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Côte d’Ivoire : Gbagbo fait-t-il de la diversion ?

Publié le mercredi 27 juillet 2005 à 07h37min

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Les récentes attaques lancées contre les villes d’Agboville et d’Anyama en Côte d’ivoire et qui ont entraîné une dizaine de morts, viennent, une fois encore, mettre en péril le fragile processus de paix, remis sur les rails après l’accord de paix obtenu à Pretoria en Afrique du Sud.

Une énième tragédie dont, comme ils en ont l’habitude, Pascal Affi N’guessan, président du Front populaire ivoirien, et son clan, veulent tirer un grand profit politique.

Pour le numéro un du Front populaire ivoirien (FPI) en effet, "il ne fait l’ombre d’aucun doute que les attaques de ces deux villes sont l’oeuvre des rebelles des Forces nouvelles". Il précise que " pour le FPI, il n’y a pas de doute ni sur l’identité des assaillants, ni sur les mobiles de cette agression barbare...", allant même jusqu’à pointer un doigt accusateur sur les partis politiques membres du "G7", la France et l’ONUCI. Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, lui, accuse invariablement les ex-rebelles des Forces nouvelles de vouloir torpiller le processus de paix enclenché, alors que l’ opposition voit derrière ces événements, la main du pouvoir.

Au-delà de ces déclarations et accusations mutuelles, les caractéristiques particulières de ces attaques ont de quoi susciter des interrogations. Tout d’abord, parce qu’elles ont été perpétrées loin des terres rebelles, en zone loyaliste et donc sous contrôle gouvernemental. De plus, le mystérieux commando a pu accéder aux villes en question avec une facilité extraordinaire.

En outre, les assaillants en fuite demeurent toujours non identifiés. Comme des lutins, ils ont pu s’évanouir dans la nature, sans qu’aucun d’eux, jsuqu’au moment où nous tracions ces lignes, n’ait été arrêté. Enfin, ces attaques ont eu pour théâtre des zones situées pas très loin de garnisons militaires (camp militaire d’Akuwédo par exemple) sans qu’on ait enregistré aucune réaction de leur part.

Autre élément d’interrogation : avant même que toute enquête préalable n’ait été établie pour situer les responsabilités, Affi N’Gessan s’empresse d’ appeller le président sud-africain Mbeki à désarmer de gré ou de force les rebelles. Du désarmement des rebelles, le pouvoir en fait-il une fixation au point de leur faire porter le chapeau d’ attaques qu’il aurait pu lui-même organiser ?

Car, si les assauts ont fait des morts dans les rangs des Forces de défense et de sécurité, il n’est pas exclu que ces vies aient été sacrifiées dans le but malsain d’accuser et discréditer les adversaires politiques d’en face. La politique est faite de coups bas et rien n’est à exclure. A plusieurs reprises, Laurent Gbagbo, qui a eu le temps de se réarmer, n’a pas fait mystère de sa volonté de traquer les rebelles jusque dans leurs derniers retranchements.

L’ONUCI, à ce propos, a perçu sa mauvaise foi lorsqu’elle a intercepté une cargaison d’armes qui lui étaient destinée. Et ce, en violation flagrante de l’embargo sur les armes, décrété par l’ONU. Manifestement, un climat de confusion, d’insécurité et d’instabilité pourrait offrir des arguments à Gbagbo pour en découdre définitivement avec la rébellion.

Et dans un tel cas de figure, la piste de milices proches du président, n’est pas à écarter dans la récente attaque. Qu’elles soient contrôlées ou pas, si l’hypothèse est avérée, le pouvoir arrivera difficilement à faire croire que ses milices ont agi sans qu’il n’en soit informé. Cette attaque peut probablement être une mise en scène du camp présidentiel, de nature à entraver la mise en oeuvre du processus de paix. Ce qui, selon toute vraisemblance, arrange le président ivoirien.

En effet, le programme de désarmement devant démarrer le 31 juillet prochain, avant le scrutin présidentiel prévu pour le 30 octobre 2005, si ce processus est entravé, il compromettra sans aucun doute une telle échéance.

Et dans une situation pareille, Gbagbo pourra facilement décréter l’Etat d’urgence, prendre des mesures dignes d’un Etat d’exception. Selon un diplomate occidental qui assure que l’attaque ne portait pas les marques patentes d’une implication de rebelles, l’assaut dernier "pourrait être lié à des éléments au sein du gouvernement, souhaitant maintenir un climat de méfiance", jusqu’aux élections.

Avec ce diplomate, on peut croire que Gbagbo cherche à gagner du temps et à prendre une longueur d’avance sur ses adversaires politiques. D’autant plus que jusqu’à présent, un mystère entoure le contenu des ordonnances qu’il a prises, et relatives aux réformes législatives, conformément à l’accord de Linas Marcoussis.

Se prononçant sur l’exploitation "politique et cynique" des récents événements, les partis politiques membres du "G7" ont demandé au gouvernement de réconciliation nationale et à la communauté internationale de diligenter une enquête appropriée afin d’établir toute la lumière sur cette attaque et de sanctionner sévèrement les auteurs. Au président ivoirien de prouver que ce n’était pas de la diversion.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2005 à 23:48, par Dorval konan (London) En réponse à : > Côte d’Ivoire : Gbagbo fait-t-il de la diversion ?

    frere,au lieu de raconter tes etats d’ames jette un coup d’oeil sur la liste des prisionniers (Burkinabes,maliens et des ivoiriens nordistes ) et tu comprendras que ce sont des rebelles. Espece de malhonnetes.

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