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Politiciens du Faso : J’accuse...

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 07h15min

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Quelle crédibilité pour l’opposition et l’opposant si chacun doit courir ventre à terre au palais présidentiel pour prendre de l’argent ? On dit toujours que la main qui donne est en haut de celle qui reçoit. On croyait que Blaise Compaoré était seulement grand maître du CDP et de ses annexes ; maintenant on sait qu’il gère convenablement aussi ceux d’en face depuis que les frères ennemis de l’OBU ont assuré qu’il y a d’autres de l’opposition qui sont enfeuillés.

En empruntant au célèbre penseur-écrivain Emile Zola, nous disons

" politiciens du Faso, j’accuse "

.
Oui, il y a comme un air de farce dans le jeu politique et les braves populations sont les dindons de la farce. A la lumière de l’explosion ou de l’implosion de l’OBU (Opposition burkinabè unie), des vérités sont apparues au grand jour : Blaise Compaoré a " enfeuillé " ses opposants et cela est sorti de leur propre bouche. Merci à Laurent Bado d’avoir craché la vérité crue sur ce financement occulte. Du coup, cela pose le grand problème de la pratique politicienne à la burkinabè. Combien sont-ils à bénéficier des largesses de Blaise Compaoré la nuit et qui le jour le vouent aux gémonies ? Dans ce jeu de cache-cache les militants à la barre sont les grands perdants. On use les souliers pour les marches meetings, on hume les gaz lacrymogènes de Djibril Bassolet, les coups de matraques, de pataugas pour affirmer sa conviction politique aux côtés d’hommes et femmes qui incarneraient nos ambitions politiques et de gestion du pouvoir d’Etat.

Ces hommes et femmes en qui on a confiance, en qui on donnerait le bon Dieu sans confession, ne sont que des " politiciens " dans le sens africain du terme ; c’est-à-dire des gens qui ne disent pas la vérité, des gens qui trompent, qui changent de camp à tout moment selon leurs intérêts égoïstes. Comme le chantait Alpha Blondy, le reggae-star ivoirien, " ça me fait si mal, ça me fait beaucoup pleurer ".

L’on a en mémoire qu’au temps fort du démarrage du processus démocratique avec les pro-conférence nationale et les anti, certains grands pourfendeurs de Blaise Compaoré sont aujourd’hui à ses côtés et ils n’ont aucune pensée pour les jeunes surtout qui étaient avec eux à la CFD. Au delà de l’ingratitude, on peut tout de même leur pardonner le fait d’avoir choisi clairement le camp du pouvoir. C’est d’ailleurs cela, le grand objectif de l’engagement en politique au Faso. C’est l’ascenseur pour être un " Môgo puissant " oubliant toutes les bonnes prêches sur la bonne gouvernance, le respect de la Respublica. L’essentiel est d’être à la table des convives et en avant pour la "bouffetifaille".

A côté de ces " retourneurs " de vestes, il y a ceux qui paraissent garder le cap. Des durs à cuir en apparence. Ce sont les plus dangereux. Ils sont avec Blaise Compaoré la nuit quelque part à Ziniaré et le jour ils disent de méchantes choses sur lui pour ensuite aller s’excuser en expliquant que tout ce qui a été dit n’est que du vent et surtout qu’il fallait sauver les apparences sinon... Avec de tels comportements, comment veut-on que Blaise Compaoré pense qu’il a des challengers et non des sparring-partners ?

Quelle crédibilité pour l’opposition et l’opposant si chacun doit courir ventre à terre au palais présidentiel pour prendre de l’argent ? On dit toujours que la main qui donne est en haut de celle qui reçoit. On croyait que Blaise Compaoré était seulement grand maître du CDP et de ses annexes ; maintenant on sait qu’il gère convenablement aussi ceux d’en face depuis que les frères ennemis de l’OBU ont assuré qu’il y a d’autres de l’opposition qui sont enfeuillés.

A cette allure, il vaut mieux accepter revenir au temps des partis uniques avec le maître à penser ainsi les vaches en seront mieux gardées.
L’étudiant qui, par conviction idéologique a choisi un parti de l’opposition ne connaîtra plus des brimades et les tracasseries politiques pour ce choix. Il est engagé, convaincu et en subit les conséquences ; prix à payer pour son choix alors que de l’autre côté c’est la dolce vita grâce à l’argent de celui- là même qu’on dit combattre.

De qui se moque-t-on ? Le " Boulanger " des bords de la lagune Ebrié a des émules au Faso et ce n’est pas là où on croit. Le Burkina est un grand damier sur lequel Blaise Compaoré pause allégrement les pions avec les billets de banque. L’OBU a jeté un pavé dans la mare et vivement que celui qui n’a pas été enfeuillé jette la première pierre.
Tout en accusant la faune politique burkinabé, il y a lieu de verser des larmes pour la survie de la démocratie au pays des hommes intègres.

Visiblement les esprits ne sont pas prêts à accepter le jeu démocratique surtout dans le camp du pouvoir. Il y a comme une peur bleue au CDP vis-à-vis de l’opposition qu’on dit moribonde, inexistante, insignifiante. Malgré tout, le CDP adopte l’attitude du chasseur de lièvre, qui ne vit point en courant même si c’est pour attraper un levraut .Insignifiant ou moribond le CDP préfère se mettre très au sérieux face à l’opposition. C’est à ne rien y comprendre.

Pourquoi gaspiller de l’argent en achetant des gens qui, en principe ne peuvent pas empêcher de dormir ? Pourquoi utiliser des munitions d’éléphant pour chasser des perdreaux ? Le jeu démocratique au Faso sera toujours faussé si le plus fort n’accepte pas l’existence du plus faible par la création de conditions républicaines pour lui permettre de s’exprimer et inverser la tendance si telle est la volonté des populations. On ne doit pas tout écraser sinon on tombe dans " les scores soviétiques " avec les conséquences graves au réveil des populations.

Tout ne doit pas se jouer entre " grand ", les " petits " qui vont aux urnes peuvent se révolter et s’exprimer par leurs seules armes : la violence. Si comme le dit Emile Paré, Laurent Bado serait l’opposant idéal pour Blaise Compaoré, était -il utile et nécessaire de le " griller " avec des billets de Banque ?

Par Kassim Kongo
Bendré

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Vos commentaires

  • Le 21 juillet 2005 à 12:20 En réponse à : > Politiciens du Faso : J’accuse...

    C’est pour cela que moi je vais voter pour M. Harouna Dicko .

    • Le 23 juillet 2005 à 00:31 En réponse à : > Politiciens du Faso : J’accuse...

      Vous avez parfaitement raison : quand on n’y comprend rien au jeu politique, autant voter pour les chômeurs-candidats à la magistrature suprême !
      Vive le Burkina !

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