LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

ADF/RDA et la Présidentielle : Si longue que soit la nuit, le jour viendra

Publié le mercredi 6 juillet 2005 à 07h44min

PARTAGER :                          

En offrant le titre de chef de file de l’opposition à Gilbert et à l’ADF-RDA, le CDP ne leur a pas fait un cadeau tout simple. C’est un cadeau empoisonné ; une lettre piégée qui se base sur le dicton « tout le monde connaît le nom de la vieille mais on l’appelle Yaaba (grand mère) ».

Après le débarquement de Hermann Yaméogo de la présidence du parti de l’Eléphant, son tombeur Gilbert Ouédraogo, le fils de l’autre s’est vu bombardé du titre honorable de chef de file de l’opposition. Ce qui avait créé en son temps un grand tollé car le PDP/PS devrait bénéficier de ce titre et il ne l’a jamais eu. L’ADF-RDA de l’époque Hermann Yaméogo, le presque créateur de la fonction de chef de file de l’opposition au Burkina lui non plus n’a pas reçu d’échos favorables.

C’est pourquoi lorsque le Président de l’Assemblée nationale Roch Marc Christian Kaboré a « donné » le titre de chef de file de l’opposition à Gilbert Ouédraogo nouvellement promu président de l’ADF-RDA ; on a crié au scandale et aussi à l’accointance qu’il y aurait entre l’ADF-RDA nouvelle formule et le parti au pouvoir, le CDP. Certains ont même trouvé là, les raisons du débarquement de Hermann Yaméogo.

C’est encore le CDP qui a semé la zizanie pour diviser afin de mieux régner.
Le Président de l’ADF-RDA, Gilbert Ouédraogo était monté au créneau à l’époque pour exprimer l’indépendance de son parti et assurer qu’il ne roule pas pour le CDP. On en était resté là et les choses évoluaient malheureusement contre ce que l’ADF/RDA prétendait être.

Au sein même de ce parti il y a une tendance et pas des moindres qui tire le parti vers la « soupe » préparée par le méga CDP. Une autre tendance, force contraire, essaye plutôt mal que bien de maintenir le cap. C’est dans ce jeu de Colin Maillard que le CDP allié de l’ADF a chamboulé la programmation des élections. La présidentielle passant avant les municipales. Du coup toutes les stratégies de la direction politique de l’ADF-RDA sont tombées à l’eau.

On y pensait faire un bon score aux municipales pour mieux assurer son entrée au gouvernement sinon pour mieux monnayer ses voix à la présidentielle. Comme en politique, les mots ne manquent pas pour justifier un acte posé aujourd’hui qui pourtant était pourfendu hier, on allait user des termes d’ « assurer la cohésion sociale », « participer à la paix et au renforcement de la démocratie », « éviter une Rwandaïsation du Burkina », « avoir le consensus comme maître mot » ... Des justificatifs à la pelle et on compose avec l’ennemi d’hier.

Issa Tiendrébéogo lui, dira sans sourire que « c’est le tube digestivisme ». Si les choses se passaient comme prévu, le président et son ADF-RDA allaient tirer les marrons du feu. Mais voilà, en face le CDP est composé d’anciens « socio-communisants » même si dans la pratique de gestion du pouvoir on n’en voit pas les signes. Ces gens du CDP ont le vice des partis communistes, ils prévoient presque tout politiquement et ont une vigilance de Sioux.

En offrant le titre de chef de file de l’opposition à Gilbert et à l’ADF-RDA, le CDP ne leur a pas fait un cadeau tout simple. C’est un cadeau empoisonné ; une lettre piégée qui se base sur le dicton « tout le monde connaît le nom de la vieille mais on l’appelle Yaaba (grand mère) ». A l’ADF-RDA on sait très bien que la tambouille qui a coupé l’herbe sous les pieds de Hermann Yaméogo a été téléguidée par quelqu’un, quelque part. On en a fait une victoire à l’issue des contradictions internes, toute chose normale dans un parti.

Le piège tendu a bien fonctionné, ont certainement dit les « téléguideurs » surtout qu’on voyait le président de l’ADF-RDA croire qu’il est fort après ses tournées de prise de contacts dans le Burkina de l’intérieur. C’est à mourir de rire ou à pleurer ; toujours est il que l’ADF-RDA sans le savoir jouait, dansait, parlait, agissait en gros sous les impulsions des autres et le drame est de ne pas le savoir comme Monsieur Jourdain et la prose. Au moment où l’ADF-RDA a cru en ses forces, et paf, changement du programme électoral et patatras tout ce qui était prévu a fondu comme du beurre de karité sous un soleil d’avril à Ouahigouya.

N’est-ce pas pourquoi le professeur Ki Zerbo a parlé de la natte d’autrui ? Encore qu’ici on était sur la natte d’autrui sans le savoir, en pensant que c’est la nôtre et il nous a même aidé à le croire. Une seule pression sur le petit bouton du système des stratégies électorales du CDP a suffi pour qu’à l’ADF-RDA on soit entre le ying et le yang. C’est à y perdre les cheveux.

Pour une grande première, s’en est une, le chef de file de l’opposition refuse de prendre part à la course pour la présidentielle. Non parce que la justice lui dénie ce droit parce qu’il faut l’éliminer sinon il passe haut les mains, mais tout simplement parce que le chef de file de l’opposition n’est en fait pas un opposant. L’ADF-RDA qui a été pris de court par la tactique d’inversion de l’ordre des choses pour les élections à venir a espéré un moment en mettant son congrès après celui du CDP que ...

Malheureusement, Blaise Compaoré est bel et bien le candidat du CDP et on ne mord pas la main qui nourrit. Les grandes écoles comme les petites qui font de la science-politique doivent venir au Burkina pour voir ce cas d’école.

Le patron de l’opposition qui ne met même pas les pieds dans les startings blocks à l’occasion de l’élection présidentielle. Quelqu’un parlait de « l’opposition à Blaise Compaoré » et de « l’opposition de Blaise Compaoré ». On y voit plus clair maintenant.

Kassim Kongo
Bendré

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique