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Philippe OUEDRAOGO : “Les chances de l’opposition résident d’abord dans les échecs patents de la politique du pouvoir actuel.”

Publié le jeudi 21 juillet 2005 à 10h17min

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Le fait en lui-même est un événement et n’eut été le fait que nous soyons au mois de juillet nombre d’entre vous auraient pris l’annonce de cette interview pour un poisson d’avril. Et bien comme vous le constatez, il n’en est rien. Philippe OUEDRAOGO a bien accepté de répondre à nos questions.

Avant lui il y avait eu dans la même veine Me Hermann YAMEOGO, Emile PARE, Laurent BADO, Michel Norbert TIENDREBEOGO et bien d’autres personnalités dont les seuls noms témoignent de la diversité des opinions qui s’expriment dans nos colonnes et font mentir notre interlocuteur du jour lorsqu’il accrédite « la réputation sulfureuse d’être le porte voix sans nuances du régime... » qui nous collerait à la peau.

Qu’a cela ne tienne Philippe OUEDRAOGO a accepté répondre à nos questions sur sa récente « semi-victoire » dans l’affaire PAI, sur la présidentielle de 2005 ... Malheureusement son emploi de temps de candidat ne lui a pas permis d’avoir la même sollicitude lorsque nous l’avons relancé sur certaines questions d’actualités comme les menaces de mort qui pèseraient sur certains opposants, les accusations d’apatridie dont fait l’objet son compère Hermann YAMEOGO, les bisbilles qui les ont violemment opposées dans un passé récent, le comportement de nos hommes politiques, et bien d’autres questions encore. Nous osons croire que ce n’est que partie remise et que la promesse de monsieur OUEDRAOGO de rebondir prochainement sur ces questions sera tenue. En attendant lisez plutôt.

Le Tribunal administratif de Ouagadougou a annulé le récépissé accordé à Soumane Touré le 5 octobre 2001. Quels sentiments vous animent ?
Philippe OUEDRAOGO (P.O) : Je suis évidemment extrêmement satisfait, car cela correspond à la vérité et à la justice.

C’est devant le Comité central du P.A.I., le 12 Septembre 1998 que Touré Soumane a démissionné de ses responsabilités de Secrétaire général du PAI, en même temps que tout le Bureau Exécutif central ou BEC qu’il dirigeait. Il l’a dit lui-même dans la lettre qu’il a adressée le 20 Septembre 1999 au Ministre chargé de l’Administration territoriale. Le Comité central a aussitôt pris une résolution ce 12 Septembre 1998, désignant les membres d’honneur pour assurer la direction provisoire du parti, et les chargeant de convoquer un congrès extraordinaire du PAI dès que possible pour mettre en place un nouveau BEC. Touré Soumane n’avait plus dès lors aucune qualité, aucun mandat pour convoquer un congrès du PAI. Il l’a pourtant fait le 4 Décembre 1999. Et le Ministre lui a quand même irrégulièrement délivré un récépissé le reconnaissant comme Secrétaire général du PAI. Le Tribunal administratif a donc, le 13 Juillet 2000, décidé l’annulation de ce premier récépissé. Cette décision a été confirmée en appel le 29 Juin 2001.

Mais le Ministre, refusant de fait cette décision de la justice, a invité Touré Soumane, en dépit des motifs de l’arrêt de la Chambre administrative de la Cour suprême, à convoquer un nouveau congrès du PAI. Et il lui a accordé un deuxième récépissé daté du 05 Octobre 2001.
Manifestement, ce 2ème récépissé avait été donné en cachette, n’ayant fait l’objet d’aucune information ou publicité. C’est par une de Février 2002 du Ministre chargé de l’Administration territoriale, que nous apprendrons son existence. Nous avons donc introduit en Mars 2002, auprès du Tribunal, une requête pour l’annulation de cet Arrêté. Pour disqualifier notre requête, nos adversaires, de façon machiavélique, ont fabriqué et présenté au Tribunal un faux numéro du Journal Officiel, afin de prétendre que notre requête intervient plus de deux mois après la publication de l’Arrêté. C’est finalement trois ans plus tard, le 30 juin 2005, que la justice s’est prononcée, nous donnant encore raison. Entre temps, nos avocats ont prouvé que le Journal Officiel présenté n’était qu’un faux. Nous ne pouvons donc que nous en réjouir de la décision du 30 Juin 2005. Elle est la 5ème décision de justice dans le même sens.

