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Crise à l’OBU et au PAREN : Les révélations de Bado en intégralité

Publié le mardi 5 juillet 2005 à 07h51min

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La cérémonie d’investiture de Laurent K. Bado à la candidature pour la présidentielle fut l’occasion pour le leader du PAREN de revenir de long en large sur la crise qui a secoué le PAREN ET L’OBU, le rôle qu’y a oué Emile Paré, etc. Il a aussi les esquissé les grandes lignes de son projet de société. Voici en intégralité plaidoyer du professeur Bado.

PERES ET MERES !
FRERES ET SŒURS !
MILITANTES ET MILITANTS DE L’OBU !
PEUPLE DU BURKINA !

Le mardi 17 mai 2005, le Comité Directeur National de l’OBU, réuni au Groupe Scolaire du Plateau parce que chassé du siège du MPS/Parti Fédéral, et en l’absence injustifiée pour la troisième fois consécutive du MPS/Parti Fédéral et du PSU, m’a désigné par consensus, conformément à l’article 16 alinéa 3 des statuts de l’OBU, comme candidat unique de ce parti unifié à l’élection présidentielle de novembre 2005.

Ce choix est, à mes yeux, beaucoup plus une lourde croix sur les frêles épaules de ma modeste personne si pleine d’insuffisances qu’une honorable distinction dont je devrais me réjouir. Je ne l’aurais pas accepté si je n’eusse considéré auparavant la confiance que vous avez bien voulu placer en moi à travers l’instance dirigeante suprême de votre parti unifié qui est unique dans l’histoire de notre pays et exceptionnel dans la sous-région.

En me présentant devant vous ce jour, 3 juillet 2005, en voyant cette foule venue de façon inattendue pour m’entendre, le sentiment m’habite que j’ai devant moi, face à moi, au devant de moi, le peuple tout entier des citoyens Burkinabé conscients et responsables, déterminés à changer le cours de notre histoire, à sortir notre pays de l’ornière avec la même passion et le même volontarisme que les frères Gracques combattant la Rome corrompue des temps héroïques.

Frères et sœurs, voici donc l’homme de votre choix libre et souverain, lui dont le chemin n’était pas dans les grandeurs, lui dont le seul projet au monde était de réussir sa mort et que vous avez chargé de porter haut le flambeau de la Renaissance du Burkina Faso quand bien même ses mains brûleront. Je ne puis, en cette circonstance solennelle pleine d’émotion, m’empêcher de partager avec vous un doute et un espoir. Le doute, c’est que mon choix est combattu par tous les trompeurs professionnels du peuple. L’espoir, c’est que ce choix s’impose à moi comme un devoir à accomplir dans l’intérêt supérieur de la Nation.

"Un choix combattu par tous les trompeurs professionnels du peuple"

Frères et sœurs, il y a de quoi s’étonner. Pendant tout le temps où je suis resté en dehors des partis politiques, pour mieux faire la politique, cherchant à éveiller la
conscience de mes concitoyens par les écrits, les interviews et les conférences techniques, j’étais bien estimé, considéré et jugé. On avait une excellente opinion de moi. Je ne parlais pas beaucoup pour me faire voir. J’obéissais en réalité à une voix intérieure qui m’avait invité à me mettre au service des pauvres, des exclus et des laissés-pour-compte, voix que j’ai entendue dans une sorte d’état extatique, la nuit du mardi 24 janvier 1967, passée en pleine teckeraie de Pabré où je m’étais réfugié après avoir appris par mon confesseur que je devais renoncer à la prêtrise pour accomplir un autre sacerdoce dans la vie civile.

Voici d’ailleurs la dernière page du roman que j’ai tiré de cette nuit troublante en 1975, deux ans après mon retour au pays natal : « Ah ! ce besoin de solitude ! Jamais je ne me sentais moi-même au milieu du bruit, du mouvement, des fêtes qui n’en finissaient pas. Tout en moi en appelait à la méditation, à l’isolement, au repli intérieur. Et par-dessus tout, au rêve.

Ce que je désirais le plus ? c’était un pays où l’amour est roi, où la fraternité, la solidarité, la vérité sont les biens suprêmes. Et puisque ce pays ne pouvait exister nulle part, il ne me restait plus qu’à m’aménager une zone d’isolement intérieur, à l’abri des valeurs de ce siècle dément, riche en égoïsme, en mesquinerie, en orgueil...
Le jour, je pensais, tapi au bord de l’étang, au mendiant raillé par le riche des cités modernes, au laboureur sans espoir, à tous ceux qui mourraient sans une larme pour les accompagner à leur dernière demeure...

A chaque instant, j’entendais des cris, des appels au secours étouffés plus au moins par le vent de l’indifférence et du mépris. Partout, hélas ! la haine dévastait le champ de la fraternité. Partout, hélas ! les hyènes de la méchanceté, les vampires de la violence triomphaient. Et j’aurais parié que tous les oubliés de ce monde, assoiffés d’amour et de fraternité, gémissaient avec moi : J’avais ainsi découvert que mon destin était lié à celui des humbles et des mal aimés ».

Pour moi donc, si j’avais été exclu du service de Dieu, c’était pour être au service des pauvres, des désespérés, des oubliés ma vie durant. Et ma meilleure contribution, c’était de parler à temps et à contretemps, de bousculer les idées, de critiquer les gouvernants, même au péril de ma vie ! C’est ainsi qu’en octobre 1986, j’ai dénoncé la dérive totalitaire du pouvoir révolutionnaire dans les colonnes du Sidwaya, quand tout le monde était atterré et se réfugiait dans les mosquées, les temples et les églises.

Frères et sœurs, j’ai franchi une autre étape de ma mission de secourir les exclus en créant un parti politique en 1999, moins pour assouvir des passions inférieures que pour répondre à un appel de ma conscience à devenir un serviteur de ma patrie. C’est pourquoi, de 1973 à 1999, vous m’avez vu sur tous les fronts de la critique et des propositions et, faut-il le répéter, j’étais bien estimé, considéré et jugé.

Mais à partir de 1999, date de mon engagement dans la politique active avec la création du PAREN, beaucoup de mes admirateurs d’hier, de mes partisans de toujours sont devenus brutalement mes contempteurs, mes accusateurs ou des témoins à charge. Ils se sont ligués pour détruire mon honneur, ma réputation, ma renommée. Ils ne me reconnaissent plus !.

Frères et sœurs, c’est une évidence qu’on veut m’abaisser, me nuire et me détruire et, à travers ma chétive individualité, vous tous qui constituez l’armée d’élite pour bouter hors du Burkina l’injustice, la corruption, les inégalités, l’enrichissement illicite ou sans cause, les fraudes et les arnaques qui sont des épines au pied du processus de développement de notre pays dont vivent bien d’hommes dits politiques sans y croire, comme ces commerçants de Lourdes qui vivent de la Vierge de Massabielle sans croire en elle.

Recourant à toutes les armes, même à celle du mensonge grossier et grotesque en s’inspirant du tristement célèbre Néron qui disait qu’en politique, plus le mensonge est gros, plus le peuple se laisse facilement convaincre, ils font des tirs croisés sur ma personne, ils m’accusent d’être un chercheur de prime, un « mouvancier » caché et un fossoyeur de l’OBU et même de mon parti, le PAREN. Ainsi, ils sont passés en quelque temps du « Hosanna, ô fils de David ! » au « Crucifie-le » du peuple juif.

Comme tirs croisés sur ma personne, ils disent tour à tour que je suis un populiste primaire parce que je fréquente n’importe quel lieu de loisir et parce que je me déplace souvent en bus. Comment un authentique représentant du peuple peut-il penser qu’il se rabaisse en allant vers ses mandataires pour les écouter et recueillir leurs doléances, leurs critiques, leurs suggestions et propositions, En quoi consiste mon populisme en empruntant le bus quand, par goût et par souci pédagogique, je prenais X9 pour me rendre à mon lieu de travail bien avant mon engagement politique jusqu’à ce que ma ligne soit supprimée pour non rentabilité et mauvaise route alors que je disposais de trois véhicules personnels ?
Mes adversaires, manifestement, ne savent pas encore distinguer entre nature et aventure humaine.

Ils disent aussi que je suis un homme qui n’écoute pas les autres, que je suis un « autoritariste » borné. L’ « autoritariste » borné, l’ « inconseillable » est pourtant celui qui a écrit dans le Manifeste de son parti que tout militant a le devoir de s’informer auprès des dirigeants, de critiquer leurs actes ou leurs paroles et que toute personne de bonne volonté est bien venue à conseiller le parti pour lui éviter des erreurs fatales !

L’ « autoritariste » borné, l’ « inconseillable », est pourtant le chef de parti qui ne préside pas les instances dirigeantes de son parti, qui soumet à la censure de deux à trois membres de l’instance dirigeante ses projets d’articles à publier dans les journaux, à l’exception de ceux qui touchent à la vie religieuse ! En fait, on a transposé mécaniquement sur l’homme politique l’image de l’intellectuel qui défendait, becs et ongles, ses idées à la radio ou à la télé ! Encore une fois, ma porte et mes oreilles sont ouvertes à toutes critiques, conseils, suggestions et propositions.

