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Présidentielle 2005 : Ces soutiens inattendus à Blaise...

Publié le lundi 4 juillet 2005 à 07h40min

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De plus en plus, tout semble laisser penser que l’éclosion d’une véritable opposition politique au Faso est hypothéquée par des forces d’inertie terrifiantes : aucune organisation unitaire n’existe pleinement, et les alliances, ou nommées telles, n’affichent en fait qu’une façade de fraternité fortement teintée de méfiance réciproque.

On s’attendait quelque peu, dès l’annonce de la désignation, par le CDP, de son candidat, à une certaine levée de boucliers au sein des partis prônant l’alternance. Comme c’était prévisible, c’est celui-là même qui se veut l’opposant emblématique à Blaise Compaoré, qui a envoyé le coup de semonce, au cours d’une interview à Radio France internationale. Un entretien qui aura autant amusé qu’irrité tant dans le fond que la forme, par ces comparaisons qui épousent la logique de l’ironie et de l’humour noir.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le patron de l’UNDD s’est empressé d’emprunter une voie où l’opinion ne peut que difficilement le suivre, que même une grande majorité de ses militants ont du mal à comprendre.
Contre le torrent des ’’colères’’ de maître Hermann Yaméogo, la direction du CDP, qui semble de plus en plus exceller dans l’art des finesses politiques, a préféré canaliser son cours en drainant à son compte le mécontentement, plutôt que d’ériger une digue qui n’aurait pas résisté longtemps aux assauts à venir. La conviction sur la fierté d’être Burkinabè, et bien dans sa peau, est si forte que l’on peut constater qu’elle transcende toutes les divisions partisanes qu’on sait. Dès lors, à qui cela peut-il profiter ?

La semaine dernière, un treizième candidat s’est mis sur la ligne de départ de la course à la présidence : Emile Paré, ancien dauphin du vénérable professeur Ki-Zerbo. L’homme fait montre d’une assurance remarquable, mais l’on se demande si la jeunesse de son parti ne jouerait pas sur son assiette politique.

Les Burkinabè savent depuis la Révolution que les envolées verbales ne servent pas à grand-chose en politique ; non plus que les querelles de doctrine.
Un autre handicap pour ce candidat qu’on imagine animé d’une bonne volonté, c’est cette querelle qui l’oppose à Laurent Bado, leader du Paren et lui aussi candidat à la présidentielle prochaine.

Malgré les efforts et les tentatives d’expliquer le problème, tout reste flou pour l’homme de la rue qui croyait trouver en ces deux ’’fonceurs’’ des éléments valables pour l’avenir. Pour sa part, le professeur Bado promet des révélations d’ici là. S’agirait-il de ces millions qui auraient, dit-on, été donnés par le chef de l’Etat pour ’’encourager’’ leurs différents partis ?

Quoi qu’il en soit, ces révélations ne seront pas de trop pour achever de convaincre les sceptiques sur leur vision d’une impossible alternance dans la compétition politique majeure à venir.

Les rumeurs portant sur ces affaires d’argent vont bon train et, pour l’opposition qui jusque-là se faisait chantre de la transparence dans la propreté, l’hivernage politique sera rude à supporter : on sait ce qu’il advient toujours des rumeurs ! Mises bout à bout, elles finissent par se transformer en dossiers souvent fort accablants. C’est sans doute la raison pour laquelle des individus qui s’étaient laissés prendre, un moment, aux démonstrations de volontarisme désintéressé de certains hommes politiques, sont en train de découvrir les calculs stratégiques qu’elles recouvraient.

En attendant que les mathématiciens en politique fassent leurs calculs en s’amusant à procéder par élimination, il faut souligner que le parti de l’éléphant n’a pas encore annoncé ses couleurs, lui qui constitue le second parti du pays. Présentera-t-il un candidat ? Tout laisse à penser que non, et il pourrait bien créer la surprise en annonçant son soutien à la candidature de Blaise Compaoré, en attendant 2010. Selon certains observateurs, ce serait là le moindre mal pour ne pas voir le parti s’effondrer car, en son sein, il serait des responsables qui ne dédaigneraient pas l’octroi d’un maroquin au cas où un tel accord se conclurait. Tout se jouera, semble-t-il, dans les jours à venir.

Comme on peut le constater, la compétition risque fort bien, d’ici là, de voir la réduction du champ des opposants à Blaise et l’agrandissement du sien sur le terrain. Sans doute pourra-t-on considérer le nombre de candidats trop élevé pour un pays comme le Burkina ! Il faut cependant reconnaître, tout en souhaitant que cela se maintienne, que jusque-là le match s’est livré à stade ouvert. Le caractère pluraliste d’une démocratie laissant le champ libre à l’éclosion d’une vaste gamme de talents, nul ne s’étonne du reste, d’entendre, ici et là, monter des airs de populisme et de démagogie. Et tant mieux pour la démocratie !

A. Pazoté
JOurnal du Jeudi

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