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Financement occulte : Les meilleurs du discrédit

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 07h20min

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Laurent Bado, l’homme du tercérisme, a promis de tout révéler avant de mourir tranquillement. Il n’a peut-être pas satisfait toute la curiosité du public, mais ses propos ont été suffisants pour faire l’effet d’une bombe au sein de la classe politique burkinabè. Et le silence surprenant qui a accompagné cette ’’vérité du professeur’’ est intrigant.

Ainsi, les hommes politiques burkinabè, ou du moins certains d’entre eux, ont succombé à la tentation de se faire entretenir au frais de la princesse.

Passé l’effet de surprise, les Burkinabè se demandent aujourd’hui comment cela a pu être possible, car il y a de moins en moins de doute sur la véracité des déclarations du professeur Laurent Bado. La tentative d’explication du docteur Emile Paré est si catastrophique qu’elle a plutôt apporté de l’eau au moulin du président du Paren. Paré a été peu loquace au sujet des trente millions ’’concassés’’, se contentant de critiquer le droit que s’est accordé le président du Faso de ’’désigner l’opposant idéal’’.

Pourtant, la question mérite bien d’être davantage expliquée à l’opinion publique, qui s’inquiète à juste titre de l’usage qui est fait de l’argent du contribuable. Il ne fait pas de doute que toute démocratie crédible repose sur une classe politique, c’est-à-dire des partis politiques suffisamment solides et à même de proposer des projets de société. Quoi de plus normal alors que l’Etat aide ces formations politiques à remplir leur mission constitutionnelle qui est l’animation de la vie politique nationale.

L’adoption, le 2 mai 2000, de la loi portant ’’financement des activités des partis politiques et des campagnes électorales’’ répond à cette exigence. Grâce à cette loi, ’’dans l’exécution de leur mission, les partis politiques bénéficient de financement public dans les conditions fixées par la présente loi’’.

L’Etat venait ainsi de s’imposer le devoir de participer à la vie de partis et d’aider ainsi chaque sensibilité à donner de la voix. Ce fut un acte politique d’importance car l’application de la loi devait permettre la transparence dans la gestion de fonds. Dès lors, la même loi prenait les dispositions pour refuser toute autre forme de financement des partis. Ainsi, l’article 3 dispose que ’’l’utilisation par les partis politiques des biens et services de l’Etat autres que les prises en charge et les subventions prévues par la loi, est interdite’’.
Les trente millions reçus par le professeur Laurent Bado posent alors deux types de problèmes.

Le premier consiste à rechercher et à comprendre les raisons pour lesquelles les plus hautes autorités de la République ont pu violer la loi. En effet, jusqu’au moment où nous mettons sous presse, aucun démenti n’est venu de la Présidence du Faso pour réfuter ces graves accusations. Si la volonté du chef de l’Etat est réellement d’aider à la construction d’une opposition forte, il aurait été plus indiqué de faire des financements réguliers et légaux mais aussi d’accéder à la requête de l’opposition relative à la modification du Code électoral.

En tournant le dos à cette démarche de transparence, les différents acteurs laissent entrevoir que leurs soucis sont ailleurs. On a alors la faiblesse de penser que la mission première de ces largesses présidentielles est de disloquer l’opposition. C’est chose faite en partie, et c’est là le deuxième type de problème posé par le deal de Laurent Bado. Au sein des partis politiques de l’opposition règne un climat de suspicion générale, et il ne serait pas étonnant que certains partis soient secoués par des crises de confiance dans les jours à venir.

Adam Igor
Journal du jeudi

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