Me Hermann Yaméogo et de conseillers municipaux sont arrivés à l’Eau Vive de Ouagadougou où les attendaient le coordonateur d’Alternance 2005, Issa Tiendrébéogo, des militants de partis politiques et les journalistes.

Après la déclaration liminaire, lue par le conseiller UNDD Adama Ouédraogo, l’ex-maire de Koudougou a tout de suite rejeté en bloc les accusations portées contre lui qui sont entre autres : le lotissement de Koudougou sans autorisation préalable, la gabegie organisée dans la gestion financière du lotissement, l’endettement de la commune de plus de 106 millions de F CFA dû au lotissement.

Point par point, détails et ddocuments à l’appui, Marcelin Yaméogo s’est longuement expliqué : "Je n’ai jamais fait de lotissement ni passé un contrat avec l’Œil du géomètre "C’est plutôt le maire Emmanuel Zoma qui a fait les lotissement", a-t-il affirmé. Quand on parle de gabegie organisée dans la gestion financière du lotissement, l’ex-seul maire de l’opposition dit avoir demandé au ministre Moumouni Fabré de préciser qui en est l’auteur.

Il dit également être surpris de l’endettement de la commune, indiqué par le conseil des ministres. Quant à la zone appartenant à la CEGECI, Marcelin dit avoir été informé de sa parcellisation lorsque tous les travaux étaient finis. Selon le conférencier, beaucoup de choses à lui reprochés lui sont étrangères.

A l’entendre, l’ancien maire à qui il a succédé est mieux placé pour répondre des fais qui lui coûtent son poste aujourd’hui. Pourquoi n’avez-vous pas alors corrigé les erreurs de Zoma ? a demandé un journaliste. "J’ai passé 90% de mon temps à résoudre les problèmes posés..." a-t-il répondu. La seule chose qu’il reconnaît avoir commis "comme erreur", c’est de n’avoir pas signé un contrat additif avec l’Œil du géomètre.

Ma femme, utilisée contre moi

"C’est une révocation politique et non administrative", a-t-il martelé. Pour lui, le CDP n’a jamais digéré son élection à la tête de la mairie de Koudougou.

Tout a été tenté , selon ses propos, pour lui mettre des bâtons dans les roues. "Même ma propre femme a été utilisée pour écrire des tracts contre moi". "En réalité, a-t-il poursuivi, c’est Me Hermann Yaméogo qu’on veut abattre en m’abattant. Si le problème était administratif, les maires de Boulmiougou, Bogodogo et même Simon Compaoré seraient révoqués". "Trop, c’est trop", a-t-il conclu, amer.

Les jours à venir nous situeront sur la suite des événements puisque le maire dit avoir appelé les populations au calme et que la mairie était assiégée par les forces de l’ordre au moment même où se déroulait la conférence de presse.

Ouédraogo Adama

Encadré

La paranoïa a des limites

Hier à la conférence de presse du maire fraîchement révoqué de Koudougou, certains se sont étonnés et ont trouvé "bizarre" que ce soit "L’Observateur paalga" qui ait été le premier, dans son édition de mardi dernier, à parler de cette naréfication ; comme s’il était interdit à un journal d’avoir un scoop.

Comme s’il était même interdit à une personne ou à une administration d’organiser une fuite de l’information, ce dont bénéficient souvent de nombreux médias ici et ailleurs ; comme si des confrères de la place n’ont pas quelquefois la primeur de certaines informations avant ou au détriment de l’OBS.

Pourquoi faut-il, quand c’est d’autres qui balancent des scoops, qu’on s’en réjouisse et qu’on les félicite pour leur professionnalisme (alors que ça peut bien être des investigations clés -en main), et qu’on nous blâme, nous ?

Bien sûr, on n’est pas dupe et on peut aisément comprendre ces non-dits et ces insinuations, mais même la paranoïa a des limites. Hier, c’est une lettre confidentielle du Syndicat burkinabè des magistrats (SBM), sur les affectations dans le corps (1), non destinée à la publication, semble-t-il, qui, au dire de l’Evénement (2), "s’est retrouvée opportunément dans les colonnes de notre confrère l’Observateur paalga" le jour même de le session du conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Opportun pour qui ? Pour le SBM ou pour l’autorité politico-judiciaire qu’on clouait pourtant au pilori dans l’écrit en question ? A moins que ce ne soit pour notre canard même. C’est vrai que de toute l’histoire de la presse, c’était la première fois qu’un journal publiait un document confidentiel "non destiné à la publication", mais dont il avait eu copie.

Aujourd’hui, c’est le fait d’avoir eu la primeur de l’info sur l’éviction de Marcelin Noraogo Yaméogo qui nous vaut ces nouvelles amabilités. On l’a compris, on peut avoir des exclusivités, pourvu que ça ne concerne pas X ou Y. Attention toutefois à ne pas se tromper de combat, et donc d’adversaires.

Car même dans le dépit, la paranoïa, nous le répétons, a des limites et le bouc, comme nous l’enseigne une sagesse, ne doit pas s’en prendre à celui qui le dépèce, mais à celui qui l’a tué. Marcelin et les siens gagneraient donc à économiser leur énergie pour s’en prendre à ceux qui ont pris la décision de révocation au lieu de s’acharner sur les pisse-copies qui en ont parlé avant . C’est un conseil d’amis.

La Rédaction

(1) Cf. "Affections dans la magistrature : une arme de destruction massive selon le SBM" in L’Observateur paalga n°6425 du 1er juillet 2005

(2) Dans son numéro 71 du 10 juillet 2005, P-13.

L’Observateur

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