Ils disent enfin que je suis un intellectuel égaré en politique. Ces arbitres des élégances politiques des acteurs politiques feignent d’oublier que le parti de l’égaré a obtenu des sièges de conseiller municipal un an après la création de son parti et des sièges de député trois ans après la création de son parti pendant que des partis, vieux de 10 à 20 ans, n’ont jamais glané un seul mandat électif !

Comme accusation de chercheur de prime, ils disent que j’ai accepté, moi le défenseur naguère des déshérités, un cadeau de trois millions pour les fêtes de fin d’année 2002 et que, depuis mon entrée à l’hémicycle, je me tais pour mieux savourer les mets servis. Les trois millions ont été une désinformation à dessein. Un journal est allé jusqu’à dire : « Ce Bado-là, ce Bado auquel on croyait tant, lui aussi a succombé à des dessous de table » ! Etonnante accusation !

Quand je pense que j’ai plaidé pour la suppression de l’indemnité de fin de mandat ( de trois millions ! ) pour les députés partants mais réélus, quand je pense que j’ai plaidé pour la suppression de l’indemnité de soutien aux députés sur le terrain (de trois millions), une indemnité que je suis venu trouver et qui était justifiée par les sollicitations quotidiennes dont l’élu est l’objet de la part de la base, je mesure le degré de rage canine atteint par mes adversaires pour m’enterrer vif politiquement, sans autre formalité que la médisance et sans autre loi que de me verrouiller la porte du pouvoir au profit de coquins copains.

Mon silence depuis mon entrée à l’Assemblée, c’est le dernier argument d’un esprit sans argument, la dernière raison d’une raison désarmée mais voulant à tout prix démontrer que le faux porte-parole des exclus a atteint son objectif. Ce silence ne peut être qu’un tonnerre dans les oreilles d’un sourd-né. On a feint encore d’oublier d’abord que depuis mon engagement politique, la radio et la télé ont l’hypertension à l’idée de m’inviter à un débat public comme autrefois.

On a oublié ensuite que je n’ai jamais cessé d’écrire, de donner des conférences et des interviews. On a oublié enfin que je prends la parole à l’hémicycle sur de graves sujets et non sur tout sujet comme pour laisser croire au peuple que je suis actif. Pis ! on a oublié que j’ai proposé neuf ( 9 ) lois en dix- huit ( 18 ) mois de législature, ce qu’aucune Assemblée n’a jamais réalisé durant tout son mandat ! Ces propositions de lois, toutes rejetées, portent sur :
- le renforcement du crédit de l’Etat (comment établir la confiance entre l’administration et les administrés ),
- la vignette auto (demander aux possédants une petite contribution complémentaire destinée à offrir de meilleures conditions de vie et d’études à nos étudiants),
- le statut de la chefferie coutumière (reconnaître le rôle de la chefferie dans l’action administrative et lui interdire toute immixtion dans la politique moyennant une certaine prise en charge),
- l’animalité, la pédophilie et le mariage de personnes de même sexe (criminaliser ces comportements attentatoires à la dignité et la vocation de l’espèce humaine),
- la fréquentation des débits de boissons par les mineurs de moins de 16 ans (renforcer les moyens de contrôle),
- le délit d’apparence (renforcer la lutte contre la corruption en traduisant en justice ceux dont le standing de vie est manifestement au-dessus de leurs revenus officiels),
- le nomadisme politique des élus ( prévenir l’immoralité des députés qui se font élire sur la liste d’un parti et qui, une fois montés la haut, quittent ce parti pour rejoindre d’autres sommets partisans plus attractifs ),
- l’assurance pour le crédit de salaire (garantir le paiement des salaires et / ou des droits du salarié en cas de turbulence financière de l’entreprise ou de liquidation judiciaire en les assurant comme un véhicule auprès d’une compagnie d’assurances ) et
- les négociation salariales (reprendre, dans la loi de 1998, une disposition utile de la loi de 1988 prévoyant la concertation syndicats de fonctionnaires - gouvernement pour la détermination de l’ évolution des salaires dans la fonction publique).

Contrairement donc aux insinuations tendancieuses, je ne dors pas depuis mon entrée à l’Assemblée. Ceux qui le disent ont une sombre idée derrière la tête : ils auraient voulu me voir gesticulant à l’hémicycle, ridiculisant des ministres, rapetissant les élus de la mouvance présidentielle, en sorte que j’étais disqualifié tôt ou tard pour prétendre à la magistrature suprême de mon pays.
Et j’ai vu le piège.

Et pendant qu’ils me trouvent silencieux, mes Philistins ne se donnent aucune minute de lassitude pour travestir ma proposition de loi relative à la vignette auto. Alors que je n’ai visé que les véhicules quatre (4) roues, ils racontent, toute honte bue et toute dignité humaine cessante, que je veux rétablir les plaques !
Que Dieu ait pitié d’âmes aussi damnées !

"J’ai travaillé 7 mois sans un kopeck"

Comme accusation de « mouvancier », j’ai entendu dire pêle-mêle que j’ai accepté un poste de commissaire à la réforme et à la modernisation de l’administration, puis un poste juteux à Tanger au Maroc, que je voue un culte à des personnalités du régime, que j’ai été gratifié d’un jardin et d’un barrage dans mon village, que le régime m’a acheté à coup de millions. Un vrai délire.

Le poste de commissaire à la modernisation de l’administration n’était pas un poste politique mais technique. C’est le ministre de la fonction publique et de la modernisation de l’administration qui m’avait sollicité pour examiner les travaux de la première Conférence Annuelle de l’Administration Publique ( CAAP ) en me prévenant que, n’ayant rien pour me désintéresser, il me ferait des contrats auprès du PNUD pour pondre les réformes retenues à la suite de la CAAP.

Mais voilà qu’après la CAAP, le ministre m’appelle pour me tenir ce langage : « Au lieu de contrats, il serait plus indiqué que tu (j’étais familièrement tutoyé par lui !) te joignes à mon équipe de commissaires à la réforme et à la modernisation en vue, non seulement d’élaborer ces réformes, mais encore de suivre leur application qui sera confiée à tes propres anciens étudiants car, en cas de mauvaise application, ce sont tes réformes elles-mêmes qui seront jugées médiocres ». Et le ministre de m’assurer que je serai alors pris en charge par le PNUD comme les autres. J’ai donc accepté la proposition pour mon honneur intellectuel.

J’ai travaillé pendant sept (7) mois au ministère sans recevoir un seul kopeck. Au septième mois, j’ai surmonté ma gêne pour poser au ministre le problème de ma prise en charge. A mon grand étonnement, il me répondit en me regardant droit dans les yeux : « qu’est-ce que tu attends pour prendre la carte du parti ? ». J’ai immédiatement démissionné et porté le différend devant le Premier ministre qui a reconnu mes droits. Mais le ministre ayant convoqué ma famille, moi présent, pour demander pardon, j’ai renoncé à mes droits qui s’élevaient à plusieurs millions de francs !

Mon poste juteux à Tanger, au Maroc, relève de l’imagination diabolique. Cette fausse nouvelle visait à faire croire aux militants du PAREN, aux hommes de bonne volonté que la politique était pour moi un tremplin pour assouvir des ambitions matérialistes élevées.

Mon culte à des personnalités du régime et le don à moi d’un jardin assorti d’un barrage dans mon village a été un coup bas douloureux pour moi, d’autant plus qu’il a été asséné par le journal de Norbert ZONGO ! Un croyant ne peut vouer un culte qu’à Dieu ! Je ne peux pas vouer un culte à Roch Marc Christian KABORE que j’ai rencontré quatre fois dans ma vie et avant mon engagement politique. C’est l’un de ses amis, devenu mon ami, qui m’avait demandé de lui prodiguer critiques, suggestions et propositions pour la réussite de son mandat de Premier Ministre.

Cet ami m’a conduit une fois chez Rock, a conduit Rock une fois chez moi, et nous nous sommes retrouvés une fois ensemble chez lui ! J’ai rencontré Rock pour la quatrième fois dans son bureau pour plaider la cause d’un parent en difficulté en Côte d’Ivoire !

Le régime ne m’a attribué ni un jardin, ni un barrage dans mon village. Les arbres de mon jardin sont plus vieux que moi et que tout autre membre du gouvernement ! C’est le fruit du travail de feu mon père qui a introduit, à partir de 1933, le maraîchage dans la région et qui avait l’honneur et le privilège de recevoir chez lui, dans la simplicité, le Président Maurice YAMEOGO qui l’a décoré par trois fois.

Quant au barrage, appelé « Nantu-Nangoro », c’est-à-dire « le trou des pieds d’éléphants », c’est un plan d’eau dont on ignore l’âge et dont l’actuel gouvernement a décidé d’élever la digue affaissée pour une plus grande retenue d’eau en vue de la création d’un périmètre du député (aménagement hydro-agricole offert à des exploitants ruraux sous la supervision, le suivi et le contrôle du député de la région).