Quelle est la prochaine étape pour Philippe OUEDRAOGO dans ce combat des PAI ?
P.O : Ce problème n’est pas uniquement le problème de Philippe OUEDRAOGO. C’est d’abord le combat de tout notre parti, le PAI, pour recouvrer ses droits d’organisation politique démocratique. Il s’agit en particulier du droit d’élire librement ses dirigeants, du droit de les démettre selon les dispositions prévues lorsqu’ils ne font pas son affaire, du droit d’exiger que le gouvernement respecte l’autonomie de fonctionnement des partis politiques : ce n’est pas un Arrêté ministériel qui crée un parti ou impose ses dirigeants, mais plutôt les décisions des instances représentant les militants. Et le rôle de l’Arrêté ministériel est de constater ces décisions.

C’est aussi le combat de toutes les organisations démocratiques qui ont un intérêt crucial à exiger que le gouvernement ne se mêle ni des affaires intérieures des partis politiques, ni de celles des organisations de la société civile.
C’est enfin le combat de tous les démocrates de notre pays, qui doivent comprendre la nécessité de défendre ensemble et constamment le principe de l’autonomie d’organisation et de fonctionnement des organisations politiques comme des organisations de la société civile. Ils doivent au contraire faire comprendre au gouvernement que la démocratie exige d’inviter plutôt les partis à chercher soit en eux-mêmes, soit auprès de la justice, le règlement des contradictions internes éventuelles.
Ceci dit, pour notre parti, la prochaine étape sera d’obtenir du Ministre chargé de l’Administration territoriale qu’il accorde un récépissé au BEC du PAI élu à la suite du congrès convoqué sur la base du mandat donné par l’instance compétente du PAI.

Vous vous êtes présenté aux législatives de 2002 sous la bannière du PDS. Aujourd’hui, c’est sous cette même bannière que vous allez à la conquête du fauteuil présidentiel. Y aura-t-il un changement avec cette décision de justice ?
P.O : L’attribution injuste du 2ème récépissé du PAI à Touré Soumane nous a évidemment empêché en 2002 de présenter des listes sous la bannière du PAI. Nous avons donc été conduit à travailler avec des partis amis. Et le PDS était l’un de ceux-là, mais pas le seul, puisque nous avons aussi présenté des candidats en 2002 sur des listes du GDP et de l’UNIR/MS.

Comme vous le savez, nous sommes aujourd’hui membres d’ALTERNANCE 2005. Dans le cadre de ce regroupement de partis d’opposition, trois partis, à savoir la Convergence pour la Démocratie Sociale, le PAI et le PDS ont soumis en commun un dossier de candidature pour l’élection présidentielle à venir. Ce dossier qui me désignait comme leur candidat, a été accepté par ALTERNANCE 2005. La décision du Tribunal administratif du 30 juin 2005, qui annule le 2ème récépissé donné à Touré Soumane ne change rien à cette alliance ni à ma candidature au titre des trois partis et de ALTERNANCE 2005.

Vous êtes un des trois candidats de « Alternance 2005 ». Que pouvez-vous attendre de cette élection vu que vos deux adversaires directs que sont Me Sankara Bénéwendé et Me Yameogo Hermann semblent avoir une longueur d’avance sur vous sur le terrain ?
P.O : Comme vous le savez bien, Me Sankara et Me Yaméogo ne sont pas mes adversaires, mais plutôt mes alliés dans cette bataille de la présidence. Il est donc erroné de voir le problème en termes de concurrence entre nous. Non seulement nous sommes alliés, mais nous allons nous aider mutuellement, et pas seulement les trois candidats que nous sommes ou les trois partis que nous dirigeons. C’est l’ensemble des partis d’ALTERNANCE 2005 qui vont se mettre tous en campagne en s’aidant mutuellement. Et si l’un de nos trois candidats est élu, nous allons gouverner en unissant et conjuguant ensemble nos forces et nos intelligences : c’est pour cela que nous nous sommes mis déjà d’accord sur un Code de conduite et sur un Programme minimal commun de gouvernement.
Tout cela résulte des engagements que nous avons déjà discutés, élaborés et pris à l’unanimité. Alors dire que Me Sankara ou que Me Yaméogo a une longueur d’avance sur moi n’a pas beaucoup de signification, d’autant que, j’en suis sûr, vous ne savez pas grand chose de ce que mes amis et moi-même faisons sur le terrain.

