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Crise ivoirienne : Introuvable paix ?

Publié le vendredi 1er juillet 2005 à 06h07min

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Ils ont encore pris des engagements. Tous sont d’accord pour le retour de la paix en Côte d’Ivoire. Les protagonistes de la crise ivoirienne ont affirmé le 28 juin, à Pretoria, que rien ne pourra les empêcher de recoller les morceaux de ce pays divisé. Allant même jusqu’à accepter sans sourciller que l’Union africaine leur inflige de sévères sanctions si jamais ils tordaient le cou au processus de réconciliation.

Une fois de plus, des dates ont été fixées pour réaliser de grandes ambitions. Désarmement, élection présidentielle et bien d’autres sujets brûlants devraient être davantage auscultés après le sommet afin d’en tirer des dividendes pour l’intérêt supérieur de cette Côte d’Ivoire en perte de vitesse politique, économique et sociale.

En clair, le médiateur Thabo Mbeki a joué sa partition. Et il entend oeuvrer encore plus pour que la paix "ne soit pas seulement un mot, mais aussi un comportement". Ce credo tant prôné par le président Félix Houphouët Boigny semble être devenu le dernier souci des hommes politiques ivoiriens. Sinon, la crise se serait résolue depuis longtemps. Tellement de sommets, tellement de médiateurs, tous déblayant les chemins conduisant à la paix. Mais sur le terrain, on assiste à des revirements spectaculaires. Ainsi, le processus de paix a été torpillé à maintes reprises. Si bien qu’on se demande si le navire Côte d’Ivoire cessera de tanguer sur le rocher de la désunion pour enfin emprunter le cours normal de la démocratie.

L’espoir est tout de même permis. A condition bien sûr que les protagonistes de la crise se déchargent du fardeau de la mauvaise foi. Et se résolvent, sans arrière-pensées, à créer les conditions d’un développement durable. Le hic cependant, c’est que la crise nourrit son homme. Du moins les principaux acteurs. En tous cas, la plupart d’entre eux n’entendent pas lâcher le morceau. N’en déplaise au peuple ivoirien qui, lui, ploie sous la menace de plus en plus cruelle de la pauvreté.

Les acteurs de la crise devraient pourtant comprendre que la Côte d’Ivoire n’est pas uniquement leur propriété. Ils devraient donc éviter de conduire le pays à l’abattoir. Ils devraient s’évertuer plutôt à résoudre les problèmes actuels qui plombent la relance du processus de développement.

L’élection présidentielle aura-t-elle lieu en octobre comme prévu ? Pas si sûr. Le système est verrouillé. Le président Laurent Gbagbo, premier garant du retour à la normale, semble être en train de frayer les chemins d’une présidence à vie. Prompt à signer les accords de paix, prompt aussi à les fouler au pied. Les Forces nouvelles devraient, elles aussi, revoir leur copie, au risque de maintenir la Côte d’Ivoire dans une permanente zone de turbulence.
Certes, l’Organisation des Nations Unies (ONU) avait brandi des menaces de sanction.

Cette éventualité qui avait au départ créé une certaine discipline dans le rang des protagonistes de la crise, semble être morte de sa belle mort. Pourtant, au regard des précédents fâcheux, il eût été intéressant de maintenir la pression. On a ainsi l’impression que la communauté internationale banalise le cas ivoirien. Ce qui apparaît du coup comme une complicité plus ou moins active qui alimente une dérive grave et une non-assistance à peuple en danger.

Pourquoi les armes continuent-elles, selon certaines sources, d’entrer en Côte d’Ivoire ? L’embargo prôné maintes fois n’était-il qu’une opération de charme ? Pourquoi le désarmement est-il à géométrie variable ? Ces milices, véritables engins de la guerre, sont-elles au-dessus de la loi ? En tout cas, dame paix ne sait plus à quel saint se vouer. Entre le marteau et l’enclume, elle tente de sauver sa peau.

Mais les bourreaux ne manquent pas de stratégies pour sauvegarder leurs intérêts personnels. Dans un tel contexte, les efforts déployés pour la paix deviennent anodins. Et si on ajoute à cela l’attitude ambiguë de certaines puissances occidentales, il va sans dire que la Côte d’Ivoire est prise en otage.
La feuille de route de Pretoria devrait donc être la priorité des priorités. Des échéances ont été fixées dans le schéma directeur du processus de réconciliation.

Mais les protagonistes sauront-ils aller au-delà de la lettre ? C’est un impératif majeur et chaque camp devrait se résoudre à comprendre que la crise n’a que trop duré. Et que la Côte d’Ivoire, jadis "Eléphant d’Afrique" et "Eden" envié par les communautés de la sous-région et certaines puissances occidentales, ne mérite pas un tel mépris. Assurément, le président Félix Houphouët Boigny est en train de se retourner dans sa tombe. Lui qui avait pris la ferme résolution d’éviter, autant que possible, une politique d’exclusion.

Mais ses héritiers n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Si seulement ils pouvaient lui rendre un ultime hommage en faisant leur, son credo : "La paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement". C’est un défi qui grandit l’humanité quand on sait permanemment le relever.

Le Pays

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