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CODECO : "Il n’y a pas le feu dans la baraque"

Publié le jeudi 28 juillet 2005 à 07h33min

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Les membres du bureau du CODECO sont revenus sur la crise qui, selon les dissidents du mouvement, le secouerait. Selon eux, trois départs ne suffisent pas à mettre à mal la vie de ce collectif.

"Il n’y a pas le feu dans la baraque. Les départs sont parfois mauvais, mais ceux survenus au sein du Collectif pour la défense de la Constitution (CODECO) sont bénéfiques". C’est ainsi que Issouf Kabré, coordonnateur national du Collectif, apprécie les récentes dissidences au sein du mouvement. Au cours d’une conférence de presse organisée le 27 juillet 2005 à
l’Eau Vive, il a tenu à rassurer : " Le CODECO n’est nullement inquiété par ces départs".

Mais de quels départs s’agit-il ? Pas de départs massifs, en réalité. Juste trois personnes : Franck Adrien Ouédraogo, Olivier Hien et Sidiki Dermé qui, aux dires des conférenciers, ont préféré palper les billets craquants du pouvoir, et se taire ensuite. Serge Ky, coordonnateur national des jeunes du CODECO, qui dit avoir été contacté par Olivier Hien dans le même but, passe pour celui qui a su " résister à la tentation". Tout comme Moumouni Boly, selon les conférenciers, absent à la conférence. Lui aussi aurait décliné l’offre et refusé de faire partie des membres dissidents.

Serge Ky est revenu, en détail, sur les raisons qui ont entraîné ces départs. Il a cité des frustrations d’ordre matériel, mais aussi des questions de sécurité. "Olivier Hien et Franck Adrien Ouédraogo m’ ont dit, relève-t-il, que nous sommes, au sein du CODECO, extrêmement menacés et que nos vies sont en danger". Ils ont aussi dit détenir des informations selon lesquelles "nous sommes fichés à la DSE, que nous avons nos noms à la Fonction publique et que nous ne pouvons plus prétendre à un concours de l’Etat burkinabè".

Des frustrations d’ordre matériel

Concernant les frustrations d’ordre matériel, elles s’expliqueraient par le fait que des portables ont été offerts à certains membres du bureau exécutif, sans que les actuels dissidents n’en aient bénéficié. Selon Serge Ky, Olivier Hien aurait confié qu’un portable lui a été promis depuis longtemps, sans que la promesse n’ ait jamais été tenue. Il ajoute que Franck Adrien Ouédraogo aurait relevé qu’il a perdu une bourse d’études à cause de ses déclarations pour le compte du CODECO.

C’est sur ces confidences que Serge Ky décide alors de saisir le bureau du CODECO pour rendre compte des entretiens avec les deux personnes en question. C’est alors que le collectif décide de le mandater, lui, ainsi que Moumouni Boly, pour connaître les tenants et les aboutissants de cette sombre affaire. Ils jouent alors le jeu pour débusquer ceux qui tirent les ficelles.

C’est dans cette continuité que Olivier Hien lui présente 300 000 F CFA et lui propose 150 000 F CFA en lui faisant comprendre que ce n’est qu’ une avance sur une somme globale de 500 000 F CFA par personne. Toutes choses qui amènent les conférenciers à conclure que le CODECO est infiltré et que le pouvoir tire les ficelles à travers des ministres.

Le CODECO infiltré

Pour le CODECO, le pouvoir tente ainsi de "récupérer le mouvement ou, à défaut, de le liquider parce qu’il dérange. Ces ministres utilisent l’esclavage financier pour faire chanter les jeunes camarades". Et Issouf Kabré de poursuivre : "C’ est peine perdue si certains ministres pensent qu’ils peuvent utiliser l’argent du peuple pour venir à bout du CODECO". Aux dissidents, le CODECO souhaite bons vents, espérant qu’ils ne seront plus "des mendiants".

Le langage des dissidents

Dans cette crise, les dissidents ont évidemment un autre langage. Ils se refusent d’être "à la solde de politiciens en embuscade ou en fin de carrière" et disent s’être démarqués du mouvement pour ne pas être instrumentalisés par l’UNDD, le parti d’Hermann Yaméogo. Ce que rejette Issouf Kabré, pour qui Olivier Hien et Franck Adrien Ouédraogo ont adhéré au Collectif en tant que membres dudit parti. Alors, comment comprendre, se demande-t-il, que ces derniers se plaignent du fait que le collectif a été récupéré par leur propre parti ? Et
d’ ajouter : "Nous ne sommes pas si sots pour laisser le CODECO être inféodé à un parti". Pour lui, dans la gestion des associations, des partis politiques et même des syndicats, il y a toujours des aides provenant de l’extérieur, certes.

Mais de là à parler de récupération, c’est un pas à ne pas franchir. "Si un parti politique nous donne une rame de papier, nous ne voyons pas où se situe le problème. Le CODECO reste égal à lui-même". Pour les conférenciers, si les dissidents ont déclaré, à travers les colonnes de notre confrère L’Observateur Paalga, que le collectif est une association de la société civile, cela est faux. Le CODECO reste un regroupement d’associations de la société civile, de partis politiques et de syndicats.

Il n’ est pas contre l’adhésion du CDP au mouvement, mais plutôt contre la candidature "inconstitutionnelle" du président Blaise Compaoré. Il promet des actions dans les jours qui viennent, en vue de défendre la Constitution et lutter contre la vie chère. Aristide Ouédraogo, chargé des relations publiques, dira pour sa part : "Si j’étais instrumentalisé par le pouvoir, je ne roulerais pas toujours en P50".

Par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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