Quand "L’indépendant" a publié ces fausses nouvelles, j’avais voulu le traîner en justice. Mais réalisant que j’allais le faire condamner à une forte amende qui le déstabiliserait, j’y ai renoncé en lui répondant (et quand on répond, on ne peut plus attaquer en justice !) par respect pour la mémoire de ce héros national avec lequel j’entretenais d’excellentes relations de fraternité.

Ma corruption par le régime a de quoi à la fois me faire rire pour ce que je suis et pleurer sur la malhonnêteté ambiante au pays des hommes intègres. Je le proclame d’entrée de jeu : s’il n’y a que deux personnes incorruptibles au Burkina, j’en suis ; s’il n’y a qu’une personne, je le suis. Je déclare solennellement qu’à partir de ce jour, quiconque me traitera de vendu, de corrompu, aura à en répondre devant la justice.

Frères et sœurs, aujourd’hui est un grand jour pour moi ; je m’en vais laver l’affront de corrompu dans le sang rouge de la vérité la plus pure. Ouvrez les oreilles : le samedi 24 janvier 2004, le Président de l’OBU, Emile Paré, m’invitait à Yampoutin pour me rendre compte d’un entretien qu’il a eu avec un envoyé de Blaise Compaoré. Quand il m’a résumé l’objet de l’entretien, je suis tombé à la renverse et j’ai noté dans mon agenda de ce jour (le voici !) : « il se croit plus intelligent que moi cet envoyé ? Jamais aucune compromission avec ce régime et s’il finance l’OBU, nous utiliserons cela pour lutter contre lui ».

L’envoyé ayant demandé à nous rencontrer sans délai, j’ai fixé le rendez-vous en mon domicile pour le lendemain dimanche 25 janvier en prenant soin de dire à Emile de bien noter les déclarations de l’envoyé et après avoir mis au courant un membre de l’instance dirigeante de mon parti, M. Bado Victor, que le pouvoir veut s’entretenir avec les premiers responsables de l’OBU ce soir à 21 heures.

Emile Paré et l’envoyé sont arrivés chez moi avec une heure de retard. Après l’eau de l’étranger, l’envoyé a dit : « J’ai été instruit par le Président du Faso pour rencontrer le grand frère Bado ». Je l’ai interrompu : « Pourquoi alors avoir passé par Emile Paré ? ». Il a répondu : « Parce que tout le monde sait que vous avez des principes. C’est vous qui avez créé l’OBU, vous qui avez désigné Emile Paré comme Président, et si je venais directement vous voir, oui ou non vous allez me foutre au dehors ? ». Je répliquai que c’est vrai et je lui demandai de dire ce qu’il avait à nous dire.

Et voici son propos : « ils sont un cercle restreint qui analyse la situation nationale. Elle n’est pas satisfaisante. Il faut même craindre le pire pour l’avenir.
Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il nous faut une opposition forte, constructive pour dynamiser notre grand parti et ayant des idées, un programme alternatif pour assurer demain la relève car, nous n’avons pas l’idée de nous éterniser au pouvoir. Avec une telle opposition, notre démocratie sera un modèle aux yeux des bailleurs de fonds et puisque sur 100 F investis au Burkina, 90 F sont donnés par eux, nous aurons plus de financements pour notre économie. Nous avons tenté de susciter cette opposition forte, constructive, dynamisante pour le CDP, mais les opposants se sont révélés malhonnêtes. Tous les opposants que vous connaissez ont été financièrement soutenus par nous dans ce sens, mais non contents d’utiliser cette aide à des fins personnelles, ils sont les premiers à nous insulter, à dire que le régime est corrompu alors qu’ils sont aussi, sinon plus corrompus que nous, à afficher un esprit revanchard ».

J’arrêtai l’envoyé d’un ton ferme : « Il ne faut pas diffamer les autres opposants chez moi ». Et l’envoyé, pour convaincre Emile Paré et moi, cita des noms et des montants : la quasi-totalité des illustres opposants (Emile Paré et moi avons la liste) sont cités et les sommes ou avantages matériels reçus sont donnés !

L’envoyé a poursuivi en disant qu’Emile Paré et moi, nous avons une nature que personne ne peut changer, que nous ne sommes pas des êtres corruptibles et qu’ils sont trop petits devant nous pour nous tendre des pièges. Il a beaucoup insisté sur l’objectif du pouvoir : créer une vraie opposition capable de pousser le pouvoir à l’action, à l’imagination, à la créativité et capable d’assurer, dans de bonnes conditions, l’alternance démocratique. Il a ajouté que, selon leurs sources d’information, moi Bado, je suis l’opposant le plus crédible en raison de mon honnêteté et de mes idées ; qu’ils souhaitent, en cas de réélection de Blaise, que l’OBU participe au gouvernement pour y apporter aussi la critique ( je l’arrêtai alors pour lui dire de fermer cette parenthèse !) et qu’à l’Assemblée prochaine, l’OBU soit la force de propositions et de critiques qu’ils appellent de tous leurs vœux. Il a terminé en disant que notre parti étant pauvre, ils sont prêts à nous soutenir comme les autres et que son mandataire souhaiterait nous rencontrer en personnes.

Après le départ de l’envoyé, Emile Paré et moi avons vérifié si nos notes concordaient. Et elles concordaient.
J’ai donné rendez-vous à Emile Paré le lundi 9 février au square « Naba-Koom » pour examiner l’initiative du pouvoir.

Pour Emile Paré, ou le pouvoir sait que le peuple n’attend plus rien de lui et, dans ce cas, a confiance à l’OBU pour assurer la relève, ou, se rendant compte que l’OBU est capable de prendre le pouvoir et, dans ce cas, il cherche à nous compromettre pour garder le pouvoir.
Dans tous les cas, ajouta Emile Paré, nous devrons être vigilants car lui, il a travaillé avec eux sous la RDP !

Pour ma part, j’ai considéré que ce pouvoir ne peut pas prendre cette initiative s’il n’y avait pas réellement péril en la demeure ; que Blaise ayant confessé en décembre 2001 que le pays se trouve à la croisée des chemins et ayant appelé de ses vœux une voie originale de développement, c’est sans doute plutôt qu’il a pris la mesure des choses et, en toute honnêteté, voit en l’OBU et en ses dirigeants la chance du Burkina ; qu’il fallait l’entendre de nos propres oreilles pour savoir quelle décision prendre.

Le mercredi 31 mars, Emile Paré et moi sommes reçus par le Président du Faso. J’avais dit à Emile que je n’accepterai de répondre à l’invitation que si nous sommes reçus en plein jour à la Présidence ou alors au siège de son parti ou encore dans une villa privée si la rencontre avait lieu la nuit. Ce ne fut pas le cas et je m’en suis plaint à Emile.

De retour de la rencontre, Emile Paré m’informe qu’aux dires de l’envoyé, il sera alloué à l’OBU 45 millions en trois tranches de 15 millions. La nuit du 31 mars, j’ai passé le temps à mon bureau pour examiner la situation : fallait-il accepter ou refuser cette aide inattendue ? J’ai fini par me décider à accepter au regard des éléments d’appréciation suivants :

1) si le régime veut aider l’OBU à devenir un grand parti de l’opposition susceptible d’assurer l’alternance, c’est que ma nuit du 24 janvier 1967 n’était pas une simple illusion ;

2) le régime sait parfaitement que je suis un homme de caractère et d’idéal et que, si je recherchais des privilèges en ce monde, j’aurais eu une place de choix sous la Révolution et sous la 4ème République. Sous la Révolution, mon co-beau (Ouatamou Lamien) et mon cousin du village (Paulin Bamouni) me pressaient de rencontrer Sankara qui avait fait siens mes principes d’action économique (compter sur soi, produire et consommer national) énoncés dans « Refaire la Haute-Volta » (paru en janvier 1981) et qui leur avait dit qu’il échouerait s’il ne m’entendait pas, d’où mon courage à critiquer le CNR en octobre 1986.

Sous la 4ème République, Blaise Compaoré a manifesté de l’admiration pour mes idées, m’a invité pour échanger par neuf (9) fois du samedi 5 octobre 1991 au lundi 13 novembre 1995, a soutenu mon association que j’avais créée pour mettre en application mon « actionnariat populaire », a exprimé le vœu maintes fois de voir le pays disposer d’intellectuels imaginatifs (et tout cela, je l’avais raconté à Emile Paré au début des noces de nos deux partis, tel que reproduit dans le Journal Bendré n°346 du 27 juin 2005, à mon grand étonnement, et lui aussi m’avait raconté en retour son passé politique en vue d’une meilleure connaissance mutuelle).

Par conséquent, je doute fort que le régime cherche à tromper Emile Paré et moi ; il doit être sincère en nous demandant d’assumer notre mission, à savoir constituer une opposition forte, constructive, crédible, susceptible d’assurer même la relève ;

3) aux législatives de mai 2002, j’ai reçu de certains militants du CDP, et pas des moindres, 1 073 000 F en bons d’essence ou en espèces ! Ces bienfaiteurs m’avaient expliqué leur geste presque dans les mêmes termes : « notre parti est tout puissant et a tendance à gérer le quotidien (ce qui m’a rappelé le propos d’un Ambassadeur qui, m’invitant à déjeuner le mardi 21 mai 2002, a souhaité que je rentre à l’Assemblée pour secouer le CDP qui n’est qu’une machine électorale sans aucune proposition pour le développement du Burkina comme il l’avait déclaré au responsable de ce parti !).

"Si tu entres à l’Assemblée, nous sommes sûrs que tu nous rendras service ainsi qu’au pays. Ne te décourages pas. Nous comptons sur ton parti pour l’avenir de nos enfants". J’ai informé le bureau politique du PAREN de tous ces dons sans donner les noms des bienfaiteurs comme ils me l’avaient demandé. Cette aide inattendue a beaucoup servi à la campagne du PAREN. Par conséquent je ne suis pas étonné que le régime veuille agir dans les mêmes dispositions d’esprit que ses bienfaiteurs : aider l’OBU à devenir un contrepoids du méga parti dans l’intérêt du pays et pour le meilleur de la démocratie.

4) Si le régime a tenté de susciter une opposition digne de ce nom, si les autres opposants soutenus à cet effet ont déçu, si Emile Paré et moi nous refusons l’aide proposée, il est fort à parier que le régime, qui est pessimiste sur l’avenir du pays, suscite la création d’un parti d’intellectuels qui viendront maltraiter à dessein tous les opposants, y compris Emile Paré et moi en vue de répondre à son besoin exprimé !

5) Enfin, qui peut croire au Burkina Faso qu’Emile Paré (dont l’envoyé lui-même m’a dit en sa présence qu’il avait refusé un poste ministériel de son choix en argumentant qu’il n’est pas d’accord avec l’orientation du régime !) et moi (qui ai battu le record de démissions dans l’administration, même quand les postes étaient juteux comme ceux de chef de service du recouvrement et du contrôle des risques à la BND et de DG de l’ENA !) sommes attachés à l’argent !

Le vendredi 2 avril 2004, Emile Paré recevait 15 millions. Je lui ai dit : « Tu vois, petit frère, les Burkinabé sont méchants et dès qu’on parle d’argent, ils ne réfléchissent plus. Recevoir de l’aide pour réussir notre ambition, ce sera manger chez Blaise quand ils l’apprendront. Et ils l’apprendront un jour car, comme c’est écrit, ce qui est voilé sera un jour dévoilé et ce qui est secret sera un jour publié. N’oublie pas que des militaires nous ont vus entrer chez Blaise la nuit ! C’est pourquoi, je prends seul la responsabilité de cette affaire pour que, même si les gens venaient à nous juger sans aucun discernement ni bon sens, toi au moins tu sois épargné. Je te demande de prendre une partie pour la mise en place des structures de l’OBU, une autre pour ton parti et la 3ème pour mon parti.

Faisons un état d’exécution de toutes les dépenses que tu transmettras à nos bienfaiteurs afin qu’ils constatent que l’aide allouée a été utilisée pour le renforcement de nos partis et pour l’assise territoriale de l’OBU ». Voici l’état d’exécution des 6 millions qui sont revenus au PAREN et qui ont été dépensés du 3 avril 2004 au 9 mai 2004 pour soutenir les structures, satisfaire des demandes d’associations, motiver des personnes ressources contactées pour travailler pour le PAREN, contribuer à des œuvres de bienfaisance telle que l’octroi à la députée Kanyoulou de la somme de 250 000f pour son évacuation en France, acheter un véhicule d’occasion pour le parti, réparer le véhicule d’un membre du bureau politique en laissant ma 4/4 de côté que j’avais endommagée par deux fois dans mes courses folles en province pour le parti (ces dommages sont encore visibles sur les 2 côtés du véhicule !)

Quand j’ai demandé à Emile quelque temps après quelle a été la réaction de nos bienfaiteurs à l’examen de nos états d’exécution des dépenses, il m’a répondu que lui, il n’a pas jugé utile de les leur adresser ! J’ajoute ce détail important : je m’étais permis d’informer le Secrétaire Général de mon parti de la « subvention » accordée à l’OBU pour la réussite de notre ambition partagée par le pouvoir en lui demandant le top secret, vu que c’est lui qui rentre en contact direct avec nos structures tant pour les informations que pour la répartition des ressources du parti.

Les choses allaient ainsi quand le dimanche 23 mai, Emile Paré m’informe qu’un gendarme a déclaré dans le kiosque à café près de son siège, en présence de son gardien, que nous deux avons été reçus par Blaise Compaoré ! Le mardi 1er juin 2004, Emile Paré recevait une 2ème tranche de 15 millions. Voici l’état d’exécution des dépenses faites par le PAREN du 1er juin 2004 au 9 août 2004 : les structures ont été appuyées à hauteur de 4 470 500 F ; le reste a servi à motiver encore des personnes ressources, à envoyer des missions dans les provinces, à contribuer au financement d’activités rémunératrices de groupes acquis à la cause du parti.

J’ai eu seulement à y prélever pour acquérir un téléphone portable à la suite du vol du mien.
La 2ème tranche a été la dernière. Toutefois, en septembre 2004, Emile Paré a élaboré un devis des frais de la campagne présidentielle du candidat de l’OBU, s’élevant comme vous le constatez dans le document que voici à 1 457 550 000 F après qu’il m’eût informé auparavant que le pouvoir s’était dit prêt à nous aider à hauteur de 100 millions ou plus ! Je n’ai jamais appelé ce budget prévisionnel en discussion jusqu’à aujourd’hui !

Frères et sœurs, voilà l’histoire de la corruption des premiers responsables de l’OBU. A chacun de juger. Moi je me sais droit comme un teck de Pabré et mon honneur, ma dignité, ma droiture morale et intellectuelle n’ont pas de place au marché de Zabre-Daaga.

"Emile Paré trompe l’opinion publique"

Comme accusation de fossoyeur de l’OBU, et même du PAREN, j’ai de la peine à avaler ce cocktail d’absurdités. Si le combat pour la vérité est le plus dru et le plus brutal de tous les combats d’hommes, il s’impose à moi de clamer que la classe politique Burkinabé n’en est pas une. Les politiciens de ce pays ne sont généralement rien d’autre que des orpailleurs déguisés en défenseurs intransigeants de l’intérêt populaire.

En cela, ils ont créé et entretiennent une atmosphère qui favorise toutes les intrigues, toutes les trahisons, toutes les pourritures. Il est alors aisément compréhensible que les hommes politiques de caractère, par nature, par vocation et par destination, peu malléables et manœuvrables, fassent l’objet de tous les refus, de tous les rejets et de tous les rebuts de la part des politiciens véreux au cœur aride, surtout quand ces derniers sont dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique.

Voilà déjà certains, prenant le peuple pour un âne de Loropéni, se déclarent adversaires de Blaise ! Moi, je me déclare seulement l’adversaire de la politique menée au Faso.

Frères et sœurs, comment puis-je vouloir une chose et son contraire ? Je me suis battu pour l’union de l’opposition, en cherchant un regroupement avec le PDP/PS en 2000 qui a échoué, en initiant la création du groupe parlementaire « justice et démocratie », celle de la COB, celle de l’OBU enfin.

Dans sa dernière conférence de presse, Emile m’impute l’éclatement de l’OBU avec des contrevérités et des non-dits. Il a totalement oublié que le PDN et la CNDP ont suivi le cours des évènements. Ayant exposé ce cours des évènements dans la conférence de presse de l’OBU du samedi 21 mai 2005, je me bornerai à rappeler ceci :

1) c’est Emile Paré qui m’a dit qu’il ne veut pas rejoindre le PAREN tout seul, mais qu’il a une stratégie pour m’amener du monde et de compter sur sa parole d’honneur ;

2) Emile Paré savait que c’était ma personne que le pouvoir, à travers l’OBU, voulait comme l’opposant idéal au CDP et, pour se faire désigner candidat de l’OBU, il a passé par une prétendue concertation des 5 chefs de partis qui ne constituent pas une structure statutaire de notre regroupement, donc sans pouvoir de décision, aux fins de faire entériner leur point de vue par le Comité Directeur National, seul compétent en la matière, et après avoir convaincu et le Président du PSU dont il est le médecin personnel et le Président du PDN à qui il a dit avant la réunion du Comité Directeur National en son hôtel qu’il sera candidat parce que moi je n’aime pas les postes et mon parti n’aime pas le pouvoir selon mes propres déclarations !

Il voulait donc se prévaloir de la majorité mécanique des 3/5 des chefs de parti et c’est ce que la CNDP et le PAREN ont refusé en disant qu’il fallait retenir des critères de désignation. Ces critères, Emile Paré les a catégoriquement rejetés !

3) Emile Paré trompe l’opinion publique en déclarant qu’en son absence, j’ai fait admettre le PNR/JV à l’OBU en vue de me faire désigner comme candidat. La vérité est qu’en son absence, c’est Sango A. Karim, puis le député Wenceslas S. Sanou qui m’ont informé que le PNR/JV veut adhérer à l’OBU. Je leur ai répondu que je n’y croyais pas parce que j’avais eu une prise de bec avec son Président Koné Christian. Ils m’ont appris que ce dernier a été évincé de la tête du parti et que le nouveau Président est un Lamien que je ne connaissais même pas ! Wenceslas, partant dans son fief de Bobo par la suite, m’a dit que le désir d’adhésion du PNR/JV est réel et qu’il faut tout faire pour l’admettre à l’OBU.

