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Présidentielle 2005 : Ils feraient mieux d’aller à la rencontre des électeurs

Publié le samedi 2 juillet 2005 à 08h37min

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On ne sait pas si c’est la politique qui a changé ou si ce sont les hommes politiques qui ne sont plus à la hauteur. Avec le débat introduit en début de semaine par Hermann Yaméogo sur le conflit ivoirien et la candidature de Blaise Compaoré, on se demande si ces hommes qui pensent avoir un destin national n’ont pas perdu leur âme et plus grave leur raison.

Durant toute la semaine, les mots du très controversé fils de son père ont entraîné un énième échange sur la Côte d’Ivoire. Sans dire que ce qui s’y passe ne nous concerne pas, les Burkinabè ont d’autres préoccupations pour l’heure

Si nous avons une bonne mémoire, en tout cas pas sélective à dessein, nous ne doutons pas que chaque Burkinabè se souvient de la phrase de Simone Gbagbo. Inutile de la réciter ici parce que nous restons tout aussi convaincus qu’elle a fait saigner et continue de le faire le cœur des Burkinabè ou de ceux qui se sentent vraiment tels.

Chacun peut choisir d’avoir une idole et Hermann a choisi Laurent Gbagbo, le continuateur de la politique inique et sinique de l’ivoirité, le responsable des charniers de Yopougon et de Monokosôyi, sans oublier les fameux escadrons de la mort. Cela c’est son problème. Mais de là à tenter urbi et orbi de justifier les actes de ce monsieur par le prétexte fallacieux qu’il lutte contre le néocolonialisme, c’est prendre les enfants du bon Dieu pour des sans-cervelle.

Vouloir absoudre les politiciens ivoiriens de la situation de leur pays et y voir des mains extérieures ressemble à un aveuglement dont la cause justifie sans aucun doute par cette vérité que Hermann a trouvé en Gbagbo un bienfaiteur dont le tiroir-caisse est bien garni. Sinon cet acharnement à défendre l’indéfendable, quand le Burkina Faso est unanime sur la responsabilité centrale de Gbagbo du calvaire vécu par nos compatriotes, s’apparente à se faire hara kiri pour des subsides vénéneuses.

Spécialiste des embrouilles

Depuis la ponte de sa démocratie consensuelle, ce serait jouer au charlatan que de définir ce pourquoi Hermann fonde son engagement politique. A l’analyse de son parcours, il ne reste qu’un spécialiste des coups tordus et pas du tout nets.

Il suffit pour cela de savoir que le Burkina Faso compte plus d’une centaine de partis politiques et au moins une dizaine de têtes qui émergent. En se référant aux seuls candidats à la présidentielle, on peut citer des leaders qui auraient pu s’inscrire aussi dans ce choix délibéré de l’embrouille.

N’est-il pas celui qui a initié un coup d’Etat foireux au motif de rétablir son papa déchu par le fait du peuple dans son fauteuil ? En dépit du bon sens, de l’analyse objective et de l’appréciation lucide de la situation d’alors ? Cette tentative désespérée était vouée à l’échec cuisant. N’a-t-il pas à la tête des troupes de la CFD au début des années 90 cassé édifices et biens publics, avant de plier bagages pour s’en aller savourer les bienfaits du pouvoir.

Plus près de nous, c’est encore lui qui est nommé comme l’instigateur de la marche-meeting des commerçants avec une violence et des actes de vandalisme jamais égalés. A cela s’ajoutent ses multiples voyages dans des pays aux chefs d’Etat vomis par leur peuple en vue de se confectionner un trésor de guerre, choix conscient affirmé par sa récente sortie sur RFI.

Il faut savoir pourquoi les autres opposants, tout aussi intelligents que Hermann se démarquent de telles pratiques nauséeuses. A chacun de trouver sa réponse.

Il y a leader et leader

C’est simplement que n’est pas leader qui veut. Et le leadership de Hermann est une suite ininterrompu de divorces, de ruptures et de perpétuels recommencements. Il est le politicien spécialiste du changement de sigles, son parti lui passant invariablement sous le nez pour finir sous le contrôle de son adjoint. Qui aurait cru que c’est sous la bannière de l’UNDD qu’il ira, s’il y va, à la compétition pour la présidentielle de novembre prochain ?

Sa capacité à conduire les hommes, à leur inspirer confiance, respect et loyauté est désormais sujet à caution, vu toutes les turbulences et les cassures jalonnant un parcours d’une quinzaine d’années. Incapable de conduire un parti comment peut-il se croire capable de le faire à une échelle autrement plus redoutable d’une nation ?

Ceci explique sans doute, qu’il veuille se créer ce destin par la provocation tous azimuts, les actions kamikazes et dénuées de logique politique. Sa stratégie consiste à balancer dans les journaux ou à instrumentaliser un groupuscule mécontent pour tenir le rôle du héros, le légitime numéro un de l’opposition.

L’action politique exige autre chose et le fait que Hermann feigne de l’ignorer traduit les limites d’un homme voulant se draper d’un costume trop ample pour lui. Si lui et les autres crient sur tous les toits que l’actuel président du Faso ne peut briguer un autre mandat, la raison est connue de tous. Quelqu’un a tantôt parlé pour peindre le tableau d’un vrai homme d’Etat face à des pieds nickelés et cela sans faire injure à qui que ce soit.

La dichotomie étant aujourd’hui consommée entre le pour et le contre de cette candidature, il serait sage que chacun s’en remettre au verdict du peuple. Sinon, dire que se prépare une présidence à vie, c’est faire là vraiment injure à ce peuple et piétiner sa capacité à juger et partant sa maturité. Nous restons convaincus que ce peuple a la carrure pour opérer le bon choix le jour "j" et à l’heure "h". Laissons-le donc seul juge...

Souleymane KONE
L’Hebdo

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