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Hermann Yaméogo et la crise ivoirienne : Persévérer dans l’erreur est diabolique

Publié le samedi 2 juillet 2005 à 08h41min

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A quel jeu joue Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD) par ailleurs candidat à la présidentielle de novembre prochain ? Ses prises de positions sont si incongrues sur des questions aussi importantes que l’article 37 de la constitution, le regroupement de l’opposition et la politique extérieure du Burkina, notamment au sujet des conflits qui ont affecté plusieurs pays de la sous-région (Libéria, Siérra-Léone, Côte d’Ivoire) - qu’on a de la peine à croire qu’il veut se donner une quelconque chance pour les élections à venir.

A moins de quatre mois de l’élection présidentielle, l’UNDD n’a pas encore programmé son congrès d’investiture comme si elle n’était pas pressée et surtout comme si elle se fiait davantage au regroupement mal cimenté de quelques partis de l’opposition au sein de l’Alternance 2005. En lieu et place d’un travail de mobilisation de terrain comme le font les ABC, l’AJCBC, le CDP, l’ADF/RDA et quelques autres partis, l’UNDD et son président se complaisent dans la phraséologie des déclarations de presse.

Pire, ils y défendent les thèses les plus marginales sur des sujets de préoccupation nationale. Celui que un certain N’Do Mathieu, fidèle parmi les fidèles présente comme une "bête politique" a perdu toute inspiration pour devenir le moucheron du cocher. Il se fatigue à s’agiter dans tous les sens, croyant être utile à la progression de la caravane.

Et pourtant ! L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur est diabolique. Au sujet de la crise ivoirienne, Hermann Yaméogo a comme perdu tous repères historiques, toute conscience patriotique et le bon sens politique pour s’enfermer dans une misère politicienne d’autant plus abjecte qu’elle a un fort relent de mendicité. Mendicité de subsides, mendicité de pub à la Pyrrhus : incendier le temple d’Apollon pour entrer dans l’histoire.

De l’histoire parlons-en ! Depuis la construction de la voie ferrée Abidjan-Niger, sur laquelle des milliers de Burkinabè ont perdu la vie, nos compatriotes ont toujours été "espèce taillable et corvéable à merci" sur la lagune Ebrié. Voltaïque puis Burkinabè là-bas a longtemps été synonyme de sous-homme. Comme les damnés de la terre de Frantz Fanon, ils n’avaient d’autre mérite que celui d’être les éboueurs, au sens propre comme au sens figuré dans une Côte d’Ivoire qui les a certes toujours accueillis mais jamais intégrés.

A preuve, par une loi inique sur la propriété foncière combien de Burkinabè, de Maliens, de Nigériens, etc. sont menacés d’expropriation, s’ils n’ont pas été purement et simplement expulsés à coups de machettes, de gourdins et de fusils ? Hermann Yaméogo ne peut pas avoir oublié Tabou et la purification ethnique organisée par les "Ivoiriens de souches" contre les Burkinabè. C’était en septembre 1999. Et la chasse à l’homme organisée en octobre 1999 contre des bergers maliens à Vavoua ? Faut-il passer ces pogroms en perte et profit pour décréter l’antériorité d’une prétendue agression qui serait venue du Burkina trois ans plus tard, le 19 septembre 2002 ? Non ! Le ver dans le fruit ivoirien est la résultante :

Primo d’un déficit démocratique qui a favorisé la mise en place de tous les ingrédients d’une poudrière identitaire.

Secundo, la succession mal réglée de Houphouët Boigny conjuguée aux ambitions personnelles des leaders politiques ivoiriens a mis le feu aux poudres. Que Hermann se souvienne du 24 décembre 1999 et d’un certain général balayeur ! Les prémices du 19 septembre 2002 étaient déjà perceptibles dans cette mutinerie de "jeunes soldats" transformée en coup d’Etat.

En somme, la maison ivoirienne était déjà lézardée et bancale avant la bourrasque de septembre 2002. Mais comme il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, Hermann Yaméogo est libre de ses errements. Mais pour un présidentiable, c’est désespérant. Si le masochisme n’existait pas en politique, le président de l’UNDD l’aura inventé !

Djibril Touré
L’Hebdo

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