Chacun d’eux a constitué une coalition. Qui vous soutient vous ?
P.O : C’est une bonne chose pour ALTERNANCE 2005 et pour l’alternance tout court que chacun d’eux ait réussi à constituer une coalition spécifique car chacune sera un pilier d’ALTERNANCE 2005 et cela facilitera les discussions finales. Tant mieux donc ! En ce qui me concerne, comme vous le savez, les partis qui ont explicitement présenté ma candidature sont la CDS, le PAI et le PDS. Mais je compte évidemment sur des soutiens beaucoup plus larges de toute la population qui aura été convaincue par mes messages, mon programme et mes capacités à apporter, avec toutes les forces qui travailleront avec moi, les changements exigés pour la solution des problèmes majeurs que connaissent les Burkinabè.

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes un candidat « complète nombre » et que les trois candidatures de « l’Alternance 2005 » n’avaient qu’un seul but : écarter les candidats du PDP/PS, du RDEB, du FFS, etc.
P.O : Je commence par en rire, car il s’agit d’une nouvelle niaiserie politique ! Il n’était pas besoin d’être grand visionnaire pour savoir que dans le groupe, beaucoup de partis, y compris le PAI, souhaitaient présenter un candidat à l’élection présidentielle. Il était aussi évident que l’intérêt même du regroupement et l’efficacité de son action auraient été remis en cause par un nombre trop élevé de candidatures.

Cela a conduit le groupe qui s’appelait encore le « Groupe des 16 partis de l’opposition », à convenir : premièrement d’une limitation du nombre de candidats à trois, ce qui a été accepté aux journées d’études du groupe en Avril 2004. A ces journées ont participé des représentants au plus haut niveau de l’OBU, du PDP/PS, du RDEB et du FFS . Deuxièmement le groupe a défini, au cours de cette même réunion d’Avril 2004, la stratégie commune que ses membres s’engagent à respecter notamment dans les rapports entre ses partis et pour gouverner en commun si l’alternance était réalisée. Troisièmement, le groupe a arrêté les critères de sélection et les modes de désignation des trois candidats du groupe. Après plusieurs réunions, ces critères de sélection, pour lesquels chacun a été invité à faire des propositions, ont fait l’objet d’un document soumis à tous en Juin 2004, puis discuté et adopté par tous en Septembre 2004.

Ceux qui ont voulu après coup s’en démarquer ont certainement leurs raisons personnelles de le faire. Mais il serait honnête qu’ils reconnaissent qu’ils ont délibérément décidé de revenir sur des engagements qu’ils ont bel et bien signés avec tous les autres.
Le PAI a pris, au cours d’un Comité Central, la décision de présenter un candidat, et ce n’était pas pour compléter un nombre quelconque, car à cette date aucune candidature ne s’était officiellement annoncée. Le PAI a alors entamé des négociations avec certains partis dont le PDS et la CDS pour demander leur soutien. Le PDS s’est prononcé sur cette requête lors de sa Convention nationale de Juillet 2004, la CDS l’a fait plus tard.

En ce qui concerne les candidatures que le PDP/PS et le FFS auraient pu présenter, il convient de préciser que ces partis ont de manière souveraine décidé, sans raisons convaincantes, de suspendre leur participation à ALTERNANCE 2005, respectivement en Janvier et Février 2005. Ils n’ont donc pas présenté de candidats à l’appréciation de ce regroupement, alors que la date limite de dépôt des dossiers de candidature a été fixée le 15 Janvier 2005 au 28 Février 2005. C’est probablement pour recouvrer leur pleine liberté de décision qu’ils l’on fait. C’était leur plein droit, même si on peut en regretter les conséquences politiques. Avant le PDP/PS et le FFS, l’OBU avait quitté le groupe, en Mai 2004, avec de très mauvaises raisons, puisqu’elle avait participé aux journées d’Avril 2005. Aujourd’hui le malheureux déballage dans lequel elle se donne en spectacle en donne les vraies et piteuses raisons.
L’attitude du RDEB est différente : il est resté dans ALTERNANCE 2005 jusqu’à présenter un dossier de candidature. En raison des critères acceptés par tous, son dossier n’a pas eu un bon classement. Il a alors décidé de quitter le groupe. C’est regrettable, d’autant qu’un arrangement avait été proposé à son représentant.

Quelles sont les chances de l’opposition à cette élection présidentielle du 13 novembre 2005 vu qu’elle part en rangs dispersés ?
P.O : Les chances de l’opposition résident d’abord dans les échecs patents de la politique du pouvoir actuel.