J’ai répondu que son adhésion ne dépend que de lui, car il ne peut pas venir demander une relecture de nos textes de base et que, dans tous les cas, il doit remplir les trois conditions prévues par nos statuts. Le mardi 26 avril, Wenceslas me téléphone depuis Bobo vers 10 heures pour m’apprendre que le PNR/JV a adressé une demande d’adhésion à l’OBU. Le soir, le Secrétaire Général de l’OBU me saisit de la démarche.

Je lui dis qu’en ma qualité d’intérimaire, je l’instruis de convoquer le Comité directeur National pour y statuer, l’absence d’Emile Paré ne justifiant pas l’interruption du fonctionnement de l’OBU ! Le vendredi 29 avril, le MPS/Parti Fédéral nous informe qu’il décline cette réunion, posant de ce fait un acte d’indiscipline caractérisé. Le lendemain, les portes du siège du MPS/Parti Fédéral, siège provisoire de l’OBU, nous sont fermées au nez et à la barbe ! Nous dûmes aller au Groupe Scolaire du Plateau pour statuer sur la demande d’adhésion. Cette adhésion n’a pas été reconnue par le MATD pour non-respect des procédures.

C’est formellement exact, car il n’y a pas eu consultation préalable du Secrétariat Exécutif Permanent de l’OBU avant la décision du Comité Directeur National. Mais par un recours administratif, nous avons demandé au MATD de revenir sur sa décision parce que les juristes du ministère n’ont pas tenu compte des cas prévus par la jurisprudence où la violation d’une formalité substantielle n’invalide pas la décision de l’organe de décision ;

4) Emile Paré laisse croire que j’ai arraché ma candidature par des magouilles, des méthodes CDR auxquelles lui il est rompu. Il n’en est rien. Au lendemain de l’échec de la réunion du Comité Directeur National du 24 mars 2005, Emile Paré, après moult interventions, a accepté de me rencontrer tête-à-tête sans témoins, à Yampoutin le 30 mars 2005. Il y a donné trois raisons de sa candidature (différentes de celles avancées à la concertation préalable des chefs de parti, à savoir que son parti est aussi assis que le mien, qu’il est connu du grand public comme moi parce qu’il a été député, qu’étant le Président de l’OBU, la logique politique veut qu’il en soit le candidat !) : je n’aime pas les postes, j’ai déjà eu à dire en public que c’est lui le candidat, il n’a plus rien si après avoir créé l’OBU, conçu le logo, la doctrine et le programme de gouvernement, je me présentais comme candidat ! J’ai réfuté point par point ses raisons.

A la fin de la rencontre, je lui ai demandé d’aller réfléchir et de me contacter pour mettre fin à cette mésentente. Nous nous sommes quittés dans la fraternité retrouvée. Mais Emile ne me donnera plus jamais un signe de vie.

Le 31 mars 2005 à 7 heures, j’ai appelé son vieil ami et compagnon de la Révolution, devenu militant actif du PAREN pour lui faire cette confidence : « Ton ami me déçoit ; s’il voulait être candidat, pourquoi il ne m’a rien dit quand il est venu nous voir deux jours avant la réunion du Comité Directeur National ? J’aurais pu alors faire une conférence de presse pour dire à mes militants et à l’opinion publique que je soutenais sa candidature (à condition que mon parti accepte), me réservant le poste de Premier Ministre en cas de victoire pour mettre en application le programme de gouvernement qui est ma conception, rôle dévolu au PM dans la constitution. J’ai ajouté à son ami que je soumettais cette idée à son appréciation et qu’il pouvait, en donnant l’impression qu’il trahissait cette confidence, la communiquer à Emile Paré de façon à ce qu’il sache mon intérêt à la cohésion de l’OBU ».

Malheureusement, et au dire d’Emile Paré lui-même, l’ami commun est allé lui dire que je l’ai envoyé vers lui avec cette proposition qu’il accepte ! Le soir, j’ai rencontré l’ami commun en présence de deux témoins et je lui ai dit qu’il a trahi ; que si Emile Paré avait même accepté cette proposition, la moindre des choses était de me joindre ou de venir me voir comme naguère !

Qu’en se refusant de le faire, il tombe dans un piège : celui d’endosser la responsabilité d’une implosion définitive de l’OBU. C’est devant le silence superbe d’Emile Paré que le Secrétaire Général de l’OBU lui a demandé de convoquer le Comité Directeur National. Se refusant à le faire, une majorité absolue lui a demandé la réunion du Comité Directeur ; se refusant toujours à le faire, le Comité Directeur National s’est réuni de plein droit et m’a désigné comme candidat.

Je tiens à rappeler à Emile Paré que si j’avais une ambition présidentielle personnelle, je n’allais pas dire à Hermann, le 15 juillet 2002, que j’allais tout faire auprès de mon parti et de toute l’opposition pour qu’il soit le candidat unique de l’opposition, à condition de refaire son image de marque, d’aller demander pardon aux autres opposants qu’il a trahis par le passé ! C’est ce même Hermann qui m’a pourtant traité de tout à une rencontre récente avec les jeunes des secteurs 17 et 18, au domicile de M. Kaboré Boureima, en compagnie de N’do Mathieu qui a conclu à mon sujet : « Avec un type pareil, comment voulez-vous que le pays avance ? Et tant que des individus de ce genre vont toujours exister, il ne faut pas composer avec ».

Eh bien, je souhaite ardemment qu’Emile Paré ou Hermann Yaméogo soient élus présidents au soir du 13 novembre ! Il y a des victoires qui sont des défaites cuisantes et des défaites qui sont des victoires éclatantes ! Moi, je suis venu à la politique par amour et par devoir de conscience ; tant mieux si on me demande de me reposer !

Frères et sœurs, je n’aborderai pas aujourd’hui la crise dont parlent les trois anciens députés du PAREN. Je me rends compte qu’il me faut un ouvrage sur chacun d’eux, au regard des crachats, des mouches bleues et autres vomissures étalées dans l’Indépendant n° 616 du 28 juin 2005 par ces trois orpailleurs principaux de classe exceptionnelle en quête d’honorables justificatifs à leur basse et honteuse trahison de tout l’électorat du PAREN.

Le parti entend leur réserver une réaction proportionnelle à l’énormité de leur crime politique au moyen d’une conférence de presse on ne peut plus appropriée. C’est pourquoi, il importe d’aborder notre motif d’espoir après avoir explicité celui du doute causé par mon choix.

" Un choix accepté avec courage "

Frères et sœurs, reconnaissons que le mal de ce siècle provient moins de l’action des méchants que du silence des justes. Notre ex fière Volta de nos aïeux se meurt parce que les brutes, les méchants et les truands sont debout quand les bons, les justes et les honnêtes sont assis. J’ai accepté avec résignation douloureuse mon choix pour exhorter le peuple burkinabé à ne pas abandonner les leviers de son histoire aux mains kleptomanes de politiciens prédateurs dont l’œil de cyclope ne voit que les centimes et les milliards de la Nation.

Je l’ai accepté pour ne pas compter parmi ces intellectuels qui ne font rien pour leur peuple et qui vivent au sec en cas d’inondation comme les castors. Je l’ai enfin accepté pour inviter les Burkinabé à revenir au but de notre société dont ils sont en train de s’écarter, à ne pas avoir peur, à avoir plutôt confiance en l’avenir au regard de ce que l’OBU leur propose par ma voix. Et ce que l’OBU leur propose, c’est de se réapproprier sans complexe aucun le modèle négro-africain de vie en société, de suivre une voie originale de développement moderne pour le réaliser et d’accepter les réformes indispensables à la mise en œuvre de ladite voie originale.

"Le modèle social africain"

La société traditionnelle, avec ses traits spirituels, matériels et affectifs, avec son mode de vie, son système de valeurs, ses droits fondamentaux de la personne humaine, ses croyances et ses traditions, cette société traditionnelle-là était et la société moderne est née.

Notre erreur est d’avoir cru, dur comme fer depuis l’indépendance, que notre société traditionnelle devait mourir pour que la société moderne vive. Erreur fatale qui vaut à l’Afrique d’être aujourd’hui le conservatoire de tous les maux de l’humanité.

Il est temps que tout Africain comprenne qu’une société n’est forte que par la conscience qu’elle a de son passé qui détermine et conditionne la confiance en son avenir. Les Occidentaux, les Asiatiques, les Arabes savent bien que les peuples rayonnent ou demeurent obscurément stériles selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur culture ; eux, ils ont compris depuis toujours que la culture est pour toute communauté humaine un élément de vie et une source de puissance.

Il n’y a que les Africains qui ne mettent pas un frein à leur enthousiasme à copier, à imiter, à singer les autres ; il n’y a qu’eux pour se mépriser eux-mêmes ; il n’y a qu’eux pour oublier qu’une société qui n’a pas ou qui n’a plus un principe de cohésion est appelée à crouler et à s’écrouler. Et l’Afrique s’en va lentement à la dérive parce que justement, les Africains sont en train de perdre le principe de cohésion de leur société traditionnelle et, partant, leur vision de la vie en communauté humaine qui n’a pourtant rien à envier à aucune autre parce que plus conforme à la loi naturelle et à la vocation de l’espèce humaine.

