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Les escrocs nigérians tendent leurs pièges sur la Toile

Publié le mardi 19 juillet 2005 à 07h17min

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Malgré les efforts entrepris depuis trois ans contre les escroqueries par Internet dont le Nigeria s’est fait une spécialité, les auteurs de ces arnaques, souvent de véritables as du Web, inventent sans cesse de nouvelles ruses pour piéger leurs victimes et échapper aux poursuites.

La première et la seule victime connue de "Kele B." est un Américain, qui avait comme des milliers d’autres personnes reçu ce courrier électronique : "Félicitations ! Vous êtes notre heureux gagnant !"

Le message informait les destinataires de ce que leur adresse e-mail avait été choisie au hasard dans le cadre d’une "loterie sur Internet" dotée de 3,5 millions de livres britanniques (5,1 millions d’euros). L’internaute américain a rapidement appris qu’il devait toutefois s’acquitter de droits et de taxes d’un montant supérieur à 5.000 dollars (4.150 euros) avant de pouvoir toucher son gain.

"Après qu’il a payé, j’ai cessé de répondre à ses appels", raconte Kele B., 24 ans, qui refuse de donner son nom complet.

La police nigériane déclare avoir obtenu des résultats contre de telles fraudes grâce à une campagne de répression lancée par le président Olusegun Obasanjo il y a trois ans. Mais elle s’est surtout concentrée sur de vieilles affaires, alors que de nouveaux escrocs comme Kele B. sont apparus depuis, mettant au point de nouvelles techniques pour tromper les victimes et la police.

Nuhu Ribadu, chef de la Commission des crimes économiques et financiers créée en 2002 par M. Obasanjo pour s’attaquer à la fraude financière, souligne que des fonds et des avoirs pour un montant de 700 millions de dollars (556 millions d’euros) ont été retrouvés en possession de suspects entre mai 2003 et juin 2004. Plus de 500 personnes ont été arrêtées et une centaine d’affaires sont actuellement jugées, tandis que 500 autres font l’objet d’une enquête, précise-t-il.

La Commission a enregistré sa première grande victoire judiciaire en mai lorsqu’un tribunal a condamné Mike Amadi à 16 ans de prison pour s’être fait passer pour Nuhu Ribadu lui-même et avoir créé un site Web au nom de la Commission, qui proposait de faux marchés publics.

Confrontés aux problèmes économiques, au chômage et au pillage des ressources pétrolières par les régimes successifs, des millions de Nigérians sont tentés de se tourner vers des trafics divers ou l’escroquerie pour gagner leur vie. Une étude récente de la Banque mondiale fait état d’un taux de chômage de 17%, qui atteint 25% chez les diplômés des universités.

Le pays est devenu le symbole d’un certain type d’arnaques comme les "escroqueries nigérianes" ou "escroqueries 419", appellation tirée de l’article du code pénal nigérian qui les réprime.

Festac Town, un quartier de Lagos réputé être un foyer d’escrocs sur Internet, abrite des aigrefins qui passent leurs nuits à envoyer des millions de courriels comportant toutes sortes de propositions malintentionnées. Après s’être levés tard, ils passent le reste de la journée au volant de coûteuses voitures ou à la terrasse de cafés Internet habillés de vêtements de marque.

Des "experts" de Festac Town vendent des services de téléphonie qui permettent à un escroc de faire croire qu’il appelle depuis n’importe quelle grande ville du monde. Kele B. avait ainsi convaincu sa victime qu’il se trouvait à Londres. D’autres vendent des logiciels de surveillance sur Internet, dont le plus populaire est "l’extracteur d’e-mail", avec lequel des millions d’adresses électroniques peuvent être collectées.

L’agence nigériane de répression des fraudes électroniques affirme qu’elle est en train de rattraper son retard sur les escroqueries modernes. La situation "a commencé à changer", assure M. Ribadu.

AP

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