Ce pouvoir, malgré sa longévité et la relative quiétude sociale dont il a joui n’a pas pu faire reculer la pauvreté, au contraire, elle s’est approfondie. Il s’est montré incapable de résoudre la question du chômage. Ses politiques dans l’enseignement et la santé sont incohérentes : après que les taux de scolarisation soient restés durant des décennies parmi les plus faibles d’Afrique, il cherche aujourd’hui à les faire décoller, mais pratiquement sans accroître corrélativement les capacités d’accueil dans le secondaire ou le supérieur. Il multiplie les infrastructures de santé, mais ne prend pas les dispositions pour y mettre le personnel et les équipements requis, et ne fait rien pour améliorer leur fréquentation par des populations démunies. Après 18 ans de pouvoir, les méthodes de production tant dans l’agriculture que dans l’élevage sont toujours largement archaïques, contribuant activement à la dégradation de l’environnement.

Sous ce pouvoir,les crimes politiques et économiques se sont multipliés : tout le monde constate le développement des abus de biens sociaux, des détournements et de la corruption, dans l’impunité la plus totale. Nos relations avec plusieurs pays africains voisins ou plus éloignés sont mauvaises et même parfois très tendues. Les conséquences prévisibles de la mauvaise récolte de l’année dernière ont confirmé l’incapacité chronique du pouvoir actuel à prendre des mesures appropriées pour prévenir des catastrophes prévisibles et pour résoudre des problèmes de base des populations ; etc., etc.
C’est pourquoi, malgré tout le bruit des marches et des manifestations de propagande que les gens du pouvoir organisent publiquement, alors même que la campagne n’est pas ouverte, ce qui est une autre façon de tricher, malgré tout l’argent distribué ici ou là, la population veut le changement et va voter pour l’alternance. Le peuple ne supporte plus cette situation et réclame le changement. Ce changement, moi, comme les autres candidats de ALTERNANCE 2005, nous le lui proposons.
Certes en apparence, il y a beaucoup de candidats de l’opposition. Mais cela n’empêchera pas l’alternance, sans compter qu’il y a une différence entre manifester son intention d’être candidat et être effectivement candidat.

Quelle appréciation faites-vous de la décision de l’ADF/RDA de soutenir le candidat du CDP ?
P.O : J’ai effectivement appris cette décision ahurissante, de la part d’un parti présenté comme le premier parti de l’opposition et qu’on avait gratifié du titre de chef de file de l’opposition ! La patrie est-elle à ce point en danger pour justifier de tels ralliements ? Pourquoi se réclamer de l’opposition si l’on soutient le candidat du pouvoir, dont la candidature est d’ailleurs illégitime ?

Une décision similaire prise en 1978 avait conduit à la cassure du parti RDA, et entraîné logiquement la création du Front du refus - RDA. Depuis cette date, le RDA n’a plus retrouvé ni son unité ni sa force. Manifestement, les leçons de l’histoire ne servent pas à tout le monde !

Beaucoup d’hommes politiques au Burkina ne veulent pas s’assumer. Ils n’ont pas d’idéal propre auquel ils tiennent profondément. Ils ne croient en fait qu’au succès électoral ou aux combinaisons politiques pour partager le pouvoir. La responsabilité d’une direction politique, c’est de proposer une stratégie et la voie à suivre aux militants, quitte à être désavoué par ceux-ci, en congrès par exemple. Ce n’est pas l’inverse qui est juste. Cette décision de l’ADF/RDA est véritablement décevante pour les démocrates qui observent la politique de notre pays. Elle ne renforce pas la démocratie burkinabè, au contraire. Elle contribue en outre, comme d’autres comportements qui ont été récemment étalés, à décrédibiliser la classe politique burkinabè !

Bon nombre de Burkinabè sont déçus du comportement de l’opposition toutes tendances confondues. Ne pensez-vous pas que cela rendra encore plus rude l’alternance en 2005 ?
P.O : Il faut rétablir la vérité : les Burkinabè ne sont pas déçus de l’opposition, mais de certains prétendus opposants, prompts à rallier le pouvoir. Au contraire, beaucoup considèrent qu’il y a eu maintenant décantation, que l’on sait qui est qui, et placent beaucoup d’espoir dans l’opposition ALTERNANCE 2005, qui se montre depuis le début conséquente.