Frères et sœurs, je voudrais que le scandale cesse ; que nous cessons de nous laisser complexer par d’autres modèles dont les résultats catastrophiques sont désormais incontestables.

En effet, le modèle libéral et le modèle socialiste s’éloignent, de façon impressionnante, de l’âme africaine, de la vision africaine de la vie en société.
Dans le modèle libéral, c’est l’individu qui prime sur le groupe puisque c’est la liberté individuelle qui est exaltée. L’individu - roi a donc tous les droits ; il exerce toutes les libertés de façon immodérée, telle la liberté morale qui le fait descendre là où plus aucun animal ne peut tomber avec l’homosexualité, le mariage des pédés et des lesbiennes reconnus et telle la liberté du commerce et de l’industrie qui instaure le matérialisme individualiste, favorise l’exploitation de l’homme par l’homme, détruit l’équilibre de la nature à force de gaspiller les ressources de la planète !

Frères et sœurs, il ne faut pas avoir peur des mots car, en ces temps on ne peut plus incertains, les mots justes sont des batailles gagnées et les mots faux sont des batailles perdues, du reste à en croire Ludendorff. Oui ! Je n’ai pas peur des mots et c’est pourquoi je dis, je persiste et signe que le modèle libéral, alias occidental, est inhumain, ses indéniables mérites ne réussissant pas à masquer l’anarchie et l’injustice sociale comme l’avait reconnu dès l’indépendance le Président Ahidjo.

Comment parler ici d’une société humaine quand ses composantes ou ses éléments ne sont pas distribués selon un ordre de mérite et de capacité ; quand les richesses ne sont pas contrôlées et bien réparties pour éviter que leur accaparement par une minorité ne fausse, par la puissance qu’elles donnent, l’ordre social souhaité par tous ; quand le vrai, le juste et le bien sont laissés à l’appréciation discrétionnaire de la raison ou de la conscience individuelle souveraine ; quand la société elle-même repose sur tout, sauf sur des règles et des valeurs sacrées !

Et Malraux a été honnête quand il a dit : « Je vois les Européens ; je les écoute ; je crois qu’ils ne comprennent pas ce qu’est la vie ». Et le Pr. Dupin a été franc quand il a dit : « Les Occidentaux des années 80 ou 90 étaient en réalité dépourvus de toute culture, du moins si l’on admet qu’une véritable culture présuppose une ferme conception de l’homme et de la société ».

Une société fondée sur l’avoir individualiste crée un univers concentrationnaire, atomique et guerrier. Elle évolue dans une atmosphère de champ de bataille parce que plus elle s’enfonce dans le matérialisme, plus il y a division et opposition en son sein. Hier, les hippies, aujourd’hui les alter- mondialistes et les « non » français et néerlandais à une Europe libérale, ont tout pour nous convaincre d’adapter et non d’adopter le modèle libéral.

Dans le modèle socialiste, c’est le groupe qui prime sur l’individu puisque c’est la solidarité qui est exaltée. Le groupe - roi a donc tous les droits et l’individu n’a que des devoirs. Qu’a-t-on besoin d’insister sur ce modèle en ruines, qui a institué la forme la plus babylonienne et cyclopéenne de l’esclavage individuel et collectif ?
On le voit bien : ces deux modèles sociaux sont contre-nature et mettent en lumière le modèle africain dans toute sa grandeur.

Un modèle de parfait équilibre entre l’homme et la nature, entre l’individu et le groupe. En effet, notre bonne vieille société traditionnelle ne reposait ni sur la seule liberté individuelle comme à l’Ouest, ni sur la seule solidarité comme à l’Est. Elle reposait sur les deux : liberté et solidarité. Aussi, quand la société libérale exalte la liberté individuelle et proclame l’individu - roi, quand la société socialiste exalte la solidarité et proclame le groupe - roi, la société africaine exalte la liberté et la solidarité et proclame roi le couple individu / groupe. Entre donc le libéralisme et le socialisme, il y a le grégarisme africain.

Ce grégarisme fait prévaloir l’unicité sur la multiplicité, l’immuable sur le changement, l’absolu sur le relatif, le nécessaire sur le contingent. Il dote la société humaine du fameux moteur immobile dont la nécessité a été reconnue par Aristote pour une vie communautaire digne de ce nom.
Frères ! Je le dis sans flatterie ni fausse modestie : nos ancêtres avaient le système social le plus logique et le plus performant du monde !

Comment voulez-vous que l’homme, après la conclusion du contrat social, puisse revendiquer la totalité de ses libertés de l’état de nature sans fragiliser l’association politique, je veux dire la société elle-même comme le sous-entend l’article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ? Oui ou non ériger la raison ou la conscience individuelle en juges suprêmes du vrai et du bien, c’est laisser l’homme courir le risque de se faire conduire par ses bas instincts, ses passions inférieures, le risque qu’il chevauche un tigre du Bengale sans plus jamais pouvoir en descendre ?

La société traditionnelle avait vraiment de la sagesse à revendre. Pour la paix et la cohésion sociale, son grégarisme prévenait les dérives morales et intellectuelles en faisant des libertés une pyramide dont la base était constituée par les interdits et les tabous, le premier niveau par les droits communs à l’homme, à la femme, à l’enfant et à l’adulte et le deuxième niveau par les droits spécifiques de l’homme, de la femme, de l’enfant et de l’adulte. Pour la paix et la cohésion sociale, il prévenait l’égoïsme économique, l’exploitation de l’homme par l’homme, la naissance des classes en instituant une propriété collective à côté de la propriété privée.

Et voilà le sommet de la sagesse de nos ancêtres : la société disait à l’individu, dont les droits devaient être exercés conformément à leurs fins et aux valeurs du groupe, qu’elle avait le droit de sanctionner ses égarements ; et l’individu faisant le mal savait qu’il le faisait, d’où le remords et le rachat. C’est ce qui explique l’absence de prisons dans la société traditionnelle. Ailleurs, la société dit à l’individu qu’il n’y a personne au-dessus de lui, qu’il est son maître absolu, qu’elle n’a pas le droit de sanctionner ses égarements ; et l’individu faisant le mal ignore qu’il le fait et l’on s’étonne, comme dit Léon Daudet, qu’ainsi débridé, il aille à son assouvissement tel un fauve libéré !

Frères et sœurs, convenez-en : nous avons un modèle social comme les autres ont le leur. Le renier au profit d’un autre, c’est nous amputer de nos propres capacités créatrices intrinsèques. Feu Jean Paul II nous a conseillés presque en nous suppliant : « Gardez votre inspiration communautaire ; ne vous laissez pas séduire par les sirènes de l’individualisme ; n’imitez pas de modèles étrangers ; restez vous-mêmes ». Nous mêmes ? C’est du spiritualisme autant que possible, du matérialisme pas plus que nécessaire ! Nous mêmes ? C’est de la solidarité autant que possible, de la liberté individuelle pas plus que nécessaire ! Nous-mêmes ? C’est des biens matériels autant que possible, de l’accumulation individuelle pas plus que nécessaire ! C’est à cette fin qu’il nous faut coûte que coûte une voie originale de développement.

" Une voie originale de développement"

Le Burkina Faso connaît présentement une situation sociale mélancolique. Demain, elle sera dramatique. Et pourtant ! A la veille de notre indépendance, se basant sur la qualité des ressources humaines (peuple travailleur, discipliné, économe) et sur les potentialités agropastorales, les économistes de tous bords idéologiques avaient fixé les années 70 comme date du décollage industriel de notre pays. Ces prévisions n’ont pas tenu. Précisément à partir de 1973, nous avons amorcé une descente savonneuse dans la pauvreté avec la grande sécheresse.

En 1994, selon l’enquête officielle de pauvreté, 44.5% des Burkinabé vivaient en dessous du seuil de pauvreté estimé à 41.099 F par personne et par an. En 1996, le revenu du Burkinabé était inférieur à celui de 1980, soit 16 ans auparavant ! Depuis 1997, bon an, mal an, notre pays se retrouve parmi les deux à trois plus pauvres de la planète ! Par exemple, en 2004, il ne dépassait que le Rwanda qui n’a pas fini avec son génocide de 1994 !

Sans doute, à analyser les statistiques, tout va de mieux en mieux. Avec elles, les oiseaux parfument et les parfums s’envolent. Sans doute, à entendre les discours officiels, le Burkina Faso est en marche. Avec eux, les Burkinabé n’ont pas de quoi désespérer, même quand 47 % vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté.

Frères et sœurs, ne nous complaisons pas dans des illusions sans bornes qui s’éloigneront pour nous tromper toujours. Non ! Notre pays n’est pas en marche, il se couche comme un chien qui ignore ce qui lui manque, erre jour et nuit dans la vaste nature en quête d’os avant d’aller crever dans l’indifférence générale.

