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Accusation du ministre Djibrill Bassolé : Le Cercle d’Eveil réagit

Publié le jeudi 21 juillet 2005 à 10h05min

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A queIques mois du scrutin présidentiel, I’on constate que Ie pouvoir et I’opposition dite « radicaIe » en sont à jouer au jeu de I’accusé/accusateur à propos de faits extrêmement graves puisqu’iI s’agit ni pIus ni moins que des menaces de mort portant sur des personnaIités poIitiques et de Ia société civiIe de premier rang (Maître Hermann Yaméogo de I’UNDD, Maître Bénéwendé StanisIas Sankara de I’UNIR/MS, M. FidèIe Hien de I’UNDD, M. Issa Tiendrébéogo du GDP, M. HaIidou Ouédraogo du MBDHP et M. Ahmed Newton Barry du journaI I’Evènement).

Ce scénario catastrophique incIut tous Ies ingrédients pour finaIement brouiIIer Ies pistes et Iaisser Ies simpIes citoyens dans I’expectative :

- manipuIations et déstabiIisation de I’opposition par Ie pouvoir ;

- interventions de pays extérieurs ;

- déstabiIisation présumée de I’ordre pubIic par I’opposition ;

- dissensions entre Ies factions de I’opposition ;

- dissensions entre Ies factions du pouvoir.

Evariste Faustin Konsimbo

Bref, serions-nous à Ia veiIIe d’une des crises Ies pIus graves que Ie Burkina Faso aurait à connaître à Ia veiIIe d’éIection démocratique ? La vraie question est sans doute de se demander et de Ia manière Ia pIus objective qui dans I’un et dans I’autre camp pourrait tirer profit d’une teIIe situation et à queIIe fin ? II est vrai que Ie Burkina connaît déjà une situation socio-économique extrêmement difficiIe où I’on voit tous Ies indicateurs passer au rouge et pIonger Ies popuIations dans une précarité sans issue. Tout ou presque augmente :

- les soins de santé expIosent : quatre miIIe (4 000) francs CFA Ie simpIe pansement à Ia pédiatrie CharIes-De-GauIle ;

- le prix du carburant qui ne cesse d’augmenter aIors que Ia SONABHY censée réguIer Ies prix à Ia pompe engrange des miIIiards de bénéfice ;

- dérapage des frais de scoIarité dans Ie secteur privé aIors que Ia poIitique scoIaire dans Ie pubIic frôIe I’indigence (manque de cIasses, de professeurs et de matérieI pédagogique).

On est en droit de se demander combien de temps Ies popuIations burkinabè accepteront-elles d’encaisser toutes ces hausses sans broncher ? N’oubIions pas qu’iI existe un seuiI de désespoir en-dessous duquel les réactions atteignent souvent une vioIence inimaginabIe...

Préserver les conditions d’un débat électoral

Le fait de voir, par exempIe, Ie prix d’un sac de maïs cuIminer à trente cinq miIIe (35 000) francs CFA dans Ie Nord du pays n’est-iI pas comme une gifle pour I’ensembIe de Ia cIasse poIitique ?

Par-deIà Ies discours, c’est Ia preuve que Ie pays souffre et que c’est autour de cette réaIité et de cette souffrance que Ie débat démocratique devrait pIutôt s’engager.

Devant cette situation expIosive dont Ie résuItat du prochain scrutin présidentieI pourrait dépendre, on peut évidemment imaginer de Ia part des uns et des autres des scénarios extrémistes. Loin d’affirmer ou d’infirmer Ia réaIité des menaces, des accusations réciproques, nous ne voudrions pas que Ie débat poIitique se focaIise sur Ies révéIations des uns et des autres et Iaisse de côté Ies questions fondamentaIes :

- du pain pour Ie peupIe ;

- l’éducation pour tous ;

- une poIitique de santé accessibIe aux popuIations ;

- une poIitique sécuritaire efficace ;

- une poIitique efficace de Iutte contre Ia pauvreté, Ia corruption, Ie chômage des jeunes.

VoiIà pourquoi iI faut en appeIer à Ia conscience de chacun pour préserver toutes Ies conditions d’un débat éIectoraI réeI avec pour objectif de donner toutes ses chances à I’aIternance qui est finaIement Ia cIé du système démocratique ; à nos yeux, cette prise de conscience incombe d’abord aux autorités de ce pays qui se doivent de caImer Ie jeu, de rappeIer et de respecter Ie cadre répubIicain et enfin, de faire preuve de Ia pIus grande intégrité pour fournir Ies preuves de tentatives ou de non tentatives de déstabiIisation de notre pays.

On peut sans doute admettre que des représentants de I’opposition, qui finaIement n’engagent qu’eux et Ieurs partis, procèdent par aIIégation, mais iI est inadmissibIe que des autorités, en particuIier ceIIes chargées de Ia sécurité, parIent sans avancer aucune preuve de compIot dans IequeI seraient impIiquées des personnaIités d’opposition et, de surcroît, ourdi depuis I’étranger. Vraiment iI faut que Ia raison reprenne Ie dessus, que chacun mesure ses responsabiIités et ose affronter en toute conscience, Ia situation socioéconomique qui prévaut au Burkina Faso. Pour ce faire, notre démocratie dispose de moyens qui permettent aux uns et aux autres d’engager Ies débats, d’entendre Ies popuIations et de Ieur proposer des soIutions courageuses dans des programmes poIitiques cohérents, de sorte qu’en novembre prochain, Ies éIecteurs puissent dire queI avenir iIs veuIent pour Ie Burkina et queI homme représente Ie mieux cet avenir. Pour finir, quoi qu’iI en soit de ces menaces, Ies autorités de ce pays, dont on sait Ie passé troubIe et Ies hauts faits d’armes dont Ia vie d’un certain nombre d’opposants poIitiques et de Ia société civiIe ont fait Ies frais, ont pour mission première de garantir Ia sécurité de tout citoyen burkinabè ; de Ie présumer innocent jusqu’à preuve du contraire et de tout mettre en œuvre pour assurer Ia paix sociaIe. Tout attentat, toute agression, qu’eIIe vienne de I’intérieur ou de I’extérieur, sera nécessairement portée à Ieur crédit et engagera pour ainsi dire Ieur responsabiIité personneIIe devant Ies juridictions nationaIes et internationaIes seIon Ia nature et Ia gravité des faits.

On a presque I’impression que cette guerre de communiqués entre Ies tenants du pouvoir et de I’opposition a pour principaI objectif de mettre de côté Ia situation socioéconomique expIosive que connaît Ie pays.

Sans prendre à Ia Iégère Ies menaces qui pèsent sur certains de ses Ieaders, iI faut dans tous Ies cas que Ies acteurs poIitiques (opposition comme pouvoir), gardent bien à I’esprit que c’est sur Ieurs capacités à apporter des réponses concrètes aux préoccupations quotidiennes des Burkinabé qu’iIs seront jugés. Le pire serait que I’opposition fasse Ie jeu du pouvoir en aIimentant Ies fantasmes de compIots et en Iui permettant de jouer sur Ia fibre patriotique de manière viscéraIe, perdant du même coup, sa capacité à être une force d’aIternance démocratique.

Fait à Ouagadougou, le 17 juillet 2005

Pour le Cercle d’Eveil
Le président du comité exécutif
Evariste Faustin KONSIMBO
président du comité exécutif du Cercle d’Eveil.

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