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Terrorisme, guerres civiles, génocides : Notre monde à la veille de l’apocalypse ?

Publié le mercredi 27 juillet 2005 à 07h31min

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Un constat est là : en ces premières années du XXIe siècle, l’humanité n’a jamais été aussi ingénieuse dans sa domination de la nature qu’auparavant. La continuelle révolution technologique a permis de rapprocher les humains les uns des autres, de véhiculer et de transmettre les biens, services et idées à un rythme jamais égalé dans la rapidité et de permettre aux bipèdes que nous sommes de vivre plus longtemps aujourd’hui qu’hier.

Hélas, mille fois hélas ! Cela signifie-t-il que nous soyons plus humains qu’au début du siècle dernier au regard des actes terroristes, des conflits armées, des génocides... ?

On est bien contraint de répondre par la négative. Cependant avant d’en venir aux faits, nous allons nous permettre de proposer quelques éléments de définition des concepts qui font l’objet de notre réflexion du jour.

Cela dit, pour ce qui est du terme terrorisme, Guy Hermet dans le "Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques (Armand Colin, 1998) le définit comme l’"usage de la violence à des fins politiques, s’inscrivant délibérément en dehors du droit et en dehors de la compétence reconnue aux Etats d’en assurer le monopole légitime sur la scène internationale".

Ainsi envisagé, le terrorisme s’entend comme un moyen hors-la-loi de parvenir à des fins politiques.

Les Etats, qui constituent les unités de base de la communauté internationale et qui entretiennent entre eux des relations assurant ainsi à cette communauté internationale une existence pratique fondée sur les règles de droit international, sont quelque peu pris au dépourvu.

Indépendamment de cela, il faut ajouter à la définition de G. Hermann un élément essentiel qui a fait jour au début des années 1990 et qui a pris de l’importance à partir de 2000. Il s’agit du terrorisme islamiste. Au nom de l’islam et pour l’avènement d’un monde (en réalité celui-ci musulman) débarrassé de la mainmise des "infidèles et des croisés". La religion comme source d’inspiration intemporelle et la transformation d’un monde temporel sont au fondement de l’idéologie terroriste.

Quant au génocide, il désigne une catégorie précise de crime qui a engendré au lendemain de la IIe Guerre mondiale la "Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide", conçue, élaborée et adoptée par l’Assemblée générale des Nations unie à travers sa résolution du 9/12/43.

Selon cette Convention, le crime de génocide comporte trois éléments essentiels :
l’existence d’un groupe national, ethnique, social ou religieux ;
la soumission de ce groupe au "meurtre de ses membres", au "transfert forcé d’enfants dudit groupe", à des "conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique"...

"l’intention de détruire" en tout ou partie le groupe en question. Ce dernier élément de la définition distingue le génocide des autres "homicide", qui sont la conséquence d’autres intentions comme celles relatives aux guerres, aux émeutes, etc. L’homicide devient génocide quand l’intention apparente ou cachée de destruction humaine vise les membres d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux parce qu’ils sont les membres de ce groupe. C’est pourquoi, à l’instar de Jean-Paul Sartre quand il parlait de génocide à l’occasion du Tribunal Russel sur la guerre du Vietnam, il faut étudier les faits pour prouver si cette intention existe, même de façon implicite.

S’agissant maintenant des guerres, qu’elles adviennent comme des conflits armés opposant deux (ou plusieurs) camps opposés d’un même pays ou comme l’intervention d’un pays (ou d’un groupe de pays) x dans un pays y au nom de quelque motivation sécuritaire, elles sont toujours le fait de divergences liées soit à la politique, soit au territoire, soit à la diplomatie, soit aux intérêts économiques des protagonistes. Hélas, "Toutes les grandes nations ont appris dans la guerre, l’exactitude des termes de la pensée ; qu’elles ont "profité" pendant la guerre et dépéri pendant la paix ; qu’elles ont été instruites par la guerre et trompées par la paix ; dressées par la guerre et trahies par la paix ; en un mot qu’elles sont nées dans et par la guerre et mortes dans la paix" (John Ruskin, La couronne de l’olivier sauvage).

Que disent les faits ?

Attaques suicides aériennes du World Trade Center à New York, attaques suicides à Rabat, Naïrobi, Dar es Salam, Londres, Charm El- Cheick, Taba, etc. pour ne citer (pêle-mêle) que ces exemples qui nous viennent sont le témoignage de la folie meurtrière qui s’est emparée de notre monde aujourd’hui. Au nom de la religion, des innocents y compris les kamikazés eux-mêmes sont massacrés.

Or, en islam comme dans les autres religions révélées, le suicide est un des pires péchés, car la vie de l’être humain, n’en ayant pas été le créateur, ne lui appartient pas. Seul le droit d’exploitation lui a été concédé, pas celui de propriété. Si l’on ajoute à cela la vie d’autres êtres humains et dans nombre de cas d’autres musulmans, on peut évaluer le degré de diabolisme du péché dont se rendent coupables les terroristes. Quelles que soient la noblesse et la légitimité des causes qui sous-tendent leurs actions, peuvent-elles et doivent-elles être opposables au fait que la vie est sacrée ? Bien sûr que non. Ce sont de vrais problèmes auxquels malheureusement on apporte de fausses solutions.

Le terrorisme mis à part, on constate des guerres civiles (Congo-Kinshasa, Côte d’Ivoire, Sri Lanka...) avec parfois la bénédiction de certains voisins "frères et amis", comme dans le cas des Grands Lacs. Déficit démocratique, gestion contestée des ressources, difficultés d’articulation entre système de valeurs traditionnelles et exigences de l’Etat moderne vassalisation de certains vis-à-vis des anciennes puissances coloniales sont autant de raisons qui expliquent sans pour autant justifier les crises que traversent les pays concernés.

Par ailleurs, des interventions telles que celle conduite par les Américains en Irak apportent leur quote part dans le désordre à l’échelle mondiale. En effet, les terroristes, qui considéraient déjà la cause palestinienne comme l’une des raisons de leur folie, ont accueilli l’invasion de l’Irak comme du pain bénit supplémentaire et mobilisent sur cette base tous ces fous en mal de Jihad. Les armes de destructions massives qu’on accusait Saddam Hussein de posséder ou de chercher à fabriquer s’étant révélées de vraies chimères, la "légitimité" des terroristes et de leurs actes s’est trouvée renforcée.

A suivre

Zoodnoma Kafando
L’Observateur

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