Ce qui est plutôt vrai, c’est que notre pays descend d’année en année en enfer et il n’y a que ceux qui prennent les phénomènes de décomposition pour des signes de renouveau pour croire qu’il monte d’année en année au ciel : ceux-là oublient que les forêts en décomposition automnale ont les ors les plus flamboyants et les senteurs les plus fortes !

Ce qui est plutôt vrai, c’est ce que le Président Blaise Compaoré a déclaré en décembre 2001 : « Le Burkina Faso se trouve à la croisée des chemins en ce début de 3° millénaire ». Vous avez bien compris ? Le capitaine du bateau, en pleine mer furieuse, s’est retourné vers 12 millions de passagers pour leur annoncer qu’il ne sait plus d’où il vient, où il se trouve, où il va ! Et vous n’êtes pas sans savoir que le naufrage est toujours inévitable quand le port n’est pas connu !

Frères et sœurs, reconnaissons-le avec franchise, reconnaissons la vérité crue qui est aussi salutaire que les aliments crus : notre pays est en danger social, lui dont le passé n’est pas simple, le présent n’est pas indicatif et qui n’a de futur qu’au conditionnel. C’est ce conditionnel qu’il faut lever. Mais comment ? Par quoi ? La réponse est là : dans sa déclaration de décembre 2001, le Président Compaoré a plaidé pour une voie originale de développement.

Eh bien, cette voie originale de développement qu’il cherche sans trouver, nous à l’OBU, nous l’avons trouvée sans chercher. Nous avons, pour cela, entendu la revendication de Ouezzin Coulibaly du 20 mai 1958 : « Nous revendiquons le droit de trouver, par nous-mêmes, les moyens propres d’assurer, dans le calme, l’évolution de notre pays ». Nous avons retenu le cri de cœur et de raison du regretté bon vieux Président Sangoulé Lamizana pour qui « la Haute-Volta souffre moins du manque de ressources naturelles que du manque d’imagination de ses fils ».

Nous sommes convaincus avec Georges Balandier que l’Afrique refuse de se plier aux théories occidentales du développement élaborées à partir d’une problématique du changement social propre aux pays du Nord, en sorte que le mal africain, c’est l’Etat mimétique, c’est la reproduction mécanique, dans les sociétés africaines, des modèles étrangers qui ne peuvent prendre en compte les dynamiques internes de ces sociétés.

Nous sommes convaincus avec Jean Marc Ela que, loin de refuser le développement, l’Afrique rejette simplement le modèle occidental de développement. Nous sommes convaincus avec Serge Latouche que l’échec du projet de développement en Afrique n’est rien d’autre que l’échec flagrant de l’occidentalisation comme projet politique, économique et social universel.

La voie originale de développement de l’OBU n’est pas une invention, un pur produit de l’intellect. non ! L’important d’ailleurs n’est pas d’inventer des idées, mais d’en trouver de vraies et, autant que possible, uniquement vraies, suivant le sage conseil de Charles Maurras. Notre voie est vraie parce qu’elle correspond et répond aux exigences culturelles de la société traditionnelle qui trouvait dans les entrailles des poulets plus d’idées justes que toutes les sciences sociales modernes.

Ces exigences culturelles, les voici : l’Africain pratique une économie de besoins quand le libéral de l’Ouest et le socialiste de l’Est pratiquent une économie de profits. Le premier opte pour une économie de liens sociaux quand les deux autres optent pour une économie de biens sociaux, d’où il dit : « j’échange » quand chacun des deux autres dit « je vends ». On peut mesurer dès lors l’abîme qui sépare le grégarisme africain du libéralisme occidental et du socialisme « oriental ». Le libéralisme a engendré le capitalisme privé et le socialisme a engendré le capitalisme d’Etat.

L’un et l’autre sont inhumains. En voici la démonstration :
Le libéralisme reconnaîtla propriété privée et la liberté du commerce et de l’industrie ; il est parfaitement inconséquent en ce qu’il laisse naître et se développer dans la société tous les principes d’implosion et de déstabilisation constante de cette société, à l’image d’un individu qui se réjouirait d’attraper toutes les maladies sans chercher à aller chez le médecin de peur de n’être pas assez libéral pour les microbes ! Les deux pierres angulaires de l’économie libérale sont des pierres poreuses.

En effet, la propriété privée se justifie pleinement parce que tout homme donne plus facilement ses soins à ce qui lui est personnel, est stimulé à gérer attentivement son bien, est plus actif et imaginatif à travailler pour lui qu’à travailler pour autrui ; elle demeure néanmoins un danger pour la cohésion et l’interdépendance sociale. Personne n’a le droit de disposer d’une propriété privée qui prive les autres membres de la société de la jouissance de ce même droit : la propriété privée est illégitime quand, par son étendue et sa puissance, elle arrive à constituer une sorte d’Etat dans l’Etat.

La liberté du commerce et de l’industrie est à l’origine du capitalisme privé qui est la cause de la misère du plus grand nombre et de la division de la société en deux classes antagonistes. Depuis que l’ « homo urbanus » du Moyen Age est devenu, à la Renaissance, l’ « homo economicus » qui a transformé l’économie de besoins en économie de profits, dominée par la loi d’airain de l’offre et de la demande, depuis que l’ « homo scientificus et technicus » s’est allié à cet « homo economicus » pour augmenter la production de biens et de services, celui-ci est devenu, dans un contexte de matérialisme effréné, de culte de l’argent, d’exaltation de l’homme riche, un abominable « homo corruptus », d’où l’inhumanité du capitalisme privé.

En effet, les deux mâchoires des tenailles par lesquelles les hommes peuvent arracher leur bien-être à la nature sont le capital et le travail. Capital et travail doivent logiquement s’unir pour la production des richesses. C’est d’ailleurs le travail qui est le véritable agent de cette production, car lui seul est actif, transformateur, tandis que le capital (argent, matières premières, machines, etc..), fruit d’ailleurs d’un précédent travail, bien que nécessaire au travail, n’a qu’un rôle d’instrument. Capital et travail sont donc solidaires par vocation et par destination.

La production ne peut être attribuée à l’un à l’exclusion de l’autre : l’entreprise, c’est le capital vivifié par le travail ! Par conséquent, c’est injustement que le capitaliste s’approprie le bénéfice de l’entreprise. Cette appropriation du bénéfice ne peut se justifier :
- par le fait que le capitaliste est le propriétaire de l’usine qu’il a achetée de sa poche, car, sans le travail de l’ouvrier, son usine se rouillerait au soleil et son argent déboursé pour acquérir l’usine lui est restitué intégralement par l’amortissement ;
- par le versement d’un salaire à l’ouvrier, car, le salaire, qui est le prix payé pour utiliser la force de travail de l’ouvrier, est une dépense au même titre que celles faites pour le loyer des locaux, l’eau, l’électricité, le téléphone, etc..

Or, toutes ces dépenses sont comptabilisées pour établir le prix de vente du produit de l’entreprise en vue de dégager le bénéfice. Ce bénéfice étant la différence entre le prix de vente du produit et le montant global des dépenses engagées pour le faire, le salaire ne traduit pas la participation de l’ouvrier à l’enrichissement apporté par son travail au capitaliste !

- par le risque de faillite que le capitaliste encourt, car, en cas de faillite, le capitaliste perd seulement une occasion de s’enrichir tandis que l’ouvrier perd le moyen de gagner sa vie.

Au total, le capitalisme privé est un crime contre la justice sociale, c’est-à-dire la justice due à la société ! Transposé au Burkina Faso, le capitalisme privé est un vol crapuleux : le capitaliste importe ses moyens de production hors douanes et ne paie pas d’impôts à l’Etat pendant cinq ans au terme desquels, il menace de fermer sa boutique ou de délocaliser pour refuser de se soumettre au régime de droit commun ! Adopter par conséquent le capitalisme privé, c’est enrichir les possédants, déposséder les pauvres et pis ! introduire dans notre société des classes antagonistes qui répugnent à l’âme africaine.

Le socialisme ne reconnaît que la propriété collective et institue le capitalisme d’Etat. La suppression de la propriété privée est insensée parce que contre-nature. « Toute propriété individuelle étant abolie, il n’y a de possesseur de droit que l’Etat. Ce mode de possession, s’il est volontaire, est celui du moine astreint par ses vœux à la pauvreté comme à l’obéissance ; s’il n’est pas volontaire, c’est celui de l’esclave, là où rien ne modifie la rigueur de sa condition. » Le mot est de Lamennais.

Le capitalisme d’Etat, à son tour, ne supprime pas le salariat ni les institutions oppressives du salariat : c’est le capitalisme privé sans le nom, les capitalistes privés étant la nomenklatura du Parti - Etat. L’ouvrier est alors plus exploité que sous le capitalisme privé : selon Lénine, « la fabrique exige que l’ouvrier fasse un sacrifice total de volonté ; elle instaure une stricte discipline, oblige l’ouvrier à commencer et à quitter le travail à la sonnerie, s’arroge le droit de le punir et lui inflige une amende ou retenue sur son salaire pour toute infraction au règlement. L’ouvrier devient le rouage d’un énorme mécanisme : il doit être aussi docile, soumis, privé de volonté qu’une machine ».

