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Côte d’Ivoire :la cause est presqu’entendue

Publié le mardi 12 juillet 2005 à 07h44min

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Que vont nous réserver encore les protagonistes de la crise ivoirienne ? Les sempiternnelles rhéthoriques, les éternelles volte-faces ou enfin une application stricte des accords signés fin juin à Pretoria ? Le doute, en tout cas, est toujours de rigueur après une réunion au sommet entre dirigeants au pouvoir, opposition politique et Forces nouvelles de Côte d’Ivoire, tant les lendemains d’espoirs se sont, souvent, vite transformés en désillusion.

Et cela dure depuis trois ans, pour ne pas dire plus, depuis que la mort du président Houphouet a laissé un vide jamais dignement comblé.

En principe, le nouvel engagement de Pretoria ne laisse aucune porte de sortie aux acteurs de la crise. Le Médiateur qui devient un habitué des roublardises et des caprices des uns et des autres, a pris le soin d’arrêter un calendrier précis de mise en oeuvre des différents points du processus devant mener aux élections d’octobre. L’une des dates-clé de ce nouvel agenda est sans conteste le 15 juillet, considéré comme date butoir pour le vote des lois sur la nationalité. On sait que c’est la non-application de cette mesure qui avait fait capoter le premier accord signé à Pretoria le 6 avril.

A la dernière minute, les rebelles avaient refusé, à juste titre, d’engager tout processus de désarmement sans le vote préalable de ces lois. Conscient de l’importance de cette étape pour la suite de l’agenda, Thabo Mbeki n’a pas exclu la prise d’ordonnances, en cas de piétinement de l’Assemblée nationale, pour évacuer cette question de la nationalité.

Laurent Gbagbo, pour une fois, est tenu à l’oeil. Surtout que le Médiateur dispose d’une autre arme, tout aussi redoutable. Les accords sont en effet assortis de sanctions si aux dates indiquées, ils ne sont pas appliqués. Là aussi, le Médiateur fait preuve de fermeté en brandissant les sanctions onusiennes dont il avait lui-même demandé l’ajournement. Le temps n’est donc plus aux cajoleries. A la carotte, vient s’ajouter le bâton.

Cette vigilance du Médiateur sera-t-elle pour autant suffisante pour définitivement ramener les Ivoiriens à la raison et permettre de tenir l’échéance du 30 octobre ? On ne peut jurer de rien sur la crise ivoirienne. Mais les esprits, du moins du côté du pouvoir, semblent se préparer à la perspective du vide de pouvoir. Dans une interview accordée à Jeune Afrique l’Intelligent, Laurent Gbagbo n’a pas exclu cette éventualité.

Mieux, il prend les dispositions nécessaires pour la circonstance tant sur le plan militaire que politique. "Je m’en tiendrai aux dispositions de la Constitution", explique-t-il, le plus sérieusement du monde. "Je fais tout pour que l’élection ait lieu le 30 octobre. Si par malheur tel n’était pas le cas, j’attendrais que le scrutin se tienne pour passer le relais à celui ou à celle qui l’aura remporté.

Ceux qui misent sur la stratégie du vide n’ont qu’à se le tenir pour dit". Il ne reste plus qu’à lancer la formule selon laquelle la cause est entendue : "alea jacta est". Pour un chef d’Etat qui dit se battre pour la tenue d’une échéance et qui en détient les clés, il faut avouer que ces propos laissent songeur.

Laurent Gbagbo pense sans doute déjà à l’après 30 octobre, où la Côte d’Ivoire sera sans institutions, et dont il deviendra le maître incontesté. La situation est donc sérieuse et c’est maintenant qu’il faut agir. A ce titre, les efforts du médiateur sud-africain, malgré sa bonne volonté, apparaissent bien insuffisants.

La communauté internationale doit peser de tout son poids pour le respect du nouveau calendrier. Sinon, il sera top tard. Pour le moment, tout le monde dispose d’un repère : le 30 octobre. Mais qu’adviendrat-il si cette échéance n’est pas tenue ? Ce sera un saut dans l’inconnu dont on mesure aisément les risques de reprise du conflit et de déstabilisation de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Le Pays

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