Ce sont les gens du pouvoir qui souhaiteraient que les Burkinabè se disent déçus de l’opposition. Ce qui est décevant pour les Burkinabè, c’est plutôt le comportement de nombreux hommes politiques. Mais ils n’ignorent pas, bien que les gens du pouvoir souhaitent une généralisation, qu’il existe des hommes politiques d’honneur et honnêtes, qui refusent la trahison, la corruption ou la compromission.
Si certains prétendus opposants se rallient au pouvoir ou jettent des fleurs au pouvoir, les Burkinabè comprennent bien que c’est d’abord le fruit des manœuvres du pouvoir et de sa politique corruptrice de promesses fallacieuses. Les Burkinabè savent bien que cela traduit avant tout la volonté du pouvoir de déstabiliser l’opposition, de s’immiscer dans les affaires intérieures des partis, de casser les partis politiques d’opposition, en exploitant au besoin les moindres contradictions ou les ambitions inavouables de certains responsables. Et ils savent aussi qu’au fond, tout cela pourrit notre société.
C’est pour cela que les Burkinabè seront d’autant plus désireux d’avoir l’alternance dès 2005, afin qu’une autre politique, et une autre façon de faire la politique, soient mises en œuvre dans notre pays. Nous verrons bien le 13 Novembre au soir !

Vous reconnaissez-vous dans les déclarations du président du PAREN quand il soutient que des opposants ont été financés par le pouvoir ?
P.O : Evidemment non ! On ne peut pas être d’une part dans l’opposition et d’autre part recevoir du pouvoir des subsides occultes. Croyez-vous que le pouvoir soit aussi masochiste que cela ? Auriez-vous la naïveté de croire qu’il vous flatterait et vous enrichirait sans être assuré que vous seriez un allié ? Si vous y croyez, c’est que vous êtes en réalité le genre de personne à prendre des vessies pour des lanternes.

Et quel crédit accorder à des accusations relatives à des tiers sur la seule base des déclarations verbales d’un intermédiaire jusqu’à présent anonyme du pouvoir, désireux de vous faire croire que la corruption est une pratique à laquelle beaucoup d’autres ont déjà succombé ? Il conviendrait donc de prendre de telles déclarations avec beaucoup de circonspection !

Que répondez-vous à ceux des Burkinabè qui pensent que les conditions de l’alternance ne sont pas encore réunies ?
P.O : Je leur réponds qu’ils ont tort ! Parce que s’ils sont eux-mêmes sincèrement désireux de l’alternance, ils ne doivent pas douter qu’elle sera là le soir du 13 Novembre, et ils n’auront qu’à s’en féliciter. Le programme minimal commun des candidats de ALTERNANCE 2005 est riche de propositions sérieuses, réalistes et efficaces. Il faut attendre de les connaître. Le programme que je vais personnellement défendre, qui s’appuie sur ce programme commun, comporte des stratégies et des actions judicieuses, appropriées aux problèmes structurels de notre pays, et qui j’en suis certain, emporteront l’adhésion de tous ceux qui veulent sincèrement le progrès de ce pays.
Si certains Burkinabè, prompts au défaitisme, du genre de ceux qui renoncent toujours au combat avant l’heure, écoutent et portent foi aux sirènes du pouvoir et des faux prophètes, ils vont se décourager inutilement, et ne donneront pas une majorité suffisamment forte à l’alternance. Qu’ils se disent que la grande majorité du peuple burkinabè veut d’un véritable changement qui ouvrira à notre pays et à notre peuple les portes de l’espérance pour l’avenir. Dix-huit ans de pouvoir, ce n’est pas 18 mois ! Et 18 ans d’espoirs déçus et de promesses fallacieuses, appellent nécessairement l’alternance et le changement !

Quelles sont les chances du candidat Philippe OUEDRAOGO ?
P.O : Elles sont sérieuses et bonnes. Mais il faut les grouper avec les chances des autres candidats d’ALTERNANCE 2005 et même au-delà. Il faut aussi comprendre que mes chances s’identifient avec la volonté de tous ceux des Burkinabè qui veulent une nouvelle politique, propre, efficace, juste, démocratique, moderne, prenant réellement en compte leurs préoccupations. C’est cette politique que leur propose mon programme. C’est pourquoi ils voteront pour moi.

Des souhaits particuliers ?
P.O : Je vous remercie de cette interview, mais permettez-moi de m’en étonner. En effet votre journal a la réputation sulfureuse d’être le porte-voix sans nuances du régime. Je souhaite que cette interview annonce un démenti pour l’avenir de cette réputation.
Si je dois formuler un souhait plus général, ce sera celui que les élections à venir se déroulent dans la transparence et sans fraude, afin que la volonté populaire puisse non seulement s’exprimer librement, mais aussi être interprétée de manière juste.

Par Frédéric ILBODO
L’Opinion

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