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XXVIIe Sommet ordinaire de la CEDEAO : Paix et sécurité au menu des discussions

Publié le lundi 22 décembre 2003 à 10h37min

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Accra, la capitale de la République du Ghana a abrité le 19 décembre 2003, le XXVIIe sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le président du Faso était représenté à cette rencontre par le chef du gouvernement, Paramanga Ernest Yonli.

La capitale ghanéenne a abrité le 19 décembre dernier, le XXVIIe sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le Premier ministre qui a représenté le chef de l’Etat, Blaise Compaoré à cette grand’messe, a conduit la délégation burkinabè. Le XXVIIe sommet a précédé la conférence des chefs d’Etat de la deuxième zone monétaire d’Afrique de l’Ouest, regroupant les pays qui ne font pas partie de la zone de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA).

Dix chefs d’Etat ont pris part aux travaux qui se sont déroulés au Centre international de conférence d’Accra.

Le Libéria et la Côte d’Ivoire au menu

Si au cours de ce sommet, il a surtout été question d’intégration économique, de développement, de restructuration du Fonds de la CEDEAO, les questions de paix et de sécurité étaient également au menu des discussions des chefs d’Etat et du gouvernement. Les situations qui prévalent au Libéria et en Côte d’Ivoire ont été évoquées.

Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire dont le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo était présent à Accra, la conférence a de nouveau appelé à l’application stricte des accords de Linas-Marcousis et d’Accra pour un retour à la paix. Le Conseil de sécurité a décidé de prendre des mesures en vue de renforcer les capacités d’interventions des forces de la CEDEAO dans ce pays. C’est ce qu’a révélé le représentant du Secrétaire général des Nations unies dans un message de celui-ci livré aux chefs d’Etat et de gouvernement.

Le président ghanéen, John A. Kufuor, président en exercice sortant, a été reconduit par ses pairs pour un nouveau mandat à la tête de l’institution. Cette élection n’a certainement pas surpris bon nombre d’observateurs. Et pour cause ! Le chef de l’Etat nigérian, Olesegun Obasanjo, l’avait laissé entendre lors de son intervention à la cérémonie d’ouverture des travaux.

Prenant la parole au nom des chefs d’Etat hôtes, il a félicité le président John Kufuor, en indiquant qu’il avait bien rempli la mission à lui confiée. "Il a admirablement bien fait le travail que nous lui avons confié. Et si cela ne va pas en contradiction des textes de notre communauté, je suggère que nous lui confions un second mandat...", avait-il laissé entendre. Sa proposition a donc été prise en compte.

Des initiatives pour la résolution des conflits

John Kufuor lui-même qui a ouvert le bal des interventions, a humblement reconnu que quand il avait été désigné comme président en exercice de la communauté lors du XXVIe sommet, il n’avait que deux ans de pouvoir. Il n’avait donc pas l’expérience pour une telle responsabilité. Mais grâce au soutien de ses pairs, des succès ont été enregistrés aussi bien politique qu’économique au cours de son mandat. Aussi, ces succès ont permis d’améliorer la situation de paix et de renforcer les relations commerciales et d’affaires entre les citoyens de l’espace CEDEAO.

Au plan politique, John Kufuor affirme que la communauté a développé des initiatives et reste active dans la résolution des conflits et des situations d’instabilité partout où cela était nécessaire.

Ainsi, en Côte d’Ivoire, la situation sécuritaire a été stabilisée avec la mise en place d’un gouvernement de réconciliation en conformité avec les accords de Linas-Marcousis. Le Libéria qui avait une situation de guerre civile a retrouvé une paix et une stabilité relatives grâce aux efforts de la CEDEAO. La Guinée Bissau a été sauvée dans une situation d’instabilité suite à un coup d’Etat grâce à l’intervention de la CEDEAO.

Ces activités de résolution des conflits et de maintien de la paix demandent des moyens que les Etats membres ne sont pas toujours prompts à apporter. La contribution à ces activités reste faible. Certains n’y contribuent d’ailleurs pas.

Appel a donc été fait aux Etats, pris individuellement, d’assumer leurs responsabilités.

Les observateurs sont unanimes que la communauté est devenue un instrument de résolution des conflits au détriment de ses objectifs premiers qui sont entre autres, l’intégration économique régionale, la libre circulation des personnes et des biens... Des mécanismes ont été pourtant mis en place pour permettre de réaliser ces objectifs. Malheureusement, les Etats membres tardent à mettre en application ces mécanismes. Tous les chefs d’Etat sont unanimes que des entraves existent encore quand à la libre circulation des personnes et des biens. Aussi, ont-ils préconisé la levée totale des barrières qui empêchent cela. Le secrétaire exécutif, Mohamed Ibn Chambas, dans son rapport, soutient que "ce qui est exigé des Etats, ce sont la solidarité et la discipline afin de pouvoir mettre en œuvre tous les programmes régionaux essentiels pour l’économie de l’espace CEDEAO" ;

A Accra, il a été également question de la situation des enfants en Afrique de l’Ouest. Situation très critique que la directrice exécutive de l’UNICEF présente au sommet a relevé dans son intervention. Elle a demandé aux chefs d’Etat et de gouvernement de tout mettre en œuvre pour améliorer la situation des enfants.