On le voit bien : le capitalisme d’Etat ne résout pas l’antagonisme entre le capital et le travail créé par le capitalisme privé. Ces deux modèles de développement, transposés mécaniquement au Burkina Faso, entraînent la diarrhée ou la constipation économique. C’est pourquoi, il nous faut un modèle économique propre, en rapport de conformité avec notre vision de la vie en communauté humaine, c’est-à-dire notre grégarisme.

Le grégarisme africain se traduit au plan économique par l’existence d’une propriété privée (champ et élevage personnels), visant la satisfaction des besoins secondaires ou superflus de l’individu, et d’une propriété collective (champ et troupeau collectifs), visant la satisfaction des besoins vitaux de tous les membres du groupe, de telle sorte que chacun, tout en se prenant en charge, était aidé du berceau au tombeau par tous.

Appliqué à l’économie moderne, le grégarisme plaide pour que l’industrie, facteur de valorisation de nos potentialités et pourvoyeuse d’emplois, devienne une propriété collective : les entreprises industrielles dépassant la maîtrise individuelle ou familiale devront appartenir aux citoyens productifs au moyen de l’actionnariat populaire obligatoire (l’action étant portée à 1.000 F par personne).

Du coup, plus d’endettement extérieur pour financer l’économie, plus d’accaparement des richesses nationales par une minorité (actuellement, 50 % des richesses du Burkina se trouvent entre les mains de 15 % de la population !), plus de main mise des puissances étrangères sur notre tissu économique et, surtout, plus d’antagonisme entre le capital et le travail puisque le peuple devient propriétaire et du capital et du travail ! Par ailleurs, les effets pervers de la mondialisation sont amenuisés puisque le peuple capitaliste sera porté à consommer les produits de ses usines dans l’attente d’une grosse dividende.

Inutile de tergiverser sur la faisabilité de ce modèle de développement : les caisses populaires participent de cette économie sociale ! Les Sénégalais ont cotisé pour 555 millions de francs pour combattre le palu ! Les Burkinabé ont souscrit pour plus de 1.800.000.000 pour récolter la honte à la CAN de Tunis !

Il faut nous résumer : la liberté sans la solidarité est une âme sans corps ; la solidarité sans la liberté est un corps sans âme. Entre le libéralisme et le socialisme, entre le capitalisme privé et le capitalisme d’Etat, il y a le grégarisme africain et son capitalisme populaire. « L’Afrique veut une économie populaire » et c’est un Occidental avisé qui le dit (cf. Philippe EngelHard, L’Afrique, miroir du monde ? Arléa, Paris, 1998).
La voie originale de développement de l’OBU est donc le capitalisme populaire, équidistant du capitalisme d’Etat et du capitalisme privé.

"Les réformes indispensables

Ces réformes figurent dans le programme de gouvernement de l’OBU publié depuis le 5 août 2004. Elles s’articulent autour de quatre axes :

1- Défendre et promouvoir nos valeurs culturelles.

Il s’agira de protéger la cellule familiale en voie de destructuration, de sauvegarder nos bonnes mœurs, de protéger l’enfance, de moderniser le statut de la femme, de promouvoir les arts et les lettres, de revaloriser la chefferie coutumière.

2- Changer le cadre de vie des Burkinabé.

Il s’agira de garantir les droits des travailleurs, d’organiser la paysannerie, d’assurer la santé pour tous les Burkinabé, la sécurité pour tous, l’éducation pour tous sans déperditions ni chômage des intellectuels, la sécurité des transports, de créer un urbanisme, un habitat et une voirie adaptés à nos mœurs et mode de vie, de créer un environnement sain, de développer les sports et les loisirs.

3- Restaurer les institutions publiques.

Il s’agira de mieux réglementer les activités, droits et libertés des individus dans le sens du plein épanouissement des acteurs et sujets de droit, de rétablir le sens du service public, d’instituer une fonction publique plus opérationnelle et plus motivante pour les agents méritants, de réglementer plus restrictivement la création des partis politiques et de lutter contre le nomadisme politique des élus, d’instaurer une démocratie gouvernante et une décentralisation plus poussée, de veiller à asseoir un gouvernement d’hommes propres et compétents, un parlement actif et pas budgétivore, une justice juste, égalitaire et accélérée, une police et une armée élitistes et motivées.

4- Refondre l’économie.

Il s’agira de mettre en œuvre une nouvelle politique agricole, industrielle, artisanale et commerciale en rapport avec le grégarisme. Toutes les réformes susmentionnées sont assorties de leurs sources de financement.

Comme stratégie de développement, l’agriculture est retenue comme la locomotive du processus de développement. Le Burkinabé peut faire tout pousser sur son sol (arachide, ananas, café, cacao, banane, haricot vert, etc.. etc..), en toute saison, pourvu qu’il y ait l’eau. Et comme la pluie ne veut pas venir vers nous, nous irons vers la pluie en couvrant le pays de barrages : 8.000 villages, 8.000 barrages autour desquels on installera les jeunes ruraux par communauté de production agropastorale de 10 à 15 membres, leurs moyens de production (tracteurs, motos pompes, etc..) étant pré financés par l’Etat.

C’est cette production agropastorale qui génèrera l’industrie agroalimentaire et dont le surplus de production sera écoulé au moyen d’une flotte commerciale de deux à trois bateaux cargos acquis par l’actionnariat populaire, étant entendu que notre enclavement ne nous empêche pas de posséder une telle flotte.

Frères et sœurs, il faut conclure et j’ai deux mots à vous dire.
Le premier est de vous assurer que le candidat de l’OBU à la présidentielle de 2005 est d’une droiture morale et intellectuelle qu’un quart de siècle de vie publique n’a jamais démentie. Libre à mes Philistins et à tous les chercheurs de prime de tenter d’entasser sur mon honneur, ma réputation et ma renommée des monts d’ordures et d’immondices : jamais ils ne les élèveront au-dessus de mon mépris ! On m’en veut parce que je suis un homme politique d’idéal et de caractère et un tel homme ne peut que déranger et déplaire, d’où il faut le désarmer et l’abattre politiquement. Non ! Blaise n’a pas cherché à corrompre les responsables de l’OBU qui n’ont pas pensé à se mettre à la table présidentielle !

Les médias peuvent se paître de la chair des vertus et des vérités qu’on veut assassiner, l’avenir jugera les pies et les impies.
Depuis toujours d’ailleurs, on méprise la vertu quand elle vit ; on la loue quand elle est morte. Mais c’est à vous, et à vous seul, de distinguer entre la vérité et le mensonge, l’honnêteté et l’intrigue. En cela, je m’abandonne au peuple burkinabé dans son jugement avec pleine confiance.

Mon second mot est d’inviter tout le peuple burkinabé à croire aux capacités de l’OBU à éviter à notre pays l’accident final. Contre l’accélération de la pauvreté, contre le développement du sous-développement dans notre pays, l’OBU a un missile fatal qui est son programme de gouvernement à nul autre pareil : elle demande trois ans pour mettre fin à la misère du plus grand nombre et deux ans pour fonder le développement durable.

Frères et sœurs, le Burkina Faso est dans la situation du pays que guettent simultanément deux crises : une crise sociale tragique s’il ne fait rien pour changer son système économique et une crise politique s’il fait quelque chose. L’OBU préfère la crise politique passagère dont la résolution ouvrira une ère nouvelle au pays des hommes intègres. A vous de vouloir le changement réel, le changement des idées et non le simple changement des hommes.

A vous de décider d’offrir à nos enfants un pays où il fait bon vivre. Vous le pouvez : les colossales pyramides d’Egypte, les cathédrales gothiques de l’Europe occidentale, la muraille de Chine ont été élevées par des populations dont le dénuement était égal au nôtre ! Plus près de nous, la Suède a rattrapé un retard de 350 ans sur l’Europe continentale et Singapour a mis 25 ans pour avoir un niveau de vie une fois et demi supérieur à celui de la France.

Frères et sœurs, allez en paix ! Faites tout pour que l’OBU triomphe.
Dites autour de vous qu’on veut assassiner la vérité, la droiture et l’innovation dont l’OBU est porteuse. Dites autour de vous que le temps est venu de choisir entre l’ « au jour le jour » et le « toujours ». Et dans cette œuvre de reconstruction, malheur à celui qui rit ou qui dort quand son pays brûle !

Vive le Burkina Faso !

Vive l’OBU !

Je vous remercie.

Laurent Kilachu BADO

Ouagadougou, le 3 juillet 2005

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2005 à 19:21, par yaméogo En réponse à : > Crise à l’OBU et au PAREN : Les révélations de Bado en intégralité

    ô mon très cher Laurent qu’elle est compliquée et mafieuse la politique ! Après cette escapade malheureuse,reviens à nous,hommes du peuple,exclus et victimes sacrificielles de ces maîtres à gouverner et à apposer,ennemis le jour et complices la nuit,mangeant et buvant à la même table à la santé du peuple abéti et opprimé.Mon cher maître on t’attend,et si on se retrouvait chez madame Bado à Ouidi,buvant et mangeant le porc au four tout en nous raillant de cette classe politique corrompue et assasine !

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