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Révocation du maire de Koudougou : "La décision est plus politique qu’administrative", dixit Marcelin Yaméogo

Publié le vendredi 29 juillet 2005 à 09h26min

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Suite à la révocation du maire de la commune de Koudougou par le Conseil des ministres en sa séance du mercredi 27 juillet dernier, le maire en question M. Marcellin Yaméogo et ses proches collaborateurs ont animé hier à Ouagadougou une conférence de presse. "Donner la version juste du maire et des conseillers incriminés" tel était l’objectif de ladite conférence.

Lotissement initié sans autorisation préalable, non respect des limites communales, violation des règles édictées par la Réforme agraire et foncière (RAF), attributions de parcelles sans demandes formulées par les postulants, gestion financière caractérisée par une gabegie organisée..., autant de faits évoqués par le Conseil des ministres qui équivalent à la décision de révocation du bourgmestre de Koudougou. Des conseillers, trésoriers et présidents de commission de lotissement des secteurs n°2, 4 et 9 de même que la société "L’Œil du géomètre" feront également l’objet de poursuites judiciaires.

"Je n’ai jamais fait de lotissement à Koudougou. Je n’ai jamais signé un contrat ou passé un marché avec personne. Les lotissements ont été entrepris depuis 1998 sous la gestion de l’ancien maire Emmanuel Zoma. L’administration est une continuité et nous n’avons fait qu’assurer la continuité du service", a rétorqué le maire Marcellin Yaméogo avec des documents signés de son prédécesseur à l’appui. Pour lui, la décision de révocation est plus politique qu’administrative.

Marcellin Yaméogo, le compte rendu du Conseil des ministres en main, a réfuté tous les faits reprochés au Conseil municipal de Koudougou. S’agissant par exemple de la question de lotissement sans autorisation préalable, le maire se dit tout étonné, car le projet de lotissement de Koudougou selon lui, a bel et bien été soumis au ministère de tutelle et a même été discuté en Conseil des ministres avant que lui-même ne soit élu maire en 2000.

Et c’est parce que l’opération a été autorisée que l’ancien maire Zoma a pu l’entamer en 1998. "Le nouveau Conseil n’a pas fait un seul lotissement à Koudougou. Les lotissements dans les différents secteurs avaient été achevés par le même conseil", ont expliqué les conférenciers qui affirment par ailleurs que les attributions de parcelles faites sous leur mandant l’ont été sur la base des fiches de recensement établies par leurs prédécesseurs.

Pour ce qui est de l’endettement de la commune de Koudougou à plus de cent six millions (106 000 000) de francs CFA, Marcellin Yaméogo répond : "A l’heure où nous vous parlons, j’affirme que la commune ne doit pas cette somme aux entrepreneurs. Si c’était le cas les entrepreneurs chargés du lotissement se seraient fait entendre depuis longtemps".

L’unique faute de Marcellin Yaméogo

Dans cette affaire de lotissement, le maire avoue être serein. Sur la question des contrats passés avec les bureaux de géomètres, il a expliqué que tous les contrats ont été signés en 1998. Cependant la société l’Œil du géomètre contactée en 2003 pour les lotissements dans les secteurs 2, 3 a répondu que l’opération ne pouvait se faire avec les mêmes taux fixés depuis 1998 au regard du contexte. C’est ainsi que ladite société a souhaité que le taux soit porté à 63 millions de francs CFA. A la suite des négociations, l’entreprise accepta de rabaisser le taux à 57 millions avec une avance de 35 millions. Le versement de cette avance a été fait et la société qui avait entrepris sa tâche a dû abandonner l’opération suite à des menaces de certaines populations mécontentes. L’opération a alors été suspendue. Recontactée après négociation avec les populations, la société l’Œil du géomètre exigea à nouveau 5 millions de francs. Ce qui donne un total de 40 millions indiqués" dans le compte rendu du Conseil des ministres. "J’ai expliqué toute la procédure à l’inspection d’Etat. Ma seule faute c’est de ne l’avoir pas mentionnée par écrit".

En ce qui concerne le point relatif au parcellement frauduleux de la zone appartenant au Centre de gestion des cités (CEGECI), le maire a déclaré qu’il s’agit là des accusations très graves. "C’est le CEGECI qui est venu parceller sa zone, à savoir la cité du 4-Août. Nous avons même sollicité deux villas pour en faire des maisons des hôtes mais nous n’avons rien eu", a martelé Marcellin Yaméogo.

L’homme qui affirme avoir été informé de la décision de révocation depuis la France avoue l’avoir accueillie de la manière la plus froide. "Je ne suis pas l’homme qu’on abat avec ce genre d’affaire. C’est en réalité Hermann Yaméogo qu’ils veulent abattre et comme ils ne peuvent pas, il faut abattre Marcellin. C’est aujourd’hui que le combat s’engage. Puisque le CDP de Koudougou veut la guerre, nous allons déclarer la guerre", parole de Marcellin Yaméogo dernier maire opposant en charge d’une commune au Burkina Faso.

"Je ne suis pas né maire et j’étais sûr que je n’allais jamais mourir maire", a-t-il conclu.

Enok KINDO
Sidwaya

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