Le XXVIIe sommet est déjà rentré dans l’histoire. Rendez-vous a été pris pour l’année prochaine, toujours à Accra pour un autre bilan. Gageons qu’à l’heure de ce rendez-vous, l’espace CEDEAO sera une zone où tous les conflits seront résolus.

Etienne NASSA
nassa_etienne@yahoo.fr
Envoyé spécial à Accra


Le Premier ministre fait le bilan du sommet

Sidwaya : Pouvez-vous nous parler du climat qui a prévalu lors des discussions à huis-clos ?

Paramanga Ernest Yonli : Je peux vous affirmer que cette rencontre a été une réunion où régnait la sérénité. Et nous avons pu aborder tous les points de l’ordre du jour. Les ministres des Affaires étrangères et ceux des Finances pour ce qui concerne la seconde zone monétaire ont tellement bien travaillé que les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas eu à revenir sur les résultats et les conclusions des discussions aux rencontres des ministres. Nous sommes donc allés à l’essentiel, à savoir les questions politiques se rapportant notamment à la paix et à la sécurité dans la sous-région et au renforcement du processus d’intégration économique et monétaire de l’espace CEDEAO qui compte quinze Etats membres. L’ambiance était très bonne.. Il n’y a eu aucun accrochage. Nous avons saisi l’occasion pour manifester encore une fois la solidarité de la communauté envers les pays en proie à des situations difficiles comme la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Guinée Bissau. Une mission de notre communauté, c’est aussi de travailler à renforcer la stabilité politique, à consolider la démocratie dans nos Etats afin de pouvoir asseoir des conditions de bonne gouvernance.

Sidwaya : Les chefs d’Etat et de gouvernement sont-ils confiants quant à la création de la seconde zone monétaire ? A quand son effectivité ?

Paramanga Ernest Yonli : Pour être exhaustif, les résultats de discussions ont montré que les questions de convergences qui avaient été fixées pour 2004 n’ont pas révélé de performances suffisantes pour qu’on puisse dire que nécessairement la monnaie unique pourrait être décrétée en 2005. Il a donc été demandé aux Etats membres de cette seconde zone monétaire de faire des efforts supplémentaires sur les convergences économiques pour qu’en 2005 nous puissions faire l’évaluation, non seulement de cette zone mais aussi de l’ensemble des économies des Etats de la communauté. Si à ce moment les résultats sont probants, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas décider de la date d’entrée en vigueur de la nouvelle monnaie unique.

Sidwaya : La libre circulation des personnes et des biens n’est toujours pas une réalité sur le terrain. Que faire finalement pour qu’elle le soit ?

Paramanga Ernest Yonli : On ne peut pas dire qu’elle n’est pas une réalité car d’une frontière à l’autre, tout se passe avec fluidité. Dans les différents domaines de l’intégration, les Etats ne se situent pas au même degré. Ce n’est pas seulement au niveau de la libre circulation des personnes et des biens, qui est certes un volet fondamental et prioritaire, qu’il y a des entraves. Mais que ce soit à l’UEMOA et à la CEDEAO, les chefs d’Etat sont conscients qu’il faut accélérer et parfaire la question de la libre circulation des personnes et des biens. C’est cela la base même de l’intégration, c’est la condition première qu’il faut remplir pour continuer à consolider nos monnaies et surtout pour que les questions de libéralisation que nous sommes en train d’organiser dans nos Etats et à l’intérieur même de la communauté puissent être une réalité. Pour que le libre échange, pour que les libertés individuelles soient exercées d’un Etat à l’autre, il faut effectivement que la question de la libre circulation des personnes et des biens soit une réalité aux plans juridique, institutionnel et au plan des faits comme vous le dites. Nous sommes revenus là-dessus pour rappeler à chaque Etat de tout mettre en œuvre pour que cette question soit une réalité.


Les francophones frustrés

L’organisation pratique de cette conférence a péché un peu, notamment en matière de documentation. Les journalistes surtout ont été frustrés. Et pour cause ! Les documents en français étaient quasi-inexistants au cours de ce sommet. Les quelques rares qui existaient n’étaient pas multipliés pour nous autres francophones. Tenez, des sept interventions qui ont été faites au cours de la cérémonie d’ouverture, seuls deux l’ont été en français et les écouteurs pour la traduction simultanée étaient insuffisants.

En revanche, dès que les intervenants en anglais terminaient leurs discours, les copies étaient distribuées. Les discours du président de la Commission de l’Union africaine et du représentant du secrétaire général de Nations unies qui étaient en français ne l’ont pas été comme les autres. "Ah, les Anglophones ne sont pas sérieux. Ils se foutent de nous alors que la CEDEAO compte 9 pays francophones sur les 15 Etats qui la composent...". C’est le ras-le-bol d’un journaliste, ras-le-bol qui se justifie au regard du préjudice causé à ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare.

E.N.
Sidwaya

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