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Utilisation des biens de l’Etat : Le civisme par l’exemple

Publié le lundi 18 juillet 2005 à 07h20min

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Dans une note de service relayée par la presse, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo a instruit tous les responsables de son service et chefs de projets de son département, à une utilisation rigoureuse des véhicules de son ministère durant la période qui va du 1er octobre au 15 novembre 2005.

Durant cette période qui est celle de la campagne présidentielle, Salif Diallo interdit à tout véhicule de son ministère de participer à une manifestation politique de quelle que nature qu’elle soit.

Cette mesure donnera, il faut en être sûr lieu à des questions, des remarques, à des critique. Quoi d’ailleurs de plus normal dans un Etat de droit ! Pourquoi cette mesure est-elle seulement liée à un événement qui est la campagne présidentielle ? Pourquoi seulement le ministère de l’Agriculture et pas les autres ? Pourquoi pas une mesure de portée générale ? De quels moyens dispose-t-on pour le respect scrupuleux d’une telle décision ?

Au delà de ces interrogations, cette mesure mérite d’être saluée. Sauf oubli, omission ou erreur, une mesure de ce genre avait été prise par Roch Christian Kaboré, à l’époque Premier ministre, pour une utilisation rigoureuse des biens de l’Etat tels les véhicules et le téléphone. D’autre part, les agents de l’Etat qui voulaient battre campagne devraient avoir au préalable, une autorisation d’absence. Force est de reconnaître que toutes ces mesures sont tombées sinon dans l’oubli du moins en désuétude. Parce qu’on n’a jamais eu les moyens de les faire respecter jusqu’au bout.

Est-ce parce que c’est impossible ? Pas du tout. Le non respect de ces décisions est lié en grande partie au manque de conscience citoyenne et républicaine, au manque de respect de la chose publique et du bien commun. Tous ces manquements conduisent à l’effritement de l’autorité de l’Etat, source d’indiscipline sociale.

Il faut bien que les citoyens sachent que les biens de l’Etat sont un bien commun, un patrimoine national. Au moment où il est question de lutte contre la pauvreté et la corruption, de bonne gouvernance, la mesure du ministre de l’Agriculture vient rappeler directement ou indirectement que le respect des biens de l’Etat doit être un comportement. Les premiers à en donner l’exemple devraient être ceux qui ont une parcelle de pouvoir de l’Etat.

Ce n’est un secret pour personne que des biens de l’Etat sont utilisés à des fins personnelles par des individus sans scrupule et sans que cela ne choque.

Les Burkinabè s’en souviennent sans doute : sous la Révolution, la justice a puni des gens pour entre autres, vol de rames de papier, de sacs de ciment ou de roues de voiture.

La gestion des biens de l’Etat doit répondre aux normes républicaines. Tout cela participe de la bonne gouvernance, un concept souvent galvaudé mais dont certaines des caractéristiques comme la responsabilité, l’efficacité, l’efficience sont celles d’une bonne administration.

Le non respect des biens communs a fini par déconsidérer l’Etat aux yeux des Burkinabè. L’incivisme, le manque de conscience citoyenne, l’indiscipline sociale peuvent saper les bases de la République.

La décision de Salif Diallo que d’aucuns présentent comme le futur directeur de campagne de l’éventuel candidat à la présidentielle de novembre 2005, le président sortant Blaise Compaoré, est aussi préventive. A ce poste stratégique de directeur de campagne, le ministre de l’Agriculture enlève sans doute et tout de suite à ses adversaires, les accusations de favoritisme, d’abus des biens de l’Etat ou de compétition déloyale.

L’interdiction des moyens de l’Etat à des fins personnelles doit être une mesure générale pour être efficace. Même si des décisions avaient été déjà prises dans ce sens, elles gagneraient à être repétées, ne serait-ce que par souci de pédagogie et par respect du bien public.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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