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Le Burkina et la crise ivoirienne : Le "chargé de mission" répond au "porteur de valise"

Publié le lundi 4 juillet 2005 à 07h52min

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Condamné dans les médias par des individus, des partis politiques et des organisations de la société civile depuis sa sortie médiatique sur RFI le 22 juin 2005, Me Hermann Yaméogo a invité les journalistes pour donner plus d’éclaircissements à ses propos et lever les équivoques. C’était le vendredi 1er juillet à l’Eau vive de Ouagadougou.

L’interview accordée par le président de l’UNDD à Christophe Boisbouvier de RFI, suivie le lendemain par celle de Salif Diallo, secoue toujours le landernau politique. Harcelé et traité d’apatride, Me Hermann Yaméogo, sur"conseil d’amis", a voulu préciser davantage ses déclarations pour se faire comprendre par l’opinion publique et "en finir avec les interprétations tendancieuses".

Le face-à-face avec les hommes de média a duré le temps d’un match de football (90 mn) et a porté sur trois points essentiels : l’article 37 de la constitution, les ingérences du Burkina dans les conflits de la sous-région, et celui qu’on considère comme le n°2 du régime Compaoré, qui l’a traité de chargé de mission de Laurent Gbagbo. Sur la candidature de Blaise Compaoré, il n’y a pas de débat selon l’homme du "tékré" :"L’article 37 est clair et peut être apprécié de deux façons : sur la simple logique et sur le plan de la loi.

A tous les niveaux, le candidat du CDP ne peut pas se présenter. On ne parle de rétroactivité qu’en matière pénale...". Qu’à cela ne tienne, pourquoi l’UNDD n’attend-elle pas la décision du conseil constitutionnel ? demande un journaliste. Le principal animateur de la conférence de presse répond : "Personne n’ignore qui sont les membres du conseil constitutionnel. Il y a sur-représentation du CDP et il serait illogique de saisir ces gens-là qui ne feront que valider l’imposture". Alors, Hermann Yaméogo et ses troupes prônent la désobéissance civile car "il y a abus de pouvoir".

Si le Burkina n’avait pas attaqué, nos ressortissants ne seraient pas victimes d’exactions

Mais pourquoi comparez-vous un Laurent Gbagbo à N’Krumah et à Lumumba ? Pour le fils du premier président de la Haute-Volta, ses propos n’ont pas été compris. Car pour lui, le président ivoirien œuvre pour l’indépendance économique de son pays et la fin des phénomènes de néo-domination, tout comme le faisaient ces deux grands leaders africains. "Même Kadhafi et Mugabé, qui ne sont pas des références éthiques et sont loin des modèles démocratiques, peuvent être classés dans la lignée des Lumumba et N’Krumah pour leur combat, alors qu’ils ont beaucoup à justifier sur le terrain des droits de l’homme...". "D’ailleurs, a poursuivi le leader de l’UNDD, Guy Patrice Lumumba, le fils du grand disparu, ne tarit pas d’éloges pour Laurent Gbagbo, qu’il considère comme son père. Ne connaît-il pas son père mieux que moi ?" .

Et Hermann persiste et signe : "Blaise Compaoré a des fréquentations peu recommandables... Je n’apprécie pas que Gbagbo ne se soit pas démarqué en son temps de l’ivoirité, mais s’agissant de la crise actuelle débutée le 19 septembre 2002, le Burkina est bel et bien impliqué. C’est le régime Compaoré qui a aidé des envahisseurs du pays d’Houphouët.

Tout ce qui est advenu par la suite, les viols, les meurtres suivis d’actes de barbarie des plus immondes, les destructions de biens matériels, d’infrastructures de toutes sortes, les souffrances imposées à nos ressortissants, les massacres dont ils ont été victimes, sont principalement le fait de cette assistance apportée aux rebelles. Ceux-ci n’auraient jamais pu espérer entreprendre une action de déstabilisation d’un régime légal s’ils étaient arrivés au Burkina avec un petit baluchon sur le dos et s’ils y étaient restés, comme les lois l’imposent, tout simplement avec le pécule auquel ils ont droit en tant que réfugié". La rébellion est partie du Burkina, les rebelles sont là, et Gilbert Diendéré leur rendait également visite à Ouaga 2000, foi d’Hermann.

Il y a une fracture militaire au Burkina

Le Candidat de l’UNDD à la présidentielle du 13 novembre fait des ingérences, une préoccupation, car "quelqu’un qui aspire à gérer un Etat ne peut pas ne pas s’occuper de l’environnement sous-régional, qui est justement pollué par le régime Compaoré". Mais pourquoi ne parle-t-il pas de son programme politique et s’accroche sur la question de l’implication du Burkina dans les conflits ? "Les ingérences constituent un point central de notre programme", a-t-il répondu. Ne recherchez-vous pas un raccourci pour accéder au pouvoir ? a lancé un autre journaliste.

Hermann Yaméogo a indiqué à ce propos qu’il y a une fracture militaire dans l’armée mais qu’il n’en profite pas. Il a ajouté que c’est grâce à lui que ces gens du pouvoir sont là où il sont. L’attaque frontale de Salif Diallo, qui a traité, sans le nommer, Me Hermann Yaméogo de chargé de mission à la présidence ivoirienne, a aussi été évoquée. Là-dessus, le conférencier a souligné que si on parle de "chargés de mission qui soupent au palais présidentiel ivoirien", il y a aussi "des porteurs de valises souillées par les billets des diamants, du bois, du sang..., qui seront remplies plus tard par le cacao, le café, le coton, du sang ivoirien". D’ailleurs, ironise-t-il, "le Burkina n’est-il pas un exportateur de café-cacao ?". Hermann, sûr de lui, conclut par un défi, "si tout ce que je dis est faux, si tout ce dont on m’accuse est vrai, alors, qu’on mette une commission d’enquête internationale indépendante pour faire jaillir la vérité".

Adama Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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